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16/10/2009

Le festin d'Alice

Z'ont qu'à mieux payer leurs fonctionnaires, ça leur éviterait des tentations!  Sans cela  Alice, la sublime Alice, travaillant à la  Direction Générale de la Concurrence  et de la Consommation,  ne se serait jamais emparé des coquettes économies de la vieille chinoise, tenancière d'un  des ces appartements "ravioli",paradis des  bactéries.51zBaTkN27L._SL500_AA240_.jpg
S'acoquinant avec un ancien chercheur du CNRS,  gras du bide , devenu par nécéssité interprète -mal  payé il va sans dire- le  jeune femme va, sans le savoir,  contrecarrer les plans d'un  des plus hauts pontes de la mafia  chinoise...
Commencé sur  les chapeaux  de roues,  ce roman trouve vite son rythme de  croisière,  naviguant avec aisance  et humour dans les petit monde de la communauté chinoise  de  Paris. pourtant, il m'en reste au final une impression assez mitigée. En effet, par pure jalousie féminine, je l'avoue, la sublime Alice qui émeut (et plus si affinités) tous les mâles , voit se résoudre comme  par  magie tous ses problèmes , alors qu'une petite chinoise, moche et  de  surcroît couverte de boutons connaîtra un sort bien peu enviable.
Bon, j'ironise un peu, il est évident que la vie est plus facile pour les  gens jeunes et beaux mais là  ça revêt un caractère  un peu trop systématique et donc lassant. Jalousie,  vous disais-je !:)

Colin Thibert, le festin d'Alice, Fayard noir.

L'avis- moins schtroumph grognon -de Cuné.

08/10/2009

Le syndrome Godzilla bientôt en poche !

Chez j'ai lu le 14 octobre ! A noter sur vos  tablettes!:)

Emue par les mues

Deux couples père-fils au centre de ce court mais dense roman . Celui de Daniel que son biologiste de père emmène autour du monde, au fil de ses mutations. Daniel qui manifeste un apparent détachement vis à vis de ces arrachements successifs mais va s'attacher à faire la connaissance d'un "monstre" assis sur un banc, la tête recouverte d'un sac en papier. Par l'intermédiaire de Godzilla, le monstre-héros de cinéma , un lien va s'établir entre ces deux jeunes gens qui ont en commun le fait d'être orphelin de mère. D'abord silencieux, celui qui s'identifie à Godzilla va raconter son étrange histoire à Daniel. Une histoire d'amour/haine avec un père producteur de cinéma qui l'emmènera au Japon, autre point commun entre les jeunes gens.
L'univers de Fabrice Colin flirte avec l'onirisme et ne dissimule rien de la violence du monde, de la violence des êtres en devenir : "Maintenant j'étais un monstre en devenir. je voulais que ma mère meure et qu'elle en fasse rien d'autre.Je voulais tuer ses amants Je voulais détruire le monde". Cette violence qu'ils vont même jusqu'à retourner contre eux, faute de pouvoir exprimer leur souffrance autrement.
Un roman fort et puissant.

Lu par Florinette

et Lily

Un billet de Fabrice  Colin sur la  couv'.

Regrettons au passage l'apparente disparition de la collection"les mues"  aux éditions Intervista...

06/10/2009

L'homme qui m'aimait tout bas

"Plus je me relis et plus je me relie à lui."

"Père adoptif", "père biologique", ces expressions n'ont pas cours dans l'univers d'Eric Fottorino. Pas plus que demi-frères d'ailleurs. seul compte l'amour qui circule entre l'auteur  et celui  qui lui a donné  son nom en 1970 et qui s'est suicidé en 2008.
Pas  de  "tombeau" au sens poétique du terme dans L'homme  qui m'aimait tout bas. Mais un livre  empli de chaleur, d elumière, celle dela Tunisie  d'où était originaire  Michel Fottorino, ce kiné "aux mains d'or" qui "préféra toujours  le silence aux paroles". Empli  d'amour et d'admiration pour cet homme que le romancier fait apparaître sous différentes formes dans  ses romans, rejouant ainsi  de multiples  façons LA scène fondatrice, cette scène originelle d'adoption proposée. Michel sera  aussi  cet "accordeur de corps  , une des  figures  centrales du superbe roman Un territoire  fragile,  riche d'humanité et dispensant son don sans compter. Et pourtant fragile cet homme l'était aussi mais il dissimulait soigneusement ses fêlures ou ses gouffres...41lyKiiKu7L._SL500_AA240_.jpg
Un texte magnifique qui se joue des mots pour mieux les faire vibrer . Et nous avec.

L'homme qui m'aimait tout bas,  Eric Fottorino, Gallimard 2009, 148 pages emplies  d'émotion.

Livre lu dans le cadre du Goncourt des lycéens.

 

L'avis  de  Jules.

25/09/2009

En retard pour la guerre/ ultimatum

1991. Israël vit sous la menace d'une attaque chimique irakienne. Des masques à gaz sont distribuées à la population à qui l'on enjoint aussi de  fabriquer des chambres hermétiques pour se protéger. Dans cette atmosphère  de fin du monde,  certains font la fête, d'autres s'apprêtent comme Tamar à donner la vie, d'autres enfin comme Constance, la narratrice, jeune étudiante française,  se sentent en complet décalage , en retard pour la guerre. En retard pour tout d'ailleurs. A vingt-cinq ans, Constance n'a pas terminé ses  études, vit de petits boulots, et n'arrive pas à se dépêtrer de l' "amour grimaçant" qu'elle éprouve pour un peintre, qui la malmène et voudrait se faire entretenir par elle.Peut être est-ce aussi parce que la jeune fille se sent engluée dans des souvenirs glauques...
De Valérie Zenatti j'avais déjà lu et aimé  Quand j'étais soldate (pas de billet) et c'est avec plaisir que j'ai  retrouvé une narratrice à la fois en empathie avec ce  pays si particulier et en même temps en léger décalage,  ce qui lui permet une vision à la fois amusée et tendre.On trouve dans ce roman une écriture à la fois légère et précise, de fort jolis passages comme celui-ci ""Il faudrait avoir le pouvoir de  s'inventer des souvenirs, des vrais, on les créerait à rebours pour s'y blottir, et ce ne seraient pas juste des histoires racontées le soir, dans le noir,  pour se consoler, se rassurer...", des personnages hauts en couleurs comme ce boutiquier qui appose sporadiquement cet écriteau sur la porte: "Fermé pour raisons personnelles qui ne regardent que le propriétaire", le tout scandé par des chansons de Serge Gainsbourg...Un roman tendre.51bnJciIc-L._SL500_AA240_.jpg

Ultimatum/En retard pour la guerre, Valérie Zenatti, Points Seuil 2009, 172 pages.

L'avis de Laure.Celui de Clarabel.

Et Cuné !

23/09/2009

Petit éloge de la vie de tous les jours

"Ces gens dont je souris témoignent seulement de ce que je suis" est-il écrit en 4 ème de couv'.  Et de nous infliger d'affligeants dialogues "croqués sur le vif" avec une mère qui se gargarise  du prénom de son fils "Sean" prononcé "Chaune",  d'un boucher qui fait preuve d'un humour lourdingue à  devenir  illico  végétarien, sans oublier deux hommes endimanchés,  qui dissertent  à n'en plus finir sur  la différence entre  "cuit" et "à point". Entre temps, on sera allé voir  un champ de pommes de terre, on aura écouté des gens éméchés opposer les mérites respectifs des  vaches du département  de l'Aisne contre celle des Ardennes, ou subi le  dialogue d'un vacancier relatant un repas pantagruélique qui  ne lui aura coûté que cent francs à un interlocuteur dont  la principale intervention  se résume à "tain".41O2ky9VsLL._SL500_AA240_.jpg
On aurait juste envie de prendre à son compte un paragraphe de l'auteur et de l'appliquer à son livre :  "Pendant ce temps,  je me  travaillais  l'appétit aux boulettes maison.Elles étaient molles comme des chiques  de  bouse et contenaient moins  de  chair  que de  vieux pain trempé  à l'eau. Chaque bouchée m'inspirait la même et unique pensée :

"Un pas de plus vers la mort."

Allez plutôt faire  un tour  Au bar des habitudes ou dans La belle maison !

21/09/2009

La donation

"Et nous lui en voulions de démolir chaque jour notre vie."

A l'occasion d'une donation entre vifs, la narratrice commence  une lettre à ses parents pour les remercier.N'y parvient  pas. En effet lui reviennent en mémoire  les souvenirs d'une enfance sous le signe de la Psychose  Maniaco Dépressive maternelle, où la narratrice et sa soeur souffraient en quelque  sorte de "PMD passive, un peu comme on parle de tabagisme passif." Et de s'interroger sur les sens de ce don :51-rCcAaVqL._SL500_AA240_.jpg
"La donation est-ce aussi  cela? La transmission du gène du doute. Du doute de soi, vertigineux. Je me suis toujours interrogée sur la  réalité de ce sombre héritage. J'ai souvent voulu lire une étude sur le psychisme des enfants de mères maniaco-dépressives". Sondant les mots, citant des auteurs comme autant de  bornes sur un chemin marqué par le doute, la narratrice interroge aussi sa propre filiation: quelle mère est-elle pour ses filles ?
Une écriture toute en retenue, l'auteure tient à distance ses sentiments par différentes stratégies, qui peuvent parfois agacer, mais réussit ici un roman à la fois cruel et tendre.

La donation, Florence Noiville. Livre depoche.  118 pages.

L'avis de Solenn

 

16/09/2009

Les derniers Indiens

 

La quatrième  génération de paysans auvergnats. La  dernière. Car il ne reste qu'eux, le frère et la soeur Santoire qui mènent une vie de plus en plus étriquée , mécanique, assourdie, tandis qu'en face d'eux une tribu pleine d'énergie,d'esprit d'entreprise, une tribu bruyante, brouillonne et colorée vit pleinement.41xys4BKYgL._SL500_AA240_.jpg
Avec une grande économie de moyens, Marie-Hélène Lafon nous peint la vie  de cette famille qui s'enorgueillit d'être Les  derniers Indiens , les derniers survivants d'une époque  révolue, qui ont à peine ressenti les soubresauts de l'Histoire et ont su étouffer dans l'oeuf  les élans et les frustrations qu'ils s'imposent eux-mêmes. Seul un vêtement bien repassé et soigneusement rangé viendra peut être éclairer d'un jour nouveau tout le roman...

Les derniers Indiens. Marie-hélène Lafon.Vient  de sortir  en folio.167 pages drues.

L'avis de Baratin (qui nous manque!!!!).

Celui de Clarabel.

14/09/2009

Les étranges soeurs Wilcox 1. les vampires de Londres

Dans les rues de Londres en cette année 1888 rôdent de drôles de personnages...Seuls quelques humains  savent que dans cette ville  se déroule une guerre entre  vampires.  Quelle part vont  y prendre les  étranges soeurs Wilcox, Amber "la volontaire,  la tête brûlée  aux  boucles  rebelles" et la cadette, Luna"la  rêveuse  aux cheveux noirs"  ?51aXHMOcs4L._SL500_AA240_.jpg
Fabrice Colin excelle à recréer l'ambiance brumeuse propice aux apparitions les plus effrayantes, quelques scènes d'ailleurs m'ont particulièrement fait frémir, moi qui ne suit pourtant pas "une petite nature". Ses héroïnes  ont un caractère bien trempé et savent tenir tête aussi  bien aux vampires qu'à sherlock  Holmes .On ne s'ennuie pas une  minute même si persiste l'impression génante d'un texte trop  formaté pour vraiment emporter l'adhésion. Dans ce premier volume les soeurs Wilcox prennent leurs marques et l'on ne peut qu'espérer qu'elles sauront s'affranchir de leur carcan. Fabrice  Colin nous avait habitués à une plus grande liberté de ton et à plus d'originalité.A trop vouloir respecter les codes du genre, il affadit un peu son talent. Affaire à suivre...:)

Les  étranges soeurs Wilcox, 1. les vampires  de Londres. Gallimard Jeunesse.284 pages .

Merci Lily!!!

Mention spéciale à Cuné, créditée dans les remerciements de l'auteur !!!

L'avis,  enthousiaste, de Clarabel !

12/09/2009

Je viens de tuer ma femme

"Je vais quand même acheter des timbres, ça peut toujours servir."

Pas de suspense a priori , le titre parle de lui même :  Je viens de tuer ma  femme. Commence alors pour le narrateur une semaine d'un long monologue intérieur d'abord rageur puis apaisé et de rencontres qui vont le faire déraper encore un peu plus...
On sourit d'abord puis on se prend à s'émouvoir devant cet homme qui perd de plus en plus pied et dont la logique folle s'emballe à qui  mieux mieux.510NQ+ICYsL._SL500_AA240_.jpg
Une analyse sans complaisance des rapports humains, rapports de couple bien sûrs , mais aussi amicaux ou prétendus tels : "Laurent et moi, c'est une relation étrange qui dure depuis dix ans: je  l'appelle,  je me déplace, je pense à ses anniversaires  quand il oublie les miens, je lui  souhaite sa fête, il ignore la  mienne,je l'invite à Noël, il vient les mains vides,  je pose les questions, il  a les réponses. Je ne suis pas son ami.C'est le  mien." le tout sur fond de Michel Fugain ou de  Françoise Hardy mais attention :  "Françoise Hardy et la  scie  circulaire,  ça  se marie mal.",vous voilà prévenus ! Emmanuel Pons jongle avec l'absurde mais l 'émotion n'est jamais absente.  Du grand art ,dans un tout petit  livre par le nombre de pages: 167 , qu'on ne prêtera pas à son mari...

Je viens de tuer ma femme, Emmanuel Pons, Arléa.

Merci à Cuné et à  Amanda !

L'avis de Laure

10/09/2009

L'inattendue

L'inattendue, carnet de bord d'une grossesse tant désirée, remue-ménage intérieur, dans le corps et dans le coeur d'une jeune femme qui garde dans un coin de sa tête le décès d'un jeune frère  disparu depuis longtemps.
Comment faire cohabiter tant d'émotions contradictoires , comment ajuster sa vie  de femme amoureuse et celle de future mère?  C'est à ce cheminement que nous convie Karine Reysset, qui nous montre également à l'oeuvre son travail d'écrivain. Beaucoup de phrases non terminées, au rythme de la pensée de l'auteure qui ne noircit pas ses carnets mais choisit des  encres colorées pour avancer entre inquiétude et sérénité, au gré aussi des hauts et des bas avec celui qu'elle  appelle "mon amour" souvent et "Olivier" rarement51hV5DNBkWL._SL500_AA240_.jpg
.Alors oui,  parfois ça dérange, cette intrusion forcée du lecteur dans l'intimité d'un couple sur qui on peut mettre des visages mais la force de l'écriture à la fois rude et tendre, non dénuée d'humour, emporte les  hésitations et on se laisse flotter au gré des fluctuations des humeurs dans lesquelles ce  carnet nous entraîne.

Karine Reysset, l'inattendue, Pocket 2009, 175 pages remuantes.

Le très joli billet de Laure qui vous donnera aussi de  belles citations.