23/09/2008
"Où et quand commence une famille? "
Sur une impulsion,Sabine,embauche au sein de l'entreprise familiale un parfait inconnu, Pierre. De simple factotum celui-ci va bientôt prendre une place importante autant dans l'entreprise que dans la famille Bérynx. Quelques années plus tard, il disparaît brusquement , laissant chacun face à ses fêlures...
Alléchée par un début intriguant,j'ai aussitôt été embarquée dans cette histoire familiale, sans pour autant retrouver le même plaisir que dans Magnus.Le nouveau roman deSylvie Germain, L'inaperçu, est traversé de très belles images d'arbres, de peintures et le style de l'écrivaine est toujours aussi beau mais...
Faute de réelle tension dramatique, j'ai en effet eu l'impression de voir défiler la vie de cette famille derrière une vitre, de me laisser aller au fil del'histoire,guettant mais en vain l'étincelle qui ferait flamber mon enthousiasme.
Un grand merci à Alexandra de chez Hautetfort grâce à qui j'ai pu lire ce livre, ainsi qu'aus éditions Albin Michel.
L'avis d'Amanda.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : famille, peinture, l'inaperçu, sylvie germain
19/09/2008
"et je me dis que tenir à une grand-mère, c'est pas plus reposant que tomber amoureux."
La peste (Camus), La promesse de l’aube (Gary) , Le vieux qui lisait des romans d’amour (Sepulveda), c’est en partageant la lecture de ces trois romans que Germain, le balourd, l’abruti quasi analphabète et Margueritte, la vieille dame fluette et cultivée, vont tisser des liens sur un banc de jardin public.
Germain qui a La tête en friche, va peu à peu évoluer grâce aux livres , dans ses relations avec les autres mais aussi en réfléchissant sur lui-même.
Le joli roman de Marie-Sabine Roger nous montre que le vocabulaire nous permet d’affiner nos pensées et par là même nos actes.L’auteure peint avec tendresse les relations quasi filiales qui s’établissent entre ces personnages en apparence si dissemblables
De jolies trouvailles linguistiques quand Germain malmène la langue mais aussi un sentiment de facilité et de fatigue dû ce torrent de langage grossier qui se déverse sur nous. Une réussite en demi-teinte.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : tendresse, personnes âgées, lecture, pouvoir des mots, la tête en friche, marie-sabine roger
11/09/2008
"Les arcs-en ciel sont sourds et les trésors ont disparu."
Pour empêcher la jeune L. de commettre le pire, l'ange (son ange gardien ? ), utilisant une régie particulière projette devant elle des moments clés de sont existence, qu'ils soient joyeux ou pénibles. Simultanément s'instaure un dialogue très animé entre les deux personnages , dialogue d'autant plus important que pour l'ange "les mots sont des tiroirs, ils dissimulent des trésors aigres et doux. Je voudrais juste que tu apprennes à les comprendre , à déjouer leurs pièges, à passer à travers leurs apparences. Un mot de haine, parfois c'est un cri."
Mais qu'ils sont durs les mots pour qualifier cette jeune fille . Ceux de ses camarades de classe: "La mère fait des ménages, la fille fait des saletés."ou ceux de la mère justement "qui n'étaient pas des gros mots , mais des mots épais. Impossible à digérer." Toute tentative pour les utiliser avec plaisir ces mots est bientôt réprimée, ainsi pour l'institutrice de son enfance : "On ne pouvait pas parler de tout en poésie. Le dernier poème s'appelait La Bouteille de papa."
Les mots de tendresse, ils sont pour l'ange "Mon ange" car "C'était peut être l'amour qui manquait. La possibilité de croire qu'il existe."
Beaucoup d'ellipses et d'implicite dans Il n'y a pas d'ange. Anne Mulpass laisse au lecteur le soin de combler les trous du récit, de formuler clairement ce qui est suggéré, conférant ainsi une forte densité à ce roman parfois oppressant. Cependant la prose poétique de l'auteure nous offre quelques échappées bienvenues, quelques bouffées d'air frais pour échapper à ce mal être de l'adolescence si bien dépeint. On pourrait reprocher à ce roman son déterminisme mais tous les membres de la même fratrie ne réagissent pas de la même manière à ce qu'ils vivent au sein du huis-clos familial. D'ailleurs les différents points devue des protagonistes qui sont proposés permettent de relativiser ou d'éclairer d'un jour nouveau les événements.
Une oeuvre puissante et émouvante mais que je ne proposerai pas à un ado en plein désarroi.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : adolescence, mal-être, poésie, il n'y a pas d'ange, anne mulpass
09/09/2008
Bande de vieilles taupes
"Vestiaire de rugby",ring de boxe ? Non , Cabine commune d'essayage dans une boutique de luxe.
Sous forme de dialogues enlevés, sans une ligne de description, Delphine Bertholon réussit le pari de croquer sur le vif, les clientes (ou clients) et le personnel de ce magasin de vêtements féminins.
De bizarres tribus s'y croisent le temps d'un essayage: "Celle-qui-veut-tout-pareil-que-la- voisine", les "Princesses", celles qui ont un problème avec leur corps : elles vont perdre deux kilos, elles n'ont jamais mis de 40 de leur vie... Elles mettent les nerfs des vendeuses à rude épreuve , vendeuses qui prédisent que "Bientôt les meurtres en boutique par des vendeurs excédés vont se généraliser(...) Un mal nécessaire, quoi !".
Unité de temps, une semaine, unité de lieu, la cabine, ce cadre bien précis donne toute leur force à ces mini-drames qui se donnent à voir.
Beaucoup d'humour (et de patience) sont nécessaire au personnel du magasin pour faire face à ces clientes , telle celle-ci qui affirme tout de go:"-Le mohair ça grattouille l'angora ça peluche la soie c'est fragile le cachemire ça fait des bourres et le mérinos ça rétrécit.
- Vous êtes sûre que vous voulez de la laine? ".
Néanmoins ces cabines ont un avantage pour certaines: "Je ne viens pas pour acheter. mais voir tous ces corps défraîchis à côté du mien, ça me remonte le moral ! Vos cabines communes, c'est ma cure de jouvence!". On peut quasiment en dire autant du roman de Delphine Bertholon : on en sort le sourire aux lèvres, toute ragaillardie !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : femmes, humour, delphine bertholon, cabine commune
04/09/2008
"Qu'ont-ils fait de toi, ma petite pierre ? "
"Pour vous" est l'agence qu'a créée Delphine, agence discrète destinée à satisfaire les demandes les plus bizarroïdes en matière de relations humaines. Scandé par les rapports circonstanciés et les tarifs de ses prestations, la narratrice, créatrice et directrice de ces prestations de services , égrène les récits de ses interventions, nous raconte ses débuts quasi involontaires ainsi que son évolution- bien involontaire- au contact d'un client tout à fait particulier qui lui ouvrira, peut être, enfin, le chemin de la compassion.
D'emblée, le premier chapitre nous plonge dans un atmosphère opressante quand nous découvrons jusqu' où Delphine est allée et ce sans le moindre état d'âme. Pas question ici d'empathie ou d 'altruisme. Tout est question de tarifs. Les demandes des clients : "Il n'est rien dont nous ne fassions commerce, la vie, l'amour, la mort."- sont dérangeantes à plus d'un titre. Comment peut-on se sentir si seuls et demander à une étrangère de mimer des sentiments ? Comment peut-on accepter de telles demandes ? Je ne vous les détaillerai pas , vous laissant le soin de les découvrir avec peut être le même sentiment d'angoisse que celui que 'jai éprouvé. Certes, Delphine va évoluer mais on peut se demander si elle n'a pas vraiment loupé le coche en chossissant de se calfeutrer dans une telle carapace, bien à l'abri des sentiments, cette absence étant "l'âme et la colonne vertébrale de Pour vous." Un jour Delphine va ouvrir ce qu'elle appelle elle-même, la boîte de Pandore,boîte qui rappelons-le contenait les malheurs et les maladies. Seule était restée l'espérance...
Un roman dérangeant où l'on retrouve l'écriture souple et délicate de Dominique Mainard. Un roman qui nous invite à une réflexion sur notre société et sur les rapports humains, nous offrant au passage une galerie de personnages plus vrais que nature.
06:06 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : ouverture à la vie, relations humaines, dominique mainard, pour vous
03/09/2008
"C'est la vie qui vous tombe dessus."
Un enfant et son père , sans oublier le chien, crapahutent dans les gorges.Il ne se passe presque rien, sauf la vie qui passe, les senteurs, la lumière, les sensations : "Je n'ai jamais autant savouré cette chaleur." Puis tout s'accélère, Tom va devenir grand frère un peu plus tôt que prévu...Mais le père et le fils vont partir à la rencontre du nouvel enfant "D'un drôle de pas qui prenait son temps."
Hanno qui nous dit la présentation "Ne mange pas de cerises en novembre. Et dès l'automne, il n'est plus question de tomates. Les tomates, c'est l'été. Ou alors en bocaux. Quand on sait ça, on est à moitié paré pour la vie. On empile sur l'étagère des bocaux de mots pour passer l'hiver." ne pouvait que m'être sympathique. Quant à son livre, Sur le bout des doigts, imprimé ""à tâtons" pour le compte des Editions Thierry Magnier, il faut absolument le mettre sur nos étagères pour passer l'hiver avec des phrases telles que celles-ci : "Chaque jour est une naissance.Pour chacun.Des fois on a des yeux, des fois on n'en n'a pas. Parfois c'est les mains qu'on n'a pas, d'autres fois, le coeur qu'on a en pierre." Un livre à glisser dans la poche et à chérir.
L'avis de Bellesahi que je remercie pour la découverte.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : enfance, sens, sur le bout des doigts, hanno
01/09/2008
Ah mais lis, mais lis vite !
Mélie, soixante-douze ans reçoit pour la première fois pour toutes les vacances sa petite-fille, Clara, clarinette, qui va entrer en Cm2 à la rentrée. En même temps, la vieille dame apprend qu'elle a un souci de santé mais décide de ne pas approfondir pour l'instant et n'ouvre pas l'enveloppe contenant le résultat de ses analyses, bien décidée à profiter de ses vacances au maximum...
Et les vacances seront effectivement inoubliables pour tout le petit monde heut en couleurs qui gravite autour de Mélie, mamie gentiment indigne mais pleine d'amour , non seulement pour sa lignée mais aussi pour un vieux bonhomme qui répare tout ce qu'elle détraque sciemmnt dans sa maison...
Ce livre sent bon les confitures de prunes, l'amour sans mièvrerie sous toutes ses formes , évoqué avec beaucoup de délicatesse et avec tout l'humour et la verve déjà rencontrés dans Allumer le chat*.
Barbara Constantine aurait pu éviter quelques facilités (faire parler des meubles ) mais bon, on lui pardonne car A Mélie, sans mélo est un roman qui donne le sourire, un roman où l'on prend le temps d'observer les bambous pousser ou une araignée tisser sa toile, de quoi prolonger joliment nos vacances !
* annoncé en poche.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : humour, tendresse, vacances, à melie sans mélo, barbara constantine
30/08/2008
Qui a deux maisons perd la raison
Entre Deauville et Trouville, tout un échantillon d'humanité, locaux et parisiens venus tenter de profiter de leur Résidence secondaire, s'ébattent sous l'oeil plein de malice de l'auteure, Isabelle Motrot.
Le lecteur jubile en lisant ce roman qui ne se contente pas d'enchaîner les saynètes mais se dote d'une intrigue fertile en rebondissements. "Bobos,écolos, aristos ou prolos", tous en prennent gentiment pour leur grade car on sent une grande tendresse de l'auteure pour ces personnages jamais caricaturaux mais dotés d'une psychologie bien nuancée. On appréciera tout particulièrement l'entrepeneur qui manie comme un homme politique la langue de bois quand ça l'arrange mais utilise à bon escient les expressions "clés" pour manipuler à l'envi ces parisiens avides d'authenticité pour mieux épater leurs amis. J'ai tout particulièrement apprécié les mails de Françoise, experte dans l'art de rabisser mine de rien la propriété de ses "amis" .
Une résidence secondaire c'est "une comptine sans fin avec des factures en guise de refrain"mais comme le dit si bien Catherine dans le roman : "Je plains les cocues qui n'ont pas de résidence secondaire (...), ça doit être terriblement déprimant."
Un roman frais et pétillant , plein de citations potentielles, à consommer sans modération !
ps: comme par hasard, Dame Cuné, on va fait ses courses à Deauville ou Trouville mais on prend l'apéro au grand Hôtel de Cabourg...
pps: est sorti en poche (j'ai lu) avec une plus jolie couverture...
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : résidence secondaire, détente, isabelle motrot
20/08/2008
"Il fait dimanche"
"Qui a autorisé des inconnus qui ne t'ont jamais connu debout, ni parlant, ni touchant, à s'approprier ta vie et tes secrets, à malaxer la mienne au passage dans le sens qui les arrange, pour en faire leur oeuvre?"
Comment lire (et parler) du roman de Florence Ben Sadoun , La fausse veuve, sans se sentir à son tour voyeur? Trop d'indices émaillent le texte pour que dans la figure de l'amant ,victime médiatisée du "locked-in syndrome", on ne puisse mettre un nom sur celui qui ne sera jamais nommé, tour à tour,tutoyé et voussoyé? Alors auto-fiction qui ne dit pas son nom ?
Je n'ai pas lu "le scaphandre et le papillon" pas plus que je n'ai vu le film qui en a été tiré et auquel fait référence la citation citée en exergue. Trop méfiante vis à vis de ce genre d'oeuvres, trop souvent enclines à faire dans le sensationnalisme ou l'émotion à outrance et c'est un peu par erreur que j'ai accepté l'offre de Violaine de "Chez les filles" : je croyais qu'il s'agissait d'une fiction où la narratrice s'adressait à un homme dans le coma. Un peu sur le modèle de celui-ci (vous noterez au passage la parenté entre les couvertures). Entrer comme ça dans l'intimité de personnes réelles même si l'histoire est passée par le filtre de la narration m'a donc plutôt gênée.
Comme m'a gêné la transformation du nom de la ville où a séjourné dans un hôpital spécialisé l'amant de la narratrice. Je sais bien qu'elle n'y a aucun bon souvenir mais de là à le travestir en "Vomi",je crois que chaque fois que j'irai sur la plage de Berck, je ne pourrai qu'y penser.
Ces restrictions faites, on ne peut que souligner la qualité de l'émotion qui se dégage de ces lignes, tout en nuances, violence et amour mêlés, violence faite à la femme qui n'est "que" la maîtresse puisque l'aimé venait de quitter sa compagne et ses enfants. La narratrice n'est donc qu'une "fausse veuve" qui ,dix ans plus tard ,nous livre sa version des faits.Un livre à l'écriture souple et rêche à la fois.Un livre à fleur de peau.
Parution le 25 août.
Merci à Violaine de"Chez les filles " et aux Editions Denoël pour l'envoi.
L'avis d'Aelys
de Frisette
de Lily
aelys lilly frisette
06:30 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10)
19/08/2008
Testud de mule
Cette histoire, même si l'avant-propos affirme qu'elle est "librement inspirée de la vie d'une petite fille. je ne sais pas qui ça peut être. Pas du tout.", on se doute bien que cette petite Sybille a été un jour, iln'y a pas si longtemps que cela, Sylvie.
Sybille et ses deux soeurs vivent seules avec leur mère dans une sorte de phalanstère féminin replié face à un "Il " menaçant. Ou du moins leur fait-on croire que ce "Il" représente un danger. Ce "Il" c'est bien sûr leur père dont Sylvie, euh Sybille, fera la connaissance quand elle sera devenue adulte.
Le récit de cette enfance est plein de fraîcheur et l'on en redemanderait volontiers sauf que le rythme s'accélère soudain jusqu'à la rencontre cruciale...
A chaque fois, je me fais avoir. J'aime beaucoup
l'actrice (époustouflante dans Sagan).J'aime beaucoup les couvertures
de ses livres (celle de Gamines est particulièrement réussie), mais à chaque fois, je reste sur ma faim. En fait, ce que j'aime chez Sylvie Testud c'est sa capacité à ne pas endiguer le maelström de sentiments qui la submerge parfois.
Gamines est frais et charmant et parfaitement oubliable.
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15)