05/12/2013
Shining
"Car, à bien y réfléchir, les malheurs qui l'avaient frappé (lui et les otages qui que le sort lui avait confiés) lui étaient tombés dessus comme un essaim de guêpes."
Caractériel et alcoolique, Jack a brisé net la carrière universitaire qui s'ouvrait à lui. Pire , il a failli mettre fin à son mariage en se montrant violent envers son jeune fils, Danny.Sa dernière chance est d'accepter le poste de gardien et d'homme d'entretien d'un gigantesque hôtel, à cinquante kilomètres de toute habitation, en plein hiver.Là, en compagnie de sa famille, il espère reconquérir leur confiance et venir à bout de sa pièce de théâtre.
Tout ceci resterait relativement classique si Danny n'était doté d'un don de prophétie et si l'hôtel ne recelait de noirs secrets...
La tension monte vite dans ce lieu unique et clos où les manifestations de plus en plus menaçantes vont se succéder. Si King analyse avec une extrême précision les mécanismes de l'alcoolisme et si ses personnages sont denses et plein d'humanité, je suis restée plus dubitative quant à la progression des phénomènes étranges. J'ai rencontré en fait le même problème que dans d'autres œuvres que j'avais lues il y a longtemps: j'apprécie la sobriété de ces descriptions mais trouve que , en avançant dans le récit, cela tourne un peu au grand guignol et perd en crédibilité. Un grand roman cependant , efficace et sensible.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : stephen king
25/11/2013
Le mystère du hareng saur
"-ça fait toujours plaisir de se faire insulter par le fantasme de quelqu’un d'autre."
Branle-bas de combat dans le monde des livres ! Thursday Next a disparu et il faut la retrouver d’urgence pour éviter une guerre entre le Roman Grivois et la Littérature Féminine. Pas sûr que le conflit soit évité car celle qui est chargée de la retrouver n'est autre que la Thursday de fiction, qui interprète son rôle mais ne dispose pas des mêmes capacités que celles de son illustre modèle.
Flanquée d'un majordome mécanique, louvoyant entre les Hommes du Plaid et les trafiquants de fromage, Thursday aura fort à faire, d'autant que son p'tit cœur tout mou bat fort pour le mari de Thursday...
Quel bonheur de replonger dans le Monde des Livres ! Les e-books y sèment un peu de désordre et la Thursday de roman va s'employer à comparer le monde réel, fort chaotique à ses yeux ,et celui, plus policé en apparence ,de la fiction. Jasper Fforde a retrouvé une veine inventive qui fait plaisir à lire et même si l’intrigue est un peu légère, on prend beaucoup de plaisir à se balader dans le monde plein de références loufoques , de fausse logique et d'humour ! un vrai régal !
Le mystère du hareng saur, Jasper Fforde, traduit de l'anglais (royaume 6uni) par Jean-François Merle , Fleuve noir 2013, 472 pages bruissante de marque-pages !
Série Thursday Next
- L'Affaire Jane Eyre, Fleuve noir, 2004 ((en) The Eyre Affair, 2001) clic
- Délivrez-moi !, Fleuve noir, 2005 ((en) Lost in a Good Book, 2002)
- Le Puits des histoires perdues, Fleuve noir, 2006 ((en) The Well of Lost Plots, 2003) clic
- Sauvez Hamlet !, Fleuve noir, 2007 ((en) Something Rotten, 2004) clic
- Le Début de la fin, Fleuve noir, 2008 ((en) First Among Sequels, 2007) clic
- Le Mystère du hareng saur, Fleuve noir, 2013 ((en) One of Our Thursdays Is Missing, 2011)
- The Woman Who Died a Lot, 2012
- Dark Reading Matter
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jasper fforde, thursday next, fantasy spéculative
18/11/2013
L'escapade sans retour de Sophie Parent
" à quarante ans, Sophie était une servante dont la vie n'était que chasteté et frustration."
Parce qu'elle veut qu'on l'aime, Sophie Parent est la parfaite illustration de ces gens qui ne disent jamais non. Elle se laisse exploiter par toute sa famille jusqu'au jour où un accident sans gravité va la décider à se faire la belle au soleil.
Couvert d'éloge un peu partout -qui n'a pas jamais rêvé de tout plaquer ? - ce livre semble avoir été écrit par une élève de CM2 ( "...des fleurs toutes plus belles les unes que les autres " p. 62) et enfile avec une belle ardeur les clichés.
J'ai lâchement abandonné Sophie Parent la niaiseuse à la page 106 car je frôlais l'overdose de sucre.Heureusement , je l'avais déniché d'occasion . Exaspérant.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : mylène gilbert-dumas, schtroumph grognon le retour
16/11/2013
Mon hiver à Zéroland
"Le monde était encore en ordre, la douleur sous contrôle, ma mère, le chêne séculaire en haut de la colline, moi la graine chaude de l'hiver , entourée par le plus puissant des boucliers."
à la mort de sa mère, Alessandra, en dernière année de lycée, se réfugie à Zéroland, pour "annoncer que tout avait changé dans [sa] vie , pour toujours." Le roi de ce royaume imaginaire est Gabriele, surnommé Zéro par ses camarades qui l'ostracisent et à côté duquel la jeune fille choisit de s'asseoir.Une manière de tenir à distance ses anciens amis et de tisser petit à petit des liens avec ce garçon qui à la fois l'attire et la déstabilise.
Paola Predicatori peint avec sensibilité et délicatesse le portrait de cette adolescente au comportement parfois hésitant qui parviendra à surmonter cette saison douloureuse. Une atmosphère particulièrement bien rendue de bord de mer en hiver (qui m'a parfois fait penser à la nouvelle Lullaby de Le Clézio ) et une écriture fluide ont fait mon bonheur.Aucun pathos, tous les écueils du genre ont été évités et si je craignais le pire en ouvrant ce roman, je l'ai dévoré d'une traite. Une très jolie découverte !
Mon hiver à Zéroland, paola predicatori, traduit de l'italien par Anaïs Bokobza, Les escales 2013, 303 page sà savourer au coin du feu.
10:15 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : paola predicatori, deuil, adolescencee
12/11/2013
Dora la dingue
"Être une fille dans ce monde n'est donc qu'une question d'argent et d'organes génitaux ? La vie n'est-elle qu'une série de transactions ? "
Trahie par son père (qui a une maîtresse), négligée par sa mère (dépressive), Ida, 18 ans, va traverser une "épreuve psycho-sexuelle", comme elle qualifiera après coup la série d'aventures racontée dans Dora la dingue.
Entre séances de psy où Ida a toujours un coup d'avance sur le Dr Sigmund, cavalcades effrénées avec sa bande, Ida devient Dora et ne maîtrisera bientôt plus les règles d'un jeu cruel.
Il y a une grande inventivité langagière dans Dora la dingue (bravo au traducteur!), une belle énergie aussi mais je suis toujours restée extérieure à ce récit qui semble enchaîner les morceaux de bravoure sans pour autant susciter d'émotions.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lidia yuknavitch
11/11/2013
La mécanique du bonheur
"Je vais persister. Je vais continuer à penser et je vais continuer à agir. Et donc il s'assit et écrivit une chronique dans laquelle il s'adressait au Premier ministre."
Pendant longtemps Morris Schutt a exposé l'intimité de sa famille dans des chroniques qui ont fait sa renommée. Mais la mort de son fils , tué en Afghanistan, va le faire déborder du cadre qui lui était imparti et son journal va le mette en congé.
Morris , qui voit le reste de sa famille se déliter peu à peu, va se tourner vers les philosophes anciens pour essayer de retrouver un point d'ancrage et lutter contre la culpabilité qui le taraude.
Tout sauf complaisant et pathétique La mécanique du bonheur est un roman qui explore avec empathie les complexités d'un homme intelligent et sensible mais qui se retrouve complètement désorienté. Comme Herzog, le héros de Saul Bellow, il écrit des lettres, envoyées ou non, qui lui permettent de mettre à plat ses sentiments. Comme beaucoup d'hommes, il a ses faiblesses, ses mensonges mais au final David Bergen parvient à nous le rendre sympathique , ce qui n'était pas couru d'avance ! 283 pages constellées de marque-pages !
La mécanique du bonheur, David Bergen, Albin Michel 2013, traduit de l’anglais (Canada) par Hélène Fournier.
L'avis de Keisha.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : david bergen
05/11/2013
The Main
"Un homme qui serait arrivé à préférer la paix au bonheur, le silence à la musique."
Après deux romans hautement enthousiasmants de Trevanian (clic), c'est le sourire aux lèvres que j'ai entamé la lecture de The Main (prononcer comme dans Main street). Hélas, l'histoire de ce vieux flic solitaire qui arpente "son" secteur dans l'hiver montréalais m'a laissé de marbre tant il est daté et prévisible.
Le rythme est languide, plusieurs fois, j'ai failli piquer du nez et je n'ai rien retrouvé des ambiances électriques des autres textes de Trevanian. Dommage.
Merci à Babelio et à l'éditeur.
d'autres avis plus enthousiastes ici.
06:00 Publié dans Lâches abandons, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : trevanian
02/11/2013
Le week-end
"Avaient-ils cessé de jouer selon les règles parce qu'ils ne gagnaient rien à les respecter ? Parce que, quand ils étaient pauvres, ils n'avaient aucune chance de succès et, quand ils étaient riches, ils trouvaient le jeu mensonger, corrompu et vide? "
Jörg, terroriste allemand, après plus de vingt ans en prison, a été gracié. Sa sœur, Christiane, lors de sa sortie organise des retrouvailles avec d'anciens amis. Un sas de décompression, croit-elle, avant que son frère ne réintègre la société.
Mais, bien évidemment, Le week-end va se révéler plein d'incertitudes , de questions, refoulées ou non, de trahison. Il sera l'occasion du bilan d'une génération. Qui de ceux qui ont choisi la lutte armée et meurtrière dans les années 70 à 90, ou de ceux qui sont restés plus en retrait ont-ils été les plus floués ? Jörg peut-il encore tenir un discours plein d'anachronismes sur sa lutte ou doit-il accepter d'avoir commis des erreurs ?
Jamais didactique mais plein de réflexions intéressantes, Le week-end est un roman qui creuse au plus profond les failles humaines et nous brosse le portrait de gens qui ont perdu leurs certitudes mais gagné en humanité.
Déniché à la médiathèque, sorti en folio en 2013.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : bernhard schlink
30/10/2013
Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage
"S'il y a bien une chose qui me tape sur le système, c'est de commencer un nouveau chapitre et de m'apercevoir que ce con de narrateur a changé."
Et pourtant, évidemment Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage va user de cet artifice car il met en scène deux personnages principaux:Ethered Tressider, romancier polygraphe, créateur d'un personnage de policier qu'il ne maîtrise plus et son agent, l'encombrante Elsie qui déteste autant la littérature que les écrivains.
Tous deux vont se retrouver à mener une enquête ,chacun de leur côté et parfois ensemble, quand l'ex-femme de Ethelred va avoir la "bonne " idée de se suicider à quelques kilomètres de chez lui dans le véhicule mentionné dans le titre.
Nous avons ici un roman astucieux en diable , bourré d'humour british, où les mots jouent un rôle essentiel .Mais l'auteur ne fait pas le malin, ne prend pas son lecteur pour un imbécile et ne fait pas d'effets de manches. Un pur régal donc !
Déniché à la médiathèque et vient de sortir en poche. à se procurer sans hésitations.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : l.c. tyler, humour british, polar
29/10/2013
le poil de la bête
"Et j'aimais la façon dont tous ces fils se rejoignaient. d'une manière grotesque, mais tout de même. Vous savez, ces nids d'araignée qui naissent sous l'influence de la cocaïne."
L'assassinat à Vienne d'un diplomate norvégien par une tueuse à gages, rien de plus classique pour commencer un roman policier. Mais que cette femme, Anna Gemini, ne quitte jamais son fils handicapé, Carl ,et exige, pour des questions de morale , que chacune de ses victimes s'acquitte elle-même de son paiement, voilà qui l'est nettement moins. Rapidement, les règles du polar vont se trouver bousculées , l'occasion pour Heinrich Steinfest de se jouer de son lecteur, l'entrainant dans un monde où les personnages hauts en couleurs ne sont jamais vraiment ce qu'ils prétendent être et où les chausse-trappes sont légion.
Le lecteur doit prendre le temps de savourer les réflexions souvent iconoclastes de l'auteur (cf la multitude de marque-pages qui font bruisser ce livre), d'accepter que se brouillent les frontières entre les genres, voire , parfois, de se perdre dans les méandres d'une intrigue alambiquée comme dans les rues de l’ancienne capitale de l'Empire austro-hongrois. Mais au final, il en sortira un peu groggy mais suprêmement ravi !
Le poil de la bête, Heinrich Steinfest, traduit de l'allemand (Autriche) par Corinna Gepner, Carnets Nord 2013, 644 pages de pur bonheur !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : heinrich steinfest