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07/11/2008

balade islandaise

Un chasseur poursuit une renarde très très futée dans un tourbillon de neige.La scène se déroule en Islande, nous sommes  en 1883.
De même que "la renarde consignait son journal de voyage sur l'étendue enneigée, au fur et à mesure qu'il se déroulait", 'l'auteur, nous fait remonter le temps pour nous relater les différents événements, en apparence  fort disparates, qui ont abouti à cette traque qui prendra bientôt une dimension fantastique.417SsW-YLlL._SL500_AA240_.jpg
Croisant avec habileté les fils de son récit, Sjon* nous entraîne à sa suite dans Le moindre des mondes, conte  cruel où  se croisent un botaniste  humaniste,une handicapée mentale et un révérend furieux qui civilise ses ouailles à grands coups  de gifles. Un monde rude mais où l'humanisme saura trouver sa place en faisant appel au merveilleux.
D'abord un peu interloquée par ce récit, je me suis laissée enchanter par ce très court texte où poésie et humour font bon ménage, contrebalançant ainsi une réalité souvent rude.  Un conte malicieux plein d'humanisme ,à lire bien au chaud sous la couette.

*romancier, poète et parolier des Sugarcubes (groupe dont est issue Björk).

Le moindre des mondes, Sjon, rivages poche. 123 pages

06/11/2008

"Je suis un homme seul, un homme ivre, un homme qui marche."

La gunite :  mélange de ciment et d'eau  qui fait vivre et mourir tout à la fois ces ouvriers du bâtiment  dont nous suivons les  pérégrinations dans San Francisco et ses environs. Sorte  de cow-boys urbains , à la  fois flegmatiques, économes de leurs mots et de leurs gestes, ils vivent gunite, ils respirent gunite et anesthésient leur douleur à coup de poings ou de rasades d'alcool.
L'équipe formée par Broadstreet, Rex, Juan et Don Gordo  va voir sa vie  transformée  par l'arrivée d'un contremaître improbable, sorte de prédicateur fou dont la religion serait la gunite :  "J'aime  la  gunite, dit Root. Parce que la gunite, c'est la tâche qui révèle,la  propension à l'honneu  de cette créature,  par ailleurs méprisable, connue sous le nom d'homme. La gunite, c'est l'honneur, et l'honneur, c'est tout." Il  est prêt à tout pour la gunite, y compris à faire plier le temps  devant sa volonté dictatoriale: "-Il est huit heures , dit le  gosse.
-Non, dit Root. Il n'est pas  plus de huit heures.  c'est un ordre catégorique."41ctydldMvL._SL500_AA240_.jpg
Là où  un Zola aurait mis de l'excès, de la flamboyance pour peindre les conditions  de vie et de  travail de ces hommes qui peuvent en un clin d'oeil être promus et l'instant d'après rétrogradés ou virés,  Eric Miles Williamson use d'une sobriété sans pareille. Il éclaire la noirceur de ses propos par de brefs  moments de tendresse et de poésie qui sont autant de goulées d'air, tant pour ses personnages que pour ses lecteurs.
Noir béton est un roman rare, une sorte de diamant noir qui brille d'un éclat singulier.  Envoûtant .

Noir Béton. Eric Miles  Williamson Fayard noir.353 pages intenses.

03/11/2008

"La culpabilité n'est pas une denrée négociable, lieutenant. ça ne se monnaye pas comme les indulgences."

Défiguré et amnésique , seul rescapé  d'un attentat en Irak, le jeune lieutenant britannique Charles Acland  manifeste un comportement particulièrement agressif envers les  femmes. Son retour à la vie civile s'avère  délicat car  il est en proie à des accès de rage incoercibles et imprévisibles.  Dans le même temps sévit un tueur en série qui s'en prend à d'anciens soldats et Charles , simple hasard ou non, se trouve souvent au mauvais endroit au mauvais moment...41Tbvc+pqLL._SL500_AA240_.jpg
Minette Walters dans L'ombre du caméléon s'attache à la découverte du fonctionnement psychologique de ses  personnages et c'est ce qui rend son roman passionnant.  On y croise des gens qui vivent dans la rue, une médecin atypique, , culturiste à ses  heures, et qui ne mâche pas ses mots, des policiers qui essaient tant bien que mal d'endiguer la vaque de violence auxquels ils doivent  se confronter chaque jour. La  vision  de la société qui nous est ici proposée n'est pas racoleuse, les personnages nous révèlent petit à petit toutes leurs facettes et aucun d'eux n'est traité de manière caricaturale. La  résolution de l'énigme m'a  bluffée mais c'est surtout la capacité de Minette Walters à décortiquer les âmes de ses personnages, quelle que soit leur condition sociale qui m'a séduite.400 pages dévorées d'une traite !

Minette Walters. Editions Robert Laffont. 400 pages

31/10/2008

"Le savoir et l'innocence ne sauraient faire bon ménage."

"Devant la maison scintille  une luxueuse Mercedes-Benz argentée rutilante qui rappelle que nous vivons à l'époque de la  croissance  et de l'optimisme. Je gare mon tacot juste à côté pour rappeler que toute chose est vouée à disparaître".Ecrites en 2005, ces phrases prennent une résonnance particulière étant donné la situation actuelle  de l'Islande...
C'est en effet au pays des fjords que se déroule l'intrigue du Temps de la sorcière. Arni Thorarinsson y met en scène un journaliste, Einar , qui a  eu la  "bonne idée de  devenir abstinent alosr qu'il vient  d'être muté dans le  Nord du pays. Les ventes de son journal  vont monter en flèche quand il va mener l'enquête sur l'assassinat d'un jeune homme charismatique  dont la  personnalité va se  révéler plus complexe  qu'il n'y paraît à première vue. 516sDJ6iA8L._SL500_AA240_.jpg
Rien de tel qu'un roman policier pour prendre le pouls d'une société et celle que nous dépeint ici  l'auteur est bien loin des clichés que nous pourrions avoir sur l'Islande. Suicide des jeunes, alcool, drogues, influence de la langue et de la culture  américaine, tout ceci nous montre que la mondialisation gagne de plus en plus de terrain...
Si les intrigues peinent un peu à se mettre en route, les personnages sont joliment croqués et nous passons un bon moment en leur compagnie.

Ps: la sorcellerie évoquée dans le titre n'a qu'un rôle anecdotique !

Le temps de la sorcière Arni Thorarinsson. Points seuil.426 pages

Sympathique.

L'avis de p'tit lapin.

Celui d'Essel

30/10/2008

"Tire sur le premier intrus qui se présente, l'ami."

Stoney Cahloun travaille  pour la  somptueuse Kate (et plus car affinités) comme guide de pêche et mène une vie des plus tranquilles et retirée avec son chien, le très craquant et philosophe,  Ralph, épagneul breton de son état. Mais son meilleur ami disparaît et Calhoun va se rendre compte que son passé, dont il n'a que de vagues souvenirs, va le rattraper en mettant à jour des capacités que jusque là il  ignorait...
William G. Tapply a le chic pour mettre en scène ses personnages en quelques lignes, du plus important jusqu'aux seconds rôles, il les croque et tout de suite ils nous sont familiers. Son héros est un homme comme on en rêve : calme et tendre, patient et délicat avec une virilité de bon aloi accompagné d'un chien à la fois placide et vif,  doté d'une réelle personnalité.41oUnoOtahL._SL500_AA240_.jpg
L'intrigue mêle savamment l'enquête personnelle de Calhoun et ses découvertes sur ses capacités insoupçonnées. La lumière ne sera d'ailleurs pas  entièrement faite sur le passé  du héros, ce qui  nous donnera bien évidemment envie de découvrir la  suite de ses aventures  !  Un bain de verdure et de fraîcheur malgré le titre : Dérive sanglante !

Un petit extrait pour le plaisir : "Il laissa la  cabane à la garde de Ralph en lui rappelant ses  devoirs: mordre au derrière tous les intrus sans exception, faire la vaisselle  et couper un peu de bois de  chauffage.

-Et pas question d'aller  nager dans la rivière, ajoutat-il.

Ralph, vautré sur la  terrasse ensoleillée agita son moignon de queue sans rouvrir les yeux."

Merci à Cuné pour ce savoureux envoi  !

Amanda,

Laure

Marie

Patricia ont aimé aussi !

268 pages

 

27/10/2008

"Avez-vous songé à être vous même tout simplement ? "

Albert n'est ni un ringard ni un élève populaire , loin s'en faut et  il n'est à l'aise ni à l'école ni dans sa famille où une mère insatisfaite chronique martyrise un époux falot et croit trouver le bonheur dans les arts ménagers.
Aussi, quand l'ado mal dans sa peau fait la connaissance de sa vieille voisine Orphra et qu'il a avec elle des conversations passionnantes sur la llittérature, la vie, le théâtre, se prend- il à croire en ses rêves...51XcBWeYhtL._SL500_AA240_.jpg
Se déroulant à l'époque du Flower power, qui  est évoqué de manière assez sarcastique en arrière plan, ce roman qui fait pétiller les citations de Thoreau ou de Shakespeare, m'a finalement plutôt déçue. L'écriture m'a semblé guindée et je ne suis jamais véritablement  entrée dans l'histoire. Albert m'a paru assez insupportable et je ne me suis attachée à aucun personnage( à l'exception du chat Orson qui a bien du mérite d rester dans cette histoire)pas plus qu'au "message "délivré d'ailleurs.

Notre petite vie cernée  de rêves.Barbara Wersba. Editions Thierry Magnier.167 pages

Dans la série Cathulu joue les  rabat-joie...:)

L'avis de Lou qui vous enverra chez plein de blogueuses qui ont apprécié  ce roman.

 

26/10/2008

"Un porridge de maman tardif"

Li a repoussé son bonheur car "Les gens comme moi n'ont manifestement pas l'armature nécessaire pour supporter les bons moments." Les gens comme elle? Incolore, voilà  comment se définit cette infirmière, qui, enfant a vécu en compagnie  de son petit frère dans une immense demeure où ils croisaient  de temps à autres ceux qu'ils appelaient  entre eux les  Epoux, à savoir leurs parents trop peu présents car trop occupés à soigner d'autres enfants. Pas de ressentiment  néanmoins, juste le constat  que  "Les gens comme elle ne devraient  sans doute pas avoir  d'enfants, surtout quand ils sont marqués pour  la vie par un chagrin d'amour  universel et quand  ils  ont des  enfants si tardivement  que cela entraîne  la dissolution  d'un orchestre de mandolines." L'humour comme moyen de survie.
Quand l'Amoureux repoussé dans l'adolescence revient en Islande, Li repense à son passé et à son enfance si particulière (qui m'a un peu fait penser au personnage de Fifi Brindacier, en moins joyeux (même si Fifi a parfois des accès de mélancolie)). Pourra-t-elle enfin  "attraper ce qui  aurait dû être, (...) faire du poème la vie elle même (...)ne plus rester transie dans la  froidure de l'intervalle compensatoire  entre les poèmes et la vie " ?41R8FyBwBaL._SL500_AA240_.jpg
Dans Le cheval soleil, l'islandaise Steinun Sigurdardottir nous livre un récit lumineux,celui d'une enfance  qui n'a même pas le sentiment d'être fracassée, une  enfance où la mort rôde tout naturellement , où les enfants se montrent plus  adultes que leurs parents, où le bonheur  n'est pas  du tout familier.Un récit où le lien entre parent et enfants est exploré d'une manière très particulière.
La  traductrice Catherine Eyjolfsson * a très bien rendu le contraste entre la langue parfois très moderne avec ses hyperboles ainsi, "l'hyperbonté" de la mère et les passages poétiques qui  se mêlent au roman, comme autant d 'échappées vers la lumière.
L'Islande et ses paysages âpres et lumineux servent d'écrin à un texte puissant et jamais déprimant qui va d'emblée  prendre place sur mon étagère d'indispensables.

Le Cheval soleil. Steinunn Sigurdardottir. Editions Heloïse d'Ormesson.185 pages

PS:  de la même auteure, j'avais a-do-ré La place du coeur paru en 2000 aux  Editions Denoël, sorte de  road-movie islandais mettant en scène  une mère qui veut renouer le lien avec sa  fille qui part en vrille...Depuis  8 ans sur ma  fameuse étagère et lu et relu...Billet à  venir ?

* Déjà  remarquée ici .

22/10/2008

Quand les enfants sont dangereux...

Il est des enfants dont on sent  tout de suite qu'il vont avoir une influence  néfaste sur leurs camarades. Tulipe  est de ceux-là. Les parents de  Nathalie, trop occupés peut être par leur travail mais également séduits, même s'ils ne sont pas dupes, par cette collègienne attachante malgré ses défauts , ne vont pourtant pas interdire à leur fille de la fréquenter.4186QYE3S4L._SL500_AA240_.jpg
Menteuse, manipulatrice, Tulipe va exercer ainsi son ascendant sur une Nathalie qui  se rend bien compte de l'anormalité de  la situation et parviendra  à secouer le joug de cette servitude librement  consentie et ce pour le meilleur et pour le pire...
Mon amitié avec Tulipe
souffre d'un titre français anodin,The Tulip touch original mettant davantage l'accent sur la touche de Tulipe , cette manière si particulière qu'elle a de mentir.  Anne Fine a  écrit ce roman suite à la mort d'un très jeune enfant en Grande -Bretagne  assassiné par des  gamins à peine plus âgés que lui. Elle n'y fait qu'une très brève allusion, son propos étant de se demander comment de tels enfants peuvent en arriver à agir de manière aussi horrible. Dans un dialogue argumenté, les parents de Nathalie  échangeront ainsi leurs points de vue sur  l'attitude destructrice de Tulipe.Sans manichéisme, Anne Fine analyse avec finesse le comportement des deux adolescentes.Un livre qui met parfois mal à l'aise mais qu'il est à mon avis nécessaire de lire et de faire lire afin d'en discuter avec nos  enfants.

A partir de  13 ans.

15/10/2008

Une sorte de boîte à souvenirs en mots et en phrases

Stuart Terence  Oliver, dit Stol ou Stolly ,collectionne les accidents à une cadence impressionnante.Mais là il a dépassé la mesure  et se retrouve à l'hôpital avec pas mal d'abbattis cassés.  Sonné mais vivant. Son meilleur ami, Ian, décide de rédiger la biographie de Stol pour lui prouver que "c'est important que tu existes."41AKAZF5HYL._SL500_AA240_.jpg
Stol  est un personnage follement attachant, plein d'invention ,"spécialiste des histoires abracadabrantes",que les profs estiment "juste un  peu fantasque"et dont tous disaient"qu"il avait de l'avenir,  à condition  de rester en vie et qu'il apprenne un jour à lacer ses chaussures." Vous l'aurez compris  le ton est plein d'humour , le mot "suicide"  ne sera  jamais prononcé , pour ne pas dramatiser et aussi pour échapper à tout cette menace de prise en charge socio-psychologique dont Ian se méfie au plus haut point. Les parents de  Stol,  trop pris par leur travail ne sont jamais stigmatisés. D'ailleurs Stol  s'est quasiment  fait adopter par les  parents de  son "ange-gardien" autoproclamé. Au passage, remarquons aussi que Ian est un enfant trouvé dans une boîte à chaussures et que "pour l'instant, j'avoue que  ça m'est complètement égal. Parfois, je me sens coupable : je me dis  que  c'est dommage que quelqu'un comme moi ait bénéficié d'une adoption.  Il auarit mieux valu que ça tombe sur un enfant comme Stolly, quelqu'un qui  a assez d'imagination pour en profiter  pleinement."
Même s'il évoque  des  thèmes graves,La tête à l'envers  in'est jamais "plombant". Tout est traité de manière intelligent et optimiste, sans  jamais verser dans la mièvrerie. Anne Fine fait confiance à ses  personnages-aux ados parfois pluq qu'aux adultes  !- pour faire  face avec efficacité et humour aux problèmes qui les touchent parfois de plein fouet. Un roman revigorant !

A partir de 13 ans

 

14/10/2008

manipulafiction

Clara, atteinte d'un cancer, tient un journal intime où son mari, Clemente, n'apparaît pas sous son jour le plus favorable.  Quand  ce dernier découvre  ce cahier, le malaise s'installe car il y lit  que Clara est au courant de  l'existencee de sa liaison de 7ans avec Eliana.  De plus, Clara avoue dans  cet écrit qu' elle  a aussi  été infidèle...4170QbZ1pvL._SL160_AA115_.jpg
Les faits sont-ils réels ou juste sortis  de l'imagination fertile de Clara , fervente adepte du mensonge ? Qui manipule qui? Clara? L'auteure, Elisbeth Subercaseaux , qui dans ce roman Une semaine en octobre ne permet pas  au lecteur de s'installer confortablement dans le mensonge  de la fiction  et instille ainsi  un  sentiment permanent de malaise ?
Il m'a fallu du temps pour terminer ce texte et encore plus pour démêler l'écheveau de pensées qu'il m'inspirait.

Merci à Cuné pour cet envoi dérangeant ! :)

L'avis de Laure.