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21/12/2007

Un effondrement

Ecrire sur la dépression ,c'est écrire sur le fil du rasoir : ne pas tomber dans l'auto-apitoiement tout en arrivant  à faire partager aux lecteurs ce que l'on a vécu (je doute qu'on puisse écrire sur ce thème sans l'avoir approché au plus près).11jn5iRbqDL
Ghislaine Dunant ,en évitant le second écueil typique , "Regardez comme je suis plus fort(e)maintenant",n'exhibe pas cet effondrement comme d'aucuns leur douleur. Elle y revient, presque de manière clinique, presque comme si elle parlait d'une autre et cette autre c'est elle même, mais il y a longtemps déjà...
On frémit, en lisant que dans les années 70 on pratiquait encore en france les électro-chocs,on a envie de secouer ses soignants qui ne parlent pas ou presquepas aux malades, qui n'expliquent rien du traitement subi par les patients.
Une écriture qui, parfois,  m'a rappelé celle de Duras. Une écriture au plus près de cet engourdissement provoqué par les médicaments, une recherche mais "Comment pouvais-je dire au médecin que j'avais perdu quelque chose, il me manquait quelque chose pour faire tout ça et je ne savais pas ce que c'était? ".
Un livre qui nous entraîne avec lui et que je n'ai pas su lire d'une traite, éprouvant le besoin de "bouffées d'oxygène". Une écriture très belle  comme assourdie.

L'avis de Cuné que je remercie encore pour cet envoi.

19/12/2007

"les enfants sont formidables"J.martin

Pour une fois,  Christophe n'est pas parti en vacances en famille. Au fil des lettres que lui envoie son petit frère , nous découvrirons, en creux,  les raisons de cet exil involontaire.
Portrait épistolaire à une seule voix, Les lettres de mon petit frère aborde avec délicatesse un sujet encore délicat : "A mon avis, la  faute grave, c'est quand cette idiote de Sylvie est allée lui raconter qu'elle vous avait vus, toi et Florian , en train de vous embrasser sur la bouche." Et d'ajouter"Bon,  Si on n'a plus le droit d'embrasser ses copains où  on veut autant aller en prison tout de suite."  réaction plus naturelle  et rafraîchissante, y a pas.41CD6ZKZPSL
En attendant, les vacances sans Christophe tournent au fiasco : maman rate ses coquillettes, papa fait chavirer le  bâteau car il ne sait pas  naviguer sans son fils  aîné,  sans compter le  estivants qui détruisent le mur séparant la plage de la maison louée et qui engagent une lutte sans merci contre les parents, bien décidés à défendre leur territoire,  fût-ce au prix d'ordures qui remplissent le jardin.  Chacun interprétera comme bon lui semble ces symboles...
Les parents et les enfants somatisent à qui mieux mieux et surtout cet exil forcé empêche Christophe de tenir sa promesse: être là  quand son petit frère tombe amoureux...
Heureusement , tout rentrera dans l'ordre,(demanière un peu trop iédéalisée mais bon ) et chacun retrouvera la sérénité.
Un petit livre (par la taille ), tout en sensibilité et qui montre que souvent les enfants sont plus tolérants que les adultes... Un gros coup  de coeur !

L'avis de In cold blog

18/12/2007

Le cognac, ça rap !

Prenez un avocat, Christophe Leibowitz,  exerçant depuis bientôt 20 ans, un peu (désab)usé, mais, au fond, aimant follement la faune bigarrée qu'il côtoie et défend. Son humour vachard n'épargne personne ,y compris lui même.21d3KB78LkL
Trop souvent imbibé, il doit se soumettre à une mise à l'épreuve et trouve bien évidemment un moyen original de "contourner" la thérapie : l'envoi de missives à son thérapeute, missives déjantées où  se donnent à lire  autant des fantasmes "fabriqués" pour plaire au psy que ses idées les plus folles.
Le destin, bon prince, vient mettre du piquant dans sa morne existence de défenseur de petits dealers en le faisant hériter... d'une marque de cognac! Aussitôt son imagination s'emballe :  il veut unir l'univers traditionnel  du cognac charentais et celui blingueballant des rapeurs-dealers. Usant de ses " relations",  il trouve bientôt un rapeur doué qui lui écrit aussitôt un texte prônant cyniquement l'accession à la richesse par le deal et par la même occasion vantant le cognac de Leibowitz rebaptisé Ground XO. Et là, la machine s'emballe...
L'auteure,Hannelore Cayre, elle même avocate, possède un style  très visuel et qui fait mouche. Le récit avance tambour battant mais se termine un peu brusquement, seule  restriction que j'émettrai concernant ce roman que j'ai dévoré d'une traite, le sourire aux lèvres.
Ce roman étant le troisième d'une série mettant en scène le  joyeusement cynique Leibowitz, il ne me reste plus qu'à dévorer les précédents ! (déjà sur ma PAL Toiles de maître)
De quoi passer un bon moment.

13/12/2007

3,141592653589793238462643383279502884197169399375

Dans La mémoire fantôme , de  Frank Thilliez, c'est avec plaisir que nous retrouvons le personnage de Lucie Hennebelle, promue lieutenant à la brigade criminelle de Lille depuis l'affaire de La  chambre des morts.
La jeune mère de famille , toujours solitaire, est encore tiraillée entre son instinct de flic, elle est consciente  d'être un "prédateur", et son amour pour ses adorables jumelles.
Va faire irruption dan sa vie,une jeune femme, Manon, "prisonnière de l'instant" car ses troubles de la mémoire font qu'elle oublie aussitôt ce qu'elle vient de vivre."Tu n'es même pas capable de te rappeler ce que tu viens d emanger! N'importe qui peut te rouler dans la farine et toi, tu prétends lutter contre une boucher qui a massacré sept personnes  et qui joue avec la police depuis quatre ans  "? Ainsi, Frédéric ,le frère de Manon résume-t-il la situation. En effet, le Professeur, qui a assassiné leur soeur aînée , vient de faire sa réapparition et Manon est bien décidée à entraîner Lucie Hennebelle dans sa quête...51RL_XAqx1L
La lieutenant va rapidement s'attacher à la jeune femme et devra affronter un assassin "fortiche en mathématiques", tout en se débattant avec son propre passé qui sera enfin élucidé.
La dimension mathématique -le nombre Pi se déroule tout en haut des pages-, les énigmes qui sont proposées à la sagacité du lecteur, les informations concernant les différents types de  mémoire, toujours intéressantes sans être lassantes, confèrent à ce roman un aspect moins glauque que dans "la chambre des morts". FrankThilliez a toujours une imagination aussi fertile, et même si les personnages évoluent parfois dans "un  décor que même le plus tordu  des romanciers n'aurait pu imaginer", même si les tortures sont au rendez-vous, sans jamais de voyeurisme heureusement,  l'intrigue est haletante de bout en bout et j'ai été happée par ce roman qui se déroule entre le Nord et la Bretagne, une véritable plongée dans les ténèbres car de l'aveu même du romancier  "jamais le soleil n'éclaire le ciel".
Une réussite !
l'avis de Clarabel

Le site de l'auteur
 

11/12/2007

Une oasis de tendresse

41p6SLN_rbLApparemment il ne se passe pas grand chose dans la vie des propriétaires , des employés et des clients de ce café d'Asnières. Et pourtant, Pierrot, dit Pierrounet, 53 ans, serveur depuis toujours ou presque, porte un regard à la fois juste et plein d'empathie sur les gens qui l'entourent. Son existence est bien réglée, il pourrait ne s'occuper que de lui, il a si peu de vie en dehors du travail , mais non, il écoute les autres, il les accompagne mine de rien et c'est déjà beaucoup.Pierrounet observe beaucoup, mine de rien "3il savait mettre de l'ambiance et s'attacher les  clients,  même  s'il n'est pas doué pour la  fidélité, moi je dis ça comme ça."
Dominique Fabre choisit de nous révéler petit à petit ces vies minuscules et attachantes dans son court roman La serveuse était nouvelle , et grâce à lui, nous porterons peut être un peu plus d'attention à celui ou celle qui nous apportera notre prochaine consommation.
Une bouffée d'oxygène .

L'avis moins enthousiaste de Clarabel.

28/11/2007

La championne du monde de la non-histoire d'amour

Toujours fâchée ,Aurore a été exilée chez ses grands-parents, le temps de laisser souffler sa famille et le temps de se métamorphoser au point de s'étonner elle même. 214WbKuKmQL
L'ado ronchon et drôle (parce que chez  les autres...) se juge "Nulle  désagréable et fainéante" mais  constate que "mes amies me préfèrent en limace. Mon avenir est dans les choux".
Marie Desplechin mêne les trois premiers quarts  de son livre à  un rythme  effréné et les phrases drôles jalonnent le parcours de  la transformation d'Aurore. Cela s'essouffle  un peu ensuite mais  les réflexions  de  notre  ronchon préférée (ches les autresn j'insiste lourdement) nous mettent le sourire aux lèvres. En prime nous assiterons même à une sorte de miracle mais je n'en dis pas plus. A lire en cas de morosité tenace, des chocolats à portée de main.

lecture tandem avec Chiffonnette !

PS:Bizarrement, je viens de demander à mes élèves (tous des garçons de plus de 16 ans) de brosser leur autoportrait, à de rares exceptions près, tous se trouvent beaux et agréables à vivre, beaucoup affirment plaire aux filles. Je ne m'étais pas rendue compte de la chance que j'avais ! :))  mais bon, je  ne suis plus une fille et ce depuis longtemps, heureusement !

27/11/2007

Emue par les mues

41W0ESA9TZLPoursuivant ma découverte de la collection "les mues" chez Intervista, c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai  dévoré d'une traite Le syndrome Godzilla , de Fabrice Colin.
Deux couples père-fils au centre de ce court mais dense roman . Celui de Daniel que son biologiste de père  emmène autour du monde, au fil de ses mutations. Daniel qui manifeste un apparent détachement vis à vis  de ces arrachements successifs mais va s'attacher à faire  la connaissance d'un "monstre" assis sur un banc, la tête recouverte d'un sac en papier. Par l'intermédiaire de Godzilla, le monstre-héros de cinéma , un lien va s'établir entre ces deux jeunes gens qui ont en commun le fait d'être orphelin de mère. D'abord silencieux, celui qui s'identifie à Godzilla va raconter son étrange histoire à Daniel. Une histoire d'amour/haine avec un père producteur de cinéma qui l'emmènera au Japon, autre point commun entre les jeunes gens.
L'univers de Fabrice Colin flirte avec l'onirisme et ne dissimule rien de la violence du monde, de la violence des êtres en devenir : "Maintenant j'étais un monstre en devenir. je voulais que ma mère meure et qu'elle en fasse rien d'autre.Je voulais tuer ses amants  Je voulais détruire le  monde". Cette violence qu'ils vont même jusqu'à retourner contre eux, faute de pouvoir exprimer leur souffrance autrement.
Un roman fort et puissant.

L'avis de la tentatrice Lily

15/11/2007

Coup au coeur/coup de coeur

Pour peu qu'il ait lu ait lu ce livre9782743616205


(et pourquoi pas celui-ci),
9781905460250
le lecteur sera intrigué par le titre du roman d'Alice de Ponchevielle :Calamity Jane avait deux filles. Mais il faudra la fin du livre pour qu'il prenne toute sa dimension.9782211084031
En effet, pas d'effet de manche ou de roulement de tambour dans ce roman qui avance à petits pas, pour mieux nous laisser le loisir de faire connaissance avec les deux soeurs , Elise et Rose, deux très jeunes filles aux prises avec une réalité qui les dépasse souvent , quasi laissées à elle mêmes,dans un monde violent où "manquait des valeurs féminines" .
Mais plus que les révoltes de banlieues ,qui servent de toile de fond et ne les concernent qu'indirectement, par ricochet, c'est la fragilité des êtres que nous montre l'auteure.Ces êtres qu'une trop grande douleur ou une accumulation d'accidents de la vie peut faire sombrer...
Adultes ou adolescents,ils prennent le monde à bras le corps ou se laissent parfois couler, oscillant au bord du vide, les plus courageux n'étant pas forcément ceux dont on pourrait légitimement attendre le soutien.
Deux très beaux portraits de jeunes filles  que l'on découvre progressivement,adhérant totalement au rythme de l'auteure, tout en délicatesse.
Alice de Poncheville n'édulcore pas la réalité,tout en évitant tout apitoiement sur ses personnages. On a parfois le coeur serré mais elle  refuse toute solution de facilité aux deux soeurs car "Il  y a des choses que  l'on ne doit faire que lorsqu'on a épuisé toutes les autres possibilités".
Et comme le dit Elise,la  plus jeune, " Je peux faire face à beaucoup de  choses.  je suis petite mais peut être que je comprends les gens mieux que toi".
Un très beau livre sur les liens entre soeurs et un portrait en creux des liens mère/fille qui sort vraiment de l'ordinaire.
Je ne révèle volontairement rien de précis sur l'histoire pour mieux vous laisser le plaisir d'avancer de découverte en découverte.
Un livre comme j'en ai rarement lu, tout en émotion retenue et en sensibilité. Des personnages qui resteront longtemps dans mon coeur.Un livre que toute bibliothèque se doit de contenir et une auteure dont je vais essayer de trouver vite d'autres ouvrages.

09/11/2007

Sa vie c'est des montagnes russes

J'ai beaucoup hésité avant d'acheter Darling  de Jean Teulé  qui,  à l'occasion de la sortie du film, vient de ressortir en poche. La  couverture avait tout pour me plaire et j'éprouve beaucoup de sympathie pour l'auteur mais franchement, je craignais le pire surtout que Darling existe réellement, qu'elle est allée trouver Jean Teulé  pour lui raconter sa vie. Une vie cabossée, une vie où les moments de bonheur ou d'éclaircie sont tellement rares qu'on se demande comment elle fait, Darling, pour se relever et continuer malgré tout.9782266178372
Et puis, on embarque dans l'histoire de cette femme pas aimée par ses parents, des paysans qui lui préfèrent ses frères, qui rêve d'épouser un routier, qui symbolise pour elle la liberté et l'aventure.
Elle  réalisera son rêve mais dès le mariage tout vire au cauchemar et elle  se laisse entraîner dans une spirale avilissante, jusqu'à  ce qu'elle touche le fond et trouve la force  de rebondir.
Je mentirais en disant que j''ai lu ce roman d'une traite, on a besoin de respirer entre deux, de se remettre, car on est estomaqué devant ce qui est raconté.
On est estomaqué aussi par le talent de jean Teulé , dont l'écriture souvent poétique ne sombre jamais dans le misérabilisme.Il la houspille Darling, mais on sent toute l'humanité dont il fait preuve en l'écoutant et en nous racontant cette histoire.

Ps: finalement , ce qui m'a décidée à lire ce livre, c'est une interview de l'actrice principale du film : Marina Foïs...

31/10/2007

Ne dors pas, je le veux !

"Un instant, il envisagea la confrontation à huis-clos d'une flic séductrice,d'une thérapeute marseillaise et d'un artiste déséquilibré. Il  eut envie de rebrousser chemin." Pas nous car le premier volume de "la pyramide mentale" de Thierry Serfaty, La nuit interdite est une réussite. Elle met en place les personnages dont la  psychologie sera approfondie dans Peur et encore une fois , l'auteur  se joue de nous, nous manipule avec brio tout en nous livrant plein d'informations sur le sommeil, base de cette pyramide mentale.9782253120414
Pas une minute,je n'ai soupçonné qui était le coupable et d'ailleurs à la fin du livre tous les mystères ne sont pas éclaircis...

ps:Il aurait évidemment mieux valu commencer par celui-ci mais même en ayant lu Peur en premier,je  n'avais pas toutes les clés pour comprendre, c'est dire si l'auteur est retors !