20/05/2007
A prendre ou à laisser
Ce premier roman commence comme un conte de fées mais, à la suite
d'un quiproquo,l'eau de rose tourne très vite au vinaigre et la machine
s'emballe.
On se sent à la fois un peu chez Boris Vian et un
peu dans l'univers de M. et Mme Bonhomme (sans que cela soit
péjoratif) tant les personnages apparaissent naïfs (au sens de la
peinture du même nom).
Dans ,(on prends sa respiration) ,N'allez pas croire qu'ailleurs l'herbe soit plus verte...Elle est plus loin et puis c'est tout.
, Murielle Levraud s'est visiblement beaucoup amusée en jouant avec son
lecteur (différant tout en annonçant à moitié des événements,
donnant à ses chapitres des titres complètement loufoques " Si
femme soûle frappe à ta porte, n'ouvre pas, fais la morte",
"Hérisson ? Ecrase!*", ".h l'.mour".
Elle a su créer un univers riche
et personnel mais il est dommage que trop souvent les
personnages semblent s'agiter dans le vide car ils manquent un peu
d'épaisseur . L'histoire en elle même n'a pas grande importance car
c'est plus son aspect folledingue qui séduit ou agace.
J'ai
bien cru dans un premier temps que je n'irai pas jusqu'au bout de ma
lecture mais je me suis laissée séduire par ce monde
fou,fou,fou...
* Celle qui applique ce conseil s'en repentira bien évidemment dans le roman !
06:08 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)
19/05/2007
Un livre dérangeant
Aleille accumule les conneries car "les conneries c'est magique".
Aleille
voit des choses et des gens qui n'existent pas( ou plus ). Aleille se
coltine le réel à travers le prisme de son esprit dérangé mais
parfois très aiguisé.
Aleille nous trouble dans sa vision à la fois si juste et si folle et si détachée...
les
catastrophes s'enchaînenent comme si Aleilel contaminait son entourage,
mais la folie n'est-elle pas présente un peu partout ?
Valérie
Sigward avec ce premier roman, Comme un chien, (publié en 2000), trouve d'emblée
une langue et un ton très justes. Son univers est à la fois rugueux et
très dense.Un texte original et fort .
(A trouver en médiathèque ou d'occasion car il n'est plus donné comme disponible)
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21)
11/05/2007
"Pourquoi sommes-nous si inégalement doués pour la vie"
En lice pour le "livre Inter", La disparition de Richard Taylor , est aussi le premier roman que je lis d'Arnaud Cathrine.
Un
homme quitte sa femme et sa fille, qui vient de naître, et n'apparaît
que par les récits des différentes femmes qui l'auront rencontré, on
n'ose écrire connaître.
Récits croisés donc et qui tissent la
chronologie de cette disparition tout en brossant le portrait de
cet homme et de ces femmes.Les personnages répètent souvent les mêmes phrases, comme s'ils
voulaient se convaincre eux-mêmes de ce qu'ils disent, d'ailleurs une
affirmation aussitôt énoncée est contre-dite par l'action du
personnage, comme si chacun d'eux évoluait dans un monde vacillant.
Bizarement, seule la structure du
livre aura retenu mon attention car je me suis toujours sentie
tenue à distance par ces personnages. Je n'ai éprouvé ni antipathie (et
pourtant la fin qui fait tout basculer dans le tragique la
justifierait amplement) ni compassion pour cet homme et la crise qu'il
traverse en quasi zombie.
Je reste néanmoins curieuse d'approfondir ma connaissance de l'univers de cet auteur.
L'avis de Florinette
06:12 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12)
10/05/2007
Thelma et Louise à la française ?
D'emblée, le ton est donné. A son neveu qui demande où ils se rendent et chez qui, la narratrice répond : Loin, chez personne.
"Personne
"est en fait le père qui a abandonné ses deux filles et chez qui elles
vont se rendre, après vingt ans de silence.
Etrange
road-movie que celui de ces deux soeurs très dissemblables, l'une
flanquée de deux fils, l'un autiste, l'autre qui essaie de voler (comme
Superman? ), qui quelquesfois même se demande si elle
"n'accumule pas les désastres pour qu'à défaut qu'il soit touché par
[elle], il le soit par ce qui [lui] arrive".
Etrange univers quasi
vide qu'elle traverse, croisant de rares humains, dont un hilarant
gérant d'hôtel qui les croit en cavale; étrange objectif que
celui de seulement pouvoir parler à ce père pour qui
"à l'échelle de l'univers on était insignifiants".
Un
roman très court mais très dense ,dont seule la fin est un tantinet
décevante, trop ambiguë, voire imvraisemblable, cassant le rythme et la
fascination de l'univers de Valérie Sigward, une auteure que j'ai envie
de découvrir davantage.
06:04 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11)
09/05/2007
"gourgandine des steppes !"
Après un premier roman très court mais plutôt réussi, j'attendais
avec impatience de lire le deuxième opus de Cypora
Petitjean-Cerf (avec un nom aussi romanesque, comment ne pas
écrire de beaux textes ?! ).
Le corps de Liane
tient toutes ses promesses et nous entraïne cette fois dans un
univers presque exclusivement féminin car dans la famille de la jeune
Liane, les hommes ont une fâcheuse tendance à disparaître
"avec une rapidité incroyable", mais peut être n'est-ce pas
plus mal.
Dans ce gynécée évoluent donc trois générations qui se
cherchent et s'efforcent d'être de bonne mères, car "ça ne tombait pas
tout cuit".
Liane quant à elle voit son corps se transformer à toute
allure et elle en souffre. Il lui faudra donc l'aide de celle qu'elle a
élue comme meilleure amie parce qu'elle avait de plus gros seins
qu'elle, pour vaincre sa manie de faire des listes et sa peur de vomir.
Roselyne, mais aussi Eva, la femme de ménage, ainsi que
les héroïnes du feuilleton "Dallas" aideront Liane à s'accepter femme...
Tout
n'est pas rose cependant dans l'univers de Liane, on y croise aussi des
filles qui ne supportent pas -et à juste titre- leur mère, des
filles qui analysent très lucidement et finement le comportement de leur
génitrice mais chaque personnage évolue grâce aux autre, ce qui donne
une tonalité très chaleureuse à ce roman.
Une mention particulière
au personnage de la grand-mère qui sort des clichés habituels et à
celui de l'insupportable et très précoce Armelle qui
concurrence le capitaine Haddock en lançant à tout un
chacun des bordées de jurons pas piqués des vers (cf le
titre de ce billet).
06:08 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16)
06/05/2007
"Les livres vous suivent et vous hantent"
Les personnages peuvent s'échapper de leur roman (comme chez T.Findley);
Thursday Next, chez Fforde peut à l'inverse entrer dans un roman, voire en changer un
épisode, mais chez Dominique Schneidre et Ce qu'en dit James , ce sont les romanciers qui, dans un entre-deux non précisé, discutent avec la narratrice à grand renfort de citations.
Alice,
soixante-dix ans, a vécu dans une tel compagonnage avec les auteurs,
qu'il est pour elle tout à fait naturel de réciter un poème à
l'électricien releveur de compteur ou de chercher chez James ou
Tolstoï,une solution à ses problèmes pécuniaires.
Elle observe ses
relations avec les livres par le biais de sa mémoire défaillante (mais
il ne faut pas attendre 70 ans pour oublier le contenu d'un livre ou
même le fait de l'avoir lu !) et son appartenance à l'Association pour
le Devoir de Vieillir dans la Plaisanterie est révélatrice de sa
manière d'envisager son vieillissement et sa quasi solitude. Tout la
ramène à la Littérature, "le moinde verre de vodka ouvre toute une
bibliothèque russe", elle connaît tous les problèmes des lecteurs
avides (stockage, rangement ...) et constate que "Toute activité, toute
émotion, tout événement a un double littéraire", ce qui ne peut que
nous séduire...
L'écriture est fluide et élégante. Dominique
Schneidre sait être cultivée sans être cuistre, elle l'art de la
formule (mon exemplaire est tout hérissé de bouts de papier !) et ce
livre témoigne de sa gourmandise des mots et des livres. La
deuxième partie s'essouffle un peu , faute de réelle "intrigue" mais
Alice est si charmante qu'on saura lui pardonner aussi une fin trop
abrupte.
L'avis de Lilly.
Voue en reprendrez bien une tranche ? C'est encore chez Lily !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19)
14/04/2007
"...le privilège d'être partout chez soi comme les rois, les filles et les voleurs"
Pour répondre à la demande de Gambadou, voici quelques précisions concernat le roman de Muriel Cerf, Les rois et les voleurs .
Ce
livre,je l'ai lu et relu quand j'étais adolescente et à partir de lui,
les livres de Muriel cerf m'ont accompagnée pendant pas mal d'années. Je mentirais en prétendant que c'est toujours le cas car les thèmes abordés dans se derniers romans ne me tentent plus guère...
Muriel Cerf a,
dès son entrée dans le monde littéraire, été célébrée ou détestée. Son
style, baroque et châtoyant, utilise un vocabulaire tour à tour
recherché ou familier et ses longues phrase séduisent ou rebutent.
Les rois et les voleurs
met en scène une très jeune fille Lydie et nous raconte avec humour,
tendresse et vacherie son adolescence. Rien que du classique à première
vue mais le style fait toute la différence et l'on caracole à la suite
de Lydie dans le monde "des gens désespérements grisâtres, couleur de
muraille et de punaise écrasée" pour entrer dans celui , plus onirique
, de la révolte et de la liberté, un monde rempli de gourmandise...
06:23 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16)
09/04/2007
"Au secours Mrs Dalloway"
"Si vous avez aimé "j'ai renvoyé Marta", vous aimerez "Au secours
Mrs Dalloway"". Ce commentaire m'a aussitôt lancée sur la trace du
roman de Mary Dollinger "passionnée de civilisation française, [qui]a
poussé l'expérimentation jusqu'à se marier en France où elle survit
depuis 1961...".
Quelques clics plus tard me voilà dans la lecture de ce roman.
Comment
dire, c'est vraiment décevant. Mary Dollinger a un joli brin de plume,
plein d'humour anglais, et dans ses meilleurs moments elle m'a fait
penser à Madeleine Wickam ( au temps où elle écrivait encore ces
comédies de moeurs gentiment acides et où elle n'avait pas encore
pris de pseudo pour écrire à la chaîne la série des
"accro du shopping").
Malheureusement, l'histoire, quasi
inconsistante, s'enlise très vite et l'auteure nous fait patauger dans
l'eau de rose, un registre où elle n'excelle guère.De temps en temps
surnagent quelques îlots d'humour où l'on reprend pied avec plaisir
mais cela ne dure guère. Ses personnages n'existent pas (ne pas
exploiter un mastiff de 92 kilos au potentiel comique
évident est un sacrilège!) et les rebondissements invraisemblalbles ne
parviennent pas à réveiller notre attention.
A un moment,
l'héroïne qui tente d'écrire un roman , s'en prend à une écrivaine qui
,à défaut d'être talentueuse, a du succès et lui déclare tout de go
:"J'admire la façon dont vous vendez des milliers d'exemplaires de
livres dans lesquels il ne se passe absolument rien etdont
les sujets sont d'une débilité profonde". Sans aller jusque là, on ne
peut que regretter que Marie Dollinger n'ait eu un bon éditeur pour
mieux encadrer son roman.
09:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (26)
03/04/2007
"Je priais pour que jamais mon mari ne découvre qui j'étais dans mes plis."
J'ai renvoyé Marta de Nathalie Kuperman est un drôle de petit
roman , un roman malin qui finit avant de commencer et où tout commence
à la fin. Vous me suivez ? Je ne suis pas claire ? Hé bien la
narratrice, jeune femme à la tête d'une famille recomposée non plus.
La
situation paraît bien pliée au départ : l'emploi du femme de ménage va
bouleverser le fonctionnement d'une famille et le roman pourrait
de venir lassant s'il ne basculait tout à coup vers une situation de
plus en plus surprenante et folle...De la comédie de moeurs,
prévisible et bien rôdée, on tombe insensiblement dans une
situation beaucoup plus acide.
Des phrases apparemment anodines vont prendre un nouveau sens et des idiosyncrasies révéler une nouvelle dimension.
Une lecture aisée pour ce roman à l'aspect lisse mais plus vénéneux qu'il n'y paraît...
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)
30/03/2007
Par un prof, pour les profs ?
Bardée d'a priori mais néanmoins titillée par la curiosité, j'ai attendu la sortie en poche d'Entre les murs de François Bégaudeau.
Au
début,j'étais plutôt hérissée , non pas par l'oralisation
(forcément vouée à l'échec comme le reconnaît l'auteur à la fin
de son texte), mais par la brutalité des échanges
verbaux. Il aura fallu le premier "S'il te plaît" pour que je me
détende et apprécie pleinement cet ouvrage.
Séries
heurtées de
scènes croquées sur le vif aux quatre coins stratégiques de cet
établissement scolaire du XIXème arrondissement: salle de classe,
salledes profs, salle deconseils, bureau du directeur. Bégaudeau
prend le parti de nous livrer essentiellement des joutes
verbales,décrivant très peu les personnages, nous livrant parfois des
copies mais nous laissant libres de notre jugement. Il prend le parti
de la répétition (les inscriptions des tee-shirts des élèves (ou
des profs) scandent ainsi le récit) car c'est ainsi que fonctionne
la routine scolaire.
Pourtant,
mine de rien, sans nous en rendre compte, nous nous attachons à tous
ces personnages et nous prenons à regretter de ne pas
savoir ce que sont devenus Aissatou, Sandra,
Hinda, Ming et tous les autres; parce que la définition que
donne Bégaudeau du rugby peut s'appliquer à l'enseignement : "Organiser le chaos pour fabriquer de la puissance , c'est passionnant."
05:59 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)