08/10/2007
"Il ya tant de mots qui se perdent de par le monde"
Et toujours en été , de Maïté Bernard est le récit d'une double construction : celui d'une jeune femme, Ilona, dont le journal scande le roman, et celui d'une famille que la dictature argentine a fait éclater.
Thomas, le père recherché par la police française pour des faits commis en 1976 en Argentine doit fuir la France. Pour cela ses filles, Ilona et Malena, l'accompagnent le long du canal du midi.. C'est l'occasion de reconstituer le puzzle d'un passé douloureux.
Dans un premier temps, j'ai été fort agacée par le comportement puéril d'Ilona qui collectionne les aventures, faute de pouvoir garder celui sur qui elle a jeté son dévolu depuis fort longtemps.Mais petit à petit, sa recherche d'une famille de substitution dans une sorte de "secte", son évolution vers plus de stabilité, de maturité et sa recherche du passé, révélée de manière subtile et parfaitement agencée m'ont séduite.
J'ai retrouvé ici des thèmes déjà rencontrés dans Clarabel
06:18 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8)
24/09/2007
Un univers qui se délite mine de rien...
N'ayant pas une grande passion pour les auteurs français et encore moins pour les couvertures hideuses, il a fallu toute le talent de persuasion de Tamara et de Chiffonnette pour que je me lance dans Le cri de Laurent Graff.
Hé bien,merci les filles !
Jai dévoré ce très court roman que j'ai trouvé tout à la fois désorientant et structuré.
La vie de péagiste ne semble guère passionnante mais le héros de Graff semble totalement s'en accommoder Très rapidement, mais de manière quasi imperceptible, ce monde psychorigide va glisser vers tout autre chose,un univers dont les modifications sont peut être liées au vol du tableau de Munsch, "le cri".
Les personnages tentent de donner un semblant de cadre à leurs vies dans cet univers qui se délite, où "Le temps n'a plus d'aversaires et prospère librement".
Difiicile de résumer sans éventer les surprises ce roman qui oscille sans cesse entre (fausse) banalité et fantastique.
Laurent Graff tient son pari jusqu'au bout gâce à une langue fluide et une structure parfaitement huilée. la fin ne m'a absolument pas déçue mais au contraire donne un tout autre éclairage à l'ensemble du texte.
Me voici prête à poursuivre la découverte de cet auteur !
Plein d'autres blogs ont dû parler de ce roman lors de sa sortie, n'hésitez pas à mettere vos liens !
06:08 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21)
19/09/2007
"Tu ne dois pas mourir , Emma !"
Elisabeth Combres dans La mémoire trouée réussit le pari délicat de nous faire comprendre au plus près des victimes le génocide qui s'est déroulé au Rwanda en avril 94.
S'inspirant de rencontres et de témoignages, l'auteure a su nous faire partager le parcours d'une petite fille ayant échappé au génocide, qui se retouve sans famille et qui , recueillie par une vieille femme Hutu, ne peut avancer dans la vie, freinée qu'elle est par son absence de passé.
La rencontre d'autres personnages eux aussi victimes ,mais de manières différentes ,de cette folie meurtrière organisée l'aideront à remonter vers la lumière .
Avec énormément de délicatesse,sans sombrer dans le pathos, Elisabeth Combres nous offre une approche à la fois sensible et informée du génocide Rwandais.
Un livre nécessaire.
06:50 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14)
14/09/2007
Fantômes
En attendant de recevoir le roman de Maïté Bernard que j'ai commandé,j'ai patienté en empruntant à la médiathèque sonpremier roman, Fantômes.
Après avoir vécu six ans avec Benoît avant de l'épouser, Lisa se retrouve seule le lendemain de ses noces. Aidée par un frère et un ex opportunément dans la police, ainsi que par une fenêtre, opportunément laissée ouverte, elle va remonter la piste de son époux disparu et se rendre compte que le passé, en l'occurence ce qu'on appelait à l'époque "les événements d'Algérie" continuent à avoir des répercussions sur son présent.
Cette quête m' a laissé des sentiments mitigés. Autant j'ai aimé le style de l'auteure et sa manière de revisiter l'histoire de la décolonisation algérienne ,autant j'ai été sérieusement agacée par son héroïne.
Qu'elle soit narcissique , d'accord ,mais qu'elle soit sans cesse en train d'espérer le regard des autres devient à la longue exaspérant. Elle a fortement conscience d'incarner des stéréotypes et d'en jouer pour mieux manipuler ceux qu'elle croise mais cela ne s'arrête jamais. A la fin ,j'en arrivais à croire que Benoît, ce n'était pas le fait que son père soit lié aux troubles algériens des années 60 qui l'avait fait fuir mais l'attitude de son épouse !
Il n'en reste pas moins que l'héroîne a de l'énergie a revendre et que le style pêchu de Maïté Bernard m 'a totalement conquise.
06:31 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)
12/09/2007
Chienne de vie !
Ah, elle n'était pas facile la vie à la campagne pour les chiens , surtout durant la seconde guerre mondiale. Elle n'était pas facile non plus pour le petit Claude,tiraillé entre une mère, qui ressemble plus à celle de Jules Vallès ou à celle de Poil de carotte qu'à une maman affectueuse ,et un père rebuté par la vie aux champs et rebelle à tout embrigadement...
Pris dans le feu de leurs affrontements verbaux,le gamin en était donc réduit prendre le relais et à faire le seul boulot qu'aucun d'eux ne voulait assumer...
Heureusement, il y avait Rita , la chienne bonasse et bonne à rien sauf à adoucir la vie de l'enfant. Les deux étant englobés dans une sorte de fatalisme quant à leur destin: "A la longue tout le monde s'était fait une raison sur elle. On avait capitulé, question amélioration...Sur moi aussi-je grandissais".
La chienne de ma vie est donc le récit d'une amitié entre un chien et un enfant mais aussi le portrait encreux d'une enfance cabossée. Claude Duneton ne nous présente pas un portrait idyllique , il ne nous cache pas la trahison ni l'éloignement, mais son récit plein d'une émotion retenue saura vivre longtemps en nous.
L'avis de Clarabel
06:01 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19)
11/09/2007
"Un homme qui se refuse à la vie"
Loin des romans américains formatés,le premier roman policier de Françoise Guérin, A la vue , à la mort se joue des conventions du genre et fait éclater la structure classique : mise en place, meurtre,enquête.
Quand le récit commence, deux meurtres ont déjà eu lieu mais l'événement le plus important est sans conteste que le Commandant et profileur Lanester, chargé de l'enquête ,est devenu soudainement aveugle.
Cette cécité n'ayant aucune cause pathologique, Lanester va entreprendre, bon gré ,mal gré, une enquête sur lui même en commençant une analyse, tout en poursuivant le meurtrier en série qui a la charmante habitude d'énucléer ses victimes.
Rien de gore dans cette double enquête passionnante où l'on apprend au passage des trucs utilisés par les aveugles ainsi que quelques rudiments d'une technique de combat (ça peut toujours être utile). Autour de Lanester,évolue toute une faune de personnages pittoresques, que paradoxalement, ill n'apprendra à regarder que quand il sera aveugle...
Françoise Guérin écrit de manière fluide et nous fait partager son amour des mots. Elle a su créer un univers et faire exploser les clichés du genre, c'est sans doute pour cela que son livre a remporté le prix du premier roman du festival de Cognac !
Le site de l'auteure
L'avis de Cuné
06:16 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16)
10/09/2007
Ah , mais lis vite !
Amélie donne des cours de français qui se transforment vite en amitié amoureuse...Amélie dévale à toute allure la pente du mont Fuji, possédée par l'esprit de Zarathoustra...Amélie ,devant des invités mutiques ,donne une simili conférence sur les bières belges pour le plus grand bonheur de ses "interlocuteurs"...
Amélie Nothomb nous entraîne à toute allure dans ses aventures japonaises et n'est jamais aussi en forme que quand elle nous parle d'elle, ne nous épargnant ni ses enthousiasmes délirants ni les situations embarrassantes dans lesquelles elle se retrouve."Je jubilais. Non, Yamamba,je n'ai pas l'âme d'une soupe, je suis une vivante et je le prouve, je détale,tu ne sauras jamais comment je suis mauvaise à manger". Amélie jubile et nous aussi.
Ni d'Eve ni d'Adam , dont la majeure partie se situe avant ses hilarantes aventures de Stupeur et tremblements nous relate aussi et surtout comment un jeune Tokyoïte, aussi bizarre quelle mais dans un autre genre ,est tombé amoureux de notre auteure belge préférée ,et l'on se régale oscillant entre le sourire et l'émotion.
Merci à Cuné de m'avoir fait la surprise de me le prêter !
06:23 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (24)
03/09/2007
Au bord du coeur
Le chat dans la gorge , roman, se présente sous la forme de courts chapitres, dûment titrés, et relate la vie d'une famille par le biais des événements , micro-événements ou incidents, qui la frappe.
A première vue , rien que du banal donc, rivalité entre frères qui se règlera de manière subtile, mari volage alors même qu'il a réclamé un petit quatrième à sa femme...
Mais ce quotidien nous est présenté avec une telle économie de moyens (79 pages et pas un mot en trop), une telle sensibilté qu'on en reste chaviré ,en particulier par le tout dernier texte dont je vous laisse la surprise.
Colette Pellissier nous fait partager la vie de ses personnages, adultes et enfants avec la même intensité et l'on partage avec bonheur leurs sentiments les secrets.
Une réussite !
Il reste juste à espérer que ce roman trouvera sa place dans la cohue de la rentrée littéraire.
Merci à Laure de me l'avoir fait découvrir.
L'avis de Clarabel
06:56 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (23)
31/08/2007
Labours sanglants
Avant de devenir un premier roman (policier), Vacances picardes était un feuilleton théâtral lu en scène par son auteur ,Philippe Sturbelle. Soit.
Je me demande bien comment réagissaient les spectateurs face à cette accumulation de meurtres qui surgit sous les pas de Mesclin, citadin en vacances dans la campagne picarde.
D'abord une présentatrice météo qui tombe ,tirée comme un vulgaire lapin,le nez dans les labours puis une vieille un peu dérangée et avec toujours dans les parages Mesclin qui était juste venu faire le point sur sa vie familiale et professionnelle.
Pas vraiment sympathique le Mesclin ,qui a peine a-t-il vu la gendarme Lelièvre, enceinte de 5 mois , est aussitôt assailli d'envies lubriques.Les personnages secondaires sont tous pittoresques mais avec excès et on s'embarque bientôt dans une histoire aussi folle qu'eux (au sens propre du terme,hélas)
Je ne cacherai pas que j'ai "sauté "certains passages qui m'ont paru grotesques et invraisemblables,sans compter une scène sexiste au possible dont on aurait pu faire l'économie et qui n'a aucune logique sauf dans les fantasmes masculins les plus éculés
Le pire peut être est qu'à la fin ,alors qu'on croyait que l'assassin avait été identifié, paf, l'auteur nous fait le coup du rebondissement et ...nous laisse le bec dans l'eau !
Quant à la Picardie, j'espère que cette région ne compte pas sur ce livre pour attirer les touristes ...
Non,décidément,la Picardie,je la préfère nettement telle que nous la présente Bellesahi !
06:58 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14)
30/08/2007
N'est pas Sylvia Plath qui veut
Ce long "poème" d'une centaine de pages portant l'étiquette de roman a été le premier que j'ai lu de la sélection Fnac.
Il
a réussi l'exploit de m'énerver au plus haut point cumulant à mon avis
tous les défauts du premier roman : règlement de compte
égocentrique,l'auteure grattant ses plaies avec une sorte de jubilation
impudique.
Et pourtant, pourtant il y a dans ce texte une
vraie écriture, très travaillée-trop parfois-, avec des
inventions qui seraient intéressantes si elles ne venaient pas
perturber la lecture et établir entre l'oeuvre et le lecteur le rideau de verre dont il est question ici.
Ce roman, placé sous le signe de la poésie et de Sylvia Plath en particulier, me laisse donc perplexe.
Claire Fercak possède un vrai style mais je n'y ai pas adhéré.
07:23 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14)