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30/10/2010

En poche ...à ne pas rater !

"Nous recommençons, nous n'abandonnons jamais." Lars Gustaffson, La mort d'un apiculteur.

Une petite fille disparaît sur une plage, dans le  brouillard, alors qu'elle était sous la responsabilité de sa future belle-mère,Abby, une jeune photographe.
La narratrice , Abby, va passer L'année brouillard à chercher avec obstination cette petite Emma, faisant fi de  la police  et du père de l'enfant qui ont baissé les bras. Elle sortira  meurtrie mais grandie par cette quête.9782266186155.jpg
Même s'il envisage avec minutie les conséquences psychologiques de cette disparition traumatisante entre toutes, le roman de Michelle Richmond est surtout l'occasion d'une réflexion sur le temps  et  la mémoire. Ce n'est pas  un hasard si la narratrice  est photographe et si elle va mettre sa  mémoire visuelle "à la torture "  pour retrouver le moindre  indice, même si "On ne peut se fier à  sa mémoire. Elle est trop influencée par nos désirs et nos émotions."
L'aspect policier de ce roman est très vite gommé - d'ailleurs  j'avais très vite deviné qui était impliqué  dans cette affaire- et j'ai davantage été intéressée par la quête faite de "clairvoyance et de persévérance" d'Abby, aidée par une bibliothécaire" qui croit que nous pouvons être  sauvés par les livres ."
Un roman riche et foisonnant  très loin du sirupeux Aussi profond  que l'océan (roman et film),  qui abordait quasiment le même thème.

 

27/10/2010

La rivière de sang

"Ma seule consolation fut que je n'avais pas encore commencé à pêcher."

Dahlgren Wallace après une existence un peu chahutée ( footballeur, vétéran de la guerre du Golfe) traîne maintenant en waders *au bord des rivières où il apprend à pêcher aux invités de son patron et propriétaire de ranch,  Fred Lather (copie conforme de Ted Turner). Dahlgren pourrait prendre du bon temps et profiter de quelques instants de perfection si l'un de ses élèves ne se faisait assassiner.
La tranquille routine du guide va alors être brisée et il sera successivement confronté à des néo-nazis, des écoterroristes ainsi qu'à des ranchers pas du tout respectueux du bien d'autrui. Qui a dit que le Montana était un havre de paix ? book_v_502.jpg
L'intrigue, malgré un léger aspect répétitif, le héros accumulant pendant un petit moment les mauvaises rencontres, avance à toute allure, le tout est pimenté par un humour de bon aloi et fleurant bon la testostérone, que demande le lecteur et/ou la lectrice ?

Bien évidemment les lecteurs et (fiancées potentielles) de Stoney Calhoun vont immédiatement dresser l'oreille et établir des comparaisons entre les deux guides pêcheurs.
Alors  à ma gauche (côte du coeur et des sorcières) Stoney possède un chien, est un fervent lecteur,  un amateur de solitude (il vit au fond des bois) et il aime une Kate (il a donc vraiment très bon goût). Il est un peu flegmatique mais son adrénaline  lui révèle en cas de danger des capacités qu'il ignorait posséder. C'est un plus quand les morts commencent à pulluler autour des rivières.
A  ma droite, un homme en apparence un peu plus fruste (ex-footballeur, c'est tout dire), qui laisse davantage parler ses poings que son cerveau mais n'est pas dénué d'intelligence . Il sait se servir des mots et s'adapte vite à son environnement. On lui reprochera juste un net manque d'intérêt pour les femmes (serait-ce ce genre d'homme qui entend laisser les femmes décider de tout , y compris de lui sauter dessus ? ). A sa décharge il possède un solide sens de l'humour, ce qui représente un réel avantage.
Je vous avouerai que c'est un peu faute de mieux que j'ai acheté La rivière de sang mais bon  au bout d'une cinquantaine de pages, j'ai oublié de faire la comparaison avec Stoney et j'ai passé un très bon moment avec Dahlgren. Un conseil, mon ami, trouve-toi un animal de compagnie et ouvre les yeux: il y a  sûrement plein de jolies filles autour de toi, j'en suis sûre. Cela te permettra de montrer que sous ta salopette de pêche bat un petit coeur tout mou.  Juste de quoi attendrir la lectrice compulsive.

La rivière de sang, Jim Tenuto, traduit de l'américain par Jacques Maihos, Galmmeister Collection Totem 2010, 322 pages qui ne sentent pas le poisson.

 Ps: Je rappelle à toutes fins utiles que j'avais posé une option sur Ralph, le chien de Stoney !

Juliette en a parlé et avoue être tombée amoureuse mais pas de qui vous croyez !

* cuissardes de pêche , très sexy .

25/10/2010

Le camp des morts

"Certains poèmes sont un peu noirs."

Un décès dans une maison de retraite, quoi de plus naturel ? Et pourtant le vieux mentor de du shérif Longmire s'obstine: cette femme a été assassinée ! Commence alors une enquête fertile en rebondissements , où notre ami shérif, toujours aussi séduisant malgré lui, devra slalomer entre passé et présent , le tout dans un paysage enseveli sous la neige. Le lecteur se régale tout autant des intrigues annexes : Longmire tombera -t-il dans les filets des jolies femmes qui gravitent autour de lui et surtout  surtout donnera-t-il un nom au chien qui l'a adopté ?51EuIRBXkIL._SL500_AA300_.jpg
Craig Johnson joue en virtuose des possibilités que lui offre l'écriture d'être toujours en avance d'une longueur sur le lecteur, multipliant ainsi les effets de surprise. L'humour est aussi au rendez-vous et comme Longmire sait aussi s'entourer de nouveaux alliés prometteurs, on en redemande !

Le camp des morts, Craig Johnson, Gallmeister2010, 311 pages à savourer au coin du feu.

Emprunté à la médiathèque.

L'avis de Papillon.

BOB

In cold blog a été séduit.

L'avis de Mathilde.

 

Le camp des morts est la suite de Little Bird mais peut se lire indépendamment.

18/10/2010

Contrepoint. Anna Enquist #7

"Dans la boîte crânienne dominerait l'harmonie, rien que l'harmonie."

Une femme décrypte les variations Goldberg et, ce faisant , laisse affleurer à sa mémoire les souvenirs de sa fille, aujourd'hui disparue.51xwPvXQC+L._SL500_AA300_.jpg
Le pouvoir de la musique, celui des mots sont des thèmes chers à Anna Enquist qui les revisite ici avec une intensité très maîtrisée dans ce texte autobiographique. Et c'est cette maîtrise même qui , dans un premier temps ,m'a fait ruer dans les brancards . Pourquoi nommer les personnages "la mère", "la fille", les tenir  autant à distance ? Cette volonté de contenir l'émotion à tout prix correspond au cheminement de la mère qui , au fur et à mesure de ses interrogations sur l'interprétation des variations Goldberg cherche une restauration, une remise en ordre de son monde intérieur totalement bouleversé par cette catastrophe qu'est la mort de sa fille. Elle  établit aussi un pont par delà les années entre la vie de Bach , marquée par la douleur et la sienne.
J'avoue que toute une partie des interrogations concernant la musique m'est passé par dessus la tête mais l'émotion portée par l'écriture a su l'emporter et ce texte, tout corné qu'il est, je le relirai j'en suis sûre.

Contrepoint, Anna Enquist, traduit du néelandais par Isabelle Rosselin, Actes Sud 2010, 228 pages fortes et sensibles.

16/10/2010

Madame la présidente ...en poche

La présidente des Etats-unis, en visite officielle en Norvège vient de se faire enlever. Evidemment, la planète toute entière est en émoi et les conséquences politiques et économiques ne pourront être que gravissimes...41rOmY-2gVL._SL500_AA300_.jpg
Partant de ce postulat, Anne Holt qui a été ministre de la justice, procureur, avocate, et journaliste nous embarque avec délectation dans un monde qu'elle connaît bien, celui des intrigues , des trahisons et des secrets, tempérant l'aspect politique qui aurait pu être rébarbatif par un traitement plein d'humanité de ses personnages.
L'intrigue est parfaitement menée, bien structurée pour nous tenir en haleine, Anne Holt manie l'ellipse avec brio  et l'on espère une seule chose, retrouver dans un prochain opus toute la petite famille de l'enquêteur Yngvar Stubo et de son épouse et coéquipière, Inger Johanne.

De la même auteure, j'avais déjà lu et bien aimé (pas de billets) La déesse aveugle* et bienheureux ceux qui ont soif...*

Cuné parle de la suite qui vient de sortir ici.

13/10/2010

Le chuchoteur

Une histoire de tueur en série , voilà bien longtemps que je ne m'y étais risquée, après Hannibal Lecter, ils sentaient tous un peu le déjà lu.41oj5kRnA-L._SL500_AA300_.jpg
Et puis est venu Le chuchoteur. Le choc.Le vrai. L'envie de ne pas lâcher le livre, d'hésiter entre le dévorer tout de suite ou d'en laisser un peu pour demain. Parce qu'une histoire comme celle-ci, écrite par un criminologue, qui se fend au passage de passages didactiques qui plairont aux curieux comme moi, qui parvient sans cesse à déstabiliser son lecteur et à le surprendre, voilà un bonheur qui ne se refuse pas.
Alors oui , arrivée à la  moitié du livre je me suis dit qu'il y avait des incohérences, que l'on sombrait dans le gothique parfois, voire dans le gore (un soupçon) , que l'auteur martelait un peu trop lourdement des banalités (nous ne connaissons pas vraiment ceux que nous côtoyons) ,  que ses réflexions sur le mal ou le bien étaient  souvent pataudes, que j'aurais bien aimé savoir une bonne fois pour toutes où se déroulait le récit (beaucoup d'indices plaident pour les Etats-Unis mais vu la mondialisation...) que l'auteur semblait avoir brûlé toutes ses cartouches en un livre pour faire un joli feu d'artifice (voyez ce que je sais faire).... Mais bon, tout ceci est compensé par la virtuosité et l'aspect malin du récit et je ne boude pas mon plaisir de lecture !

Le chuchoteur, Donato Carrisi, traduit de l'italien par Anaïs Bokobza, Calmann-Lévy 2010, 433 pages piégées.

Emprunté à la médiathèque.

L'avis de Stéphie.

12/10/2010

Mes chères voisines

"On a tous pris un sacré coup sur la tête, pas vrai ? dit-elle avec douceur."

Une banlieue américaine proprette, des femmes au foyer parfaites qui voient débarquer un petit couple sans enfants (ça fait tache no kids) mais comme le mari est un médecin super beau gosse aux yeux verts, ça passe nettement mieux. Si on rajoute un cancer et un ado surdoué vous vous dites que la coupe est pleine et vous passez votre chemin.51fOYqYGqEL._SL500_AA300_.jpg
Et vous auriez tort car Marisa de los Santos, qui semble craindre plus que tout la comparaison avec d'autres média  vu le nombre de fois où ses héros s'écrient "si on était au cinéma..." possède un style agréable et enjoué et ses personnages (sauf à la toute fin un peu trop mélo à mon goût) tiennent la route.
De quoi passer un bon moment sans complication sans pour autant trop sombrer dans la guimauve.

Mes chères voisines, Marisa de los Santos, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anouk Neuhoff, presses de la cité  mars 2010.380 pages qui ne donneront pas de migraine.

Emprunté à la médiathèque.

11/10/2010

La vie rêvée des plantes

"Le corps est plus franc, il fait savoir exactement ce qu'il veut."

Entrer dans La vie rêvée des plantes c'est pénétrer dans une réalité pétrie à la fois de violence crue et de délicatesse.51s3vSl2rvL._SL500_AA300_.jpg
Cette famille coréenne où les parents ne s'adressent quasiment pas la parole, où les deux frères se déchirent,et où chacun vit claquemuré sur ses secrets ne donne guère envie. Surtout quand on apprend que le frère cadet espionne sa mère pour un mystérieux commanditaire. Et pourtant passé le choc de la scène initiale, on suit le narrateur dans ses pérégrinations apparemment erratiques( mais qui vont le mener à découvrir un secret de famille) et on découvre de véritables oasis de paix , des brèches où l'amour et la poésie se donnent libre cours et où les plantes sont les métaphores des souhaits des hommes.
Amours entravées , amours qui se vivent de multiples façons, le tout sur un arrière plan de violence politique, la délicatesse côtoie la bestialité mais le lecteur, même chahuté, conservera longtemps en mémoire certaines évocations de moments précieux, des parenthèses magiques dans le temps. A tenter absolument.

 

La vie rêvée des plantes, Lee Seung-U, traduit du coréen par Choi Mykyung et Jean-Noël Juttet, Folio2009.

L'a vis de Kathel qui vous mènera vers plein d'autres !

09/10/2010

En poche...

"-Donc  tu as  quitté une guerre pour en retrouver une  autre, commenta-t-elle."

En Grande-Bretagne, durant la seconde guerre mondiale, David vient de perdre sa mère. Ne pouvant accepter la nouvelle femme de son père et son demi-frère, il se réfugie dans le lecture dans une  drôle de chambre où les livres lui parlent et où parfois il aperçoit rôder un  bonhomme bizarre, vaguement effrayant...51EWqeRMViL._SL500_AA300_.jpg
Un soir, entendant des appels de sa mère, il se  rend dans le jardin et découvre un passage vers un monde parallèle , peuplé de créatures cauchemardesques qu'il devra affronter avant de pouvoir trouver Le livre des choses perdues, unique clé pour regagner le  monde réel.
Roman initiatique, ,Le livre des choses perdues revisite -avec irrévérence parfois  (voir le portrait-charge de Blanche-Neige !) - l'univers des contes et légendes. Le héros, aidé d'auxiliaires qui ne veulent parfois le sauver que pour mieux le duper, va devoir affronter des créatures répugnantes et d'une férocité extrême (certaines descriptions sont d'une cruauté rare), résoudre  des énigmes(ses souvenirs de lecture lui seront llors bien utiles!) et surtout se rendre compte que la limite entre le Bien et le Mal est parfois floue. Il devra accepter aussi la perte et le renoncement , quittant ainsi le monde de l'enfance.
Tout  cela apparaît à première vue bien classique mais d'emblée, John Connolly  excelle à créer une ambiance très particulière , où la menace rôde, où la végétation elle même apparaît menaçante, très cinématographique en fait. Quant au récit, il est impossible de le lâcher car même si on a l'impression d'avancer en terrain connu, l'auteur se  joue de nous, multipliant les référencs pour mieux les détourner. Quant aux personnages, à l'image de ces créatures hybrides qui hantent le récit, ils ne sont pas monolithiques et savent à la fois nous émouvoir et nous faire sourire. Car de l'humour il y en a aussi, histoire de relâcher un peu la tension ! Bref, j'ai été captivée par ce récit que je n'ai pas pu lâcher alors que je ne suis jamais venue à bout du deuxième tome d'Harry Potter...

Le livre des choses perdues,John Connolly, traduit de l 'anglais (Irlande) par Pierre Brévignon.

 

06/10/2010

Olive Kitteridge

"Je ne vois vraiment pas pourquoi je pleurerais."

Tantôt personnage principal, tantôt juste mentionnée, Olive Kitteridge nous apparaît dans un portrait kaléidoscope la suivant de l'âge adulte à la vieillesse. Mais qui est-elle réellement? Pour les uns, une prof de maths qui terrorise ses élèves , pour d'autres une femme avec son franc-parler mais qui sait aussi faire preuve de déroutants élans de bonté . Étouffante pour son fils unique qui n'aura de cesse de la fuir , compatissante pour une jeune femme souffrant d'anorexie ou pour un ancien élève dépressif, Olive nous surprend toujours.9782359050066-G.jpg
La construction, perturbante au début, on a l'impression de lire des nouvelles sans lien entre elles, bâtit en fait, de manière subtile, tout un univers qui nous devient vite familier. On guette l'apparition Olive et très rapidement on s'attache à cette femme et à ceux qu'elle côtoie.
Elisabeth Strout nous montre avec aisance aussi bien les drames que les joies, la solitude et la vieillesse mais aussi le nouveau comportement amoureux des personnes âgées , leur manière d'affronter les surprises du coeur. Un roman généreux et tout en finesse.

Olive Kitteridge, Elisabeth Strout, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Brévignon. Ecriture 2010, 375 pages revigorantes.

Prix Pulitzer de Littérature 2009.

L'avis de Keisha.