29/05/2008
"Tu n'as qu'à surveiller tes fréquentations."
Un squelette lesté d'un émetteur radio portant des inscriptions cyrilliques remonte à la surface d'un lac islandais et c'est tout un pan d'un passé , pas si lointain , qui refait surface: celui de la guerre froide, de ses espions et de ses illusions...
Pour donner une identité à ce squelette et surtout pour retrouver celui qu'une femme a attendu en vain devant une crèmerie, Erlendur devra faire preuve d'obstination, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités.
En alternance, une autre quête, celle d'un ancien étudiant Islandais, parti étudier en Allemagne de l'est et qui s'est trouvé confronté à l'univers de "La vie des autres"...
J'ai mis du temps à entrer dans ce nouvel opus d'Arnaldur Indridason mais finalement je me suis régalée avec cette superbe histoire d'amour sur fond de Stasi et de surveillance généralisée. En filigrane, la relation du commissaire avec sa fille est éclairée sous un jour nouveau par l'apparition d'un nouveau témoin du passé d'Erlendur.
En toile de fond,dans l'homme du lac, l'Islande à a fois déprimante et lumineuse, farouchement défendue par Erlendur, pays où la poésie semble partout présente, fût ce par la présence d'un recueil lu et relu sur la table d'un vieux paysan acariâtre...
L'avis de Clarabel
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19/05/2008
"Si tu ne sais pas reconnaître ce que tu as, tu ne mérites pas d el'avoir."
Soit un groupe de femmes (et d'enfants)plutôt disparate mais qui "structuré par le hasard, avait résisté et s'était révélé trop solide pour être facilement démantelé. C'était un arrangement à la va-comme je te pousse,, une espèce d'improvisation libre et folle qui s'était métamorphosé en un réseau d'attachements qui conférait à chacune, de manière indéterminable, des valeurs sûres et un sentiment d'appartenance."
Soit un homme séduisant et riche, Adam, le bien nommé, qui va agir en catalyseur et va inciter chaque membre du groupe à réenvisager sa vie sous un autre angle...
Les vendredis d'Eleanor est un livre chaleureux qui peint le quotidien de femmes ayant fait des choix différents
et qui, chahutées par la vie, trouvent réconfort et amitié dans ces réunions du vendredi soir. Joanna trollope a le chic pour nous rendre familiers les univers de chacun de ses personnages de l'executive woman à la fan de house music , se penchant sur chacun d'eux avec une curiosité bienveillante. Elle analyse avec finesse et lucidité les recoins des âmes et quand le roman se termine nous n'avons qu'une envie: retrouver Eleanor, Paula Lindsay et tous les autres...
Un peu déçue par le Cuné , la vile tentatrice !
Ps: la photo de couverture m'a rappelé ceci !
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15/05/2008
Séance de rattrapage
Grâce à Solenn, j'ai appris la sortie en poche aujourd'hui d'un roman que j'ai relu plusieurs fois ponctuellement pour le plaisir de retrouver les personnages...
Pas de coups de théâtres fracassants, tout est feutré dans Jours de juin
de Julia Glass. Ce roman se divise en trois étés qui vont bouleverser
la vie d'une famille écossaise.Des décès vont entraîner des
réajustements entre les personnages, réajustement des places de chacun
au sein de la famille et aussi de la vision , forcément parcellaire et
myope, que chacun a des autres.
Ce très beau texte aurait aussi pu reprendre le titre de Sylvie Doizelet Chercher sa demeure
car chacun dans le roman de julia Glass peine à trouver le pays
(Ecosse, Grèce, Etats-Unis, France) qui lui donnera la sérénité.
Si
vous aimez l'atmosphère des vielles demeures écossaises, les chiens de
berger, la musique et les livres,vous trouverez votre bonheur dans ce
livre qui n'est ni triste ni mélancolique. On y trouve même des pointes
d'humour quasiment anglais .
Julia Glass est américaine mais elle
mériterait presque qu'on lui accorde l'étiquette de romancière
anglaise, c'est dire si j'ai aimé...
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14/05/2008
"on dirait que l'hôpital psychiatrique est le lieu de toutes les émotions."
Anna , 8 ans, Paula (la narratrice dont on apprendra le prénom fort tard...),6. Une chute dans l'escalier.Anna qui a voulu protéger sa quasi jumelle devient aphasique:"Anna a perdu l'équilibre et notre famille a basculé dans l'escalier".
A l'adolescence, la situation s'inverse: pour protéger sa soeur, Paula va endosser son identité et aller passer un court séjour en hôpital psychiatrique."J'essayais de rentrer dans la langue d'Anna, de penser comme elle[...]Je voulais tout essayer, regarder par ses yeux, entrer vraiment dans son monde."
Quête de l'identité, réajustement des places dans une famille où la cadette a l'impression que toute l'attention est tournée ver sa soeur, difficulté à admettre que l'enfant, même handicapée a grandi et n'a plus besoin de ses parents, Eva Kavian traite ses thèmes avec une langue rare et qui sonne juste. Pas de pitié malséante, elle se glisse avec aisance et humour dans la peau d'une ado qui doit faire face à l'euthanasie d'un grand-père mais est aussi dévorée par l'envie de sa première sortie en boîte...
Eva kavian nous propose également une vision décapante de l' H P , de ses soignants parfois débordés et de la solidarité qui peut s'établir entre malades. Un livre lumineux.
Une auteure belge francophone dont j'avais déjà lu deux romans mais qui à chaque fois sait renouveler son écriture pour mieux nous surprendre.
L'avis de Laure
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12/05/2008
Bridget mène l''enquête
Une couverture attrayante, une 4 ème de couv' où j'ai pêché "enquêtrice au foyer façon Desperate Housewife", une allusion à "Millénium" (en termes de chiffres de vente, il est vrai), et j'étais cuite : La princesse des Glaces était pour moi.
"Princesse des glaces", Alex l'est à plus d'un titre : par sa beauté et sa froideur soudaine et parce qu'on la retrouve suicidée dans une baignoire d'eau gelée...
Son amie d'enfance , Erica,la découvre et va être chargée par la famille de rédiger un texte à la mémoire de la défunte, bon prétexte pour mener l'enquête sur le passé d'Alex.
Camilla Lackberg tresse avec habileté trois intrigues: la policière, de facture classique mais riche en rebondissements ,même si Erica fait souvent fi des règles en vigueur dans la police ; la sentimentale avec une héroïne clairement donnée comme écho de Briget Jones:la trentaine bien entamée, célibataire, des kilos en trop...et un amoureux d'enfance qui a eu la bonne idée de devenir policier; une intrigue familiale enfin car Erica vient de perdre ses parents et refuse de vendre la maison familiale, contre la volonté de sa soeur,manipulée par un mari pas si bien sous tous rapports que cela (il est même carrément ignoble). Le tout traité avec pertinence, alternant émotion et humour.
La traduction est parfois lourde, on se demande si les deux traducteurs ont travaillé en harmonie, mais l'ensemble se lit avec plaisir. Une fois encore les auteurs nordiques se montrent moins frileux (je sais c'est facile!) que leurs confrères français et ne rechignent pas à évoquer des thèmes tels que la violence conjugale dans les milieux apparemment sans histoires.
J'avais deviné rapidement quel avait été le problème d'Erica mais l'auteure a su injecter une dose de noirceur supplémentaire et traiter ce thème ,devenu hélas courant,avec sensibilité .
Nous sommes loin de la réussite de Millénium mais il ne faut pas bouder son plaisir.
En prime, un conseil précieux pour ne pas attraper de cystite quand on doit s'asseoir quelque part par temps froid : glisser ses gants sous ses fesses. On ne sait pas ce qu'on doit faire pour les doigts gelés par contre...Avoir deux paires de gants ?
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08/05/2008
Recyclage ?
Delirium Tremens inaugure la série de Ken Bruen consacrée à JackTaylor, irlandais spécialisé dans la recherche de personnes ou de choses disparues, car pas question de parler de détective privé en Irlande...
J'y ai trouvé beaucoup de points communs avec le roman évoqué précédemment : une intrigue nonchalante avec ici des ellipses encore plus grandes car le héros se retrouve dans le coma plusieurs jours et l'énigme est résolue presque sans lui. une même tendance à l'autodestruction, de l'humour bien sûr, "Fragile? Cet arnaqueur? Il serait capable de construire un nid dans ton oreille et de te faire payer le loyer !" mais j'ai franchement été déçue quand j'ai retrouvé la même histoire concernant la mort d'un père , celui du héros dans Hackman Blues, celui de l'associée de Jack dans ce roman...Sans compter d'autres troublantes similitudes (attention si un simili détective irlandais vous offre des chaussettes roses ou rouges, votre vie est en danger...).
Ici va donc s'achever ma découverte de cet auteur. Dommage !
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06/05/2008
"Parnoir,enjambe ta culotte et suis-moi !"
Vous qui aimez les mots, les mots anciens, les mots qui roulent comme des cailloux, précipitez-vous sur Le jour des corneilles , de Jean-François Beauchemin !
Le père Souche et son fils (qui n'a pas d'autre identité) vivent à l'écart d'un village, en autarcie.
Le père, sorte de Géant rabelaisien, la bonhommie en moins, lit dans les étoiles, tandis que le fils voit sans souci particulier les trépassés évoluer autour de lui. Parmi ces derniers, sa mère, morte lors de sa mise au monde.
Le père rudoie le fils qui supporte sans broncher les crises de folie paternelles, espérant toujours recevoir une preuve d'amour, cet amour dont il est assoiffé.
En 150 pages, Beauchemin crée des personnages inoubliables,un univers dense et rude où la vie et la mort se mélangent sans cesse. En effet, pour le premier repas de son fils, le père lui donne du lait provenant d'un cadavre de hérisson femelle."ce fut ma première pitance sur le domaine de la Terre : le lait d'une b^te morte achevée par Père. Ce fut par même occasion ma première rencontre véritable avec la mort, véritable en ce que j'en fus pénétré, puis nourri. Toute ma vie , cela devait me rester inscrit au ventre: par là le trépas avait tracé sa sente en ma personne; comme mots se formant et s'alignant sur la page." Surprenant et fort.
Un grand merci à Val qui me l'a fait découvrir et me l'a gentiment prêté !
L'avis de Malice
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05/05/2008
"Etre comme tout le monde est tellement chiant. Voilà le piège dans toute sa séduisante folie"
Trouvé à la médiathèque mais annoncé comme devant sortir bientôt en poche, Hackman Blues est mon premier contact avec Ken Bruen, auteur dont Cuné avait parlé avec tant d'enthousiasme.
Brady cumule: Irlandais, souffrant de troubles bi-polaires (sa vie est une succession de montagnes russes entre périodes d'exaltation intense et dépressions profondes), il jongle entre alcool et lithium et, bien qu'âgé de 50 ans , se conduit souvent comme un ado attardé et lit énormément. A défaut d'être joyeux, il est gay , fait preuve de beaucoup d'agressivité mais aussi d'humour et de lucidité.Bref, on n'a pas le temps de s'ennuyer une minute avec lui !
Ce n'est pas pour autant qu'il manifeste beaucoup d'enthousiasme pour retrouver Rozaleen, la fille d'un promoteur immobilier, fan de l'acteur Gene Hackman. On le serait à moins car voici ce qu'il pense en découvrant la photo de la disparue : "Merde un chien ! Et comme c'était une photo, avec tout le talent du photographe professionnel, Dieu seul savait à quel point elle pouvait être moche."
Bruen s'avère le roi de l'ellipse, passant sous silence les explosions de violence qui parsèment le récit , mais les rendant en cela encore plus efficaces. L'histoire, qui s'emballe soudain, n'est pas vraiment la priorité de l'auteur, qui préfère et de loin s'attarder sur ses personnages, ciselant ses dialogues,bourrés d'humour.
A savourer sans modération !
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02/05/2008
Luttons contre la mondialisation !
Et une bloggueuse éditée,une ! Mais cette fois en Italie.
Pulsatilla n'a pas sa langue dans la poche et tire sur tout ce qui passe à sa portée : sa famille, les culottes, les règles, l'épilation, la cellulite mais La cellulite, c'est comme la mafia, ça n'existe pas.
Elle fustige tout ce qui est imposé aux femmes par la société en matière d'esthétique mais barbote avec jubilation dans la société de consommation...
Je me suis régalée avec sa description des différents types de phallus ainsi que du récit de ses tentatives pour ruiner la réputation de sa compagne de chambre - trop parfaite- dans un pensionnat religieux où la délurée Pulsatilla avait échoué un peu par hasard.
C'est drôle,léger, enlevé, volontairement cru,de quoi passer un bon moment même si parfois le livre devient un peu lassant car , présenté comme un "bio-roman", on sent néanmoins trop l'aspect "chronique," sans véritable structure narrative.
Ps: J'y ai appris au passage que le mot "sparadrap" viendrait de l'italien (plus précisément d'un dialecte de la région de Foggia d'où est originaire l'auteure) et qu'au départ ce serait une onomatopée "qui porte en elle toute la douleur causée quand on l'arrache."
Cuné a moins aimé mais elle a eu la gentillesse de me l'envoyer. Merci !
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30/04/2008
Reykjavik est tout petit...
Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie, comment ne pas craquer avec un titre pareil ? ! Et quand en plus l'auteure s'appelle Gudrùn Eva Minervudottir (ce que j'interprète-faussement sans doute- mais je m'en fiche, laissez-moi mes illusions- comme "la fille de Minerve") et qu'elle est islandaise, je me rends pieds et poings liés !
Mais bon,trêve de bavardages, allons plus avant.
Reykjavik, capitale de l'Islande, est d'après l'auteure une ville toute petite où l'on croise toujours les mêmes personnes. A lire les 20 nouvelles composant ce recueil, on veut bien la croire car une certaine parenté se tisse entre les différents narrateurs, créant une continuité très fluide.
Même jeunes adultes, ils ont gardé un pied en enfance,vivent souvent au troisième étage, mangent du pain avec du fromage ou du pâté de foie et évoluent dans des appartements quasi vides et très lumineux.
Leur langage est subtilement décalé, tour à tour poétique ou teinté d'humour "Tu ne veux pas m'embrasser comme la faim embrasse le pain ? ", subtilement en porte à faux avec la réalité.
On frémit quand de jeunes enfants sont confrontés à des adultes , tant l'auteure est habile à susciter un climat perturbant...
Les titres des nouvelles sont tous dans la tonalité de celui du recueil, voici mes préférés : "Le bouquet de mariée était plein de pucerons", "Parce que je t'ai embrassé ce matin au moment où tu refermais ta conscience derrière toi" ou bien encore "J'espère que tu étoufferas dans les rideaux de velours caca d'oie de ta mère".
Beaucoup de fraîcheur dans ce livre dévoré d'une traite, et dont on pourrait dire qu'il "rayonne comme les personnages des images pieuses". On sort de cette lecture le sourire aux lèvres et avec une folle envie de faire un tour en Islande...
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