10/03/2009
Schtroumph grognon, le retour...#1
Après avoir adoré l'usure des jours (billet ici) je me suis précipitée sur un roman réédité car indisponible depuis longtemps et présenté comme étant"l'édition définitive",à savoir La démangeaison.
Las , j'aurais mieux fait de m'abstenir car je suis restée totalement en dehors de cette histoire d'une femme victime d'une maladie chronique et sans cause qui la force à se gratter jour et nuit tout le corps sans relâche. La 4 ème couverture annonçait que le lecteur ne pourrait s'empêcher de terminer sa lecture " en se frottant l'avant-bras, la paume, la joue." mais rien. De marbre je suis restée alors que Pars vite et reviens tard de Fred Vargas, m'avait obligée à prendre dade-dare une douche, persuadée que j'étais d'être dévorée par des puces.
Trêve de plaisanterie, je n'ai retrouvé ici ni l'intensité, ni le style du dernier texte de Lorette Nobécourt et les récriminations violentes de la narratrice quant au manque d'amour et d'attentions dont elle aurait souffert enfant m'ont plutôt fait soupiré. J'ai cherché en vain une structure, les répétitions du mot "couenne" pour désigner sa peau m'ont vite lassée et j'ai refermé ce roman abasourdie par cette violence verbale mais aussi déçue.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : la démangeaison, lorette nobécourt
05/03/2009
"Le margouillat qui connaît tous les secrets d'une concession finit par devenir trop bavard."
Dans un pays africain imaginaire (sorte de condensé de différents régimes et de leurs modes particuliers de fonctionnement), le secrétaire nationale du parti unique est la victime d'un attentat. l'inspecteur Colombo et son adjoint Sheriff se lancent aussitôt dans une enquête qui brasse joyeusement polititiens vérexs, prostituées, clandestins exploités dans une mine de diamants officiellement fermée, sans oublier un noce de Blancs usés par le soleil africain et quelques crocodiles affamés...
ça tire dans tous les coins, ça explose, ça tabasse allègrement, on pense parfois à "Fantasia chez les ploucs", tandis que Colombo, en digne émule de son homonyme, affronte avec panache les puissants qui tentent de se mettre en travers du chemin de la vérité.
Sous couvert d'une comédie déjantée,Alain Brezault nous convie avec sa Noce chez les blancs cassés à un portrait haut en couleurs et plein de verve de l'Afrique des années 80. J'y ai retrouvé avec plaisir le vocabulaire et la syntaxe si particuliers du français d'Afrique et je me suis régalée avec un récit qui ne s'embarrasse pas de psychologie mais où les péripéties se succèdent à un train d'enfer!
Alain Brezault, la noce des Blancs cassés.Fayard noir, 266 pages trépidantes !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : la noce des blancs cassés, alain brezault, humour, afrique rime avec fric
03/03/2009
"Un piège de verre"
Une résidence au soleil, protection absolue et sécurité garantie ,réservée aux seniors : le paradis pour Martial et Odette.
Même si "Les conviviales" (quel beau nom emblématique!) tardent à se remplir, l'arrivée de trois nouveaux voisins va vite rendre l'atmosphère électrique...
Pascal Garnier, avec une joyeuse férocité, se livre à un vrai jeu de massacre, fustigeant au passage tous les travers de notre époque (jeunisme forcené, peur de l'étrange étranger...). Mais pour autant ses personnages ne sont pas des fantoches ou des symboles empesés, ils ont en arrière-plan souvent une fêlure, voire un gouffre, et pataugent un peu devant ce temps à la fois immense et restreint qui leur est dévolu et qui ne peut déboucher que sur la mort.
Pas de côté artificiel ou démonstratif mais une galerie de personnages réjouissants, un peu nous dans quelques années peut être...
Merci au Dr Val pour sa prescription et son envoi !
Lune captive dans un oeil mort (titre peu engageant !), Pascal garnier, Zulma éditions, 157 pages jubilatoires
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : pascal garnier, lune captive dans un oeil mort
02/03/2009
"Les erreurs sont trompeuses."
"Le lendemain, devant la glace de la salle de bains, il y avait Solange , et il y avait une bosse. Et l'une des deux n'était pas fière."
Si ces phrases ne vous ont pas arraché ne serait-ce que l'embryon d'un sourire, ce livre n'est pas pour vous. Et ce serait dommage car vous ne feriez pas la connaissance des habitant de La Garde, petit hameau qui abrite un vaste échantillon d'habitants à la fois tendres et loufoques, animés par des sentiments pas toujours avouables mais au demeurant fort sympathiques. Le genre à débarquer chez vous à six heures trente du matin parce qu'il leur manque du café pour leur pique-nique, ce qui engendrera une amitié à la vie à la mort entre Brune-Olive et Solange , ou à séquestrer, pour son bien, bien sûr, une fée du ménage et de la cuisine...
Murielle Levraud aime les mots, elle les caresse dans le sens du poil,et ils se laissent faire en ronronnant de plaisir, elle feint de les suivre à la trace, au gré de leur fantaisie, mais arrive toujours à retomber sur ses pieds entre un salto arrière et une pirouette en Absurdie. Plus maîtrisé que dans son précédent roman,son récit n'en acquiert que plus de force car ils sont fort attachants, chacun dans leur genre, ses personnages ! mention spéciale aux enfants inventeurs d'araignées !
Un grand merci à Cuné pour l'envoi !
L'avis de Clarabel.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : le soir autour des maisons, murielle levraud, bienvenue en absurdie !
24/02/2009
Sans doute n'ai-je pas le pied marin...
En 1761, L'Utile, qui transportait une cargaison clandestine d'esclaves, fait naufrage sur une île inhospitalière . La cohabitation s'organise jusqu'à ce qu'un bateau soit construit. Faute de place ,on laisse les esclaves . On ne reviendra les chercher que quinze ans plus tard...
Parce que lire doit être un plaisir , parce que je ne supporte pas d'être freinée, frustrée dans mon élan de lectrice, j'abandonne au tiers la lecture des Naufragés de l'île Tromelin.
N'est pas en cause ici le style d'Irène Frain , tour à tour poétique et précis, même si j'avoue avoir été gênée par la cohabitation de mots désuets et de tournures plus modernes (voire familières) , "dégoisant" voisine ainsi sur la même page avec "un petit coup de pompe". Non ce qui a vraiment cassé mon élan , après une début très lent mais nécessaire pour bien mettre en place le décor de cette île si particulière , marquée par la cruauté et l'acharnement, est cette irruption du réel et des documents historiques auxquels l'auteure se réfère. Que ce texte soit basé sur une enquête minutieuse, je l'ai admis une fois pour toute et je n'ai pas envie qu'on vienne me mettre les preuves sous le nez; le travail de déduction , savoir quels indices mènent à découvrir l'identité de l'auteur anonyme d'un des rares documents concernant ce naufrage, ne m'intéresse pas outre mesure , j'ai plutôt envie de découvrir le récit de cette incroyable aventure, sans cesse différé.
Irène Frain. les naufragés de l'île Tromelin. Michel Lafon.372 pages.
Merci à Suzanne de Chez les filles pour cet envoi.
12:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : irène frain, les naufragés de l'île tromelin
19/02/2009
La curiosité est un charmant défaut...
Pas envie de vous mêler aux bandes de jeun'squi vont voir le film LOL? Si pourtant, comme moi, vous brûlez de curiosité, alors, sous prétexte d'inciter votre (trop)grande fille (qui vous dépasse d'une tête) à la lecture, procurez-vous d'urgence Mon journal Intime.
Lol y relate sa vie, ses amours, sa relation fusionnelle avec sa mère, relation qui se délite un peu, ce qu'elle regrette mais qui, en même temps, lui permet de prendre le large pour commencer sa vie amoureuse...
Sms, Facebook, MSN, comment faisaient les ados pour survivre quand tout ce monde de communication virtuelle n'existait pas ? Pourtant , malgré ces innovations technologiques, les jeux de l'amour sont toujours les mêmes, un peu plus durs parfois. Les sentiments sont toujours de mise, les préservatifs font partie du jeu mais certaines ados ont aussi un comportement moins fleur bleue et une sexualité plus crue et détachée.
Lisa Azuelos nous présente ici un joli portrait d'ado,frais sans être guimauve, qu'on lit le sourire aux lèvres, portrait qui se clôt par une lettre d'excuse très tendre d'une mère à sa fille...
A dévorer avant de l'offrir à qui vous savez !
Mon journal intime . Lisa Azuelos. JC Lattès.142 pages illustrées de graffitis et de photos du film.
06:30 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : mon journal intime, lisa azuelos, lol le film
10/02/2009
"La branchouillarde et le cul-bénit."
Deux amies perdues de vue depuis longtemps renouent sept ans après que leurs chemins se soient séparés. Recommencent alors leurs drôles de relations, oscillant entre dépendance et désinvolture, amour et haine, voire folie...
Marine Bramly dans ce premier roman, Festin de miettes, s'aventure sur un territoire déjà bien balisé, celui de l'amitié féminine , en y instillant une dose de noirceur réjouissante. Commencé de manière plutôt conventionnelle et primesautière, le récit va progressivement virer à l'aigre quand sera révélé le motif de la brouille qui avait séparé Deva la vierge folle et Sophie la vierge sage.
L'auteure analyse finement la psychologie de ses personnages et fouille avec délectation leurs plaies . Elle les promène de St germain des prés aux quartiers les plus pauvres de Dakar et nous les suivons avec le même enthousiasme car elle a l'art de rendre vivants jusqu'aux personnages secondaires. Dommage que la fin ne soit pas à la hauteur de nos espérances, mais là c'est mon fichu besoin de vraisemblance qui refait surface. !Un fort joli moment de lecture.
Sortira en poche le 11 février mais j'ai craqué sur l'édition "France Loisirs"!
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : festins de miettes, marine bramly, amitié, trahison, folie
05/02/2009
"Ici tout pouvait arriver, sauf la justice."
La frontière entre Mexique et Etats-Unis sépare les hommes mais pas les marchandises. Dans les maquiladoras,sont exploitées par des compagnies internationales des femmes, mains d'oeuvre docile et bon marché. "Nom de Dieu, ce n'était même pas le monde de Zola, au moins il y avait les corons. C'étaient plutôt Les Misérables , d'Hugo Ou mieux encore , le monde ouvrier du dix-neuvième siècle décrit par Dickens, avec ses grisettes jetées dans la prostitution par des maquereaux qui les ramassaient dans des bals populaires.
Il y avait même un Jack l'Eventreur. ou plusieurs."
Cinquante femmes ont été en effet retrouvées assassinées, violées et mutilées à Ciudad Jùarez, ville frontière . Un journaliste madrilène, Toni Zambudio mène l'enquête dans un pays avec qui il a des comptes à régler et où bientôt chacun va s'employer à le renvoyer chez lui, avant qu'il ne soit trop tard...
Patrick Bard se base ici sur des fait réels et démonte les rouages de la double oppression dont sont victimes les femmes: en tant qu'ouvrières mais aussi en tant que "marchandise sexuelle".
On cherche en vain une lueur d'espoir et l'on suit, estomaqué, les rebondissements de l'enquête dans une atmosphère saturée de violence et de chaleur. Une oeuvre dense et nécessaire.
un grand merci à Fashion pour l'envoi !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : la frontière, patrick bard, je ne mettrai jamais les pieds au mexique
27/01/2009
"Et l'on a décidé que ce serait quoi? - Un suicide naturellement."
"De toutes les marionettes de Yonville, c'était pourtant celle qui jouissait de la plus mauvaise réputation et de la plus jolie moustache."
Qui dit Yonville dit Madame Bovary et pour tous les lecteurs de Flaubert cette dernière s'est bien évidemmment suicidée. Mais Philippe Doumenc lance une contre-enquête car des traces de contusions ont été relevées et l'un des deux médecins appelés à son chevet a entendu les derniers mots de la mourante "Assassinée pas suicidée".
Reprenant à son compte le décor, les personnages et l'ambiance du roman initial, Doumenc se joue avec habileté du lecteur (pour son plus grand plaisir ) et trousse avec habileté cette Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary
La Normandie sous la neige de mars ne pourra longtemps dissimuler la boue des secrets bien gardés des petits-bourgeois de Yonville.
Un régal, que l'on ait lu ou pas le classique de Flaubert.
Vient de sortir en poche chez Babel, 187 pages.
de Papillon
de Marie
Du Biblioblog
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : philippe doumenc, contre-enquête sur madame bovary, le charme vénénneux de la normandie sous la neige de mars
22/01/2009
"Leibowitz : c'est la classe internationale en toute circonstance"
Christophe Leibowitz , avocat pénaliste commis d'office, barbote quasiment avec délices dans le monde crapoteux des dealers et des proxénètes sans envergure. Pourquoi, après avoir flirté avec le luxe, va-t-il se retrouver à croupir en prison, à raconter les romans de Flaubert à un Albanais ? "-On dirait que tu éprouves du plaisir à être là, je me trompe ?
-Non, c'est possible. Personne ne pourra dire que je n'ai pas cherché à explorer toutes les facettes de ce métier."
Tour à tour berné et finaud, désabusé et plein d'allant,Leibowitz a le chic pour se fourrer dans les situations les plus tordues : "Et si j'avais accepté de rentrer dans ce coup foireux uniquement pour ne pas décevoir trois débiles auxquels je ne serrerais même pas la main si quelqu'un m'en donnait le choix ? "
Nous le suivons avec délices, le sourire aux lèvres, dans les arcanes parfois ubuesques de la justice, découvrant au passage les conditions de vie quasi moyenâgeuses de certaines prisons car, mine de rien, Hannelore Cayre donne des coups de griffe , sans jamais s'attarder lourdement. Les situations les plus sordides sont envisagées avec le plus grand naturel,normal, les avocats sont un peu blasés.La construction donne un peu le tournis au début mais très vite nous prenons nos marques et suivons avec une jubilation extrême les tribulations de cet avocat commis d'office qui parviendra, on s'en doute à retomber sur ses pattes ! Du rythme et du fond, de l'humour pour pimenter le tout, un cocktail réussi !
Premier opus des aventures de Christophe leibowitz qui viennent de paraître en un seul volume (Points seuil) qui réunit donc: Commis d'office, Tableaux de maîtres et Ground XO.
Adapté au cinéma par Hannelore Cayre avec le très beau Roschdy Zem, sortie en salle au printemps 2009 .
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : commis d'office, hannelore cayre, roman noir, humour puissance 10