21/05/2013
Zelda, reine de Paris
La véritable histoire du chien le plus chanceux du monde.
Rien ne prédestinait cette petite chienne paria indienne à devenir la reine de Paris. Rien sauf, sa volonté de s'en sortir et donc de parvenir à se faire adopter par la famille en devenir de ce correspondant américain en Inde, Paul Chutkow.
Malicieuse et un peu folle, d'où son nom (on a connu plus élégant comme référence, Zelda Fitzgerald n'était pas que folle), la petite chienne va suivre la famille de Paul dans ses pérégrinations, connaître bien des aventures et conquérir bien des coeurs, dont celui du lecteur, bien sûr.
Si Zelda est l'un des personnages centraux, son maître nous offre non seulement le récit de leur vie commune mais nous fait aussi partager quelques rencontres marquantes de sa carrière de journaliste: celle de Mère Thérésa ou de Gérard Depardieu, notre Gégé plus très national dont il a écrit une biographie.
Réservé aux amoureux des chiens, Zelda, reine de Paris est un récit animalier classique, enjoué, léger, des plus sympathiques, qui se dévore d'une traite et se termine inévitablement sur une note poignante. De quoi passer un bon moment !
Traduit de l'anglais (E-U) par Marie-Hélène Sabard, Nil editions 2013, 256 pages qui ont du chien !
Merci Cuné pour m'avoir signalé ce livre !:)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : paul chutkow, chienne craquante
19/05/2013
L'abandon...en poche
"Lire en public attire l'attention."
Caroline , treize ans , et Père vivent cachés dans une réserve naturelle de l'Oregon, limitant au maximum les contacts avec l'extérieur. Mais un jour un joggeur donne l'alerte...
La première partie de ce livre peut se lire comme une sorte de mode d'emploi de l'autarcie-ou presque- dans les bois mais, d'emblée le climat créé par le style minimaliste de l'auteur envoûte quasiment le lecteur .
Au fil de la lecture seront distillées des informations qui , loin de lever les ambiguïtés , les multiplieront au contraire. Il serait dommage de donner des exemples car il faut vraiment découvrir à son rythme la mesure de l'emprise qu'exerce cet adulte sur la narratrice adolescente.
Un texte jamais manichéiste qui se faufile dans l'esprit du lecteur et suscite de multiples interrogations.
Parti d'un faits-divers Peter Rock a su en dépasser l'anecdote et le transformer en un texte dérangeant et fascinant.
06:01 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peter rock
18/05/2013
Jeu de pistes...en poche
"La maison était un traquenard."
La vie de Damien March , passablement ennuyeuse, va basculer quand il apprend la mort de son oncle, Patrick, dont il avait quasiment oublié l'existence.Abandonnant Londres et son travail à la BBC, Damien va s'installer dans la maison dont il vient d'hériter, sur une île au large de Cape Cod. Lui reviennent alors en mémoire toute une flopée de souvenirs de cet oncle , ancien écrivain à succès qui vivait au milieu de tout un bric à brac, au sein duquel Damien va dénicher un manuscrit inachvé , mettant en scène Mycroft Holmes, le frères aîné du célèvre détective. Ce texte le mènera par bien des chemins détournés à la découverte d'un secret de famille.
Le jeu de pistes dont il est question est extrêment plus subtil que ce à quoi on pourrait s'attendre. Il s'agit en fait plutôt d'une évolution du narrateur qui explore sa propre personnalité à travers celle de son oncle. Les rencontres, les souvenirs, les découvertes, en apparence anodines ,les péripéties forment un ensemble fort plaisant car le style est fluide, plein d'humour (et de métaphores comme je les aime!). Qaunt aux ellipses, elles surprennent agréablement le lecteur.
Un livre enthousiasmant à plus d'un titre et par dessus le marché, un séjour fort agréable par personnage interposé dans une maison en bord de mer, que demander de plus ?!
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : marcel theroux
15/05/2013
Dans la peau de Sheldon Horowitz
"-Ne vieillis pas , lui recommande-t-il. Si Peter Pan apparaît, suis-le."
"Un sniper américain , sénile, de quatre-vingt-deux ans serait poursuivi par des Nord-Coréens dans toute la Norvège après avoir fui une scène de crime. Avant ou après le meurtre."Ainsi Sigrid, policière norvégienne résume-t-elle un peu sommairement la situation. On pourrait préciser que Sheldon Horowitz est juif, qu'il vient de s'installer en Norvège chez sa petite-fille-sa seule famille restante-et que l'objectif de cette course-poursuite est de sauver la vie d'une petit garçon Serbe.
On ajoutera aussi que Sheldon ,qui entretient des liens bien particuliers avec son passé ,est fichtrement débrouillard, comme Huckleberry Finn un de ses modèles , que c'est un manipulateur né et qu'il est absolument craquant !
Tendresse (jamais niaise), humour mais aussi vrai suspense qui fait battre le coeur, tous les ingrédients d'un excellent roman et un épilogue qui d'abord m'a laissée un peu sur ma faim mais après réflexion est totalement en accord avec l'esprit du livre. Un premier roman qui crée vraiment un univers, avec des personnages attachants et des références historiques qui lui donnent un arrière-plan très intéressant. De la belle ouvrage et un grand-père que l'on n'oubliera pas de sitôt ! à découvrir de toute urgence !
Dans la peau de Sheldon Horowitz, Derek B. Miller, traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter, Les escales 2013, 416 pages qui filent toutes seules !
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : derek b.miller
13/05/2013
Le démon
" - Que Dieu te garde, Jack!
Il faut bien que quelq'un s'en charge."
à Ken Bruen je peux tout pardonner: les énumérations notées de façon verticale, qui reviennent régulièrement et qui sentent un peu trop l'écrivain paresseux tenant à obtenir le compte de pages dû à son éditeur, les intrigues à la fin télescopée, les flopées de cadavres que Jack Taylor provoque bien malgré lui. Et même dans cet opus l'intervention d'un démon au crâne tantôt lisse tantôt à la chevelure abondante. le Mal existe nous rappelle Bruen à longueur d'auto-citations. Oui, je peux tout lui pardonner car il a un style bien à lui et une manière de toujours reconstituer la bibliothèque de Jack Taylor régulièrement dévastée (et de nous fourguer par la même occasion toute une liste d'auteurs à découvrir). Mine de rien, même avec ses intrigues allégées , Bruen parvient à redonner le goût de lire, à nous remettre en selle quand tous les livres nous tombent des mains. Comment fait-il ? Mystère.
Mais là où le bât blesse c'est quand on nous change de traducteur, pire quand on nous en inflige deux. je n'ai en effet pas retrouvé la voix de Jack Taylor dans cet opus où alterne argot désuet et parler djeun's dans un mélange cacophonique. Pourquoi aussi nous traduire "une boutique genre Emmaüs"ce qui à l'origine devait être "Oxfam"? Un parti pris dérangeant ... Rendez-nous Pierre Bondil !
Déniché à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ken bruen
11/05/2013
Les oranges ne sont pas les seuls fruits...en poche
L'incertitude était pour moi ce que l'aardvark* est pour les autres gens."
Paru pour la première fois en 1985 (et adapté pour la Télévision britannique en feuilleton), Les oranges ne sont pas les seuls fruits est la version romanesque de Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?**
Ce roman insiste davantage sur la dimension religieuse du personnage de madame Winterson (si obnubilée par ses pratiques religieuses qu'elle ne se rend pas compte que sa fille adoptive est devenue sourde !) et n'hésitant pas à organiser un exorciste quand elle se rend compte de l'homosexualité de cette dernière.
J'ai nettement préfé l'autobiographie de Jeanette Winterson, qui revient davantage sur sa "libération" grâce à la littérature et relate sa recherche de sa mère biologique.
*petit fourmilier d'Afrique.
**qui vient d'obtenir le prix Marie-Claire.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jeanette winterson
07/05/2013
Là est la danse
"Allongée là, seule, nuit après nuit, , il est possible qu'elle n'ait eu envie d'avoir seulement un mari, pas un héros."
Entre Emily, la toute fraîche épouse sacrifiée d'un explorateur du Pôle Nord du début du siècle et une jeune femme de sa famille, Julia ,va se tisser ,soixante ans plus tard, un lien ténu mais solide: les lettres retrouvées sur le cadavre de l'époux d'Emily.
Se plongeant a posteriori dans cette relation amoureuse marquée par le briéveté et la solitude, Julia va éclairer d'un autre jour son propre couple et découvrir bien malgré elle un secret familial.
Opposant le froid glacial du Pôle et la canicule anglaise contemporaine, les corps figés du début du siècle et celui, libre de Julia, Amy Sackville nous livre un roman sensuel et poétique, célèbrant la liberté des femmes qui peut prendre bien des formes. Quelques longueurs pour l'univers polaire , mais des personnages lumineux et décrits de manière extrêmement vivante, attachée autant aux variations de l'âme qu' aux détails du quotidien (le jardin, le chat, les insectes, la préparation d'un repas...). Un petit régal à s'offrir en poche.
Là est la danse, Amy Sackville, traduit de l'anglais par Isabelle Chapman, 10/18 2013, 402 pages envoûtantes.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : amy sackville
06/05/2013
Cassandra au mariage
"Nous en avions eu cinq cents fois la preuve: nous ne sommes pas des esclaves qu'on peut vendre séparément, à droite et à gauche , et envoyer vivre leur petit bout de vie dans des lieux différents. "
Le jour du mariage est par excellence un temps où s'exacerbent les tensions familiales. Il l'est d'autant plus pour Cassandra, l'exaltée, qui avait envisagé un tout autre avenir pour sa jumelle, Judith.
Revenant précipitamment à la maison, Cassandra va mettre en place bien des stratégies pour empêcher le mariage de sa soeur.
Ce pourrait être une comédie, mais Cassandra au mariage possède une tonalité plus mélancolique, plus sombre. On glisse d'un non-dit à un autre, d'un moment à un autre avec beaucoup de délicatesse, au lecteur de compléter ce qui est suggéré de manière délicate. Un roman publié en 1962 qui n'a rien perdu de son acuité psychologique sur les liens ambigus qui peuvent unir les soeurs, jumelles de surcroît.
Cassandra au mariage, traduit de l'anglais (E-U) par Elisabeth Janvier, Robert Laffont, pavillons poche 2013, 326 pages de tensions sourdes.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : dorothy baker, soeurs jumelles
03/05/2013
Les débutantes...en poche
"Avec les Smithies , c'était différent. Il était parfois difficile de savoir où l'une commençait et où les autres s'arrêtaient."
Le "pays des filles entre elles" c'est l'université féminine de Smith, haut lieu de la culture féministe américain.Quatre jeunes filles, très différentes à bien des égards, s'y rencontrent en première année et vont tisser une amitié intense, avec ses hauts et ses bas, ses alliances variables , ses déceptions et ses enthousiasmes.
Quelques années plus tard, nous retrouverons Bree, Celia April et Sally ayant pris un nouveau départ: celui de leur vie adulte, ce qui ne va pas toujours sans mal. Face aux épreuves de la vie les Smithies pourront tester la fiabilité de leur amitié.
On plonge dans ce bon gros roman avec délices ! On suit avec bonheur les amours, les relations familiales, l'évolution de ces filles tour à tour sainte Nitouche et délurées qui , ô miracle, ne jettent pas leur amitié aux orties une fois qu'elles ont rencontré l'amouuuur ! J. courtney Sullivan , à défaut d'être une grande styliste, sait peindre avec vivacité et humour ces jeunes femmes en pleine évolution. Elle les considère avec tendresse et bienveillance et on passe un fabuleux moment en leur compagnie. J'aurais juste aimé un peu plus de vraisemblance dans les derniers chapitres, ce qui a quelque peu gâché mon plaisir.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : courtney sullivan
02/05/2013
Un été sans les hommes...en poche
"Le temps est une question de pourcentages et de convictions."
Abandonnée par son mari, Mia, poétesse rousse aux cheveux frisés a "pété les plombs" s'est retrouvé un court moment en hôpital psychiatrique . L'été venu, la quinquagénaire part se réfugier auprès de sa mère qui réside dans une maison de retraite du Minnesota.
Là, au contact de la vieille dame et de ses amies qui profitent de la vie avec une réjouissante férocité, Mia va se reconstruire peu à peu, au fil de ses rencontres avec des femmes de tous âges.
Un été sans les hommes est un roman qu'il faut prendre le temps de savourer, tant pour ses réflexions sur le temps, la vie des femmes et ce quel que soit leur âge, les différents rôles que la vie leur fait endosser mais aussi pour la très grande énergie et la compassion qu'il dégage.
Il faut absolument faire la connaissance d'Abigail ,nonagénaire brodeuse rebelle, qui "maintient qu'à force de pétiner ses désirs on les déforme." et assister aux cours de poésie que donnent Mia à de pas si charmantes adolescentes que cela.
Les mots et leur pouvoir tiennent en effet un grand rôle dans ce texte , envolées féministes mettant à bas des préjugés sexistes , mots chuchotés pour distiller un pernicieux venin mais aussi citations poétiques qui sont autant de balises par temps agité...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : siri hustvedt