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19/03/2009

Refaire nos attaches

Avec Permis provisoire, Christine Stroobandt évoque sa propre enfance dans le Nord-Pas-de  -Calais, dans l'immédiat après-guerre.  Ce pourrait être misérabiliste la vie dans une cité "provisoire" avec un père français et une mère, tour à tour traitée de  "boche" ou de "peau laque", comme l'entend la  petite fille. Ce pourrait être larmoyant et c'est juste sensible et émouvant. Par  séquences courtes, comme autant d'instantanés précis et fouillés (quelle mémoire !) renaissent sous nos yeux le samedi, jour du bain avec "  des lessiveuses remplies  d'eau mise à chauffer sur la  cuisinière", car la baignoire, faute d'eau courante chaude"sert uniquement à  faire  tremper le linge".
Avec son regard d'enfant, la narratrice observe aussi des enfants qui "sont sûrement  très riches :leur mère leur interdit de sortir  du jardin."Une époque où les pauvres ont un souci  d'éducation très stricte de leurs enfants  avec "des tuteurs dans la tête pour maintenir  leurs pensées sur la ligne  de cequi doit être l'éducation."
Une évocation chaleureuse et touchante où se révèle une plume en apparence  légère mais qui sonne juste et résonne longtemps en nous.

Prix littéraire 2008 La Voix du Nord, le Furet du Nord.92 pages .

14/03/2009

Vient de sortir en poche...


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10/03/2009

Schtroumph grognon, le retour...#1

Après avoir adoré l'usure des jours (billet ici) je me suis précipitée sur un roman réédité car indisponible depuis longtemps et présenté comme étant"l'édition définitive",à savoir La démangeaison.
Las , j'aurais mieux fait de m'abstenir car je suis restée totalement en dehors de cette histoire d'une femme victime d'une maladie chronique et sans cause qui la force à se gratter jour et nuit tout le corps sans relâche. La 4 ème couverture annonçait que le lecteur  ne pourrait s'empêcher de terminer sa lecture " en se frottant l'avant-bras, la paume, la joue." mais rien. De marbre  je suis restée alors que Pars vite et reviens tard de Fred Vargas, m'avait obligée à prendre dade-dare une douche, persuadée que j'étais d'être dévorée par des puces.31myHOxD17L._SL500_AA240_.jpg
Trêve de plaisanterie, je n'ai retrouvé ici ni l'intensité, ni le style du dernier texte de Lorette Nobécourt et les récriminations violentes de la narratrice quant au manque d'amour et d'attentions dont elle aurait souffert enfant m'ont plutôt fait soupiré. J'ai cherché en vain une structure, les répétitions du mot "couenne"  pour désigner sa peau m'ont vite lassée et j'ai refermé ce roman abasourdie par cette violence verbale mais aussi déçue.

05/03/2009

"Le margouillat qui connaît tous les secrets d'une concession finit par devenir trop bavard."

Dans un pays africain imaginaire (sorte de condensé de  différents régimes  et de leurs modes particuliers de fonctionnement),  le secrétaire nationale du parti unique   est la victime  d'un attentat. l'inspecteur Colombo et son  adjoint Sheriff se lancent  aussitôt dans une enquête qui brasse joyeusement  polititiens vérexs,  prostituées,  clandestins exploités dans une mine de  diamants officiellement fermée, sans oublier un  noce de Blancs usés par le soleil africain et quelques crocodiles  affamés...61ospr7TUTL._SL500_AA240_.jpg
ça tire dans tous les coins, ça  explose, ça tabasse allègrement, on pense parfois à  "Fantasia  chez  les ploucs", tandis que Colombo, en digne émule de son homonyme, affronte avec panache les puissants  qui tentent  de  se mettre en travers du chemin de la vérité.
Sous couvert d'une comédie déjantée,Alain Brezault  nous convie  avec sa Noce chez les blancs cassés à  un portrait haut en couleurs et plein de verve de l'Afrique des années 80. J'y ai retrouvé avec plaisir le vocabulaire et la  syntaxe si particuliers du français d'Afrique et je me suis régalée avec un récit qui ne  s'embarrasse pas  de psychologie mais où les péripéties se succèdent à un train d'enfer!

 

Alain Brezault, la noce des Blancs cassés.Fayard noir, 266 pages trépidantes !

03/03/2009

"Un piège de verre"

Une résidence au soleil, protection absolue et sécurité garantie ,réservée aux seniors : le paradis pour Martial et Odette.
Même si "Les conviviales" (quel beau nom emblématique!) tardent à se remplir, l'arrivée de trois nouveaux voisins va vite rendre l'atmosphère électrique...51e8MhIH6vL._SL500_AA240_.jpg
Pascal Garnier, avec une joyeuse férocité, se livre à un vrai jeu de massacre, fustigeant au passage tous les travers de notre époque (jeunisme forcené, peur de l'étrange étranger...). Mais pour autant ses personnages ne sont pas des fantoches ou des symboles empesés, ils ont en arrière-plan souvent une fêlure, voire un gouffre, et pataugent un peu devant ce temps à la fois  immense et restreint qui leur est dévolu et qui ne peut déboucher que sur la mort.
Pas de côté artificiel ou démonstratif mais une galerie de personnages réjouissants, un peu nous dans quelques années peut être...

Merci au Dr Val pour sa prescription et son envoi !

Lune captive dans un oeil mort (titre peu engageant !), Pascal garnier, Zulma éditions, 157 pages jubilatoires

02/03/2009

"Les erreurs sont trompeuses."

"Le lendemain, devant la glace de la salle de bains, il y avait Solange , et il y avait une bosse. Et l'une  des deux n'était pas fière."
Si ces phrases  ne vous ont pas arraché ne serait-ce que l'embryon d'un sourire, ce livre n'est pas  pour vous. Et ce serait dommage car vous ne feriez  pas la connaissance des habitant de La Garde, petit hameau qui  abrite un vaste échantillon d'habitants à la fois tendres et loufoques, animés par des sentiments pas toujours avouables mais au demeurant fort sympathiques. Le genre  à débarquer chez vous à six heures trente du matin  parce qu'il leur manque du café pour leur pique-nique, ce qui engendrera  une amitié à la vie à la mort entre  Brune-Olive et Solange , ou à  séquestrer, pour son bien, bien sûr, une fée du ménage et de la cuisine...511vtiPkVRL._SL500_AA240_.jpg
Murielle Levraud  aime les mots, elle les caresse dans le sens du poil,et ils se laissent faire en ronronnant de plaisir, elle feint de les suivre à la trace, au gré de leur  fantaisie, mais arrive toujours à retomber sur ses pieds entre un salto arrière et une pirouette en Absurdie. Plus maîtrisé que dans son précédent roman,son récit n'en acquiert que plus de force car ils sont fort attachants, chacun dans leur genre, ses personnages ! mention spéciale aux enfants inventeurs d'araignées !

Un grand merci à Cuné pour l'envoi !

L'avis de Clarabel.

24/02/2009

Sans doute n'ai-je pas le pied marin...

En 1761, L'Utile, qui transportait une cargaison clandestine  d'esclaves,  fait naufrage sur une île inhospitalière . La cohabitation s'organise jusqu'à  ce qu'un  bateau soit construit. Faute de place ,on laisse les esclaves . On ne reviendra les chercher que quinze ans plus tard...51SKTGemUBL._SL500_AA240_.jpg

Parce que lire doit être un plaisir , parce que je ne supporte pas  d'être freinée, frustrée  dans mon élan de lectrice, j'abandonne au tiers la lecture  des  Naufragés de l'île Tromelin.
N'est pas en cause ici le style d'Irène Frain , tour à tour poétique et précis, même si j'avoue avoir été gênée par la cohabitation de mots désuets et de tournures plus modernes (voire familières) , "dégoisant" voisine ainsi sur la même page avec "un petit coup de pompe". Non ce qui a vraiment cassé mon élan , après une début très lent mais  nécessaire pour bien mettre  en place le décor  de cette île si particulière , marquée par la cruauté et l'acharnement, est cette irruption du réel et des documents historiques auxquels l'auteure  se réfère. Que ce texte soit basé sur une enquête minutieuse, je l'ai admis une fois pour  toute et je n'ai pas envie qu'on vienne me mettre les preuves sous le nez; le travail de déduction , savoir quels indices mènent à  découvrir l'identité de  l'auteur anonyme d'un des rares documents concernant ce naufrage, ne m'intéresse pas outre mesure , j'ai plutôt envie de découvrir le récit de cette incroyable aventure, sans cesse différé.

Irène Frain. les naufragés de l'île Tromelin. Michel  Lafon.372 pages.

Merci à Suzanne de Chez les filles pour  cet envoi.

19/02/2009

La curiosité est un charmant défaut...

Pas envie de vous mêler aux bandes  de jeun'squi vont voir le film  LOL? Si pourtant, comme moi, vous brûlez de curiosité, alors, sous prétexte d'inciter votre (trop)grande fille (qui vous dépasse d'une tête) à la lecture, procurez-vous d'urgence Mon journal Intime.
Lol y relate sa vie, ses amours, sa relation fusionnelle avec sa mère, relation qui se délite un peu, ce qu'elle regrette mais qui,  en même temps, lui permet de  prendre le large pour commencer sa vie amoureuse...
Sms, Facebook, MSN, comment faisaient les ados  pour survivre  quand tout ce monde  de communication virtuelle n'existait pas ? Pourtant , malgré ces  innovations technologiques, les jeux de l'amour sont toujours les mêmes, un peu plus durs parfois. Les sentiments sont toujours de mise, les préservatifs font partie du jeu mais certaines ados ont aussi  un comportement moins fleur bleue et une sexualité plus crue et détachée.510Ry2eiIdL._SL500_AA240_.jpg
Lisa Azuelos nous présente ici un joli portrait d'ado,frais sans être guimauve, qu'on lit le sourire aux lèvres, portrait qui se clôt par une lettre d'excuse très tendre d'une mère à sa fille...
A dévorer avant de l'offrir à qui vous savez !

 

Mon journal intime . Lisa  Azuelos. JC Lattès.142 pages illustrées de graffitis et de photos du film.

10/02/2009

"La branchouillarde et le cul-bénit."

Deux amies  perdues de vue depuis longtemps renouent sept ans après que leurs chemins se soient séparés. Recommencent alors leurs drôles de relations, oscillant entre  dépendance  et désinvolture, amour et haine, voire folie...419DujMsQWL._SL500_AA240_.jpg
Marine Bramly dans ce  premier roman, Festin de miettes, s'aventure  sur un territoire déjà bien balisé, celui de l'amitié féminine , en y instillant une dose de noirceur réjouissante. Commencé de manière plutôt conventionnelle et primesautière, le récit va progressivement virer à l'aigre  quand  sera révélé le motif de la brouille qui avait séparé Deva la vierge  folle  et Sophie la vierge sage.
L'auteure analyse finement la psychologie de ses personnages et fouille avec délectation leurs plaies . Elle les promène  de St germain des prés aux quartiers les plus pauvres de Dakar et nous les suivons avec le même enthousiasme car elle  a l'art de rendre vivants jusqu'aux personnages secondaires.  Dommage que la fin ne soit pas  à la hauteur de  nos  espérances, mais là c'est mon fichu besoin de  vraisemblance qui refait surface. !Un fort joli moment de lecture.

Sortira en poche le 11 février mais j'ai craqué  sur l'édition "France Loisirs"!

05/02/2009

"Ici tout pouvait arriver, sauf la justice."

La frontière entre Mexique et Etats-Unis sépare les hommes mais pas les marchandises. Dans les maquiladoras,sont exploitées  par des compagnies internationales  des femmes, mains d'oeuvre docile  et bon marché. "Nom de  Dieu,  ce n'était même pas le monde  de  Zola,  au moins il y avait les corons. C'étaient plutôt Les  Misérables , d'Hugo  Ou mieux encore , le monde  ouvrier du dix-neuvième siècle   décrit par  Dickens, avec ses grisettes jetées dans la  prostitution par des maquereaux qui les ramassaient dans des bals  populaires.
Il y avait même  un Jack l'Eventreur. ou plusieurs."
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Cinquante femmes ont été en effet retrouvées assassinées,  violées et mutilées à Ciudad Jùarez, ville frontière . Un journaliste madrilène, Toni Zambudio mène l'enquête dans un pays avec qui il a des comptes à régler et où bientôt chacun va s'employer à le  renvoyer chez lui, avant qu'il ne soit trop tard...
Patrick Bard se base ici sur  des fait réels  et démonte les rouages de la double oppression dont sont victimes les femmes: en tant qu'ouvrières mais aussi en tant que "marchandise sexuelle".
On cherche en vain une lueur d'espoir et l'on suit, estomaqué, les rebondissements de l'enquête dans une atmosphère saturée de violence et de chaleur. Une oeuvre dense et nécessaire.

un grand  merci à  Fashion pour l'envoi !