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23/02/2009

Un compagnon de cheminée

"Nous ne pouvons rendre heureux quelqu'un qui ne nous rend pas heureux."Telle est l'une des réflexions que se fait le Dr David Mc Bride lors d'un de ses entretiens avec l'une de ses patientes, admise dans son service après une tentative de suicide,Elizabeth Cruikshank. Cette dernière n'acceptera de lui livrer sa Part obscure qu'après une allusion à un tableau du Caravage. Commence alors une relation, où Elizabeth, jouant le rôle de catalyseur, va totalement bouleverser la vie du Dr Mc Bride.51Dx1fTTPgL._SL500_AA240_.jpg
Le roman de Salley Vickers, professeur de littérature et psychanalyste, est centré sur les entretiens entre le psychiatre et sa patiente, comme un foyer ardent autour duquel gravitent des personnages à la fois drôles et attachants, qu'ils soient patients eux aussi ou collègues. Les entretiens sont passionnants car ils abordent des thématiques qui nous parlent forcément : la difficulté que nous avons à changer de vie ,  à accepter la vérité de nos rapports avec les autres, la nécessité d'un regard extérieur pour comprendre ce qui nous unit aux autres... Il est plaisant de voir que le Dr Mc Bride, dans son désir de sauver les autres ,n'est pas capable de voir ce qui se passe sous son nez,mais la manière magistrale dont il réagira le fait encore grandir dans notre estime. Il ne se montre jamais borné mais profondément humain, jusque dans ses erreurs,et sait même reconnaître la supériorité d'un petit déjeuner roboratif sur n'importe quel traitement ou utiliser des maximes de la tante d'un de ses patients !
Alternant humour et émotion, La part obscure mène également une réflexion sur les rapports entre l'art et la vie, jamais de manière pédante ,mais toujours passionnante  et l'on se prend à envier aussi bien les élèves que les patients de cette auteure.
Mon exemplaire a battu le record de pages cornées et ce depuis les deux ans et demi d'existence de ce blog ! Un livre intelligent et qui résonnera longtemps en moi.

20/02/2009

"Une inversion de la vie en plein milieu, comme une conclusion prématurée..."

Récit d'une histoire familiale marquée par une  forme précoce de la maladie  d'Alzheimer, L'histoire de l'oubli alterne les points de vue d'un grand-père et de son petit-fils qui ignorent tout l'un de l'autre.51VsK1--IjL._SL500_AA240_.jpg

N'ayant aucun goût pour les récits allégoriques, j'ai  allègrement passé  l'histoire  d'Isidora, lieu mythique,  légende familiale qui  va rétablir le lien entre les membres de cette famille que la maladie et les secrets ont fait éclater.

Bardé de commentaires  dithyrambiques, ce premier roman est certes un bon roman mais il ne confine pas au génie. J'y ai retrouvé une atmosphère déjà rencontrée dans d'autres romans américains et seul le thème de l'oubli m'a paru original. Le style est agréable  et fluide.

Merci à Laure , qui elle a beaucoup aimé et me l'a gentiment prêté, et à  Cuné qui me l'a transmis.

18/02/2009

"Le lieu rappelait un navire qui coule"

Un père violent , qui se donne  des allures  de fanatique religieux mais  qui  est surtout un alcoolique  invétéré, une mère tout juste décédée, un petit frère, une petite soeur, qu'il  faut, tant bien que mal,  préserver, on pouvait rêver d'une adolescence plus riante pour Shell.Le tout dans une  Irlande très catholique.51TyPHDWhUL._SL500_AA240_.jpg
Pourtant l'ado arrive à tenir bon, même quand la vie s'acharne sur elle et qu'elle se retrouve au centre d'un fait-divers particulièrement sordide.
Le tout aurait pu être glauque et pathétique ou d'un optimisme forcé mais Siobhan Dowd réussit le pari de rendre cette histoire , inspirée de faits-divers, émouvante mais pas larmoyante.

Une auteure à suivre.

Sans un cri.Siobhan Dowd  Editions Scipto.358 pgaes.avril 2007

17/02/2009

"Ils ont une morale de serpents à sonnettes"

Nick Guest n'est même pas un Rastignac anglais. S'il loue une chambre  dans l'hôtel  particulier de la famille  du député  conservateur Gerald Fedden, c'est simplement parce qu'il est ami de ses enfants, Toby et Catherine. Ainsi  sera-t-il amené à fréquenter tout le gratin de la société londonienne et à devenir ami avec la jeunesse dorée -voire clinquante- qui s'ennuie élégamment entre  prises de coke et  parties fines.51k9IeqlwlL._SL500_AA240_.jpg
Avec un humour pince -sans -rire mais aussi corrosif, Alan Hollinghurst  nous peint ici le portrait d'un jeune homme tiraillé entre ses origines et le milieu qu'il fréquente, confronté à un monde dont il découvrira les coulisses mais auquel il n'appartiendra jamais  totalement. C'est aussi l'occasion de brosser le portrait de ces années 80 , les années fric, mais aussi les  années- Sida, ce qui donne au roman une tonalité  douce -amère au fur et à mesure de son avancée dans le temps.
Alan Hollinghurst réussit  à ne pas rendre  antipathiques des personnages qui au départ n'avaient rien pour me plaire , ces play-boys gays  et  oisifs qui n'osent pas assumer leur sexualité par exemple , ou ce député inamovible qui méprise ses électeurs mais réussira  toujours à se sortir de tous les chausse-trappes que le sort lui réservera, entre  un concours de lancer de bottes et un scandale financier.
Le style est chatoyant et alerte. 635 pages qui  se lisent sans faiblir.

Ce  roman a obtenu le Man  Booker Prize en 2004.

16/02/2009

Pour ceux qui aiment être déstabilisés

David Case, quinze ans, se sentant poursuivi par le destin, change d'apparence et d'identité et prend la fuite...Au fil de ses rencontres, david devenu Justin, plongera dans le plus profond désespoir mais saura aussi trouver de précieux alliés, réels ou imaginaires...
Je n'ai pas vraiment adhéré à Si jamais... , y trouvant trop d'invraisemblances et d'incohérences. Certes, Meg Rosoff trouve un subtil équilibre entre fantastique et réalisme, déstabilisant le lecteur pour son plus grand plaisir, mais cette fuite éperdue m'a paru trop longue. Le portrait de cet adolescent tourmenté est fouillé mais tourne un peu en rond. Restent les descriptions originales et pleines d'humour noir dont je me suis régalée.41dzyHuuvhL._SL500_AA240_.jpg
Ainsi , "David était peut être un de ces garçons qui trouvaient l'adolescence inconfortable. Ce n'était qu'une phase - une étape ponctuée de délires, d'incohérences, de hantises, d'insomnies dont il émergerait calmé et mûr pour réussir son bac, décrocher un bon boulot, rencontrer une chouette fille , acheter une maison, élever des enfants, prendre sa retraite, avoir une crise cardiaque et se réjouir d'une belle affluence à son enterrement."
La description de la rentrée des classes m'a également réjouie , j'ai apprécié aussi le vocabulaire parfois soutenu (effet de la traduction ? ) mais ces "morceaux choisis" ne m'ont pas empêché de déplorer un sentiment d'inachevé.

14/02/2009

Vient de sortir en poche

Billet ici! 41qAdhnScPL._SL500_AA240_.jpg

12/02/2009

Le retour de Linley

Après le meurtre de son épouse et de l'enfant qu'elle portait, Thomas Minley accomplit un périple en solitaire le long  des côtes de Cornouailles. Au pied  d'une falaise, il sera le premier à découvrir le cadavre  d'un jeune grimpeur . D'abord soupçonné, Linley sera  enrôlé bien malgré lui pour mener l'enquête et ainsi aider l'inspecteur Bea Hannaford.  Ils ne seront pas de trop pour faire face aux  nombreuses personnes  susceptibles d'avoir souhaité la mort de la victime...51W13Qr9vsL._SL500_AA240_.jpg
Le rouge du péché nous permet avec bonheur de  renouer avec l'univers d'Elisabeth Geoge, plus britannique que jamais malgré sa nationalité américaine.Le duo Linley,Lord jusqu'au bout des doigts , Barbara Havers, fagotée comme l'as de pique mais d'une loyauté à toutes épreuves, se reforme mais seulement au tiers du livre. Nous découvrons avec plaisir  l'inspectrice atypique Bea Hanaford, qui , comme  toutes les femmes de ce  roman est dotée d'une forte personnalité. Elisabeth George nous introduit aussi dans l'univers du surf et nous mène par le bout du nez, multipliant les fausses pistes avec bonheur.Pourtant, bizarrement, il m'a fallu un temps de  réflexion pour vraiment apprécier ce roman.  Je l'ai lu d'une traite, certes, mais pas avec la même ferveur que les premiers , sans doute par ce que je l'avais trop attendu. Un bon cru cependant.

09/02/2009

A couper le souffle !

Quittant un mari brutal et un pays , l'Australie, Julia trouve refuge en France dans le château familial, en compagnie de ses deux enfants . Dans l'immense demeure, peu de paroles seront prononcées tandis que se nouera un drame familial.Pas question que je vous en dise plus sur l'intrigue que jamais je n'ai trouvée morbide.51MUWMCBOML._SL500_AA240_.jpg
Avec une extrême économie de moyens, Julia Leigh arrive à créer une tension digne du Tour d'écrou de Henry James. On suit le souffle court, fasciné et horrifié, la montée de l'intensité dramatique, et n'était l'utilisation  d'un téléphone portable, on pourrait se  croire plongé dans un de ces romans noirs anglais du XIXème siècle.
Une oeuvre puissante qui donne le frisson.

 

Julia Leigh, Ailleurs. Christian Bourgeois éditeur.105 pages dévorées le souffle comme suspendu.

Mon seul regret :  avoir mis autant de temps à me décider et pourtant vous avez été nombreuses à me tendre la perche !

 

Le billet de Solenn qui vous mènera  vers plein d'autres .

06/02/2009

"Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux, pas vrai? "

Rosamond vient  de mourir mais  a laissé à une mystérieuse Imogen, jeune femme aveugle,une série de cassettes enregistrées où,  s'appuyant sur vingt photos dûment sélectionnées, elle révèle  un  secret  de famille courant sur trois générations de femmes.Plus que tout cela peut être, l'objectif  est de  lui  laisser "la  conscience de [son] histoire, de (son )identité, la conscience de [ses]origines, et des  forces qui [l]'ont façonnée."51GQ--O6Z0L._SL500_AA240_.jpg
Traversée par des coïncidences qui réapparaissent par delà les années, par des scènes qui semblent  se rejouer, La pluie, avant qu'elle tombe est sous-tendu par le thème de l'amour maternel déficient et des conséquences qu'il peut entraîner sur plusieurs générations.
Tissant avec virtuosité l'histoire  de cette lignée de femmes à celle de l'Histoire, Jonathan Coe nous livre  ici une  oeuvre sombre mais fluide, qui se lit sans déplaisir, mais qui laisse un peu sur  sa faim.  le style  et la construction sont impeccables mais  il manque cette petite étincelle de folie  qui faisait  tout  le charme de la maison du sommeil.

L'avis de Marie.

celui de Lily.

05/02/2009

Un roman chaleureux dans l'hiver arctique

Le commissaire Erlendur recouvrant soigneusement d'une couverture le corps d'un enfant assassiné , geste inutile mais ô combien révélateur, voilà l'image que je retiendrai du dernier roman d'Arnaldur Indridason.
Crime raciste? Le petit Elias était en effet le fruit d'un mariage entre un Islandais et une Thaïlandaise.Le couple avait divorcé et si la mère semblait bien s'intégrer, il n'en était pas de même pour son fils aîné, Niran .31QrWUfImOL._SL500_AA240_.jpg
Particulièrement préoccupé par cette enquête, Erlendur négloge cette femme qui lui parle au téléphone et qui, croit-il ,a juste quitté le domicile conjugal. Il traite aussi un peu à la légère ses enfants qui, pour la première fois, viennent ensemble lui demander des comptes...

Explorant toutes les pistes, examinant toutes les hypothèses, même les plus horribles, le commissaire met à jour tous les préjugés envers les émigrés dans cette communauté fermée d'Islande, sans manichéisme ni volonté démonstrative .La solution de l'énigme s'avèrera encore bien pire que ce que l'on croyait...
La 4 ème de couverture  évoque "un monde à la Simenon"mais j'ai trouvé beaucoup plus de chaleur humaine  dans ce roman  que chez Maigret qui  souvent rudoie ses suspects.  Erlendur, lui, s'y prend avec beaucoup plus  de délicatesse et d'empathie .

L'avis de Cuné que je remercie chaleureusement pour l'envoi !

Celui de Clarabel