30/10/2013
Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage
"S'il y a bien une chose qui me tape sur le système, c'est de commencer un nouveau chapitre et de m'apercevoir que ce con de narrateur a changé."
Et pourtant, évidemment Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage va user de cet artifice car il met en scène deux personnages principaux:Ethered Tressider, romancier polygraphe, créateur d'un personnage de policier qu'il ne maîtrise plus et son agent, l'encombrante Elsie qui déteste autant la littérature que les écrivains.
Tous deux vont se retrouver à mener une enquête ,chacun de leur côté et parfois ensemble, quand l'ex-femme de Ethelred va avoir la "bonne " idée de se suicider à quelques kilomètres de chez lui dans le véhicule mentionné dans le titre.
Nous avons ici un roman astucieux en diable , bourré d'humour british, où les mots jouent un rôle essentiel .Mais l'auteur ne fait pas le malin, ne prend pas son lecteur pour un imbécile et ne fait pas d'effets de manches. Un pur régal donc !
Déniché à la médiathèque et vient de sortir en poche. à se procurer sans hésitations.
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29/10/2013
le poil de la bête
"Et j'aimais la façon dont tous ces fils se rejoignaient. d'une manière grotesque, mais tout de même. Vous savez, ces nids d'araignée qui naissent sous l'influence de la cocaïne."
L'assassinat à Vienne d'un diplomate norvégien par une tueuse à gages, rien de plus classique pour commencer un roman policier. Mais que cette femme, Anna Gemini, ne quitte jamais son fils handicapé, Carl ,et exige, pour des questions de morale , que chacune de ses victimes s'acquitte elle-même de son paiement, voilà qui l'est nettement moins. Rapidement, les règles du polar vont se trouver bousculées , l'occasion pour Heinrich Steinfest de se jouer de son lecteur, l'entrainant dans un monde où les personnages hauts en couleurs ne sont jamais vraiment ce qu'ils prétendent être et où les chausse-trappes sont légion.
Le lecteur doit prendre le temps de savourer les réflexions souvent iconoclastes de l'auteur (cf la multitude de marque-pages qui font bruisser ce livre), d'accepter que se brouillent les frontières entre les genres, voire , parfois, de se perdre dans les méandres d'une intrigue alambiquée comme dans les rues de l’ancienne capitale de l'Empire austro-hongrois. Mais au final, il en sortira un peu groggy mais suprêmement ravi !
Le poil de la bête, Heinrich Steinfest, traduit de l'allemand (Autriche) par Corinna Gepner, Carnets Nord 2013, 644 pages de pur bonheur !
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28/10/2013
Chers voisins
"Ils étaient réunis sous le lustre central, les hommes discutant football et voitures pendant que les femmes bavardaient sur ce ton faussement intimes des gens qui ne s’aiment pas beaucoup et sont néanmoins obligés de se fréquenter."
Pepys Road, une rue de Londres d'un quartier autrefois peu élégant a maintenant grimpé dans l'échelle socio-économique. En décembre 2007, y résident aussi bien Petunia Howe, qui y a toujours vécu que des familles de traders où les enfants sont "gâtés mais négligés" ou encore une famille pakistanaise dure au labeur.. L'argent semble couler à flots dans Londres mais pas forcément pour tout le monde. Et dans Pepys Road ne font que passer des réfugiés apatrides, coincés dans d'inextricables situations administratives, des ouvriers du bâtiment polonais ou encore un petit génie du football sénégalais. Bref, un microcosme représentatif de la société londonienne dont la tranquillité va être mise à mal par de mystérieux courriers avertissant: "Nous voulons ce que vous avez"...
John Lanchester dans ce bon gros roman de 567 pages où alternent les points de vue nous dépeint avec acuité une société sur le point de basculer. Des personnages attachants, une écriture sans fioritures mais efficace font qu'on ne s'ennuie pas une minute dans ce roman qui tient ses promesses, même s'il lui manque une pointe d'originalité. Idéal pour un dimanche d'automne.
Chers voisins, John Lanchester, traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff avec la collaboration de Suzy Borello, Plon 2013.
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26/10/2013
Le jour des corneilles (enfin) en poche!
”Parnoir,enjambe ta culotte et suis-moi !”
Vous qui aimez les mots, les mots anciens, les mots qui roulent comme des cailloux, précipitez-vous sur Le jour des corneilles , de Jean-François Beauchemin !
Le père Souche et son fils (qui n'a pas d'autre identité) vivent à l'écart d'un village, en autarcie.
Le père, sorte de Géant rabelaisien, la bonhommie en moins, lit dans les étoiles, tandis que le fils voit sans souci particulier les trépassés évoluer autour de lui. Parmi ces derniers, sa mère, morte lors de sa mise au monde.
Le père rudoie le fils qui supporte sans broncher les crises de folie paternelles, espérant toujours recevoir une preuve d'amour, cet amour dont il est assoiffé.
En 150 pages, Beauchemin crée des personnages inoubliables,un univers dense et rude où la vie et la mort se mélangent sans cesse. En effet, pour le premier repas de son fils, le père lui donne du lait provenant d'un cadavre de hérisson femelle."ce fut ma première pitance sur le domaine de la Terre : le lait d'une b^te morte achevée par Père. Ce fut par même occasion ma première rencontre véritable avec la mort, véritable en ce que j'en fus pénétré, puis nourri. Toute ma vie , cela devait me rester inscrit au ventre: par là le trépas avait tracé sa sente en ma personne; comme mots se formant et s'alignant sur la page." Surprenant et fort.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : jean-françois beauchemin
21/10/2013
Le peigne de Cléopâtre
"Elsa Karsten méritait ses cigares et ses sous-vêtements en dentelle. Elle méritait de prendre son envol."
Trois amis de longue date, Mari, Anna et Fredrik s'associent pour monter une société qui a pour objectif de résoudre les problèmes des gens. Vaste domaine où chacun d'eux pourra mettre en œuvre ses compétences.
Cette société , ils décident de la baptiser Le peigne de Cléopâtre car "Les apparences sont trompeuses. C'est la signification du peigne de Cléopâtre." Ils ne croient pas si bien dire car rapidement ils vont se trouver désemparés face à le demande d'une vieille dame: éliminer son mari, un tyran domestique...
Entré de plain pied dans un univers hautement sympathique, le lecteur va rapidement prendre conscience des failles des trois héros , amis qui ne se connaissent pas si bien que cela. Si la première partie est extrêmement plaisante, la seconde bascule dans les révélations fracassantes qui frôlent souvent le grotesque tant le style devient ampoulé et maladroit. Un roman que j'ai terminé mais qui m'a laissée perplexe dans sa seconde partie.
Du même auteur Les oreilles de Buster(clic).
Le peigne de Cléopâtre, Maria Ernestam, Gaïa 2013, traduit du suédois par Ether Sermage et Ophélie Alegre.
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19/10/2013
L'expert...en poche
"Les aigles ne sont pas des ornithologues."
Suite des aventures de Jonathan Hemlock, L'expert reprend un peu le schéma de La sanction: Même départ avec le personnage trop sûr de lui, même intervention féminine (justifiée par une ressort dramatique que je ne révèlerai pas), mais la tonalité est encore plus sombre et la faille s'agrandit dans l'âme d'Hemlock. Côté humour, nous avons aussi droit à un hilarant dialogue-promenade mettant aux prises le héros avec la campagne anglaise.
Mais cette fois nous gravitons à la fois dans le monde de l'art , celui de l'espionnage et des milieux interlopes et les épreuves rencontrée par notre héros seront encore plus physiques et originales que dans La sanction. Une petite baisse de régime (plus d'effet de surprise) mais un excellent moment cependant.
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18/10/2013
Dernière nuit à Montréal...en poche
"- Je ne suis pas sûre de savoir comment rester, dit Lilia."
Toute sa vie, ou presque ,Lilia aura été suivie. Enlevée à sept ans par son père, elle va connaître jusqu'à l'adolescence une longue cavale qui lui donnera pour toujours le goût de partir.
Au début du roman, elle quitte Eli, un étudiant new-yorkais fasciné par les langues, qui n'arrive pas à s'"immerger dans le monde". Contacté par Michaela, qui se rêvait funambule, pour perpétuer la tradition familiale, ce dernier part pour Montréal où se dévoileront tous les secrets de la vie de Lilia.
Hypnotique et fascinant, ce roman, présenté comme une thriller, brouille toutes les frontières. Les personnages sont à multiples facettes et se dévoilent peu à peu dans une construction narrative éclatée qui , pourtant, n'égare pas le lecteur. Le rythme est lent, mais jamais languissant et l'on se plaît à faire durer la lecture de ce roman poétique , superbement écrit où Montréal, ville présentée comme férocement francophone, joue un rôle essentiel et glaçant.
Un premier roman à découvrir absolument.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : emily st. john mandel
17/10/2013
Sur ta tombe
"-Jack, ce qui vous terrifie, ce n'est pas l'idée du bonheur, c'est celle de causer le malheur d'autrui."
Une bande de gothiques a décidé de "nettoyer" les rue de Galway de tous les "marginaux, handicapés, démunis, tocards et autres miséreux." Pas de bol pour notre ami Jack Taylor, détective aussi bien porté sur la bibine que sur la littérature, passablement éclopé et même pas riche d'illusions.
Si l'on ajoute qu'un prêtre s'est fait tabasser, qu'un autre s'est enfui en emportant la caisse , voici de quoi brosser un tableau bien peu réjouissant de la situation en Irlande !
Pourtant Jack Taylor, de plus en plus éclopé, parviendra comme d'hab' à faire pencher la balance du bon côté et à ramener un semblant d'ordre dans la ville à défaut de trouver un peu d’harmonie dans sa vie.
Bonne nouvelle : si Jack Taylor semble sombrer de plus en plus, son humour noir est toujours au rendez-vous et Ken Bruen se montre ici au mieux de sa forme . Mauvaise nouvelle : il s'agit de l’avant dernier opus de la série !
Pour se consoler d'avance, on pourra toujours noter les multiples références de romans citées par Jack dont celle-ci : "Je me suis aussi pris du Carol O' Connell. Peu importe ce que pensent les gens, sa Kate Mallory a eu une influence indéniable sur Stieg Larsson." Tout à fait d'accord , la Lisbeth de Millenium a un air de famille avec Kate Mallory.
Sur ta tombe, Ken Bruen, Fayard 2013, 307 pages qu'on peut lire indépendamment, mais c'est mieux de suivre la série. (Bon, j'ai loupé un épisode précédent et je m'en suis sortie quand même ! )
1. Delirium Tremens (Mai 2006 en Folio). clic
2. Toxic Blues (Mai 2007 en Folio)clic
3. Le martyre des Magdalènes (Folio, 2008) clic
4. Le dramaturge (Oct 2007) clic
5.La main droite du diable clic
6.Chemins de croix.
7. En ce sanctuaire clic
8.Le démon clic
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : ken bruen, jack taylor
08/10/2013
Complications
"Les choses se passaient si vite qu’elles devenaient irréelles."
Comme le souligne Tricia Sullivan dans sa postface, tous les textes constituant ce recueil ont pour sujet la perte. Perte d'êtres aimés qu'on voudrait retrouver par delà le temps, le temps qui occupe une place essentielle par l'intermédiaire de montres chéries, objets patinés et peut être dotés de capacités surprenantes.
Les maisons de poupées, les microcosmes de manière générale, tout ce qui est construit minutieusement et révèle des endroits cachés sont aussi au cœur de ces textes qui gomment la frontière entre notre réalité et d'autres espaces temps. Mais tout ceci est composé de manière subtile et délicate et les non amateurs de science-fiction et/ou de fantastique (dont je fais généralement partie) trouveront un charme prenant à ces nouvelles où l'on retrouve des personnages portant le même nom mais semblant saisis à d’autres époques de leurs vies ou dans d'autres réalités. Le livre lui-même peut être envisagé de la même manière comme "...une belle machine , une histoire qui soit la somme des faits tout en les dépassant. Quand la machine commence à marcher toute seule, alors c'est le moment où on sait qu'on a réussi à dire la vérité."
On se laisse envoûter par ces ruptures subtiles de ton ou de temps et l'on savoure l'écriture précise et délicate de Nina Allan. Un expérience à ne rater sous aucun prétexte ! Et zou sur ma fameuse étagère !
Complications, Nina Allan, traduit de l'anglais par Bernard Sigaud, éditions Tristram 2013, 202 pages constellées de marque-pages.
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03/10/2013
Les femmes de ses fils
"Cela lui rappellerait que la vie n'est pas seulement peuplée de moments de colère et de confusion, et de sentiments blessés."
Les trois fils de Rachel et Anthony sont maintenant mariés ,et pour certains père de familles, mais leur mère entend bien que ses enfants continuent à lui prêter allégeance. Son manque de tact va entraîner quelques remous dans les jeunes couples mais, les trois belle-filles, chacune avec des personnalités bien différentes vont tenter progressivement de réorganiser la constellation familiale et de redéfinir le rôle de chacun.
Que voilà un roman confortable ! Délicieusement britannique mais sans pour autant être poussiéreux ! les personnages sont croqués à ravir, la gamme des émotions analysée avec finesse et on se retrouve juste une peu désemparé que cela se termine si vite. à déguster que l'on soit dans l'un ou l'autre camp, ou dans les deux !
Déniché à la médiathèque.Petit bémol: la traduction, un peu bancale parfois.
les femmes de ses fils, Joanna Trollope, Éditions des deux terres 2013, 334 pages qui nous entraînent de Londres au Suffolk.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : joanna trollope, belle-mère, belles-filles