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12/01/2012

Attachée

"Elle survola l'hypothèse qu'elle vivait peut être sa propre aventure avec Giovana-flirtant et fantasmant comme tant d'internautes à travers le monde, en proie à l'illusion."

Jean, américaine  de 46 ans ,mariée à un séduisant Anglais, ouvre un courriel destiné à son époux,courriel rédigé par une aguichante Giovana. Plutôt que d'en parler directement au principal interessé, elle va entretenir une correspondance avec celle qu'elle soupçonne être la maîtresse de son mari, en se faisant passer pour lui.isabel fonseca
Cet accroc dans sa vie paradisiaque sur une île tropicale fictionnelle , Saint Jacques, va remettre en question ses relations avec l'homme avec qui elle vit depuis la fin de ses études. La prise d'indépendance de sa fille , ses inquiétudes concernant sa santé de femme en milieu de vie , ses relations avec ses propres parents qui ont divorcé, avec sa soeur, tout ceci va aussi être reconsidéré avec finesse et perspicacité.
D'où vient alors que nous n'éprouvons presque pas d'empathie pour Jean ? Peut être parce que'Isabel Fonseca fouille dans le plus noir de ce qui fonde les attachements, la part de dépendance, voire de masochisme, que nous ne sommes pas forcément prêts à admettre. Un roman tout sauf confortable mais qu'on ne lâche pas.

Attachée, Isabel Fonseca, traduit de l'anglais (E-U) par David Fauquemberg, Métaillé 2012, 319 pages dérangeantes.

Le billet de Cuné !

09/01/2012

Quand j'étais Jane Eyre

"Quelle est cette manie familiale d'aspirsheila kohler,soeurs brontë,écritureer à la célébrité et à la gloire ? Quelle folie !"

Intriguée par tout un pan de la vie de Charlotte Brontë resté dans l'ombre, celui pendant lequel elle a rédigé le roman qui la rendra célèbre et changera sa vie, Jane Eyre, Sheila Kohler a imaginé ce qu'avait bien pu vivre l'écrivaine durant cette période.
Avec sensibilité, elle brosse le portrait de cette famille marquée par la mort, la maladie, la pauvreté, l'égocentrisme d'un père mais aussi par ce lien formidable à l'écriture qui unit les quatre enfants survivants de la fratrie Brontë. Branwell, le frère chéri, gaspillera ses dons dans les opiacées et l'alcool, mais Charlotte, Emily et Anne qui ne feront que de brèves et malheureuses incursions dans le monde extérieur à celui de leur presbytère, sauront , à des degrés différents, braver les interdits de l'époque et rédiger des romans qui seront parfois jugés "choquants, brutaux, anti-chrétiens et anti-bourgeois" car révélant la violence de leurs frustrations.
Sheila Kohler a choisi de centrer son roman sur Charlotte (à qui je préfère largement sa cadette Emily, je le confesse), la seule qui aura pu accéder à un peu de bonheur, mais elle ne sombre jamais dans le pathos, évoquant avec sobriété la vie difficile de la famille Brontë. Des retour en arrière permettent d'évoquer les principaux épisodes de leur trop brève existence.J'ai beaucoup aimé la manière dont Sheila Kohler a tissé les liens entre leurs romans et la vie des soeurs, montrant bien leur esprit de revanche, mais n'omettant pas non plus la sourde rivalité (réelle ou imaginaire mais très plausible en tout cas) qui les a animées juste avant l'édition.Un éclairage intelligent,  une écriture élégante, une lecture qui ravira les fans (dont je suis !) .

Quand j'étais Jane Eyre, Sheila Kohler,traduit de l'anglais par Michèle Hecter, Editions Quai Voltaire 2012, 260 pages lues d'une traite, même si ellesn'apportent pas de révélations fracassantes, ce qui n'était évidemment pas le lieu !

Le billet d'Ys.

 

06/01/2012

Meurtres au manoir

"J'ai tout de suite senti que je tuerais pour l'avoir."

Clarissa, jeune célibataire à la vie sentimentale desespérement placée sous le signe de l'échec, a su habilement manoeuvrer pour conquérir le coeur de Thomas, veuf de fraîche date à défaut d'être de première fraîcheur. Mais plus que de l'homme, c'est surtout de son manoir qu'elle est tombée amoureuse. Quant aux deux tantes âgées qui font partie du lot, elles ont l'air de délicieuses chéries et entreprennent  aussitôt de cajoler la nouvelle arrivante.Pourtant Clarissa va bientôt se rendre compte que les vieilles dames ont de bien étranges" petites manies" et que "Les vifs et les morts sont liés les uns aux autres pour l'éternité.". Y aurait-il quelque sorcellerie dans l'air ?willa marsh,marcia willett
Les cent premières pages de ce roman sont un pur délice d'atmosphère délicieusement surannée (l'intrigue se déroule au XXème siècle, mais au coeur de ce paysage de "boisé"menaçant, on se sent quasiment hors du temps) et de manigances féminines. Nous naviguons dans une atmposphère à la croisée d'Arsenic et vieilles dentelles et de L'ile aux trente cercueils* avec un bonheur sans pareil, même si à force de fourberies et de rebondissements, l'intrigue s'essouffle un peu. Mais un livre où les femmes se sortent vite de leur "apathie tisanière"  et font carburer leurs neurones à toute allure pour mieux se jouer des hommes est un bonheur qu'on ne peut se refuser !

Meurtres au manoir, Willa Marsh, (pseudonyme de Marcia Willet), traduiut de l'anglais par Henry Dougier et Emmanuel Dazin, autrement 2012, 275 pages dévorées d'une traite !

*Grosses ficelles et sorcellerie païenne à deux balles, j'assume !:)

Du même auteur: Meurtres entre soeurs

Le journal secret d'Amy Wingate

05/01/2012

Arcadia

"Ce n'est pas rien, les souvenirs."

Arcadia, symbole d'un âge d'or pastoral, est ici le nom d'une communauté hippie de la fin des années 60. Ridley, surnommé Pouce en raison de sa petite taille, y a vu le jour, y a grandi, enregistrant au fil du temps les métamorphoses des gens et la disparition de cette utopie. La drogue, l'ambition personnelle, les tensions, l'arrivée d'une population trop nombreuse et peu sensible au principe de réalité, viennent en effet corrompre les idéaux. Pouce , qui n'a jamais connu que cette vie, quittera Arcadia, mais y reviendra, accomplissant un trajet circulaire, celui de la vie où les enfants et les parents échangent leurs rôles.
Roman d'initiation donc, mais porté par une personnalité exceptionnellement lucide et bienveillante, se préoccupant plus des autres que de lui même,observant aussi bien la nature que les êtres humains, sans jamais les juger.lauren groff,communauté
Un roman au charme certain, qu'il faut prendre le temps de savourer, un roman qui porte une attention aiguë aux sensations, aux sentiments, qui fait vivre ses personnages et l'on se prend à rêver de rencontrer un tel homme...
Le talent de Lauren Groff prend ici toute son ampleur, on sent qu'elle a pris on temps, qu'elle a mûri, a gagné en sérénité et c'est tant mieux !

Arcadia, Lauren Groff, Plon 2012, traduit de l'anglais (E-U) par Carine Chichereau, 313 pages apaisantes.

23/12/2011

L'école des saveurs

"-Si je la libère de l'emprise des livres, , je cuisinerai le restant de ma vie.Si je n'y arrive pas, j'abandonnerai pour toujours."

Les mets contre les mots, drôle de marché, passé par une petite fille face à une mère lectrice compulsive qui délaisse la cuisine ! Mais rassurez-vous cet "antagonisme " est traité avec humour: "Lillian, quant à elle, estimait que des oeufs brouillés cinq jours d'affilée, c'était de bonne guerre dans une semaine dominée par James Joyce" (La mère a en effet pour habitude  de lire à haute voix ses livres pour que sa fille en profite !).erica baurmeister,cours de cuisine
Devenue adulte, Lillian tient sa promesse et en plus de la tenue d'un restaurant, elle ouvre un cours de cuisine auquel vont assister des" élèves" très différents, par l'âge, la situation sociale et familiale qui, plus que des techniques, apprendront surtout à apprécier la sensualité des ingrédients et des plats et à (re) tisser des liens sociaux. Une trame simple donc mais une écriture allègre, 251pages qui filent bien trop vite ! Un livre qui vous remets sur les rails de la lecture quand on a envie d'un roman sans prise de tête mais bien écrit !
Ne faites pas comme moi, ne vous attardez pas sur une couverture ratée , ouvrez sans plus attendre ce roman qui vous fera encore plus apprécier les plats que vous allez bientôt déguster ! à (s')offrir sans plus attendre !

Un grand merci à Antigone !!

Clara est tout aussi enthousiaste !

12/12/2011

Le ciel de Bay City

"Le ciel d'Auschwitz est un enfer. Il est si noir, Nellie, il me cache le sens de nos vies."

La mère et la tante d'Amy font tout pour oublier leur passé de survivantes d'une famille assassinée dans les camps nazis. Mais Amy, par le biais de cauchemars et d'hallucinations, revit continuellement ces horreurs que personne ne lui a racontées. catherine mavrikakis,shoah,mémoire transgénérationnelle
Elle a également développé une fixation sur Le ciel de Bay City dont le mauve, signe de pollution chimique, ne peut lui cacher "les cendres et les âmes des morts." à la veille de ses dix-huit ans, Amy, tout en révolte et à fleur de peau, décide de mettre un terme à cette malédiction familiale...
Difficile de rendre compte de ce texte obsessionnel qui nous offre des visions faussées d'une réalité multifaces. Amy est à la fois une adolescente fan d'Alice Cooper, qui , dénigrée par sa mère, ne semble pas lui en tenir rigueur, obervant le comportement maternel de manière quasi détachée et développant des stratégies qui lui permettront d'échapper à un destin mortifère. C'est aussi une adulte qui aura un parcours pour le moins surprenant, toujours en équilibre entre la vie et sa fascination pour la mort. Un roman surprenant qui suscitera soit la fascination (mon cas) ou le rejet viscéral.

Le ciel de Bay City, Catherine Mavrikakis, 10/18 2011, 250 pages qui, bizarrement , m'ont revigorée !

Une lecture électrochoc pour Clara !

Papillon n'a pas réussi à l'aimer !

03/12/2011

Au Nord du monde

 "Ce à quoi nul ne s'attend, c'est à assister à la fin de toutes chose."

Dans le monde où évolue le shériff Makepeace," les ressources vitales sont devenues très rares." Nous sommes Au Nord du monde, dans un univers glacial , silencieux et quasiment vide. Makepeace, sous la foi d'un témoignage de civilisation, va quitter sa ville fantôme et entamer une odyssée pour aller à la rencontre d'humains mais aussi pour célébrer la beauté de la nature. Un voyage initiatique qui lui permettra aussi d'éclairer son existence sous un nouveau jour.marcel theroux
Il aura fallu toute l'insistance amicale de Keisha pour que je me lance dans la lecture de ce roman que je croyais - à tort- être un récit post apocalyptique. Ce livre est une pure merveille. Je l'ai savouré à petits pas, refusant jusqu'à la lecture du dernier chapitre pour ne pas quitter Makepiece. Les métaphores de Marcel Theroux, son art de surprendre le lecteur au détour d'une page, sans pour autant faire le malin, l'évolution et les aventures de Makepiece, tenant à la fois du western et du roman d'aventures, ponctué de quelques minuscules détails l'inscrivant dans l'anticipation ,font de ce roman un pur enchantement.
Si vous aimez le grand Nord, les récits de survie , la nature sauvage, ce livre est aussi pour vous. Une réflexion passionnante sur les relations humaines et sur un monde qui pourrait déjà presque être le notre. Jamais en lisant ce texte je n'ai éprouvé une sensation d'artifice, tout coule simplement, inexorablement.

Un livre qui a reçu -et à juste titre- le prix de l'Inaperçu 2011, "prix qui récompense deux romans, un français et un étranger- qui ont injustement échappé aux médias".( Je sens que je vais surveiller de près ce prix !)

 

Au Nord du monde, Marcel Theroux, traduit de l'anglais par Stéphane Roques, 10/18 2011, 348  pages toutes bruissantes de marque-pages, allez , zou sur l'étagère des indispensables !

L'avis de Keisha, qui vous enverra vers plein d'autres !

29/11/2011

Vie et opinions de Maf le chien et de son amie Marilyn Monroe

"Elle rétrécit le collier de plusieurs crans.Puis elle me l'attacha autour du cou avec toute la pompe que les Anglais réservent aux petit moments d'émotion et je fus aussitôt content d'en connaître l'histoire."

 Un petit bichon blanc anglais, trimballé de maison en maison lettrées , où il glane opinions politiques et références littéraires, finit par traverser l'Atlantique et être offert par Sinatra à Marilyn Monroe. Cette dernière le baptisera Mafia Honey, abrégé en Maf ,et lui fera partager les deux dernières années de sa vie.
Maf discute avec les animaux dont il croise la route et commente intérieurement les propos que les humains échangent autour de lui, se piquant de philosophie ou de psychanalyse. Quelques scènes fortes, -la rencontre Marilyn/ Carson Mac Cullers ou Marilyn /JFK- ne parviennent pas à donner de l'intensite à une narration paresseuse. Un style élégant mais un peu creux.andrew o hagan,marilyn monroe,chien

Vie et opinions de Maf le chien et de son amie Marilyn Monroe, Andrew O'Hagan, traduit de l'anglais par Cécile Deniard, Points Seuil 2011, 344 pages.

J'étais resté totalement hermétique à La vie et opinions de Tristram Shandy, la malédiction continue .

21/11/2011

Une humeur de chien

"Ces représailles, pensa Churchill, ont autant de punch qu'une serpillière anémique."

La dépression, "ce chien noir sur mon épaule" comme l'appelait Churchill, rôde d'autant plus près de lui que l'homme d'Etat s'apprête à prendre sa retraite, bien qu'il lui en coûte. Mais c'est d'abord chez Esther, jeune bibliothécaire que" l'hyperréalité" de ce chien vient prendre ses quartiers, sous forme d'un molosse gigantesque, à la fois attachant et sans gêne .rebecca hunt,winston churchill,dépression,blackdog
Tout l'art de Rebbecca Hunt, dont c'est ici le premier roman, consiste à montrer comment les destins des deux humains vont se croiser et surtout à montrer toute l'ambiguïté des rapports que nous entretenons avec la dépression d'une manière très imagée, "il connaissait la méthode tout en flux et reflux de l'animal, connaissait aussi les chemins que les spores de son influence empruntaient pour pénétrer le coeur même de votre être."Churchill et Esther parviendront-ils à se débarrasser du "garrot de barbelés" qui enserre leurs crânes ?
Un thème qui a tout pour rebuter mais l'écriture ,enlevée et pleine d'humour de Rebbeca Hunt en fait une lecture revigorante !
Loin de générer l'ennui ou la morosité, Un humeur de chien,(re) donne le sourire !

Une humeur de chien (Mr Chartwell), traduit de l'anglais par Sarah Gurcel, Denoël 2011, 300 pages so british !

Le billet de Cuné, l'éclaireuse !

18/11/2011

L'enfant invisible

"Merde, je te jure, j'adoooore New-York ! lui dis-je avec un sourire."

cornelia read,new-york,new-york comme entonnait nina hagen


Troisième volume des aventures de Madeline Dare*, L'enfant invisible commence sur les chapeaux de roues avec une scène d'anthologie qui m'a illico remonté le moral ! Très contente de retrouver ma copine Madeline, forte en gueule, féministe, as de la formule et apte à se retrouver en moins de temps qu'il ne faut pour le lire dans les ennuis jusqu'au cou ! Là, partie dégager à la machette la végétation luxuriante d'un cimetière, c'est évidemment elle qui découvrira le squelette d'un enfant dont les côtes ont été défoncées.
Cette découverte, par ricochet, lui permettra d'apprendre un secret de famille et Madeline aura fort à faire entre son mari, Dean, sa soeur, sa mère et sa richissime amie Astrid pour aider la police dans son enquête.
Pas de surprise ici, on sait très rapidement qui est le coupable, la narration joue davantage sur le suspense du procès qui clôture le livre et surtout sur les descriptions des relations entre les personnages. Madeline est une wasp déclassée qui se démarque de ses origines et évolue dans le New-York des années 90 (où l'on a éventuellement un Biper mais pas de téléphone portable et où l'on commande des livres par téléphone et non par internet, impression  parfois d'être au temps des dinosaures et  ça se déroule il ya 10 ans !), qui subit les effets désatreux de la politique de Reagan. La violence faite aux enfants, mais aussi les femmes codépendantes affectives , le couple de manière plus générale " ...je considérais le mariage comme un édifice d'une fragilité extrême, fait de duvet de cygne , de pétrole lampant et de rêve éveillé." sont quelques uns des thèmes abordés dans ce roman qui fait preuve d'un humour décapant sans pour autant négliger l'émotion.
Je n'ai pourtant guère compris l'utilité des interventions de son amie Astrid et des bizarres relations qu'elles entretiennent, mais bon, cela sera peut être explicité dans le prochain volume.
Un roman qui, encore une fois, aurait gagné à être plus rigoureux dans sa progression mais bon...

L'enfant invisible, Cornelia Read, traduit de l'américain par Laurent Bury, Actes noirs, Actes Sud 2011, 408 pages qui m'ont à moitié satisfaite.

Déniché à la médiathèque.

*Chaque roman peut se lire indépendamment.

Le second de la série est ici.

Cuné avait apprécié le premier: Champs d'ombres (paru en poche), mais pas Ptitlapin.