28/08/2013
Los Angeles nostalgie
"Ry Cooder nous offre une plongée noire et musicale dans les bas-fonds de sa ville natale." Dixit la quatrième de couv'.
Totalement restée insensible à ces histoires, totalement extérieure, par manque de références sans doute.
Lu dans le cadre de l'opération On vous lit tout chez Libfly. Merci à Libfly, au Furet du Nord et à l'éditeur !
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : ry cooder, schtroumpf grognon le retour
25/08/2013
Héritage...en poche
"Le bonheur que l'on n'a pas gagné n'est pas le bonheur."
Apprenti éditeur, Andy Larkman, parce qu'il s'est trompé de salon funéraire, hérite de 17 millions de livres sterling de la part du défunt, Christopher Madigan, dont il ignore tout.
L'argent va évidemment modifier son rapport aux autres mais simultanément le rendre débiteur , comme il mettra du temps à s'en rendre compte.
Il lui faut en effet comprendre qui était cet homme, comment ce réfugié arménien est devenu un nabab du minerai de fer en Australie avant de devenir un parfait Anglais et de déshériter sa fille.
Andy deviendra ainsi le dépositaire de récits qu'il lui faudra agencer pour profiter pleinement de son Héritage.
Mêlant récit d'apprentissage, d'aventures et ne négligeant pas le poids de l'Histoire, le roman de Nicholas Shakespeare est un pur plaisir. On ne le lâche pas une seconde, savourant les pointes d'humour : "Il la soupçonnait d'être la réincarnation d'un guerrier barbare. Une grimace pareille , ça ne s'apprenait pas en une seule vie." , retrouvant avec plaisir les figures imposées du récit à rebondissements. Un roman confortable, comme on les aime et qu'il m'a absolument fallu finir hier soir, d'où mes yeux de panda !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : nicolas shakespeare
22/08/2013
La lettre à Helga
"Si la vie est quelque part, ce doit être dans les fentes."
Bjarni va passer l'été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme où vécut Helga, celle pour qui il brûla toute sa vie d'un amour impossible. Le vieil homme rédige alors une longue lettre à celle qui emplit chacun des moments de son existence et la rend ardente: "Tu as mis en moi une attirance qui ne fit que s'exacerber et qui pouvait se transformer en brasier à tout moment., sous le moindre prétexte. Si je voyais une bosse de terrain rebondie ou une meule bien ronde , leurs courbes se confondaient avec les tiennes, de sorte que ce n'était plus le monde extérieur que je percevais , mais toi seule dans toutes les manifestations de ce monde."
Comment ce fermier islandais, en complète osmose avec la nature, s'est-il astreint à se priver d'un bonheur à portée de la main et à gâcher délibérément, semble-t-il, sa vie ?
Dans une langue charnelle, Bergsveinn Birgisson peint le portrait de cet amour par delà les années, un amour qui s'inscrit dans un paysage âpre auquel son héros prête une attention particulière car "Habitués à l'isolement, les gens des péninsules ont les sens plus développés que les autres." Un roman captivant , qui nous emporte très loin...
La lettre à Helga, Bergsveinn Birgisson, traduit de l’islandais par Catherine Eyjolfsson, Zulma 20113, 131 pages profondément émouvantes.
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : bergsveinn birgisson, islande, personnes âgées
21/08/2013
Dans le silence du vent
"Tu ne peux donc pas manger ? Tu te sentirais mieux. Tu n peux donc pas te lever ? Tu ne peux donc pas ...revenir à la vie ? "
L'été des treize ans de Joe est marqué par le viol de sa mère. Cet adolescent va brutalement faire l'expérience de la notion de justice car l'imbroglio des lois s'exerçant sur le territoire indien et le silence obstiné de sa mère ne facilitent guère l'identification du violeur et son jugement. Joe va donc devoir mener l'enquête de son côté et basculer irrémédiablement dans le monde des adultes.
Louise Erdrich dans ce nouveau roman décrit avec une acuité sans pareille la prostration de la victime et la difficulté à faire émerger la vérité. Une situation hélas représentative car,selon un rapport publié par Amnesty international en 2009, une femme amérindienne sur trois sera violée au cours de sa vie et que, vu le "Labyrinthe de l'injustice", peu des violeurs seront poursuivis. Mais la romancière n'en fait pas pour autant un livre lourdement pédagogique. L'intensité dramatique est prenante et le style parfaitement maitrisé.
Les descriptions de la vie quotidienne de l'adolescent sont autant d'échappées belles loin de l'atmosphère étouffante de la maison familiale et l’occasion également de montrer la solidarité sans faille qui s 'exerce au sein de sa famille élargie.
Un roman que j'ai pris le temps de lire car, malgré quelques notes humoristiques et certains personnages hauts en couleurs, il y règne un climat lourd et poignant. Beaucoup de sobriété et d'émotion. à lire absolument.
Un roman récompensé par le National Book Award et élu meilleur livre de l'année par les libraires américains.
Dans le silence du vent, Louise Erdrich, traduit de l’américain par Isabelle Reinharez, Belfond 2013
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : louise erdrich, violence faite aux femmes
20/08/2013
Le linguiste était presque parfait
"Hoosier: subst, étymologie obscure et ennuyeuse. Crétin de Blanc assorti d'une grasse épouse blanche qui mange des légumes verts, accroche un silencieux à son pot d'échappement à l'aide d'un cintre, et laisse traîner des réfrigérateurs dans son jardin pour que des enfants s'étouffent à l'intérieur."
Quoi de plus calme en apparence qu'un institut de linguistique étudiant le langage des nourrissons ? Et pourtant, outre leurs inimitiés, l'intérêt maniaque porté aux mots prononcés , ces charmants linguistes doivent aussi penser à l'avancement de leurs carrières professionnelles , de leurs projets amoureux, veiller au maintien des subventions qui leur sont accordées , voire même sauver leur peau. En effet, l'un d'entre eux vient d'être assassiné.Jeremy Cook va mener sa propre enquête sur le meurtre de son collègue de manière bien peu orthodoxe, utilisant ce qu'il connaît le mieux : la linguistique !
Le microcosme évoqué dans ce nouveau roman de David Carkeet n'est pas sans rappeler celui de David Lodge mais avec des personnages encore plus farfelus et déjantés qui parviennent à rendre la linguistique follement attrayante (ce qui n'est pas une mince affaire, vous l'avouerez !). L'auteur joue à merveille des oppositions entre ses personnages et nous entraine avec un sérieux imperturbable dans un monde où les énigmes dignes de Gaston Leroux sont résolues grâce à des signaux linguistiques ! Un monde fou fou fou qui nous distrait avec intelligence et bonne humeur !
Le billet tentateur de Clara.
Le linguiste était presque parfait, David Carkeet, traduit de l'anglais (E-U) par Nicolas Richard, Monsieur Toussaint Louverture 2013, 287 pages .
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : david carkeet, linguistique, déjanté
19/08/2013
Profanation
"Il appela son ancien collègue et concurrent du commissariat de Station City, Brandur Isaksen, un type moitié groenlandais, moitié féringien et résolument arctique, tant dans sa personnalité que dans son comportement. On l'avait surnommé le Glaçon de Halmtorvet."
Deuxième volume de la série mettant en scène le tandem Morck et son assistant Assad, Profanation entremêle deux narrations. La première concerne un vieux dossier, celui d'un double meurtre mettant en cause des fils de grands bourgeois .Innocentés à point nommé par les aveux de l’assassin, ces derniers sont maintenant devenus des membres éminents de la bonne société. Qui tient absolument à ce que la police revienne sur cette affaire ?
Le second point de vue est celui d'une sans domicile fixe qui veut ,elle aussi , se venger et remuer le passé. Bien évidemment, les deux récits convergent vers le même but.
Le deuxième opus d'une série est à mon avis un tournant particulièrement difficile à négocier. En effet, les personnages sont en place et ils faut soit leur donner davantage de densité, les éclairer sous un nouveau jour, soit privilégier le récit. Jussi Adler Olsen a choisi cette seconde option en montant en intensité dans l'horreur. On croise en effet des personnages particulièrement malsains, des psychopathes, capables de donner le change en public mais qui sont de véritables monstres dans l'intimité. Il en résulte un certain malaise à la lecture, même si bien sûr on doit s'attendre à ce type de personnages dans ce genre de romans. Mais un chouïa de complaisance rend l'ensemble un peu trop racoleur.
Profanation, Jussi Adler Olsen, Albin Michel 2012. Traduit du danois par Caroline Berg.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jussi adler olsen
17/08/2013
Quand j'étais Jane Eyre...en poche
"Quelle est cette manie familiale d'aspirer à la célébrité et à la gloire ? Quelle folie !"
Intriguée par tout un pan de la vie de Charlotte Brontë resté dans l'ombre, celui pendant lequel elle a rédigé le roman qui la rendra célèbre et changera sa vie, Jane Eyre, Sheila Kohler a imaginé ce qu'avait bien pu vivre l'écrivaine durant cette période.
Avec sensibilité, elle brosse le portrait de cette famille marquée par la mort, la maladie, la pauvreté, l'égocentrisme d'un père mais aussi par ce lien formidable à l'écriture qui unit les quatre enfants survivants de la fratrie Brontë. Branwell, le frère chéri, gaspillera ses dons dans les opiacées et l'alcool, mais Charlotte, Emily et Anne qui ne feront que de brèves et malheureuses incursions dans le monde extérieur à celui de leur presbytère, sauront , à des degrés différents, braver les interdits de l'époque et rédiger des romans qui seront parfois jugés "choquants, brutaux, anti-chrétiens et anti-bourgeois" car révélant la violence de leurs frustrations.
Sheila Kohler a choisi de centrer son roman sur Charlotte (à qui je préfère largement sa cadette Emily, je le confesse), la seule qui aura pu accéder à un peu de bonheur, mais elle ne sombre jamais dans le pathos, évoquant avec sobriété la vie difficile de la famille Brontë. Des retour en arrière permettent d'évoquer les principaux épisodes de leur trop brève existence.J'ai beaucoup aimé la manière dont Sheila Kohler a tissé les liens entre leurs romans et la vie des soeurs, montrant bien leur esprit de revanche, mais n'omettant pas non plus la sourde rivalité (réelle ou imaginaire mais très plausible en tout cas) qui les a animées juste avant l'édition.Un éclairage intelligent, une écriture élégante, une lecture qui ravira les fans (dont je suis !) .
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : sheila kohler
16/08/2013
Les chroniques de Lady Yoga
"Parfois, ça simplifie la vie de ne pas créer de grandes attentes."
Il aura fallu que j'apprenne que derrière Rain Mitchell se dissimulait en fait Stephen Mc Cauley (dont j'avais adoré L'objet de mon affection) pour que je me lance dans la lecture de ces Chroniques de Lady Yoga, (dont le titre fait évidemment écho aux chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin).
Pas besoin de pratiquer cette discipline pour se régaler de l'histoire de ces femmes qui fréquentent et/ou animent un cours de yoga dans un quartier "excentré et peuplé de prétendus artistes, fréquenté par une poignée d'excentriques qui ne regardent jamais la télé."de Los Angeles.
Satire du monde du yoga, discipline détournée par certains en une véritable industrie, ce roman girly, mais jamais trop futile, est rempli de bienveillance et d'humour. Un petit plaisir à s'offrir sans plus attendre et à dévorer d'une traite !
Dans la foulée, j'ai commandé le second !
06:00 Publié dans Humour, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : rain mitchell, stephen mc cauley
13/08/2013
Single & Single
"Il n'y a pas de blanc destrier, marmonna Oliver. Ce serait plutôt un genre de manège."
Tiger Single a bâti un empire financier auquel il a associé son avocat de fils, Oliver. Mais ce dernier, se rendant compte que son père a partie liée à des mafieux de l’Est de l’Europe, va le dénoncer aux autorités anglaises.
Commençant par une scène très cinématographique, Single & Single multiplie les rebondissements, joue avec les nerfs du lecteur, mais ne le perd jamais en route. Les personnages sont bien campés, et même si on n’échappe pas à quelques clichés, ils sont vite balayés par l’intensité dramatique du récit.
Je m’attendais à être paumée dans le labyrinthe des sociétés off-shore et autres combines ayant pour but d’échapper à toute légalité, mais non.
Ces manipulations financières sont en fait l’exacerbation d’une situation autobiographique que nous présente l’auteur dans son avant-propos. En effet, Single & Single décrit surtout les relations compliquées entre un père « imprévisible, irréformable et totalement incompréhensible », qui, à une échelle bien plus modeste , pratiquait lui aussi l’art des montages financiers plus que douteux, et un fils, obsédé par la figure paternelle. Un roman prenant même si, comme moi, on n’est pas un afficionado des romans d’espionnage. De la belle ouvrage.
Offert par ma libraire, yesss !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : john le carré, pèrefils
08/08/2013
Lithium pour Médée
"J'étais celle qui tissait les toiles et rendait la nuit contagieuse."
Elle a vingt-sept ans et constate: "les pins qui ont le même âge en savent plus sur la vie que moi. Alors je me suis dit que cette énorme fleur qui s'ouvrait devait peut être porter le nom de Rose." Ni son père, en train de faire face à une récidive de son cancer, ni sa mère qui, ayant vécu le rêve américain, est devenue productrice , ne l'appelant par son prénom, nous devons nous contenter de cette décision.
Identité mal cernée, comportement erratique, la narratrice analyse avec une lucidité parfois glaçante, son comportement et celui de ses parents aujourd'hui séparés.
Elle revient sur son passé et, à mesure du roman, accède, non pas à la sérénité , mais à une forme de libération.
Rick Moody, dans sa préface, voit dans Lithium pour Médée "une tragédie banale : la famille éclatée". J'y verrais plutôt le poids d'une hérédité et d'un passé transgénérationnel dont on a voulu faire l'économie. L'héroïne est tout sauf sympathique mais la langue, parfois incantatoire, poétique avec quelques points d'humour, rend ce roman totalement hypnotique. à noter que ce texte fait la part belle à la ville de Los Angeles qui devient presque un personnage à part entière.
Lithium pour Médée, Kate Braverman, traduit de l'anglais (E-U) par Françoise Marel, Rivages poche 2012,318 pages intenses.
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : kate braverman, rick moody