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26/01/2010

Le martyre des Magdalènes

"- Je n'ai pas oublié le café, mais le seul résultat que ça donne, c'est un ivrogne bien réveillé."

Jack Taylor a replongé de plus belle dans l'alcool et les drogues, ce qui ne le rend pas très performant pour mener de front deux enquêtes. L'une sur "l'ange des Magdalènes", une femme qui, contrairement aux Soeurs du couvent du même nom, faisait preuve de compassion pour ces jeunes filles mises au ban de la société, que les religieuses torturaient à loisir. L'autre sur une jeune épouse dont le vieux mari aurait un peu trop précipitamment passé l'arme à gauche.51JXYkrjoYL._SL500_AA240_.jpg
Même s'il met davantage de conviction à se fiche en l'air qu'à enquêter, notre détective amateur de littérature préféré survivra à la destruction de sa bibliothèque et bouclera son boulot de manière brutale et efficace. De la belle ouvrage.
A noter le travail de bénédictin du traducteur, Pierre Bondil, qui, non content de nous fournir les références culturelles ainsi que celles des ouvrages mentionnés tout au long du roman, éclaire aussi notre lanterne sur les allusions littéraires ! Grâces lui soient rendues !

Le martyre des Magdalènes, Ken Bruen, Folio policier, traduit de l'irlandais par Pierre Bondil, 366 pages toniques.

L'avis de Cuné.

25/01/2010

Tirza

"Je suis le théâtre de marionnettes."

Tirza est la fille cadette de Jörgen Hofmeester, un homme vieillissant qui l'a élevé seul car l'aînée était déjà partie vivre en France quand la mère de famille a rejoint son amour de jeunesse. L'occasion rêvée pour ce père ébloui de placer sa préférée sur un piédestal , qu'elles qu'en soient les conséquences.51pXyzqBkML._SS500_.jpg
La fête de l'obtention du bac de Tirza va coïncider avec le retour de la mère prodigue et la présentation de l'amoureux de la jeune fille au père possessif. Ce dernier conduira néanmoins les jeunes gens jusqu'à l'aéroport d'où ils s'envoleront pour la Namibie. Sans nouvelles de sa fille depuis plusieurs semaines, Hofmeester part à son tour pour l'Afrique.
Tout ceci semble bien lisse, bien ordonné mais la lecture de ce roman a été pour moi une expérience quasi traumatisante. En effet, sous des dehors bien proprets cette famille des beaux quartiers d'Amsterdam se comporte de façon profondément déroutante, voire choquante. Le malaise est d'autant plus insidieux que les informations révélant les perversions des uns et des autres  sont instillées quasi incidemment, au détour d'une phrase, comme si de rien n'était. La tension monte progressivement et alors que Jörgen allait presque réussir à nous devenir un peu plus sympathique, tout bascule à nouveau et ce de manière magistrale.
La violence des rapports entre les personnages est plus psychique que physique , mais déstabilise d'autant plus le lecteur. Arnon Grunberg réussit de manière magistrale à nous montrer la torture que s'inflige à lui même cet homme qui veut toujours s'adapter aux situations, souhaite par dessus tout passer inaperçu, recherche le meilleur pour sa fille et finira par  payer le prix fort de toutes ces contraintes. Bourreau ou victime , la question reste posée à la fin de ce roman qu'il m'a fallu lire en plusieurs fois.

Tirza, Arnon Grunberg, traduit du néelandais par Isabelle Rosselin, Actes Sud 2010,431 pages qui nous laissent groggy.

22/01/2010

Les canards en plastique attaquent !

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Les morts peuvent-ils communiquer avec les vivants ? Il semblerait que oui à en croire le médium Gabriel Lafayette qui vient de débarquer à Glasgow.
Nombreux sont ceux qui sont subjugués par les capacités du mage mais pour Jack Parlabane journaliste et sceptique par nature, ceci relève plutôt de la vaste (et lucrative ) fumisterie. Tout cela aurait pu rester bon enfant si les cadavres n'avaient pas tarder à pleuvoir sur le passage de Lafayette...
Et les canards en plastique -insubmersibles- dans tout cela? Ils désignent les "gens qui veulent croire" au surnaturel. A tout prix.
Alors certes il faut donner l'artillerie lourde pour les convaincre ces "canards", mais fallait-il autant de pages argumentatives indigestes? L'action peine à se mettre en route mais, même si j'avais très vite deviné deux ou trois informations importantes, une fois le récit débarrassé de sa gangue argumentaire, les péripéties se révèlent captivantes (l'auteur nous réserve ainsi une surprise dont il a le secret) et Brookmyre retrouve enfin tout son talent et son rythme dans la dernière partie.
Amputé d'une centaine de pages, ce roman aurait été nettement plus convaincant !

Les canards en plastique attaquent, Christopher Brookmyre, Denoël, traduit de l'anglais par Emmanuelle Hardy, 430 pages  dont une centaine de trop.

Ps: à noter que le personnage de Jack Parlabane apparaît dans un autre roman (pas encore traduit en français) et que de nombreuses allusions à son passé font qu'une bonne partie du suspense du-dit roman tombe donc à l'eau...

14/01/2010

Père des mensonges

"L'âme est ductile et va et vient."

Simples rêves perturbants ou fantasmes mis en actes ? le doute n'est bientôt plus permis pour le psychanalyste Alexandre Feshtig : le respectable homme d'Eglise Eldon Fochs, en plus d'être un pédophile , est un assasin. Va alors se mettre en marche la formidable machinerie des autorités religieuses de cette communauté de "sanguistes" pour étouffer à tout prix le scandale.
Père des mensonges est un roman extrêmement troublant qui happe son lecteur et ne le lâche plus.Brian Evenson refuse de jouer bien longtemps sur le suspense mais pour autant son roman ,  une plongée à mains nues dans l'âme pervertie de cet homme raide qui abuse de son autorité morale et religieuse, donne le frisson.51rj8+I3lSL._SL500_AA240_.jpg
La casuistique dont use Fochs  pour justifier et surtout excuser ses actes monstrueux, la manière dont il manipule ses victimes, la façon dont il escamote à la fois l'acte criminel et la souffrance engendrée, tout ceci est rendu avec une hallucinante vérité.
Seule bouffée d'espoir, les lettres du thérapeute qui s'efforce de résister aux pressions de sa direction et de préserver un semblant de probité. Une attitude suffisamment rare pour être soulignée...

Père des mensonges, Brian Evenson, traduit de l'américain par Héloïse Esquié, Le cherche midi, collection Lot 49 ,324 pages éprouvantes et nécessaires.

Lu aussi par Cuné, Amanda, Keisha...

08/01/2010

avis de tempête

"Les balances à crabes orange devant la maison. La rangée de goélands argentés."

Moïra,"Dure comme un galet", "dure, obstinée" tente de tisser un lien avec sa soeur cadette dans le coma suite à une chute inexpliquée.
"Amy,c'est moi qui  te parle,je veux que tu le saches. Ce ne sont pas des mots pris dans  des livres,, ou des magazines. C'est moi qui les dis, moi qui me suis toujours si rarement exprimée par des mots, les mêmes que tout le monde mais par des nombres, par des symboles, des marques sur la peau. [...] Mais ces mots , ils sont aussi  dans ma  tête. c'est la voix de mon esprit, qui ne  se tait jamais, et ce sont mes pensées:  vives, miroitantes comme des écailles de maquereau.  Elles surgissent par éclairs dans mon cerveau  pendant que je marche, ou que je lis. Que je plante des jacinthes,agenouillée dans l'herbe de la  pelouse. Que je ferme les fenêtres de  cette  chambre quand je sens venir la pluie."41vOgXG6DiL._SL500_AA240_.jpg
Moïra remonte le cours du temps, petit à petit les pièces du puzzle s'emboîtent et l'on comprend pourquoi la narratrice ,toute sa vie s'est "tenue à la frontière" de l'amour, de l'amitié, de la vie.
Une voix mesurée, calme et dense qui se fraie un chemin en nous. Un style imagé, dont on pourrait quasiment  extraire des haïkus, charnel et placé sous le signe de l'eau. Une vraie et belle découverte. Un livre magique.

Avis de tempête Susan Fletcher 444 pages.

Sorti en poche !

(Mais comment peut-on faire des couv' aussi moches, bon sang ! )

07/01/2010

Sukkwan island

"Il savait que son père s'infligeait cela tout seul. »

 

Un homme et son fils de 13 ans, seuls sur une île sauvage au Sud de l'Alaska, difficilement accessible. Viennent en tête du lecteur les notions de « pionnier », de "conquête du territoire ", liées à l'histoire des Etats-Unis, mais d'emblée l'auteur instaure une atmosphère lourde de « bourbier ». Il ne s'agit donc pas ici de « robinsonner » en toute sécurité mais , pour le père, à défaut d'arriver à maîtriser sa vie et ses pulsions, de réussir à assurer sa survie et celle de son fils, Roy, ainsi que de restaurer une relation père/fils pour le moins défaillante. Très vite le lecteur se rend compte que le plus mature des deux n'est pas forcément le plus âgé et son coeur bat la chamade en tournant les pages ...jusqu'à la fin de la première partie qui arrive comme un uppercut et le laisse groggy. Magistral.41xmYCt3u3L._SL500_AA240_.jpg
La suite du récit est une plongée hallucinante dans un esprit malade, alternant auto apitoiement et déni de la réalité. On sort de là estomaqué par ce premier roman de David Vann , au style tout en retenue et qui montre une maîtrise totale de la narration . L'année commence fort chez Gallmeister !

 

Sukkwan Island, David Vann, traduit de l'américain par Laura Derakinski, Gallmeister, collection « Nature writing », 192 pages époustouflantes.

Un extrait ici.

L'avis de Brize

De Mango

 

29/12/2009

La découverte du ciel

"Il n'était pas né pour acquérie des certitudes; c'était bon pour les autres."

La découverte du ciel m'a irrésistiblement fait penser au générique du feuilleton "Amicalement votre" : deux hommes de milieux très différents et qui vont devenir amis à la vie. D'un côté Onno Quist, mouton gentiment moir d'une famille de notables calvinistes ; de l'autre Max Delius, orphelin d'une mère juive déportée et d'un père collaborateur. Le premier est un linguiste dillettante de génie, l'autre un astronome bon vivant.
Cette rencontre apparemment fortuite est en fait le résultat d'une très patiente et très alambiquée réflexion menée par ce que l'on devine être un ange, chargé par son Chef d'une misssion de la plus haute importance que nous découvrirons dans la dernière partie de ce roman foisonnant, riche en réflexions philosophiques et politiques.41RNQ96VQSL._SL500_AA240_.jpg
Ce n'est en effet pas un hasard si les deux hommes se rencontrent en 1967, à l'âge de 33 ans et vivent ainsi d'une manière un peu échevelée ces années bouillonnantes d'énergie.
Harry Mulisch est en outre un formidable raconteur d'histoire et l'on ne peut qu'admirer sa façon de jouer avec le destin de ses personnages, les plaçant dans des situations qui ne trouveront leurs conséquences que beaucoup plus tard, des comptes étant réglés tardivement et des dilemnes résolus de manière originale. On ne peut qu'être séduit par ces personnages qui vivent de manière à la fois intense et légère.

La découverte du ciel, Harry Mulisch, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, avec la participation de Philppe Noble, 1139 pages captivantes.

 

Recommandé par Cuné (qui en parle mieux que moi ! )lors du challenge organisé par Theoma.45965387_p.jpg

28/12/2009

le dramaturge

"Ici, c'était la pinte de brute et la dose de malt, et si vous aviez besoin qu'on vous traduise, vous vous étiez vraiment trompé d'endroit."

Ce qu'il y a de bien avec Jack Taylor, ex -policier irlandais enquêtant plus ou moins officieusement dans la ville de Galway (où tout le monde connaît tout le monde), c'est que nous sommes aussi en territoire familier. Même si son héros est devenu sobre et a presque arrêté la cigarette ,le monde de Ken Bruen n'est pourtant pas passé au rose bonbon : les flics sont toujours aussi brutaux, tout comme les maris d'ailleurs, et deux étudiantes chutant mortellement dans un escalier et sous lesquelles on retrouve un livre marqué de l'indication Le dramaturge ne semblent pas troubler grand monde sauf un dealer pour qui va mollement travailler Jack, affligé ici d'une claudication qui va renforcer sa ressemblance avec un certain docteur House, cher à nos coeurs.411+G2zdm4L._SL500_AA240_.jpg
Comme d'hab', on n'échappera pas aux tabassages en règle, aux visites à l'hôpital, aux amours contrariées mais ce qui fait qu'à chaque fois le charme opère néanmoins c'est le ton inimitable de ces romans, d'une noirceur  paradoxalement réjouissante. On retrouve aussi avec plaisir les nombreuses citations et l'art de l'ellipse d'un auteur qui ne s'embarrasse pas d'explications et laisse au lecteur le soin de compléter les pointillés. Un roman qui se termine par un coup de poing au plexus solaire.

Le dramaturge, Ken Bruen, traduit de l'anglais (Irlande ) par Pierre Bondil, Folio policier 2009,279 pages roboratives.

Voici , trouvée chez Cuné, l'ordre des aventures de Jack Taylor(que je n'ai pas respecté mais bon...)

Pour lire les enquêtes de Jack Taylor dans l'ordre (ce qui est toujours préférable, même si jamais indispensable !!) :
1. Delirium Tremens (Mai 2006 en Folio). Mon avis ici
2. Toxic Blues (Mai 2007 en Folio)
3. Le martyre des Magdalènes (Folio, 2008)
4. Le dramaturge (Oct 2007)

Ps: je viens de commander le précédent, pour pallier mon prochain "coup de pompe littéraire"!

Du même auteur, ceci, cela

L'avis de Kathel.

Celui de Dasola.

 

17/12/2009

Adieu, ma grande

"Notre mot d'ordre c'est Gants, Menottes et Dignité."

Récit à quatre voix ,Adieu , ma grande efface parfois les frontières entre la voix d'Helen, l'infanticide schizophrène, celle de Louise la nouvelle psychiatre ou d' Ike, l'ex-policier devenu gardien de cette prison de femmes de l'Etat de New-York où se concentre l'action du roman. Sans compter la voix de Angie, apprentie star à Hollywood qui est peut être le personnage qui a le plus la tête sur les épaules... On n'a jamais de mal à identifier celui ou celle qui prend la parole mais parfois on se dit que ce pourrait très bien être un autre tant les discours  partagent une violence plus ou mois larvée.41nWz2kN-iL._SL500_AA240_.jpg
Un roman qui, au départ , n'a l'air de rien mais qui fascine et nous emporte d'une traite jusqu'au bout de ses 235 pages. La preuve, je ne l'ai pas lâché alors que j'ai abandonné au bout de quelques pages deux romans de la rentrée 2009.

Adieu, ma grande, Susanna Moore*, traduit de l'anglais par Laetitia Devaux, Editions de l'Olivier, 2009.

Emprunté à la médiathèque.

*Elle est l'auteur de six romans dont In the Cut (adapté au cinéma par Jane Campion avec Meg Ryan dans le rôle principal)

16/12/2009

De grâce et de vérité

"Sacré fardeau que de porter une moitié de personne."

Parce que j'avais bien aimé d'autres romans de Jennifer Johnston, parce que j'avais envie d'une lecture facile, d'une lecture confortable, je me suis offert De grâce et de vérité. ...

Attention: exceptionnellement ce billet comporte de nombreuses révélations.41XqLZGWbCL._SL500_AA240_.jpg


De retour après une tournée théâtrale triomphale , Sally découvre que son mari veut la quitter. Elle analyse la situation et se rend compte que ce qui manque à leur couple c'est de partager un secret. Dès lors, elle n'aura de cesse de découvrir qui est son père, ce que sa mère lui a toujours caché et ne pourra jamais lui révéler puisqu'elle s'est suicidée.  Elle va donc aller poser la question à son évêque de grand-père, qui finira par lui confier une confession écrite.  La réponse est dans la question.Vu l'ampleur des dégâts, on pourrait s'attendre à une réaction à la hauteur des événements, mais non, Sally pleurniche un peu, rappelle l'époux volage  et finalement se rend compte que "Oui. je pense que je peux faire front. Que s'est-il passé pendant mon sommeil ? Une sorte d'apaisement plein de bon sens ? Un massage des cellules grises ? Tu veux encore du thé ? " Quel flegme ! Elle devrait breveter son massage des cellules grises qui mettrait pas mal de psys au chômage ! En tout cas, Sally a un "beau" secret à offrir à son ex-futur époux qui lui remarque au passage  que sa mère sera ravie de ce retournement de situation "..., elle n'a cessé de me harceler, elle détestait Marianna. Elle ne pouvait pas la supporter", Marianna étant la dernière maîtresse en date du cher époux. Notons au passage que belle-maman est aussi surtout pressée de se débarrasser de son rejeton qui s'est incrusté chez elle... Bref à coup de formules toutes faites "la vie continue", Jennifer Johnston nous entraîne au pas de charge vers un happy end de bon aloi, comme si elle voulait à tout prix se débarrasser de ces personnages et du pensum de ces 218 pages.

De grâce et de vérité, Jennifer Johnston, 10/18.

 

Florinette a nettement plus apprécié.

Je partage les restrictions de Kathel quant à la manière dont nous est présentée l'attitude de l'évêque.

Mango a été déçue aussi.

Clarabel est mitigée.