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12/08/2010

Des vies sans couleurs

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"Ignominie, donc, voilà le mot qui décrit son état."

La jeune Marion Campbell dirige une agence de voyages en Afrique du sud. Une photographie à la Une d'un journal va faire résurgir des souvenirs que son père refusera de préciser. Marion va donc mener une quête d'identité, quête liée à la période à la fois folle et trouble de l'apartheid.
La vérité découverte par la jeune femme explique sa réserve et le contrôle permanent de ses émotions. Néanmoins, cette raideur permanente nuit à l'empathie et le lecteur ne peut que se tenir à distance, regrettant de ne pas sentir palpiter davantage le coeur de cette Afrique que Marion affirme tellement aimer.

Des vies sans couleur, Zoë Wicomb, 10/18 2010, traduit de l'anglais par Catherine Lauga Du Plessis, 282 pages trop empesées.

09/08/2010

Le livre de Joe

Un romancier revient dans la petite ville où il a grandi . Il n'y sera pas vraiment le bienvenu car les habitants de cette bourgade du Connecticut n'ont pas du tout apprécié de se voir ridiculiser dans ce roman à succès qui a valu gloire et richesse à son auteur.
Ce retour, qui s'apparente parfois à un exercice d'auto dépréciation car Joe a tout du loser déguisé en gagnant, lui permet également de revenir sur des événements du passé et de les envisager sous un autre angle.9782264045089R1.JPG
Roman prévisible, qui roule impeccablement sur des rails, alternant humour et émotion, Le livre de Joe était destiné bien évidemment à être adapté au cinéma, ce qui est actuellement le cas.
Il ne révolutionnera pas la littérature mais permet néanmoins de passer un bon moment quand on a besoin de confort. Et c'est déjà bien.

Le livre de Joe, Jonathan Tropper, traduit de l'américain par Nathalie Perronny, 10/18. Enfin lu ,gratuitement ,grâce aux promos estivales.

L'avis de Florinette ,que l'on espère revoir bientôt sur la toile !

13/07/2010

Un petit boulot

"Je ne suis pas plus fêlé que le voisin , simplement plus décidé."

La crise a frappé la petite ville américaine où habite Jake . Le voilà au chômage,endetté et sans petite amie. La proposition du bookmaker local  d'effacer ses dettes en échange de l'assassinat de sa strip-teaseuse de femme va transformer radicalement  non seulement la vie de Jake mais aussi et surtout sa vision de la société : "L'économie c'est la souffrance, les mensonges, la peur et la bêtise, et je suis en train de faire une niche."
Cette transformation d'un travailleur consciencieux et honnête en tueur à gages est à la fois hilarante et très noire. Jake le constate lui-même : "Vérifier et revérifier sans répit, surveiller impérativement chaque détail.L'usine m'a formé pour ça." Il va simplement appliquer cette compétence à un tout autre domaine.
On jubile en découvrant les péripéties des aventures de cet apprenti tueur qui fustige au passage l'hypocrisie d'une société où chacun cherche à tromper l'autre et où les travailleurs honnêtes se font licencier sans vergogne par des gens qui cherchent à faire des économies. Déshumanisation  d'un côté, tentatives desespérées de l'autre pour surnager, pour redonner un peu de moral aux chômeurs, comme ce patron de bar qui organise vaille que vaille des concours de fléchettes pour réinsuffler un peu de joie dans une ville en train de mourir, un portrait lucide mais très drôle d'une société en pleine déliquescence.

Un petit boulot, Iain Levison, traduit de l'américain  par Fanchita Gonzalez Battle, Liana Levi 2003. Sorti en poche, 211 pages magistrales.

Emprunté à la médiathèque.

L'avis d'Amanda qui vous mènera vers plein d'autres

12/07/2010

Celui qu'on ne voit pas. (dans sa PAL)

"Il ne voulait probablement pas se promener en ville une hache sous le bras."*

Une île suédoise séduisante, Gotland. Un tueur en série qui sévit à la veille des vacances et risque de compromettre la saison estivale. La pression est lourde sur le commissariat.
Certainement pas sur le lecteur qui lit sans déplaisir ce roman facile mais qui peine à instaurer un quelconque suspense.51IyjaUTZCL._SL500_AA300_.jpg
L'auteure semble nettement plus à l'aise  pour peindre en quelques lignes des portraits de femmes , (femmes avec lesquelles nous n'aurons guère le temps de faire plus ample connaissance, c'est la loi du genre ) et semble ne pas avoir su trancher entre le roman à l'eau de rose et son vocabulaire adéquat, "l'exquise collection de spiritueux et de shakers sur une étagère", "Une élégante chaîne hi-fi" et une intrigue parfois naïve (voir la citation donnée en titre).
On va paresseusement jusuq'au bout et on oublie aussitôt.

*Phrase qui m'a aussitôt fait penser à cet exemple de Jean-Louis Fournier dans l'un de ses manuels impertinents: "Pardonnez-moi, je suis pressé, je vais assassiner ma mère."

10/07/2010

Winter

"J'ai appris des choses tout au long de cet hiver, de cette saison des rêves, et j'en ai oublié d'autres, de vieilles choses dont je n'aurai plus besoin désormais."

 

L'écrivain Rick Bass et sa compagne dénichent un travail de gardiens de propriété, ce qui leur permet de réaliser leur rêve: s'installer dans un coin reculé du Montana, en plein hiver.
L'expérience, qui sidère leurs familles respectives, s'avère passionnante et très enrichissante tant par la confrontation avec la nature qu'avec l'adaptation aux moeurs des autochtones."Il peut arriver n'importe quoi.", tout peut basculer et rien ne vaut cet exil volontaire dans un cadre à la fois magnifique et potentiellement dangereux pour en prendre conscience.41rKY0ySUOL._SL500_AA300_.jpg de quoi réfléchir pour ceux qui voudraient se lancer dans l'aventure...
Pour reprendre les mots de Madame de Sévigné concernant le printemps en les adaptant à l'expérience de ce livre: Si vous voulez savoir ce que c'est qu'un hiver, il faut venir à Rick Bass !

Un livre qui séduira tous les amoureux de Nature Writing, et j'en fais bien évidemment partie !

Winter, Rick Bass, traduit de l'américain par Béatrice Vierne, Folio 2010, 261 pages crissantes de neige et crépitantes de feu de bois.

"un bain de fraîcheur" pour Papillon.

Pickwick a été un peu moins séduite.

09/07/2010

La Bar-Mitsva de Samuel

Titre à lire à distance des repas, je vous aurais prévenus.

"Elles étaient tellement vieilles que la seule jeunesse qu'on pouvait voir en elles, c'était en les imaginant en pouponnières à asticots".

Je croyais apprécier l'humour noir et l'ironie mordante mais La Bar-mitsva de Samuel vient de me démontrer que j'avais des limites.41RrA6oZBqL._SL500_AA300_.jpg
En effet, ce récit de la vie d'une jeune juif français exilé contre son gré au Canada entre une mère qui ne l'aime pas (mais a su l'enlever à son père , resté en France) et un beau-père des plus effacé ne m'a laissé aucun espace pour respirer.
C'est un univers d'une noirceur quasi absolue, où la violence est banalisée (en particulier celle faite aux femmes) très cru, avec un langage ordurier (les femmes ne sont que des c...et on les espère vicieuses dès le plus jeune âge), où les personnages ne semblent capables d'aucune empathie.
Quant à la vision du Canada, elle est au diapason de ce qui précéde. On me dira que c'est ici la vision outrée d'un adolescent torturé par ses hormones mais bon, désolée, je ne compatis ni ne ris une minute.

06/07/2010

La mémoire courte / Le noir qui marche à pied

"Zondi était bien forcé d'admettre qu'il était un soldat d'élite, mais que le champ de bataille n'était plus à la mesure des hommes de bonne volonté."

Zondi est noir et sa qualité d'inspecteur lui permet de côtoyer toutes les couches sociales de cette Afrique du Sud qu'il "aimait de toute son âme et de ses tripes mais [...] détestait de toute sa tête."41S7w0Q7ZJL._SL500_AA300_.jpg
Paradoxe qui court aussi bien dans La mémoire courte que  dans Le noir qui marche à pied. Pas de politiquement correct en effet dans ces réflexions de l'inspecteur Zondi qui se déconnecte souvent de la réalité pour se lancer dans des analyses sur le fonctionnement de cette société qui se cherche et où l'égalité n'existe pas , même si ça n'a pas seulement à voir avec la couleur de la peau.
Les clichés existent de part et d'autres et ont la vie dure. Le décalage entre la vison des uns et la réalité des autres est immense : " Zondi était fasciné par le témoignage naïf  de ce Blanc ignorant et primitif qui lui décrivait le monde où il avait passé toute son enfance comme un cloaque sale et inquiétant, truffé de pièges et de bandes rivales alcooliques qui auraient passé leur temps à s'entreégorger et à se dépouiller. Pour lui Soweto avait toujours été "la maison"; l'endroit où il y avait le sourire de son père et de sa mère, son école primaire et la boutique où il allait chercher du pain ou des petits sachets de thé quand sa mère l'envoyait faire des courses."
Chacun en prend pour son grade, aussi bien les Blancs qui se terrent dans leur villas bunkérisées que les Noirs qui se veulent des assistés permanents...
Et les intrigues dans tout ça ? Amateurs d'analyse de poils de nez et de raclures d'ongles ou de scénarios au cordeau, passez votre chemin ! Nous ne sommes pas dans une série américaine, comme les répètent à plusieurs reprises notre héros , même si lui même sacrifie un peu à la thématique obligée du bel homme qui fait passer son boulot avant une histoire de couple qu'on sent dès le premier volume vouée à l'échec.414vnKuu8dL._SL500_AA300_.jpg
Les intrigues naviguent entre violence extrême et relations bon enfant entre flic et voyous, passant d'un aspect à l'autre avec un naturel déconcertant. On se croit chez Maigret et on bascule chez Thilliez.
Le plus surprenant étant peut être que l'auteur, Sud-Africain d'expression anglaise écrit directement en français, un français hérité de ses ancêtres huguenots et protège soigneusement son identité afin de garder sa liberté de parole.

Une découverte décapante.  Deux romans parus initialement chez Phébus et sortis chez Points Seuil.

A lire dans l'ordre pour profiter de l'évolution du personnage.

Laurent, ils sont pour toi ! Je te les apporte ...bientôt !

 

 

01/07/2010

La sexygénaire n'a pas dit son dernier mot

Elle a beau le répéter à longueur de temps, l'amour pour elle c'est fini, on se doute bien qu'elle craquera un jour ou l'autre. Elle ? Marie, une fringante et toute fraîche sexagénaire doté d'un chat, d'un fils et d'une belle-fille qui vont bientôt la rendre grand-mère, sans oublier une jeune invitée française à demeure.
Marie se rebiffe contre les idées toutes faites concernant la vieillesse. Pas question pour elle d'apprendre une langue étrangère ou de partir crapahuter à l'autre bout du monde ! Elle aborde la soixantaine avec enthousiasme mais aussi un peu de mélancolie.
Malgré son prénom, Marie est bien anglaise (merci d'avoir vérifié dans la VO  Juliette !:) mais je n'ai pas trouvé dans ce livre l'impertinence que j'espèrais.
C'est sympathique en diable, sans prétention mais traduit à la truelle. Ainsi je ne connaissais pas les fleurs de cercueil mais plutôt celles de cimetière, les conducteurs ne me flashent pas mais m'adressent plutôt des appels de phares, sans oublier un fâcheux"Je relaxe sans dire un mot".
Remarquons au passage que le titre original est bien moins imagé que le français, n'est pas sexy qui veut !

Un roman qui ne révolutionnera pas la littérature, mais ce n'est pas ce qu'on lui demande, à lire impérativement au soleil et quand on a dépassé la quarantaine.51-u-+ia1oL._SL500_AA300_.jpg1895597337.jpg

 

30/06/2010

Finnigan et moi

Finnigan , "un tiers humain, un tiers animal, un tiers gobelin de livres de contes pour enfants", "espèce (...) sauvage et indomptée répandant le chaos sur son passage" a passé un pacte avec Answell quand ils étaient enfants . Faire le mal sera l'apanage de Finnigan, le bien celui d'Answell.
Ce dernier, sous la coupe de parents qui veulent tout contrôler, se réjouit dans un premier temps de cette alliance. mais quand une vague d'incendies et de méfaits vient semer la zizanie dans cette petite bourgade australienne, Answell va essayer d'arrêter son ami.51vYw90tFrL._SL500_AA300_.jpg
Finnigan existe-t-il vraiment ? La question de l'identité, celle de la responsabilité sont au coeur de ce roman qui brouille les frontières entre fantastique et réalité.
Une écriture poétique puissante qui sait créer un climat étouffant, un roman tout à la fois beau et angoissant sur le passage de l'enfance à l'adolescence.

Finnigan et moi, Sonya Hartnett, traduit d el'angalis (Australie) par Bertrand ferrier, Le serpent à plumes 2009, sorti en poche.

Un des rares romans à avoir échappé à la malédiction de la PAL qui fond !:)

Merci Cuné !

Tout le monde l'avait lu, sauf moi !51dPRmHP+lL._SL500_AA300_.jpg

25/06/2010

Blonde

1110 pages en édition de poche mais jamais d'impression de longueurs. Joyce carol Oates s'empare de la vie de Marylin Monroe , la sculpte, la brasse à sa guise et la transforme en une fiction fascinante qui distille un sourd malheur.414QBZ9VB6L._SL500_AA300_.jpg
De "l'orpheline", dont la mère a été placée en maison de santé, à la star trébuchant sur ses talons hauts, gavée de substances qui l'aident à dormir ou à se réveiller, "morceau de viande" exploité sans vergogne par les studios mais aussi par presque tous les hommes de son entourage, Oates nous offre un portrait à multiples facettes de celle qui voulait qu'on l'appelle Norma Jeane et qui considérait "Marylin" comme un personnage encombrant : "J'emmerde Marylin. Elle n'est  pas ici.".
On la suit dans les pricipales étapes de son existence et même si on connaît tous plus ou moins l'existence de la star, on est happé par cette tragédie en marche.Puissant et poignant, on n'en sort pas indemne.

Blonde, Joyce Carol Oates, Livre de poche, traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Claude Seban.

Gérard Collard a récemment signalé qu'il fallait se précipiter sur les exemplaires en poche, cette édition allant disparaître...