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19/08/2013

Profanation

"Il appela son ancien collègue et concurrent du commissariat de Station City, Brandur Isaksen, un type moitié groenlandais, moitié féringien et résolument arctique, tant dans sa personnalité que dans son comportement. On l'avait surnommé le Glaçon de Halmtorvet."

Deuxième volume  de la série mettant en scène le tandem Morck et son assistant Assad, Profanation entremêle deux narrations. La première concerne un vieux dossier, celui d'un double meurtre mettant en cause des fils de grands bourgeois .Innocentés à point nommé par les aveux de l’assassin, ces derniers sont maintenant devenus des membres éminents de la bonne société. Qui tient absolument à ce que la police revienne sur cette affaire ?jussi adler olsen
Le second point de vue est celui d'une sans domicile fixe qui veut ,elle aussi , se venger et remuer le passé. Bien évidemment, les deux récits convergent vers le même but.
Le deuxième opus d'une série est à mon avis un tournant particulièrement difficile à négocier. En effet, les personnages sont en place et ils faut soit leur donner davantage de densité, les éclairer sous un nouveau jour, soit privilégier le récit. Jussi Adler Olsen a choisi cette seconde option en montant en intensité dans l'horreur. On croise en effet des personnages particulièrement malsains, des psychopathes, capables de donner le change en public mais qui sont de véritables monstres dans l'intimité. Il en résulte un certain malaise à la lecture, même si bien sûr on doit s'attendre à ce type de personnages dans ce genre de romans. Mais un chouïa de complaisance rend l'ensemble un peu trop racoleur.

Profanation, Jussi Adler Olsen, Albin Michel 2012. Traduit du danois par Caroline Berg.

17/08/2013

Quand j'étais Jane Eyre...en poche

"Quelle est cette manie familiale d'aspirer à la célébrité et à la gloire ? Quelle folie !"

Intriguée par tout un pan de la vie de Charlotte Brontë resté dans l'ombre, celui pendant lequel elle a rédigé le roman qui la rendra célèbre et changera sa vie, Jane Eyre, Sheila Kohler a imaginé ce qu'avait bien pu vivre l'écrivaine durant cette période.sheila kohler
Avec sensibilité, elle brosse le portrait de cette famille marquée par la mort, la maladie, la pauvreté, l'égocentrisme d'un père mais aussi par ce lien formidable à l'écriture qui unit les quatre enfants survivants de la fratrie Brontë. Branwell, le frère chéri, gaspillera ses dons dans les opiacées et l'alcool, mais Charlotte, Emily et Anne qui ne feront que de brèves et malheureuses incursions dans le monde extérieur à celui de leur presbytère, sauront , à des degrés différents, braver les interdits de l'époque et rédiger des romans qui seront parfois jugés "choquants, brutaux, anti-chrétiens et anti-bourgeois" car révélant la violence de leurs frustrations.
Sheila Kohler a choisi de centrer son roman sur Charlotte (à qui je préfère largement sa cadette Emily, je le confesse), la seule qui aura pu accéder à un peu de bonheur, mais elle ne sombre jamais dans le pathos, évoquant avec sobriété la vie difficile de la famille Brontë. Des retour en arrière permettent d'évoquer les principaux épisodes de leur trop brève existence.J'ai beaucoup aimé la manière dont Sheila Kohler a tissé les liens entre leurs romans et la vie des soeurs, montrant bien leur esprit de revanche, mais n'omettant pas non plus la sourde rivalité (réelle ou imaginaire mais très plausible en tout cas) qui les a animées juste avant l'édition.Un éclairage intelligent,  une écriture élégante, une lecture qui ravira les fans (dont je suis !) .

16/08/2013

Les chroniques de Lady Yoga

"Parfois, ça simplifie la vie de ne pas créer de grandes attentes."

 Il aura fallu que j'apprenne que derrière Rain Mitchell se dissimulait en fait Stephen Mc Cauley (dont j'avais adoré L'objet de mon affection) pour que je me lance dans la lecture de ces Chroniques de Lady Yoga, (dont le titre fait évidemment écho aux chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin).
Pas besoin de pratiquer cette discipline pour se régaler de l'histoire de ces femmes qui fréquentent et/ou animent un cours de yoga dans un quartier "excentré et peuplé de prétendus artistes, fréquenté par une poignée d'excentriques qui ne regardent jamais la télé."de Los Angeles.rain mitchell,stephen mc cauley
Satire du monde du yoga,  discipline détournée par certains en une véritable industrie, ce roman girly, mais jamais  trop futile,  est rempli de bienveillance et d'humour. Un petit plaisir à s'offrir sans plus attendre  et à dévorer d'une traite !

Dans la foulée, j'ai commandé le second !

13/08/2013

Single & Single

"Il n'y a pas de blanc destrier, marmonna Oliver. Ce serait plutôt un genre de manège."

Tiger Single a bâti un empire financier  auquel il a associé son avocat de fils, Oliver. Mais ce dernier, se rendant compte que son père a partie liée à des mafieux de l’Est de l’Europe, va le dénoncer aux autorités anglaises.john le carré,pèrefils
Commençant par une scène très cinématographique, Single & Single multiplie les rebondissements, joue avec les nerfs du lecteur, mais ne le perd jamais en route. Les personnages sont bien campés, et même si on n’échappe pas à quelques clichés, ils sont vite balayés par l’intensité dramatique du récit.
Je m’attendais à être paumée dans le labyrinthe des sociétés off-shore et autres combines  ayant pour but d’échapper à toute légalité, mais non.
Ces manipulations financières sont en fait l’exacerbation d’une situation autobiographique que nous présente l’auteur dans son avant-propos. En effet, Single & Single décrit surtout les relations compliquées entre un père « imprévisible, irréformable et totalement incompréhensible », qui, à une échelle bien plus modeste , pratiquait lui aussi l’art des montages financiers plus que douteux, et un fils, obsédé par la figure paternelle. Un roman prenant même si, comme moi, on n’est pas un afficionado des romans d’espionnage. De la belle ouvrage.

Offert par ma libraire, yesss !

08/08/2013

Lithium pour Médée

"J'étais celle qui tissait les toiles et rendait la nuit contagieuse."

Elle a vingt-sept ans et constate: "les pins qui ont le même âge en savent plus sur la vie que moi. Alors je me suis dit que cette énorme fleur  qui s'ouvrait devait peut être porter le nom de Rose." Ni son père, en train de faire face à une récidive de son cancer, ni sa mère qui, ayant vécu le rêve américain, est devenue productrice , ne l'appelant par son prénom, nous devons nous contenter  de cette décision.kate braverman,rick moody
Identité mal cernée, comportement erratique, la narratrice analyse avec une lucidité parfois glaçante, son comportement et celui de ses parents aujourd'hui séparés.
Elle revient sur son passé et, à mesure du roman, accède, non pas à la sérénité , mais à une forme de libération.

Rick Moody, dans sa préface, voit dans Lithium pour Médée "une tragédie banale : la famille éclatée". J'y verrais plutôt le poids d'une hérédité et d'un passé transgénérationnel dont on a voulu faire l'économie. L'héroïne est tout sauf sympathique mais la langue, parfois incantatoire, poétique avec quelques points d'humour, rend ce roman totalement hypnotique. à noter que ce texte fait la part belle à la ville de Los Angeles qui devient presque un personnage à part entière.

 Lithium pour Médée, Kate Braverman, traduit de l'anglais (E-U) par Françoise Marel, Rivages poche 2012,318 pages intenses.

06/08/2013

La peau de l'autre

"-ça part d'un truc familier et ça lui donne un aspect étrange.
- Il n'y a pas meilleur que vous pour ça."

Denny, totalement inadapté socialement , est le suspect numéro un dans la mort de Marge. L'occasion lui est offerte d'endosser l'identité d'Homer, gloire locale, disparu il y a trois ans. Pas de bol, son sosie a une vie pire que la sienne !david carkeet
Bouffon, loser ridicule, Denny tente de surnager dans le maelström d'aventures dans lequel il est entraîné. Ce roman flirte avec le polar mais c'est surtout une comédie loufoque reposant sur des schémas classiques (l'usurpation d'identité, la plongée du héros dans un univers inconnu, en l'occurence ici le Vermont et ses bouseux taiseux). Un cohorte de personnages déjantés vient nous prouver que la vie n'est pas si calme et ennuyeuse qu'il y paraît dans le Vermont !
Cependant, au fur et à mesure des rebondissements (nombreux et surprenants), le personnage de Denny gagne en densité et en humanité.
Un roman qui donne le sourire, ce qui n'est pas si fréquent !

La peau de l'autre, David Carkeet, traduit de l'anglais (E.U) par Jean Esch, Points Seuil 2013.

Merci à Clara qui en chroniquant un autre roman du même auteur m'a donné envie de (re) lire celui-ci que j'avais dans un premier temps abandonné !

05/08/2013

J'aimerais tellement que tu sois là

"Devenir le propriétaire de l'exact opposé de cette ferme profondément enracinée."

Jake a troqué la ferme familiale du Devon contre un parc de caravanes sur l'île de Wight, qu'il administre de manière plutôt débonnaire. L'instigatrice de ce changement radical ? Ellie, à qui il était promis depuis l'enfance.graham swift
Pourtant, cette vie en apparence plus douce semble avoir viré à l'aigre : Jake se retrouveseul avec un fusil à attendre l'hypothétique retour de sa femme.
Le roman de Graham Swift possède le rythme placide des vaches et son personnage principal en a l'apparence rustique. Mais s'il mâche et remâche-comme les bovidés- les événements passés, c'est pour les analyser avec une finesse quasi chirurgicale. Les relations familiales, les non-dits, les jalousies tues mais vivaces, tout ceci constitue la matière de cette rumination qu'il faut prendre le temps de savourer.
Un roman qui analyse aussi l'évolution des campagnes anglaises et la disparition de tout un pan de sa population. très subtil et prenant.

L'avis de Clara, la tentatrice (mais j'ai pris le temps de ruminer, moi aussi !:) )

02/08/2013

Hikikomori

"Je n'ai jamais entendu parler de hikikomori américain. Les Américains ne se réfugient pas dans le silence, ils font encore plus de bruit.Ils deviennent fous et se mettent à tirer sur tout le monde."

Depuis trois ans, Thomas Tessler vit "en retrait, barricadé" dans sa chambre à Manhattan. Il a "enfermé le reste du monde dehors" et refuse toute communication avec sa femme, Silke. C'est un hikikomori.jeff backhaus
Résolue à le sortir de son mutisme, son épouse fait appel à une jeune japonaise , Megumi, qui a déjà l'expérience de cette situation typiquement japonaise.
D'emblée le lecteur, et on le suppose bien évidemment Silke, perçoit toutes les conséquences possibles de cette situation hors-normes. Mais Jeff Backhaus dont c'est ici le premier roman, sait contourner tous les écueils et mène sa barque vers une destination bien plus complexe.
Histoires de solitudes qui se croisent, parfois à distance, les relations entre  civilisations différenets sont analysées avec finesse. La poésie n'est pas absente (ah cette description de bain chaud en pleinair sous la neige la nuit !) et je n'émettrai qu'un seul regret: que le personnage de Silke n'ait pas été suffisamment exploré. Une très jolie découverte.

Hikikomori, jeff Backhaus, traduit de de l'anglais (E-U) par Marie de Prémonville, Anna Carrière 2013.

12/07/2013

Misericorde

"Le type n'était pas stupide. Il savait reconnaître un pitbull quand il en croisait un."

Carl Morck,  policier atypique,encore traumatisé à cause d'une intervention qui s'est très mal terminée,mis sur la touche, se voit confier les affaires classées. Avec le surprenant Assad, homme de ménage qu'il promeut au titre d'assistant officieux, Morck va s'occuper du cas de Merete Lyyngaard, prometteuse femme politique disparue depuis cinq ans.jussi adler olsen,roman danois,polar
Cette dernière, le lecteur l'apprend bientôt est enfermée dans une cage , avec un raffinement de tortures physiques et psychologiques qui la mènent au bord de la folie.
Recommandé par ma fille, tellement enthousiaste qu'elle est déjà au milieu du tome suivant, ce roman, je l'ai commencé un peu mollement mais j'ai bientôt été ferrée !
La structure haletante, parfaitement maîtrisée, les personnages qui révèlent leur part d'ombre progressivement, tout cela fait de Misericorde un page turner efficace et hautement addictif ! J'attends maintenant le verdict  de ma fille pour lui offrir- ou non- le troisième et lui chiper,le cas échéant, le deuxième !

Misericorde Jussi Adler-Olsen, traduit du danois par Monique Christiansen, 526 ages qui se dévorent !

Grand prix des lectrices de Elle policier, Prix du meilleur roman scandinave.

Sylire n'a pas été emballée, au contraire d'Aifelle et de Dasola !

11/07/2013

le syndrome de la vis

"Et pendant tout le temps que mes mains travaillaient, la vis oeuvrait en paix, égrenait les pensées ordinaires devenues noires au contact de la nuit sans trop me déranger. Au contraire, même, le flot continu des images qui surgissaient de ma tête animait mes mains , comme l'adrénaline."

Josée , enseignante dans un cégep (collège  d'enseignement général et professionnel), pète les plombs car elle est cre-vée. La cause ? Une insomnie chronique qu'elle combat en lisant un texte d'Umberto Ecco. Peu efficace. Les idées continuent à tourner sans fin dans sa tête.41MGAFHwYiL._.jpg
C'est davantage auprès de son entourage pittoresque que Josée trouvera ,non pas le repos, mais de quoi adoucir les angles de sa vie.
Entrer dans l'univers de Marie-Renée Lavoie est un pur délice ! Son sens de l'observation et de l'humour font que , même si l'intrigue est un peu (beaucoup) faiblarde, on le lui pardonne volontiers tant on tombe amoureux de ses personnages, de leur manière d'affronter la réalité (en fracassant des bibelots achetés exprès , par exemple !), de la tendresse qui se lit dans leur description et de la finesse des observations : "Si on ne canonise pas les parents, c'est qu'ils accomplissent beaucoup trop de miracles pour qu'il soit possible de les consigner. Avec les religieux, on s'en tient à des dossiers raisonnables, quantifiables." Sans oublier, bien sûr, la langue et l'univers québécois que j'adore tout simplement ! Un moment de pur bonheur et plein de pages cornées !

 

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Un grand grand merci à Cuné, moins enthousiaste !