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05/02/2007

Régalons-nous !

Le titre du roman d'Agnès Desarthe, Mangez-moi, fait référence à l'injonction figurant sur un gâteau dans Alice au pays des merveilles, gâteau qui fait changer de taille l'héroïne de L. Carroll.
Comme Alice, Myriam n'arrive pas à trouver la bonne taille pour s'adapter aux situations et elle affirme "...je ne suis pas à la mesure de ce que j'entreprends". 2879295319
Si elle décide d'ouvrir un restaurant, ce n'est pas une success story  qui nous est ici racontée mais l'histoire heurtée et émouvante d 'une femme à la reconquête d'elle même.
Comme la  Betty de Simenon, Myriam a été mise au ban de la société par sa famille. Petit à petit se reconstitue le passé de celle qui refuse la réussite et a une conception bien particulière de l'endroit qu'elle ne réussit pas à appeler "restaurant" et qui symboliquement s'appelle "Chez moi".
La sensualité de la langue s'oppose aux aspects brouillons et maladroits de l'héroïne qui ne cesse de se blesser avant de parvenir à maîtriser ses gestes et son univers, de se réajuster au monde.
Un très beau roman donc dont beaucoup de blogs ont déjà parlé (en bien !) et un merci tout particulier à Clarabel.

31/01/2007

La grande sirène

Vient de sortir en poche (5 euros, tout rond) un livre très mince mais qui, j'en suis sûre, restera longtemps à mijoter dans nos cerveaux: Le musée de la sirène de Cypora Petitjean-Cerf.2757801201
La narratrice vole un jour dans l'aquarium d'un restaurant chinois une sirène. A partir de là, par petites touches d'abord ,puis du tout au tout, , la vie de la jeune Annabelle va être bouleversée . En effet, cette sirène, qui emprunte certains traits à celles évoquées dans L'odyssée ou à celle du conte d'Andersen, va vite s'adapter à sa nouvelle existence, se révélant parfois féroce mais jamais affectueuse.La jeune femme va passer par différentes phases, timidité, repli maladif sur soi puis ouverture aux autres , la sirène jouant à chaque fois le rôle de catalyseur, mais de manière discrète.
Je suis entrée d'emblée dans cette histoire et dans cette écriture précise et lumineuse. On peut envisager ce roman comme une fable, libre à chacun d'envisager la sirène comme une métaphore de ce qu'il voudra , mais sous une apparence légère, ce roman laisse une empreinte durable...

La critique de Clarabel

22/01/2007

la vieille dame pas si digne que cela

En refermant le roman de Michel Arrivé, Une très vieille petite fille, j'ai repensé à ce qu'une de mes amies du yoga nous avait dit tout à l'heure: "On est adulte quand on ne recherche plus l'approbation des autres", citation de Jacques Salomé .9782876734470
Hé bien c'est exactement ça, la très vieille dame qu'est Geneviève recherche l'immortalité mais elle se retrouve coincée entre l'obeissance à deux consignes contradictoires : écrire chaque jour, comme son défunt père le lui avait enjoint ou désécrire comme le lui conseille fortement sa professeure de graphologie et d'astrologie transcendantale.
Finalement , elle obéit à sa professeure et commence à détruire partiellement ou pas ses journaux. C'est pour nous l'occasion de revenir sur  le passé de Geneviève et de la découvrir fille obéissante mais peut être pas si soumise que cela...Mais bon, les apparences sont sauves et l'on glisse avec légèreté sur les passages les plus amoraux.
Manipulée par son entourage mais elle aussi manipulatrice, Geneviève va finalement secouer le joug et peut être devenir adulte ...
Ce roman est étrange, rien n'est dit clairement , tout est suggéré par petites touches et l'on se prend à s'attacher à cette vieille dame en apparence si soumise..

La critique de Cuné

05/01/2007

Ames sensibles, ne pas s'abstenir !

Le premier roman de Barbara Constantine (la fille de celui qui chantait "Cigarettes et ouisky et p'tites pépées") débute en nous faisant le coup du grand-père bourru mais au coeur d'or. Mouais...Heureusement y le chat Bastos que le vieux veut allumer d'où le titre :Allumer le chat, (mais rassurons tout de suite les mérotes à chats, il n' y parviendra  pas), Bastos donc qui commente l'action et accessoirement est un fan des films de Mocky. Vous suivez toujours ? Vaut mieux parce qu'àprès l'action s'emballe, ça fonce à toute allure, les péripéties se carambolent , l'auteure en profite pour zigouiller au passage tous les gros cons (je me lâche mais c'est parce que je suis contaminée par le style du bouquin: "rustique et sauvage", comme les recettes de Marie Rose (Salade de vers.Très léger , pour les appétits d'oiseau". )9782702137567
Ce bouquin ne fait pas dans la dentelle, le style oralisé est parfois lourd à digérer mais on sent une véritable jubilation de l 'auteur qui, mine de rien, effleure au passage des thèmes graves: la maternité, les  relations entre parents et enfants...Elle dynamite les faux-semblants (ah la scène où les parents d'un gros con font exploser des tonnes d'hypocrisie !), on sort de là ébouriffé, sonné mais souriant !

La critique de Cuné (nettement moins souriante ! )

08/12/2006

Quint, le prolifique

Michel Quint avait écrit beaucoup de romans policiers avant de connaître le succès avec ses Effroyables jardins , adapté ensuite au cinéma. Depuis, le démon de l'écriture ne semble pas le lâcher et mine de rien, il vide nos porte-monnaie ...
Comme souvent dans Corps de ballet , l'action se déroule à Lille, ce qui est bien confortable quand on habite la région, pour se représenter les lieux mais ici, même les lecteurs non Ch'tis pourront évoluer dans le décor sans souci, gâce aux très belles photographies de Cyrilel Derouineau qui ont donné naissance au texte . En effet, inversant la proposition des éditions Estuaire, Quint est parti des photos pour bâtir son histoire.
Le personnage central, maria,  est une ancienne ballerine au corps trop voluptueux et qui, devenue femme de ménage , évolue dans le vieux lLille entre ses différents patrons et ses amis. Tout ce petit monde pittoresque va bientôt voler en éclats car un professeur d'histoire trop curieux et amoureux va vouloir percer le secret de Maria... Des danses macabres vont réapparaître et briser ce bel ordonnancement .9782874430176
Comme le dit un des personnages, "Pour être humain, il faut supporter l'inhumain"...Même si Quint convoque des épisodes extrêmement inhumains justement de l'Histoire qui vont se rejoindre par l'intermédiaire de Maria, ce qui ressort de ce roman c'est précisément  la très grande humanité de ce texte que j'ai lu d'une traite, tant j'ai été emportée par le style vivant et charnel de Quint.

Ps: la critique de Clarabel

24/11/2006

On entendrait rire la poussière ...

Rendue complètement "hors de toute réalité" par la mort de son époux, l'héroïne de J'ai nom silence a perdu tout ce qui la rattachait à la société: domicile et relations avec les autres.Même les mots lui font défaut. Les mots qu'elle aimait lire et polir puisqu'elle était poète .9782070307647
Elle va connaître un temps "la vie de la rue" avant de se réfugier à la campagne dans une maison rattachée à son mari.Là, elle va construire son "nid", bataillant avec les  plantes et apprivoisant la nature et les souvenirs d'enfance du père de son enfant. Seule lueur  en effet dans cette anesthésie des sens et des pensées, sa fille de 5 ans provisoirement confiée à une institution.
Bon là, je sais, tout semble désespérant , mais pas du tout. On sent la narratrice  âpre et écorchée mais portée par une vitalité presque animale (voir la scène avec le notaire peu scrupuleux...) dans son désir de récupérer sa fille et c'est ce qui va la sauver.
Isabelle jarry décrit avec précision notre société de consommation inhumaine et stérile, elle revendique avec force une place pour l'art . Sa langue est âpre et précise, d'une grande limpidité.
Un roman court, magnifique et sorti en format poche et vous n'avez pas encore noté ses références ? Je ne vous crois pas  ! :)

La critique de Clarabel

23/11/2006

Le sac des filles

Camille l'a chanté, on peut en voir le contenu ici et aussi dans le livre de Marie Desplechin qui vient de sortir en poche :Le sac à main.9782757801741
L'auteure consacre donc un texte à chacun des éléments clasiques ou incongrus constituant le contenu du sac de son héroïne mais , bien qu'adorant les sacs  , je n'ai pas été convaincue.  Encore moins par la fin qui me paraît fort peu originale et quelque peu télescopée....
Laissons donc le mot de la fin à Alexandre Vialatte: "Le sac à main contient de tout, plus un bas de rechange, des ballerines pour conduire, un parapluie Tom Pouce, le noir, le vert et la poudre compacte, une petite lampe pour fouiller dans le sac, des choses qui brillent parce qu'elles sont dorées, un capuchon en plastique transparent et la lettre qu'on cherchait partout depuis trois semaines. Il y aussi , sous un mouchoir, une grosse paire de souliers de montagne. On ne s'expliquerait pas autrement la dimension des sacs à main." in Dernières nouvelles de l'homme

11/11/2006

J'aurais aimé aimer...

Dans France récit d'une enfance Zahia Rahmani, née en Algérie en 1962 , croise les récits de sa mère et les siens.
La 4ème de couverture de ce livre paru aux éditions Sabine Wespiesser , l'émission de radio où l'auteure avait parlé avec sensibilité de son enfance française, de ses relations difficiles avec un père harki , de son accès à la culture comme libération, tout cela m'avait donné envie de lire ce récit.9782848050454
Déception. Je suis restée totalement extérieure au livre qui alterne phrases courtes et simples, et longues envolée lyriques. Pire encore, Zahia Rahmani n'a jamais réussi à me toucher et je suis restée totalement hermétique à ses reflexions sociologiques, empêtrée que j'étais dans ses métaphore imcompréhensibles. Le temps m'a paru long et il m'a fallu tenir bon pour venir à bout de ce récit qui avait pourtanttout pour me plaire.

25/09/2006

chick List ?

Tania de Montaigne, on a pu l'apercevoir à la télé aux côtés du regretté Bernard Rapp, ou aux côtés de Michel Field . On a aussi pu l'entendre à la radio ou son rire inimitable nous mettait le coeur en joie. Tania écrit aussi des bouquins rigolos (souvent) et faciles à lire (toujours).9782845880207
J'avais beaucoup aimé Patch (et pas seulement parce que sur la couverture y avait un bulldog anglais), c'est donc avec un plaisir anticipé que je me suis lancée dans Tokyo c'est loin.
L'héroïne vient d'être quittée comme ,nous l'informe la 4 ème de couverture ,une femme l'est dans le monde toutes les trois minutes. C'est pas gai comme info . Et les hommes , ils sont quittés toutes les combien de minutes ? Mais bon, ce n'est pas vraiment le sujet du livre, juste le point de départ de l'héroïne qui va aller à la recherche de souvenirs de son père jusqu'au Japon car son père était un champion d'art martial.
L'intrigue, s'il y en a une , n'est guère passionnante, même si Tania nous régale de "morceaux de bravoure" qui font sourire (comment dormir quand on est une géante comparée au gabarit japonais, dans un de ces hôtels capsules, ou bien la malédictions des Péruviens et de leur flûte de pan que l'héroïne entend à peine sortie  du train au Japon...).9782080689108
La narratrice est dépressive et on n'est pas loin de le devenir aussi car même si Tania de Montaigne est très sympathique, qu'elle nous régale de notations fort justes sur les a priori pleins de bons sentiments sur l'équation Noire + Banlieue = jeunesse en difficulté, qu'elle aun style plein d'allant, il lui faut trouver une intrigue digne de ce nom pour nous satisfaire totalement.
Tokyo c'est loin, Tania, mais tu y es presque ! A bientôt !

19/07/2006

treizième message

mariedeplechinJe ne suis pas superstitieuse mais là, je commence à douter du chiffre treize, car c'est la quatrième fois que j'essaie de vous parler de La photo De Marie Desplechin. (Un petit clin d'oeil à Delphine grâce à qui je sais maintenant insérer un lien dans une note, c'est vraiment gentil de m'avoir aidée !).Pendant que j'y pense, il existe dans la série Mon écrivain préféré que l'on trouve parfois gratuitement chez les libraires ou dans les médiathèques un volume consacré à Marie Desplechin où l'on voit que la personne est aussi attachante que ses livres. Pour briser la "malédiction du 13", je stoppe là pour ce matin, on verra si j'arriverai à développer La photo
cet après-midi.