11/01/2013
Désolations...en poche
"Parce que tout ça était bien plus qu'une simple histoire de cabane."
Irene est-elle rendue folle par la douleur qui lui martèle la tête à longueur de journée ou juste terriblement lucide sur la capacité de son mari Gary à rater tout ce qu'il entreprend, y compris leur mariage ? En tout cas, cette idée de construire une cabane sur Caribou Island ne lui dit rien qui vaille...
Histoire d'un fiasco annoncé, Désolations est un livre terrible sur le couple. Que ce soit celui de Gary et Irene qui, la cinquantaine venue n'ont plus d'illusions ni sur eux-même ni sur les autres ,ou celui que veut à tout prix former leur fille Rhoda avec ce crétin de dentiste quadragénaire qui a déjà prévu de se préserver tout en la sacrifiant.C'est aussi sur livre sur la fin des illusions que peut véhiculer l'Alaska.Il n'est que de voir avec quelle violence cette région va blackbouler un gentil étudiant qui rentra vite fait pleurnicher dans les jupes de sa mère ! Peut être aurait-il fallu qu'il en soit de même pour Gary et Irene.
La tragédie annoncée d'emblée ne peut qu'advenir et de manière encore plus implacable que prévu. Une écriture sobre et puissante
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : david vann
05/01/2013
LE DÎNER ...en poche
"Cela laisserait certes une cicatrice quelque part, mais une cicatrice n'empêche pas le bonheur."
Ce livre aurait peut être pu s'intituler "Il faut qu'on parle de nos fils". C'est en effet parce que leurs enfants ont commis un acte ignoble que deux frères- l'aîné un politicien à quelques semaines de devenir premier ministre, le cadet dont la situation sociale nous sera révélée un peu plus tard-, et leurs épouses respectives se sont donné rendez-vous dans un restaurant pour happy few.
Au rythme des plats composant le repas, c'est toute une société du paraître qui est cruellement disséquée.
La violence , contenue ou pas, les idées nauséabondes, les mensonges vont crescendo et l'on se demande comment l'auteur va les tirer d'affaires ces hommes et ces femmes qu'ils nous livrent ainsi en pâture.
Perso ,l'explication médicale m'a laissée dubitative car trop vague (pas de maladie clairement nommée), mais j'ai été fascinée par la manière dont les parents arrivent à présenter les faits d'une manière qui les arrange.
Pas de politiquement correct ici et le lecteur doit accepter de se laisser rudoyer et de sortir sonné d'un tel livre !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : herman koch
04/01/2013
Saison de lumière...en poche
"Aussi froide que le verglas qui l'avait naguère couverte, la terre gelait le coeur de Jennet, mais lui donnait de l'espace pour respirer."
Itinéraire d'une artiste, Jennet, qui dès l'enfance manifeste un don certain pour le dessin, Saison de lumière retrace aussi l'histoire d'une femme qui dut tout à la fois concilier sa vie amoureuse avec un peintre assuré de son talent, voire de son génie, avec sa vie de mère et la pratique exigeante de son art.
La cohabitation entre les deux peintres ne sera pas de tout repos car David, son époux malgré lui, gaspille son talent et sa vie en une quête éperdue de plaisirs, tandis que Jennet, à force de compromis et de réflexion parvient , mue par une énergie inébranlable à contourner les obstacles et à affirmer sa puissance créatrice, même si cela doit lui demander du temps. Mais comme l'écrit Francesca kay : "Ses sentiments pour David, comme pour à peu près tout , étaient aussi changeants que l'eau , ils confluaient constamment , tel un estuaire à marée basse sans barrage pour séparer l'eau douce de l'eau de mer."Pas de manichéisme donc et Jenett n'est pas la sainte et martyr qu'on pourrait croire. C'est une femme qui souffre, qui aime et qui avance, irriguée par le désir, tendue vers l'épure et la lumière.
Son héroïne ayant 40 ans dans les années 60 , l'auteure en profite pour évoquer de manière très vivante ces années novatrices jusqu'à l'excès.
Mais plus que tout c'est le style à la fois précis , lumineux et poétique qui fait l'enchantement de ce roman. Rien de plus difficile en effet que d'évoquer des tableaux que le lecteur ne verra jamais mais ici le miracle opère et je peux assurer que je les ais vus les tableaux de David et Jenett, tout comme j'ai souffert avec eux, (ah le coup bas de l'artiste teutonne !) partagé leurs élans et leurs frustrations,voire atteint une forme de sérénité à la fin du roman. Un livre bien évidemment tout hérissé de marque -pages et qui vibrera longtemps en moi. Et zou sur l'étagère des indispensables !
Un premier roman époustouflant par sa maîtrise.
Une mentions particulière à la traductrice , Laurence Viallet .
Mon premier coup de coeur de 2011.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : francesca kay
03/01/2013
Bernadette a disparu
"Je crois que vous me confondez avec quelqu'un qui souhaiterait vous connaître."
Bernadette, sa talentueuse fille Bee et son mari, gourou chez Microsoft ,vivent à Seattle, dans une ancienne institution où la frontière entre l'extérieur et l'intérieur est devenue plus que poreuse.
à la veille d'un voyage en famille en Antarctique, Bernadette, rattrapée par ses névroses, disparaît. Sa fille décide de se lancer à sa recherche et découvre bientôt dans son courrier tout un ensemble de documents qui vont lui permettre de brosser un portrait à 360 ° de sa mère, constituant ainsi le texte de ce roman.
Qui est vraiment Bernadette ? La pourfendeuse des mères parfaites de Seattle qu'elle appelle "les bestioles" ? Une architecte qui a étouffé dans l'oeuf ses capacités créatrices ? Une femme qui n'a pas su surmonter ses échecs ? On pourrait continuer longtemps la liste de ces questions tant est riche la personnalité de cette femme hors du commun qui nous devient de plus en plus proche (et diablement sympathique !) au fur et à mesure de notre lecture.
Bourré d'un humour féroce, ce texte ne ménage pas les rebondissements et nous propose une satire hautement réjouissante d'un monde qui se voudrait parfait et lisse. Les personnages ne sont pour autant jamais présentés de manière manichéenne et l'on ne lâche pas ce roman, sauf pour en retarder au maximum la lecture des dernières pages !
2013 commence en fanfare !
Bernadette a disparu, Maria Temple, traduit de l'angalis (E-U) par Carine Chichereau), Plon 2012, 369 pages presque toutes hérissées de marque-pages ! Et zou sur l'étagère des indispensables ! Je suis terrible , je sais.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : maria semple, portrait éclaté
02/01/2013
Familles tracas & Cie
"- Ce sera bien quand on sera mortes et qu'on pourra enfin être nous-mêmes, non ? "
Jane Louise, quarante ans, graphiste dans une maison d'édition vient d'épouser Teddy, charmant chimiste. A-t-elle pour autant atteint la stabilité et la sécurité que sa famille ne lui a jamais procuré ?
L'argument de ce roman de Laurie Colwin est en apparence très mince mais les personnages principaux , leurs amis, Edie et Mokie formant un couple interracial dont la famille distinguée d'Edie feint de nier l'existence, remettent leurs familles respectives en question et s'interrogent sur celle qu'ils vont bientôt créer à leur tour d'une manière à la fois pertinente et pleine d'esprit.
L'humour y est toujours présent et la galerie de personnages pittoresques gravitant autour d'eux ,que ce soit à la campagne ou au sein de la maison d'édition, accentue le charme de ce roman dont l'atmosphère est quasi britannique. Un bon roman pétillant pour bien commencer l'année !
Merci à Sylvie de m'avoir donné envie !
Déniché à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : laurie colwin
10/12/2012
Dernière nuit à Montréal
"- Je ne suis pas sûre de savoir comment rester, dit Lilia."
Toute sa vie, ou presque ,Lilia aura été suivie. Enlevée à sept ans par son père, elle va connaître jusqu'à l'adolescence une longue cavale qui lui donnera pour toujours le goût de partir.
Au début du roman, elle quitte Eli, un étudiant new-yorkais fasciné par les langues, qui n'arrive pas à s'"immerger dans le monde". Contacté par Michaela, qui se rêvait funambule, pour perpétuer la tradition familiale, ce dernier part pour Montréal où se dévoileront tous les secrets de la vie de Lilia.
Hypnotique et fascinant, ce roman, présenté comme une thriller, brouille toutes les frontières. Les personnages sont à multiples facettes et se dévoilent peu à peu dans une construction narrative éclatée qui , pourtant, n'égare pas le lecteur. Le rythme est lent, mais jamais languissant et l'on se plaît à faire durer la lecture de ce roman poétique , superbement écrit où Montréal, ville présentée comme férocement francophone, joue un rôle essentiel et glaçant.
Un premier roman à découvrir absolument.
Dernière nuit à Montréal, Emily St John mandel, traduit de l'anglais (Canada) par Gérard de Chergé, Rivages 2012, 234 pages à faire durer le plus longtemps possible.
Et un de plus pour le challenge de Liliba !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : emily st. john mandel, l'art de la fugue
03/12/2012
Le mambo des deux ours
"Et j'avais le sentiment que notre petite escapade d'aujourd'hui ne grimperait pas non plus au hit-parade de mes meilleurs souvenirs..."
Notre tandem préféré entame avec ce Mambo des deux ours une sacrée visite dans un coin paumé du Texas au règne le Klan. En effet, il faut absolument retrouver une certaine avocate noire ( sur laquelle avait flashé un de nos héros dans l'épisode précédent (clic) ) qui est allée se fourrer dans un sacré guêpier...
Humour, violence et rebondissements sont toujours au rendez-vous avec Leomard et Hap ! L'ambiance est particulièrement réussie dans cet opus et je me demande si j'ai jamais lu une course-poursuite aussi haletante dans un roman policier ! Elle mériterait vraiment de figurer dans une anthologie ou d'être adaptée au cinéma !
à lire absolument pour se remonter le moral même si ( attention gâcheur d'ambiance !) on peut se demander pourquoi les auteurs masculins s'obstinent à faire disparaître les personnages féminins dès q'uon a commencé à s'y attacher...
Le mambo des deux ours, Joe R. lansdale, folio policier 2009, de la belle ouvrage quyi tient ses promesses !
Et encore un pour le challenge de Liliba !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : joe r. lansdale
16/11/2012
Cinq carillons
"Elle n'était plus qu'une femme composée d'espaces vacants."
Une journée écrasée de soleil à Sydney. Dans cette ville, parmi la foule des touristes, quatre personnes dont les histoires vont se frôler, se croiser parfois, avec toujours en ligne de mire l'opéra de Sydney, comme un repère auquel ils vont tous se référer, chacun en proposant une vison différente.
Trois femmes, un homme, d'horizons différents, mais ayant comme point commun un passé qui continue à peser sur leur vie.
Parmi eux, deux anciens amants ont rendez-vous. Leur particularité? Ils se sont connus très jeunes et leurs amours adolescentes sont racontées avec une pudeur et une délicatesse extrême. Les autres ? Une jeune femme qui vient d'arriver d'Irlande. Tout est pour elle l'occasion de découverte. Quant à la plus âgée des personnages , une Chinoise, c'est probablement celle qui a connu le passé le plus difficile car elle a connu en Chine la période des gardes rouges. Mais, paradoxalement, elle est certainement celle qui est la moins prisonnière de son passé.
Quant au cinquième carillon, je vous laisse le soin de découvrir sa tonalité car, Gail Jones, si elle se donne comme contraintes l'unité de temps et de lieu- même si les retours en arrière sont très importants- sait aussi se libérer de son cadre et réserver bien des surprises à son lecteur.
La langue est poétique et fluide , un grand bravo à la traductrice , l'intrigue parfaitement menée et Gail Jones sait créer des personnages (en particulier celui de la Chinoise que j'ai préféré) émouvants et denses.
Un roman profond et aérien.
Cinq carillons, Gail Jones , traduit avec beaucoup de talent par Josette Chicheportiche, Mercure de France 2012, 315 pages qui résonneront longtemps en moi.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, rentrée 2012, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : gail jones
12/11/2012
Un hiver aux canaries
"Ici, tout le monde est aisé, en bonne santé, bronzé et prétentieux."
Passer Un hiver aux Canaries, le rêve réalisé, surtout quand on on vient de quitter l'hiver septentrional ! Sur l'ile de Gran Canaria , l'ancien patron de chantier naval Jori Nyman dirige d'une main de fer son factotum Mikko , tout juste arrivé de Finlande, et sa femme de ménage malienne, Dior. Il pourrait couler une retraite paisible mais son esprit est encore agité par la mort de son épouse. Mikko, quant à lui, rêve de concevoir la chaise idéale, tout en se soumettant aux ordres de son patron. Ecartelée entre son vieux mari, sa famille restée au pays et sa volonté d'apprendre la langue espagnole, Dior tente, bravement, de s'adapter à ce nouvel environnement.
Trois solitudes pas du tout apaisées qui vont se croiser et exposer, petit à petit, au lecteur leurs pensées les plus secrètes. Révélations surprenantes qui feront varier comme dans un kaléidoscope la vision que nous avons d'eux.
Sous le soleil, les tensions montent, la brutalité se révèle et l'atmosphère idyllique tourne vite à l'aigre. Un roman dérangeant et déroutant, jusqu'au bout.
Un hiver aux Canaries, Riikka Ala-Harja, traduit du finnois par Paula et Christian Nabais, Gaïa 2012, 175 pages troublantes.
Du même auteur, clic !
06:00 Publié dans rentrée 2012, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : riikka ala-herja, roman finlandais
09/11/2012
La couleur des sentiments...en poche
"Nous connaissons tous ces lois, nous vivons ici, mais nous n'en parlons jamais."
La lutte pour l'égalité des droits est en marche mais le Mississippi des années 60 n'est pas tendre pour les Noirs...Situation paradoxale : tous ces Blancs qui supportent sans broncher ou encouragent la ségrégation ont été élevés par des bonnes Noires. Que pensent ces dernières de cette situation ? Elles qui auraient pu poursuivre des études mais dont l'avenir était déjà tout tracé. Une jeune femme Blanche , en quête d'indépendance et apprentie écrivaine, va leur donner la parole. ce livre sera-til écrit? Sera-t-il publié ? Quelles en seront les conséquences ? Autant de questions qui tiendront en haleine le lecteur (prévoir un endroit isolé et des boules quiès pour laisser le monde frapper à votre porte et finir en toute quiétude ce roman qui vous prend par la main et ne vous lâche pas!).
Le roman de Kathryn Stockett fourmille de personnages attachants et hauts en couleurs. Je n'oublierai pas de sitôt la pestouille ambitieuse Blanche, reine des punaises, qu'on adore détester ! " Gertrude, c'est vraiment le cauchemar de la Blanche du Sud. Je l'adore." C'est un roman très visuel (à quand l'adaptation cinématographique ? ), un de ces romans qui procure un très grand plaisir de lecture. A découvrir sans attendre !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : kathryn stockett