25/06/2009
Pieds nus
Selon la tante Liv , il ya trois sortes de femmes : les soeurs aînées, les cadettes et celles qui n'ont pas de soeur. Un exemplaire de chaque va cohabiter et panser ses plaies, physiques ou morales dans un délicieux petit cottage de Nantucket que Liv a eu la bonne idée de léguer à ses nièces, on peut trouver pire comme endroit !
Trois femmes descendent donc d'un avion et chacune d'elles va attirer l'attention de Josh, aspirant écrivain qui va bien vite entrer dans leur vie comme baby-sitter des deux jeunes fils de Vick, la soeur aînée et saura bientôt se rendre indispensable aux yeux de chacune.
Qu'elle ait des problèmes de santé(Vick lutte contre un cancer), de boulot (Brenda, la cadette, vient de saboter ce qui s'annonçait comme étant une brillante carrière de prof de fac), ou de couple,(Mélanie, l'amie de Vick a découvert simultanément qu'elle était enfin enceinte et que son mari la trompait), chacune de ses femmes va devoir , le temps d'un été se frotter aux autres et faire le point sur sa situation.
Pieds nus est le roman idéal pour l'été : confortable, il nous plonge immédiatement dans une atmosphère estivale des plus agréables, il comporte son lot de péripéties, une analyse psychologique fouillée sans être lourdingue ni caricaturale, on s'identifie sans problème à au moins une des héroïnes...
Bref tous les ingrédients pour passer un excellent moment et nous faire patienter jusqu'aux vacances sont réunis !
Pieds nus, Elin, Hilderbrand, Editions Jean-Claude Lattès, 432 pages ensoleillées.
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24/06/2009
Moi et Finn
Dans ce roman, il est régulièrement question de loutres ,qui pointent le bout du museau au moment où on s'y attend le moins...
Dans ce roman il est surtout question d'un jeune garçon qui n'arrive pas extérioriser la peine qui le submerge et qui va partir sur une île, loin de sa famille...
Moi et Finn est un superbe texte rempli d'émotions contenues, un voyage initiatique qui va permettre au héros de reconquérir son identité au fil des rencontres, cocasses ou plus graves qui jalonneront son parcours.Cela pourrait être sinistre ou convenu, c'est rempli d'humour (en particulier grâce aux notes de bas de page du narrateur) et de tendresse. Tout cet humour dédramatise une situation que l'on devine par petites touches et qui ne sera explicitée clairement que dans la dernière partie du livre, quand le jeune garçon pourra l'affronter et la mettre en mots.
D'emblée, Danny nous prend la main et nous ne la lâchons pas.Un héros qui fait ses premiers pas dans la littérature mais qui se place déjà aux côtés de ceux qui resteront dans nos mémoires. Un livre comme un galet, épuré et lisse, qui se niche instantanément au creux de nos mains et de nos coeurs.
Moi et Finn, Tom Kelly, Ediitions Alice jeunesse, traduit de l'anglais par Fenn Troller et Emmanuèle Sandron. 362 pages qui touchent en plein coeur.
Prix de littérature jeunesse en Irlande.
A partir de 10 ans.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : tom kelly, moi et finn, roman d'apprentissage, émotions au rendez-vous
23/06/2009
Le cerveau de Kennedy
"Mais sortie des champs des champs de fouille et des musées, j'en sais infiniment moins qu'Henrik sur le monde qui m'entoure. Je suis profondément ignare, et je le découvre à cinquante ans passés."
Pas de Wallander au sein de ce roman du romancier suédois Henning Mankell, mais une mère obstinée et pugnace, Louise Cantor , qui va utiliser sa méthode d'archéologue confirmée pour élucider la mort de son fils, Henrik.
Suicide dit la police mais Louise ne peut se résoudre à l'admettre et va, au prix de multiples périples entre Barcelone, la Suède, la Grèce et le Mozambique tenter d'éclairer les mutiples zones d'ombre d'un fils que finalement , elle ne connaissait pas si bien que cela et essayer de rassembler les différents morceaux de cette vie disloquée qu'est devenue la sienne...
Si l'enquête menée par Louise paraît un peu manquer de densité, le lecteur est neanmoins tenu en haleine à la fois par les péripéties et par l'intensité de cette recherche de vérité.
On ressent aussi profondément l'amour de l'auteur pour les Africains et la colère qui l'anime en évoquant des thèmes déjà abordés par John Le Carré dans La constance du jardinier. Pourtant il n'idéalise pas ce continent gangrené par la corruption au plus haut niveau et , comme le souligne un personnage: "Pendant toutes les années du colonialisme, nous avons appris à ne faire que ce qu'on nous demandait. Maintenant , nous apprenons lentement à penser par nous-mêmes. mais il y a tant de choses que nous ne nous décidons pas à faire."
Un très beau portrait de femme et un livre efficace qu'on lit d'une traite. Quant au cerveau de Kennedy, il fonctionne ici comme un symbole dont je vous laisse le soin de découvrir la signification...
Le cerveau de Kennedy, Henning Mankell, éditions du Seuil, Janvier 2009, 390 pages qu'on ne lâche pas.
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22/06/2009
Les mots des autres
Les personnages de Clare Morrall sont souvent un brin décalés par rapport à la réalité (voir ici et ici). C'est aussi le cas de Jessica dans Les mots des autres. Jessica qui mettra longtemps avant de mettre des mots sur son attitude par rapport aux autres .Jessica que la musique, sa rigueur, son aspect mathématique va d'une certaine manière sauver mais aussi perdre car c'est principalement à cause d'elle que la jeune femme épousera Andrew et ira ainsi droit à la catastrophe que chacun pressentait...
Alternant passé et présent, Clare Morrall nous peint ici le portrait tout en finesse d'une femme qui ressent un besoin vital d'espace physique et émotionnel mais parvient néanmoins , tant bien que mal, à s'insérer dans la société: "Il y a des années , le doute n'aurait pas été possible, je tenais toujours ma parole, quelles que fussent les difficultés, car il ne me venait même pas à l'idée de faire autrement. mais j'ai peu à peu compris que le monde ne fonctionne pas comme je l'avais cru. les gens font les choses à moitié, dérivent, refusent d'entrer dans le moule des autres. cela m'intéresse. Je me suis efforcée de cultiver l'art d'être imprévisible."
Qu'elle soit en butte aux agissements d'un mari dépressif et harceleur ou à l'attitude bizarre de son fils, Jessica s'est longtemps efforcée d'absorber leurs émotions , "je pouvais les leur restituer, raffinée et agrandies, cirées et astiquées. S'ils étaient heureux, je l'étais aussi." mais vingt-cinq ans après son divorce quand Andrew réapparaît dans sa vie, Jessica n'entend plus agir ainsi..."Faire semblant: cela permet de contourner les obstacles sans les toucher et donne le recul nécessaire pour voir que les gens ont d'autres facettes, pas seulement l'attitude abrasive et provocatrice qu'on a du mal à supporter. Il faut voir les gens sous un nouveau jour, remarquer où tombe la lumière, découvrir quels angles ont été usés, et adoucis par le temps. Sinon, on se laisse à ce point obnubiler par les aspects négatifs qu'on ne voit plus rien d'autre."
Clare Morrall ne juge jamais ses personnages mais éprouve au contraire beaucoup d'empathie pour eux, son style lumineux et si personnel éclaire d'une manière originale leur évolution (j'ai beaucoup aimé par exemple le point de vue de la famille de Jessica sur l'enfance de celle-ci, point de vue dont elle ne prendra connaissance que bien plus tard), évolution qui suivra une courbe inverse à celle de la maison de famille, véritable personnage à elle toute seule.
Si vous aimez les vieilles demeures anglaises pleine de charme, l'excentricité si typiquement british, l'humour teinté de désenchantement, ce livre est pour vous !
Les mots des autres, Clare Morrall, traduit de l'anglais par Françoise du Sorbier, Fayard, 405 pages envoûtantes.
L'avis de Clarabel.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : les mots des autres, clare morrall, histoire d'un mariage, histoire d'une famille angalise, histoired'une relation mère-fils
19/06/2009
Petits meurtres entre voisins
Bizarrement nulle mention de nos chères Desperate Housewifes, pourtant mises d'habitude à toutes les sauces, à l'instar de notre très chère Jane Austen d'ailleurs.
Pourtant tout y est : une communauté chicos dans un village hollandais où il fait bon vivre entre gens du même monde, des femmes au foyer ou exerçant vaguement des métiers pas trop prenant et prestigieux, des maris débordés de travail, des enfants qui ont la bonne idée d'aller à l'école pour ne pas trop embêter leurs parents, trop occupés à boire et à flirter.Un peu de sexe pour pimenter le tout et quelques cadavres qui viennent jeter le trouble et ternir rapidement ces images trop bien lêchées.
Saskia Noort reine du polar hollandais ? Que nenni, les personnages sont aussi inconsistants que les magazines dont ils semblent sortis et seuls quelques vélos viennent donner un peu de couleur locale. On en vient presque à regretter qu'il y ait aussi peu de cadavres tant l'action est mollassonne.
Tous les ingrédients avaient été réunis mais la sauce-hollandaise- ne prend pas.
Saskia Noort, Petits meurtres entre voisins, déjà paru en 2007 et ressorti cette année.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : petits meurtres entre voisins, saskia noort, desperat à la sauce hollandaise et en plus noir et raté
18/06/2009
Comme deux gouttes d'eau
Dans Comme deux gouttes d'eau, on retrouve avec plaisir le personnage de Cassie rencontré dans Ecorces de sang. Elle est ici la narratrice et va se trouver mêlée à une infiltration sans pareille .En effet, non seulement la victime d'un meurtre lui ressemble quasi parfaitement mais en plus elle avait endossé une identité inventée pour une précédente mission de Cassie !
La jeune femme va alors intégrer le groupe d'amis que fréquentait Alex et vivre avec eux dans un manoir décrépit mais plein de charme...
Avec ce nouveau roman de Tana French, nous entrons de plain pied dans une atmosphère vénéneuse à souhait qui n'est pas sans rappeler Rebecca de Daphné du Maurier "J'ai rêvé que je retournais à Manderley", mais aussi Dona Tartt et Le maître des illusions avec ce groupe d'amis qui se mettent en marge des autres étudiants de l'université. Ces échos ne troublent en rien le lecteur car Tana French sait y instiller sa propre dose de noirceur et montrer toute l'ambiguïté de l'attitude de Cassie plongée dans ce huis-clos qui pourrait être mortel...
Une fois accepté le postulat initial , on se laisse captiver par ce roman qui fait la part belle à la psychologie mais sait aussi créer une atmosphère angoissante et où la maison devient un personnage à part entière qui fascine et captive. Une réussite !
Comme deux gouttes d'eau. Tana French, Editions Michel Lafon.
L'avis de Lily .
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17/06/2009
Ecorces de sang
Quand on découvre le cadavre de la petite Katy sur un chantier de fouilles archéologiques, c'est tout un passé qui va rattraper l'inspecteur de police Rob. En effet, vingt ans auparavant, il a été le seul rescapé d'un groupe de trois enfants qui étaient allés jouer dans les bois. les deux autres ne sont jamais réapparus. Les deux affaires sont elles liées ? Rob est-il vraiment le plus à même de résoudre la ou les énigmes ? En tout cas, il est fidèlement secondé par son alter ego au féminin, Cassie, férue de psychologie et plus teigneuse qu'un bouledogue.
Ce pourrait être un énième roman policier tissant les liens passé -présent, jouant de la complicité entre les membres de son équipe mais Ecorces de sang est bien plus que cela.
L'intrigue est particulièrement retorse et même si j'avais deviné une partie de l'énigme, les retournements de situation ne cessent de relancer le récit même à la toute fin. Les personnages et leur psychologie subtile sont particulièrement réussis et on a hâte de les retrouver dans le volume suivant, d'autant que toutes les zones d'ombre n'ont pas été éclaircies.
L'écriture enfin de Tana French, qui fait de la forêt un être quasi vivant, une entité vaguement menaçante et s'attache à décrire la nature avec poésie a fini de me séduire totalement. Un roman qu'on ne lâche pas !
Ecorces de sang, Tana French, sortie en poche le 18 juin chez Points Seuil.
Paru en 2008 chez Robert Laffont sous le titre La mort dans les bois.
Ce livre a remporté, entre autres, le Prix Edgar Allan Poe .
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15/06/2009
Drôle de temps pour un mariage
Tout va très vite dans Drôle de temps pour un mariage : Un mois de fiançailles entre" Dolly , âgée de vingt-trois ans, à l'honorable Owen Bigham.Il avait huit ans de plus qu'elle et appartenait au corps diplomatique.", une centaine de pages pour nous raconter la journée du 5 mars , et rendre compte , en scènes télescopées , des réactions des uns et des autres dans cette maison de campagne anglaise en ce jour où les demoiselles d'honneur frissonnent dans leurs robes jaunes, avant le départ des jeunes mariés pour l'Amérique du Sud.
Vieille tante, cousins, domestiques, tout ce petit monde s'agite, se chamaille, mais la comédie prend une tonalité grinçante avec l'apparition de celui qui n'osa se déclarer l'été dernier.
Ce pourrait être mélo, c'est follement acidulé, très anglais, avec son lot d'excentricités, ses cadeaux horribles, une mariée qui se saôule au rhum- mais sans perdre sa dignité- et veut emmener sa tortue en voyage !
On arrive, un peu étourdi à la fin du roman, mais pleinement satisfait d'avoir découvert un petite merveille qui fut publiée pour la première fois en 1932 par Virginia Woolf et son mari, et a conservé toute sa fraîcheur acide.Un livre qui a filé directement sur l'étagère des Indispensables !
PS:N'étaient ses superbes descriptions de fleurs, ce pourrait être une magnifique pièce de théâtre, drôle et enlevée (un peu comme Le Bal d'Irène Némirovsky, roman qui a ensuite été adapté au théâtre).
Julia Strachey, Drôle de temps pour un mariage, La petite Vermillon, 7 euros.
Traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff
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09/06/2009
comment Cuné a failli se manger un bras
Souvenez-vous, chers amis : Cuné était tellement sûre que ce roman me plairait qu'elle s'était engagée à un acte d'auto-anthropophagie si d'aventure je n'éprouvais pas le même enthousiasme qu'elle pour ce roman...
Au bout de cinquante pages, je mollissais déjà car je retrouvais -en moins bien, hélas- une atmosphère , voire même des scènes (le couronnement de la Reine fêté par des Sujets de sa grâcieuse majesté à l'étranger) déjà rencontrée dans un roman pour lequel j'avais eu un gros coup de coeur: Le grand incendie
Et puis, parce qu'une Cuné manchote ça aurait singulièrement ralenti et ses lectures et ses billets, malgré quelques coquilles agaçantes, malgré des facilités de style (pas beaucoup, je vous l'accorde et ne me les demandez pas, je ne les ai pas notées), malgré des personnages que j'avais déjà eu l'impression de rencontrer, j'ai poursuivi l'histoire de ces Anglais à Hong-Kong qui , en 1941,dansent sur un volcan mais que la guerre et ses horreurs vont rattraper. Dix ans plus tard une nouvelle venue dans cette microsociété va, petit à petit,renouer les fils du passé par le biais de son amant le beau boîteux, William. Bon, je me gausse (un peu) car j'ai trouvé les personnages un peu stéréotypés au début mais finalement j'y ai trouvé mon compte, particulièrement dans l'évocation de l'invasion japonaise , période trouble où chacun va révéler sa vraie nature. J'ai apprécié aussi l'entrecroisement des époques et les péripéties du roman, avec de vraies révélations inattendues !
Ouf, tu peux respirer, Cuné et merci pour le prêt !:)
Le professeur de piano, Janyce Y.K. Lee, Plon,357 pages que je ne regrette pas d'avoir lues jusqu'au bout!
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : le professeur de piano, janice y.k.lee, hong-kong, 2nde guerre mondiale
08/06/2009
Little Bird
La découverte du cadavre du jeune Cody Pritchard, un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol de la jeune Amérindienne Melissa Little Bird,va raviver les tensions à l'intérieur du Comtéd'Absaroka. Son shérif, Walt Longmire, "triste, gros ,affligé d'autodénigrement chronique, pourtant étrangement charmant", comme le décrit son adjointe Vic, va se lancer à la poursuite de ce probable vengeur, tout en essayant de préserver un semblant de vie affective...
Charmant, mais capable de faire le coup de poing si nécessaire, fidèle en amitié, d'un humour ravageur ,Walt Longmire remporte tous les suffrages. Les personnages secondaires tous plus pittoresques les uns que les autres lui renvoient la balle avec habileté et l'on n'est pas prêt d'oublier cette prison où l'on fait la sieste dans les cellules et où l'on refuse un prisonnier car il est trop vorace ! L'émotion est aussi au rendez-vous et rien n'est plus touchant que de voir cet homme , plus tout jeune, intimidé comme un adolescent à son premier rendez-vous , lorsqu'il va enfin renouer avec une vie amoureuse.
Le tout se déroule dans les grands espaces du Wyoming, près d'une réserve indienne, dans une atmosphère flirtant un peu avec le fantastique mais qui s'intègre parfaitement aux rebondissements de l'enquête.
Vous l'aurez compris , j'ai adoré ce premier volume mettant en scène Walt Longmire et j'attends déjà avec impatience la parution des autres aventures de ce shérif selon mon coeur !
Un grand merci à Amanda pour le prêt !
Ps: Stoney,je ne t'oublie pas!!!
Craig Johnson, Little bird, Gallmeister, 409 pages qui me laissent repue, (jusqu'au prochain !)
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : little bird, craig johnson, nature writing, shérif fais-moi rire et plus si affinités