09/06/2007
Disparition
Françoise Dolto disait que dans une maison il ne peut y avoir de secrets s'il y a des enfants ou des animaux.
Ainsi en est-il dans le roman D'Arnaud Cathrine, Sweet home , au titre évidemment ironique.
Les
faux jumeaux, Lilly et Vincent, plus tard Martin, prennent
tour à tour la parole pour raconter cette famille brisée
par le mensonge et par le suicide de la mère.
Cet acte
résonnera toujours en eux et ils en garderont les séquelles
dans leur difficulté à créer une famille "normale".
Une écriture sèche et précise toute en retenue qui résonne longtemps en nous.
Merci à Clarabel de m'avoir conseillé ce roman pour poursuivre ma découverture de Cathrine.
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08/06/2007
Nuages, merveilleux nuages
Un couturier japonais , au soir de sa vie, embauche une
jeune bibliothécaire, Virginie pour mettre en ordre sa collection de
livres consacrés à la météorologie et en particulier aux nuages.
C'est
l'occasion pour Akiro de nous faire partager sa passion pour le
premiers scientifiques à avoir voulu établir la taxinomie des
nuages.Apparaissent alors des personnages pottoresques qu XIX ème
siècles plus attachants les uns que les autres.
C'est aussi
l'occasion pour le couturier de découvrir que cette passion pour les
nuages n'est pas fortuite mais qu'elle a rapport avec tout un pan
de son passé qu'il avait volontairement occulté...
Quand on médite, il est souvent conseillé de laisser passer les
pensées parasites comme passent les nuages dans le ciel...
Ainsi en est-il d'une certaine façon dans le roman de Stéphane Audeguy, La théorie des nuages, où les personnages semblent glisser sans heurts d'un état à un autre.
Les
ruptures, les séparations, les deuils ne semblent guère les affecter
non par insensibilité, indifférence ou résignation mais par un
certain détachement. Cependant une très grande sensibilté se lit dans
ce premier roman au style très particulier et j'ai hâte de
découvrir le deuxième roman de cet auteur.
Merci à Moustafette de me l'avoir fait découvrir !
La critique de Chiffonnette.
06:08 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)
05/06/2007
Ne Nothomb pas
Pour être franche,je n'aurais pas parlé du roman d'Amélie Nothomb, Acide Sulfurique,
qui vient de sortir en poche , si je n'avais pas entendu jeudi matin
qu'une nouvelle émission de téléréalité allait mettre en scène une
malade ,dont les jours étaient comptés, qui avait décidé de faire don de ses reins et des gens en attente de
greffe.La malade aurait donc tout loisir de choisir qui bénéficierait
ou non de son don d'organe...Heureusement ce n'était qu'une mise en scène (d'un goût plus que douteux) pour alerter sur l'insuffisance des dons d'organes.
Une amie m'a prêté le roman de
Nothomb, que je n'aurais pas lu autrement, n'appréciant cette
auteure que dans ses romans à tendance autobiographique, et mon avis
est resté le même: ses dialogues sans récit ou presque autour,
ses personnages trop caricaturaux ne m'ont pas plu.
Il n'en reste pas moins que la charge est féroce.
Pour
l'instant, le roman de Nothomb mettant en scène un loft-story façon
camp de concentration reste encore excessif mais pour combien de
temps encore...
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17)
01/06/2007
Une bouffée d'air salin
Avec vue sur la mer est un roman d'amour. Le roman d'amour
d'un écrivain, Didier Decoin, et de sa femme (et bientôt de leur petite
famille) pour une maison.
Une maison qu'il leur faudra longtemps guigner, longtemps calfater mais qui deviendra comme une extension d'eux mêmes.
C'est
aussi un roman d'amour avec une région et ses habitants , un roman
d'amour avec la langue, que Chantal, la femme de l'auteur malmène
parfois si joyeusement ("remonte l'autocar" pour "remonte l'édredon" !)
alors qu'elle jongle allègrement avec les noms latins des plantes du
jardin.
Beaucoup de tendresse entre cette femme et celui qui
se baptise lui même "Oncle podgers" car il est doté de deux
mains gauches en matière de bricolage ...
J'avais beaucoup aimé les premiers romans de Didier Decoin (John l'enfer, les trois vies de Babe Ozouf ),
puis j'avais un peu perdu de vue cet auteur, me contentant de
remarquer son nom dans un générique de téléfilm. C'est avec
grand plaisir que j'ai retrouvé son style, aussi goûteux que les
poissons qu'il nous donne envie de savourer. Un petit
plaisir à s'offrir en poche.
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (25)
28/05/2007
La fascination de Virginia
M. Cunningham, dans les Heures mettait en scène les dernières heures de Virginia Woolf ( ce qui ne constituait qu'une partie de son tryptique).
La même année, Laurent Sagalovitsch, publiait La canne de Virginia, fasciné lui aussi par ce "trou noir" (au sens astronomique du terme).
Mêlant
fiction et réalité (citations du journal de la romancière
anglaise), il brosse un portrait de Virginia vue par Léonard, son
mari, et par Louie, l'employée de maison.
Tous deux ne peuvent que constater la souffrance de l'écrivaine que la médecine ne peut soulager.
En
toile de fond, la pluie, les bombes sur la campagne
anglaise où Louie ne veut en aucun cas être enterrée,(
n'envisageant pas de gaieté de coeur de "papoter avec les taupes" !) la
guerre et "pendant que je vous écris quelque part en Pologne, en
Allemagne, des hommes, des femmes, des enfants..."
Quant
à la canne,elle est le seul signe que Virginia a laissé , fichée sur la
rive de l'Ouse où elle est entrée le poches pleines de
cailloux.
L'auteur a su se couler avec aisance dans l'univers de V.
Woolf et se l'approprier, en n'oubliant pas les touches d'humour de
l'écrivaine anglaise (que l'on pouvait en particulier voir ici).
A savourer sans modération.
Ps: Christian, je n'avais pas oublié mais je viens juste de trouver ce roman ,que vous m'aviez conseillé, à la médiathèque !
Pps: Virginia est aussi une des héroïnes d'un autre roman dont Clarabel nous parle ici.
Perso, j'ai nettement moins apprécié cetexte , le trouvant trop "appliqué" à bien vouloir faire...Néanmoins il m'a donné envie de découvrir les amies de Virginia.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21)
22/05/2007
"écorché mon p'tit coeur tout mou". Olivia Ruiz
Des parents,il n'en sera pas beaucoup question. Escamotés par le
destin et par l'auteur qui centre l'attention sur la relation
privilégiée qui s'établit entre un grand-père et son petit-fils,
narrateur du Café de l'Excelsior.
Un univers aussi que ce
café, véritable temple d'un culte qui ne souffre aucune présence
féminine (une touriste égarée y laissera un trophée fort original !),
un temple où se côtoient des personnages bougons et attendrissants.
Pas de pathos cependant et c'est tout en retenue que Philippe Claudel peint l'inéluctable séparation...
Un roman très court (moins de cent pages) mais qui laisse une impression durable.
Merci à Bellesahi de me l'avoir fait découvrir !
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16)
20/05/2007
A prendre ou à laisser
Ce premier roman commence comme un conte de fées mais, à la suite
d'un quiproquo,l'eau de rose tourne très vite au vinaigre et la machine
s'emballe.
On se sent à la fois un peu chez Boris Vian et un
peu dans l'univers de M. et Mme Bonhomme (sans que cela soit
péjoratif) tant les personnages apparaissent naïfs (au sens de la
peinture du même nom).
Dans ,(on prends sa respiration) ,N'allez pas croire qu'ailleurs l'herbe soit plus verte...Elle est plus loin et puis c'est tout.
, Murielle Levraud s'est visiblement beaucoup amusée en jouant avec son
lecteur (différant tout en annonçant à moitié des événements,
donnant à ses chapitres des titres complètement loufoques " Si
femme soûle frappe à ta porte, n'ouvre pas, fais la morte",
"Hérisson ? Ecrase!*", ".h l'.mour".
Elle a su créer un univers riche
et personnel mais il est dommage que trop souvent les
personnages semblent s'agiter dans le vide car ils manquent un peu
d'épaisseur . L'histoire en elle même n'a pas grande importance car
c'est plus son aspect folledingue qui séduit ou agace.
J'ai
bien cru dans un premier temps que je n'irai pas jusqu'au bout de ma
lecture mais je me suis laissée séduire par ce monde
fou,fou,fou...
* Celle qui applique ce conseil s'en repentira bien évidemment dans le roman !
06:08 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)
19/05/2007
Un livre dérangeant
Aleille accumule les conneries car "les conneries c'est magique".
Aleille
voit des choses et des gens qui n'existent pas( ou plus ). Aleille se
coltine le réel à travers le prisme de son esprit dérangé mais
parfois très aiguisé.
Aleille nous trouble dans sa vision à la fois si juste et si folle et si détachée...
les
catastrophes s'enchaînenent comme si Aleilel contaminait son entourage,
mais la folie n'est-elle pas présente un peu partout ?
Valérie
Sigward avec ce premier roman, Comme un chien, (publié en 2000), trouve d'emblée
une langue et un ton très justes. Son univers est à la fois rugueux et
très dense.Un texte original et fort .
(A trouver en médiathèque ou d'occasion car il n'est plus donné comme disponible)
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21)
11/05/2007
"Pourquoi sommes-nous si inégalement doués pour la vie"
En lice pour le "livre Inter", La disparition de Richard Taylor , est aussi le premier roman que je lis d'Arnaud Cathrine.
Un
homme quitte sa femme et sa fille, qui vient de naître, et n'apparaît
que par les récits des différentes femmes qui l'auront rencontré, on
n'ose écrire connaître.
Récits croisés donc et qui tissent la
chronologie de cette disparition tout en brossant le portrait de
cet homme et de ces femmes.Les personnages répètent souvent les mêmes phrases, comme s'ils
voulaient se convaincre eux-mêmes de ce qu'ils disent, d'ailleurs une
affirmation aussitôt énoncée est contre-dite par l'action du
personnage, comme si chacun d'eux évoluait dans un monde vacillant.
Bizarement, seule la structure du
livre aura retenu mon attention car je me suis toujours sentie
tenue à distance par ces personnages. Je n'ai éprouvé ni antipathie (et
pourtant la fin qui fait tout basculer dans le tragique la
justifierait amplement) ni compassion pour cet homme et la crise qu'il
traverse en quasi zombie.
Je reste néanmoins curieuse d'approfondir ma connaissance de l'univers de cet auteur.
L'avis de Florinette
06:12 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12)
10/05/2007
Thelma et Louise à la française ?
D'emblée, le ton est donné. A son neveu qui demande où ils se rendent et chez qui, la narratrice répond : Loin, chez personne.
"Personne
"est en fait le père qui a abandonné ses deux filles et chez qui elles
vont se rendre, après vingt ans de silence.
Etrange
road-movie que celui de ces deux soeurs très dissemblables, l'une
flanquée de deux fils, l'un autiste, l'autre qui essaie de voler (comme
Superman? ), qui quelquesfois même se demande si elle
"n'accumule pas les désastres pour qu'à défaut qu'il soit touché par
[elle], il le soit par ce qui [lui] arrive".
Etrange univers quasi
vide qu'elle traverse, croisant de rares humains, dont un hilarant
gérant d'hôtel qui les croit en cavale; étrange objectif que
celui de seulement pouvoir parler à ce père pour qui
"à l'échelle de l'univers on était insignifiants".
Un
roman très court mais très dense ,dont seule la fin est un tantinet
décevante, trop ambiguë, voire imvraisemblable, cassant le rythme et la
fascination de l'univers de Valérie Sigward, une auteure que j'ai envie
de découvrir davantage.
06:04 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11)