15/08/2009
Luxueuse austérité
"Il faut savoir s'arrêter pour que la quantité de bien-être, de nourriture, de voyages, de sexe, d'amitiés ne devienne contrainte, fardeau à porter, abus de l'autre. Dire: assez, pour ne pas être blasé, entraîné dans une course infinie mangeuse d'énergie et jamais satisfaite. Où passe cette ligne subtile à partir de laquelle le résultat est l'inverse de ce qui est cherché? Et qui la tracera sinon l'individu lui-même, par la méditation souvent aride ?
Il est des points de saturation qui ne laissent pas le temps de savourer les plaisirs reçus, ne donnent place ni à la mastication ni à la rumination de la mémoire dans laquelle renaît le désir. Ecouter dans le silence les échos des belles heures, se refaire avec ce qui a été vécu, l'assimiler, est le profit des temps ordinaires. Ils laissent aux choses vues , vécues ou lues le temps d'agir. Ils sont levain, repos, assimilation d'hier."
Un passage qui résume à lui seul ce que l'auteure s'attarde à nous décrire de manière pas aussi savoureuse que d'habitude....
Marie Rouanet, Luxueuse austérité, livre de poche, 5 euros.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : marie rouanet, de la simplicité en toutes choses, ben non c'était pas forcément mieux "dans le temps"...
09/08/2009
La joueuse d'échecs
Un peu par hasard, Eleni va découvrir le monde des échecs et braver ainsi l'opinion de la toute petite communauté (un village grec sur une île écrasée de soleil) dans laquelle elle menait une vie tranquille de mère et d'épouse.
Les échecs n'étant pas ma tasse de thé,bien que ce premier roman ait été couvert de prix, je n'avais pas cédé à la tentation, même quand ce livre était sorti en poche. Mais la nouvelle de son adaptation au cinéma avec Sandrine Bonnaire et Kevin Kline m'a aussitôt poussée à le lire. Et j'ai bien fait .
Même si comme moi vous êtes totalement ignare en matière de stratégies, de fous , de rois et compagnie, vous apprécierez sans doute l'histoire de cette femme ordinaire, qui , par un biais tout simple va trouver un petit espace de liberté dans sa vie trop étriquée. Pas d'émancipation spectaculaire, juste une vie qui prendra un peu plus de saveur...Le style est fluide et simple. Une lecture très agréable.
La joueuse d'échecs, Bertina Henrichs, livre de poche 156 pages ensoleillées.
Ps: je viens de voir la bande-annonce du film,très librement inspiré du livre, à première vue...
n'hésitez pas à m'indiquer vos billets !:)
L'avis de Al.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : bertina henrichs, la liberté par les échecs, une chambre à soi
30/07/2009
Cinq bières , deux rhums,
Ah que ça fait du bien de retrouver notre" orchidoclaste"* préféré ! Sous prétexte de lui faire dégoter une bière de derrière les fagots, Gérard , le patron du bar La Sainte Scolasse, a envoyé Le Poulpe en mission spéciale dans le NORD , l'objectif étant en fait de lui redonner le moral ! Évidemment en baguenaudant entre Valenciennes (V.A pour les footeux) et Antoing (Belgique wallonne), le Poulpe va se prendre les tentacules dans quelques cadavres, en profiter pour se balader en péniche ultra-moderne, glanant au passage autant d'infos sur la fabrication de la bière que sur le traffic de l'Escaut, sans oublier d'égratigner quelques édiles locaux**.
Mortagne du Nord, cadre d'un roman policier, qui l'eût cru ? L'occasion en tout cas de(re) découvrir pour les autochtones des édifices et des paysages, de montrer les blessures mais aussi la vie qui continue malgré tout dans cette région où la nature commence à reprendre ses droits puisque des fleurs poussent dans une prairie métallicole, joli symbole d'espoir. On sent aussi que l'auteur s'est baladé dans le coin et qu'il y a pris plaisir, sachant aller au-delà des clichés , dénichant les détails révélateurs d'une exploration pédestre et non livresque. et ça fait chaud au coeur !
Ceux qui apprécient les enquêtes millimétrées en seront pour leurs frais (les explications finales étant un peu poussées sous le tapis) , ceux qui aiment le style haut en couleurs de Pouy se régaleront des sentences du poulpe : "Parfois il faut savoir éviter les paraphréniques confabulants et briser là avec les forcenés incantatoires ." ou des injonctions de Chéryl : "Va te faire raboter les surrénales!". Bref, un Poulpe réjouissant, ayant comme fil rouge la lecture des Habits noirs de Paul Féval dont se régale le héros et dont il nous montre la pertinente actualité, toujours aussi sombre.
Cinq bières, deux rhums (ne loupez pas le jeu de mots !), Jean-Bernard Pouy, Editions Baleine, 160 pages à accompagner d'une Mort Subite*** ?
* Casseur de c...
** Pouy sera-t-il invité au salon du livre policier ? Affaire à suivre...
***Nom d'une bière belge
L'avis de Cathe qui m'a fait découvrir ce livre !
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : jean-bernard pouy, mortagne du nord, valenciennes, min coin quoi !
19/07/2009
Sorti en poche !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : hugo boris, la délégation norvégienne, cluedo dans la plus grande bibliothèque du monde
17/07/2009
Papa et maman sont dans un bateau
Les Doinel , à première vue, constituent une famille comme les autres: le père, Marc, très sexy et gentiment voyou sur les bords,dirige une boîte de transport routier qui va être méchamment restructurée par des Hollandais. Nadine, la mère, s'efforce de remplir consciencieusement les fiches d'acquisition de ses élèves de maternelle . Charlie, la fille, a la tête dans ses séries de manga et le coeur à la dérive au collège, tandis que le petit dernier, Esteban, enfant précoce intellectuellement, s'efforce de supporter sans broncher les brimades de la cour de récréation de l'école primaire.
Chacun a donc ses problèmes mais personne n'en parle aux autres jusuqu'à ce que la photographie d'une yourte mongole dans un magazine ne viennent cristalliser tous leurs espoirs d'évasion, de nouvelle vie...
Avec le talent qu'on lui connaît, Marie-Aude Murail parvient à se glisser aussi bien dans la tête (et le coeur) d'un chef entreprise qui aurait pu "mal tourner", d'une instit sclérosée par les demandes de sa hiérarchie , d'une adolescente ou d'un gamin rêveur. Mais plus que le portrait d'une famille qui s'aime mais qui ne trouve plus le temps de se le dire, hâchée menu par la société de consommation, ce temps qui ne leur appartient plus (voir la liste d'activités de la mère le mercredi après-midi ou les appareils ménagers qui se détraquent à tour de rôel). Même l'école maternelle risque la déshumanisation, puis-qu'entre deux fiches d'évaluation, Marie Doinel, présentée comme une excellente instit, ne trouve plus le temps de s'intéresser à chacun de ses élèves et à leur personnalité naissante.
La restructuration de l'entreprise de transport , autrefois familiale, de transport est saisissante de vérité dans sa brutalité. Pas de vision édulcorée, pas d'angélisme, Marc Doinel nous est montré tiraillé entre sa volonté de sauver ses employés et de préserver sa dignité. Lui qui ne rentrait pas dans le moule de l'école a su donner sa chance à des êtres que la société avait définitivement catalogués et qui vont se trouver une nouvelle fois rejetés...
Malgré ce portrait très réaliste de la société violente dans laquelle nous vivons, l'auteure prend néanmoins le temps de dégager quelques îlots de tendresse et d'humour. Les mots sont là aussi pour alléger l'atmosphère même si les poèmes appris à l'école par Esteban sont eux aussi très sombres ...Pas de solution "miracle" pour résoudre les problèmes de chacun, il y a des dégâts collatéraux comme l'écrivent si bien les journaux, des dégâts mais aussi de l'espoir pour ceux qui savent saisir les opportunités et ne pas laisser les oeillères entraver leur chemin.Une TOTALE réussite qui dresse un portrait sans complaisance de notre société.
Papa et maman sont dans un bateau, Marie-Aude Murail, ecole des loisirs, collection medium, 294 pages saisissantes de vérité.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : marie-aude murail, mondialisation, crise, yourte mongole, cimetière des éléphants
13/07/2009
Petits pains au chocolat
Lou, adulescente de dix-huit ans, quitte Toulouse pour aller à Paris ,accessoirement pour suivre des cours de prépa d'été et principalement pour mener à bien son histoire d'amour avec un écrivain rencontré par l'intermédiaire de son blog. Le roman adopte d'ailleurs la forme du blog, nous dispensant au passage les commentaires acerbes de quelques visiteurs...
Premier roman,Petits pains au chocolat, ne nous épargne pas les travers de ce passage obligé : narcissisme exacerbé, complaisance parfois. On pense à Camille de Peretti ou pour les plus anciennes à la Muriel Cerf Des rois et des voleurs et toutes ces références se révèlent fort encombrantes ma foi pour apprécier à sa juste mesure ce roman acidulé et agaçant comme comme une pomme trop verte. De très jolis passages néanmoins, Roxane Duru possède un style imagé qui peut le pire, des passages quasiment incompréhensibles car trop allusifs, et le meilleur, des pages complètes qu'on a envie de noter tant elles sont justes.
Roxane Duru, Petits pains au chocolat. Stéphane Million éditeur.
Je découvre avec effarement que je devais faire suivre ce livre depuis presque un an... Sorry, Cuné !
L'avis d'Erzébeth, à qui j'aurais dû l'envoyer mais qui l'a trouvé ailleurs (ouf!)
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : roxane duru, adolescence, blog
09/07/2009
je voudrais tant que tu te souviennes
L'une, Mado, vit les yeux au ras du sol, traquant et photographiant les menues traces du temps.
L'autre, l'Indien, n'est jamais aussi à l'aise que sur les toits...
Entre les deux va se nouer une histoire d'amour en pointillés, celle prédite par Julide chargée de veiller sur Mado car "Elle est comme un verre qui se vide, par une brèche minuscule, une toute petite fêlure, et si tu ne prends pas soin de la remplir elle disparaîtra tout à fait."
Julide quant à elle , soumise au poids des traditions de son pays, est promise à un jeune homme qu'elle n'aime pas et trouve souvent refuge chez Mado,chez qui elle ressent une autre forme d'étrangeté au monde.
Tout cela aurait pu baigner dans une poésie trop sentimentale pour moi si la deuxième partie du roman, rebattant les cartes, ne venait brusquement tout remettre en question et présenter un autre angle de vision, une réflexion plus profonde sur le temps, les sentiments, l'exil à soi même et aux autres...
Dominique Mainard, Je voudrais tant que tu te souviennes, 364 pages tendres mais aussi parfois cruelles. Folio
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : dominique mainard, amour, poésie, souvenir
02/07/2009
On s'est juste embrassés
Aïcha vit seule avec sa mère, au bord d'une cité dont elle fréquente l'établissement scolaire.Sa vie va basculer le jour où la rumeur se répand qu'elle a perdu son honneur. L'adolescente aura beau affirmer :On s'est juste embrassés, trop tard le mal est fait...
A partir de là vont ressurgir les interrogations d'Aïcha quant à ses origines, son père, sa famille maternelle; la volonté aussi de sortir du huis-clos étouffant avec une mère qui toujours dû faire face et se laisse lentement sombrer dans la dépression.
Interrogations sans fard aussi, mais tout en pudeur ,sur le désir de cette presque femme, qui ne sont pas sans évoquer celles posées par la narratrices de L'amant, roman de Marguerite Duras que la mère d'Aïcha offre à sa fille, comme un passage de relais, un viatique pour aborder sa vie de femme.
L'auteure n'idéalise pas son héroïne, n'en fait pas la porte-parole de toutes ces jeunes filles qui pourraient à sa suite affirmer:"Mais c'est seulement mon nom qui est arabe. Moi, je ne le suis pas.",mais sait nous la rendre à la fois présente et attachante. Cette narratrice toujours à la lisière (de la cité, de l'âge adulte, du désir...) nous renvoie à un âge où on se sent " trop encombrée de soi-même" avec un style tout en retenue et en émotion.Une belle découverte.
On s'est juste embrassés, Isabelle Pandazopoulos, Gallimard, collection scripto, 155 pages beaucoup moins grises que la couverture.
Clarabel et Gawou ont aussi beaucoup aimé.
Pagesapages et Malice également.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : on s'est juste embrassés, isabelle pandazopoulos, rapport mère-fille, origines
29/06/2009
Echo
Les jumeaux les plus célèbres du PAF ont été assassinés et leurs cadavres mis en scène d'une manière particulièrement sadique et raffinée..Nombreux sont ceux susceptibles d'être notés sur la liste des suspects car les éphèbes de la télévision avaient pour habitude de descendre en flammes et en direct leurs invités ...
Aux manettes de l'enquête, un tandem improbable, le vieil ours revenu de tout, ou presque, le commandant Vivier , qui se fait mener par le bout du nez par la profileuse, à peine moins givrée que ses suspects, la belle Garance Hermosa.
L'enquête est efficace et bien menée, entrecoupée par des pages d'un journal intime où se lit une enfance fracassée (celle du tueur ?), on ne lâche pas une minute ce livre haletant.D'où vient alors ce sentiment de malaise qui m'a accompagnée dans cette lecture? Du milieu glauque dans lequel nous pataugeons allègremement ? Non, on ne s'attend quand même pas à une promenade de santé en ouvrant ce type d'ouvrage. Non, c'est Cuné et sa légendaire sagacité qui ont mis le doigt dessus: une pointe de vulgarité dans l'écriture qui déstabilise les suspects de Miss Garance mais aussi apparemment la lectrice effarouchée que je dois être dans un recoin secret.J'espère néanmoins déjà avoir la chance de lire de nouvelles aventures de Garance Hermosa , une femme comme je les aime !
Echo, Ingrid Desjours, Plon, 310 pages qu'on tourne sans s'arrêter.
Un grand merci à Cuné !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : echo, ingrid desjours, gemellité, télévision
26/06/2009
Sorti en poche !
Un très joli roman, billet ici.
06:08 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : camille de peretti, nous vieillirons ensemble