Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/02/2011

On n'est pas des oiseaux

"Le bonheur est dans les forêts, et il est dans les jardins."

Il y a du grabuge entre les parents de Camille et Matthieu. Chacun des enfants s'accommode comme il peut de la situation, s'échappant pour l'une dans les rêves et dans son paradis: son jardin chéri. Pour l'autre dans des colères et des crises de somnambulisme.gisèle bienne,fraternité,jardin
Pourtant, quand tout va soudain changer, les deux enfants feront face. Ensemble devant l'inacceptable.
Commencé comme une histoire de couple qui se déchire devant des enfants, On n'est pas des oiseaux bascule page 49 dans une situation qui va dépasser Camille et Matthieu et à laquelle ils feront face de manière à la fois surprenante et d'un pragmatisme forcené, qui pourra choquer certains.
Mais l'écriture fluide et poétique de Gisèle Bienne nous épargne tout aspect sordide et l'évocation du jardin en particulier et de la nature en général comme havres de paix sont autant de respirations dans un texte qui dépeint de manière fine et acérée la fin de l'enfance . L'amour, même chez les oiseaux ne se vit pas forcément dans la fidélité et la pérennité, comme le rappellent au passage les paroles de Barbara qui scandent ce roman troublant, aussi bien destiné aux adultes qu'aux adolescents.

On n'est pas des oiseaux, Gisèle Bienne, collection médium de l'Ecole des loisirs 2011 , 207 pages qui m'ont donné envie de poursuivre ma découverte de cette auteure que je ne connaissais que de nom (et aussi par le titre , fascinant d'un de ses romans : Bleu, je veux.)

Ps: je suis fan de la couverture de Sereg ! (plus taupe que grise).

pps: à noter la mention du nom très évocateur d'une boutique de perles: "Le nid de la pie" qui existe pour de vrai à Reims!:)

Le site de Gisèle Bienne

Gisèle Bienne à L'école des loisirs.

16/02/2011

Bons baisers de la montagne

"-Pas besoin d'un fusil pour être un danger public."

noémie de lapparent,dimanche,c'est montagne et premier roman en ce moment...

Une -blonde- parisienne-miss-catastrophe sème la zizanie partout où elle passe, chez ses cousins qui l'ont gentiment invitée ainsi que dans un pas si paisible que ça village montagnard. Tout ça parce qu'elle s'est soudain entichée d"un ancien "enfant du placard" devenu gourou malgré lui.
J'ai réussi à lire ce roman jusqu'au bout mais à l'arrivée je me suis demandé quel était l'objectif de l'auteur qui, si elle sait insuffler de la vie à ses personnages, ne sait visiblement pas toujours où elle les emmène.
Voulait-elle nous démontrer que nous créons nos propres illusions ? Ce n'est en tout cas pas la fin du roman qui nous aidera...

Pioché par hasard à la médiathèque.

Bons baisers de la montagne, Noémie de Lapparent, 201 pages qui m'ont laissée perplexe et je ne suis pas la seule:

Laure et Pimprenelle l'ont été aussi.

 

12/02/2011

Cruelles natures...en poche

Si Cruelles natures se donne d'abord des allures bucoliques avec son personnage d'écologue,jadis renommé, qui se balade dans la Brenne, consignant soigneusement les cadavres d'animaux qu'il rencontre en chemin, le lecteur qui se sera déjà frotté à l'univers de Pascal Dessaint sait bien que cette atmosphère brumeuse ne peut recéler que de noirs desseins... 514OnclyNgL._SL500_AA300_.jpg
En contrepoint, les paysages du Nord et quelques habitants de la région de Dunkerque, trois jeunes dont on devine rapidement qu'ils ne se contenteront pas de voyager par procuration avec les pigeons voyageurs, trois jeunes qui vont partir en vrille ...
Tout l'art du romancier sera d'arriver à croiser ces destins que tout semble éloigner et à semer mine de rien des indices destinés à nous montrer que tout n'est pas forcément comme nous le croyons car si "Après quelques instant de discussion et parfois même d'un seul regard, il semble qu'on est en mesure de tout percevoir de certains hommes et qu'il n'y a pas grand chose à espérer sous la surface. Pour d'autres, en revanche, tout se situe en profondeur. ceux-là ne se dévoilent jamais totalement et obligent à l'effort."
Fourmillant de noms d'oiseaux et de plantes, ce roman donne l'irrésistible envie de partir se promener dans la région évoquée mais l'auteur signale dans sa postface qu'il est resté "volontairement vague afin de préserver la tranquillité des hommes et des animaux".
Avec un seule tortue et une voiture, Dessaint arrive à créer un suspense tellement insoutenable que je n'ai pas résisté; je suis allée directement à la fin du livre pour voir si l'animal s'en sortait !

09/02/2011

Ils diront d'elle

"Elle se demande s'il faut être léger ou doté d'une indulgence qui lui fait défaut pour vivre en société."

Noël en famille, rien de tel pour se sentir une nouvelle fois hors-normes pour Estelle. Juqu'à présent, elle avait toujours réussi à esquiver cette réunion , préférant éviter ainsi les réflexions même involontairement blessantes sur le fait qu'elle vive avec une femme écrivain, profession nettement plus valorisante que tous les petits boulots auxquels elle même se cantonne.51KvHC39kqL._SL500_AA300_.jpg
Mais cette année, face à ses propres doutes, elle sent que le moment est venu de revenir sur le passé et de combler -ou pas - le fossé à la fois temporel et psychologique qui la sépare de ses frères et soeurs.
Choisissons-nous vraiment notre vie ou subissons-nous les rôles qu'on nous a attribués, consciemment ou pas ?
Sans acrimonie, tout en délicatesse, Fanny Brucker nous peint ici le portrait d'une femme en devenir qui s'interroge sur ce qu'elle croît être ses choix , sur sa vision du passé, qui ne correspond peut être pas à celle qu'en a le reste de sa famille, sur le fait qu'elle se soit toujours sentie inférieure aux autres. Pas de grand déballage à la Festen, mais une vision chaleureuse et humaniste  qui nous montre au passage, non sans humour, les aléas du métier de serveuse (promis, juré, vous ne les regarderez plus du même oeil !). Une analyse fine et une narration fluide qui font de ce roman un véritable plaisir de lecture.

Ils diront d'elle, Fanny Brucker, jean-Claude lattès 2011, 267 pages .

08/02/2011

Naissance d'un pont

"...je sais comme tout le monde que celui qui veut construire un pont doit faire un pacte avec le diable."

De l'appel de candidature à l'inauguration, Maylis de Kerangal nous retrace la Naissance d'un pont. Sur cette trame aussi linéaire en apparence, l'auteure a su insuffler puissance et vie à toutes les étapes, à tous les aspects de cette construction.maylis de kerangal
Le texte s'interroge sur la manière dont l'ouvrage va s'inscrire dans l'espace, modifiant de manière irrémédiable le paysage, reliant, pour le meilleur et pour le pire des espaces, celui de la forêt, donnée comme un lieu magique, et celui de la ville, une ville marquée par l'énergie et l'argent.
Nombreux seront les obstacles mais ce ne seront pas forcément ceux qui se croient les plus puissants qui pourront ralentir l'inéluctable construction.
Quant aux hommes, et aux femmes, nous les suivons dans leur travail mais aussi dans leurs relations et très vite nous tremblons pour eux car le danger n'est pas forcément au bout d'une poutrelle. De l'intérimaire qui joue les cascadeurs , de l'escogriffe Diderot, grand général de cette armée qui se met en branle pour donner naissance au pont, à Katherine Thoreau plus à l'aise aux commandes de son engin que de sa vie, tous nous deviennent rapidement familiers et proches.
Maylis de Kerangal, par son style très ample et inspiré, non dénué d'humour , rend tout à fait fascinante et passionnante cette construction dont les aspects techniques ne sont en rien rebutants, bien au contraire.
Après l'échec de ma lecture de la Corniche Kennedy, je renoue avec une auteure qui a atteint ici sa plénitude .

 

Naissance d'un pont, Maylis de Kerangal, Verticales 2010, 317 pages qu'on ne lâche pas.

Emprunté à la médiathèque.

06/02/2011

La voie Marion

"Il n' y a pas plus solitaire que la lecture , et pourtant , quand on a aimé un livre, on meurt d'envie de le faire lire..."

jean-philippe mégnin,montagne beaucoup,librairie très peu

Comment l'amour naît entre une libraire et un guide de montagne à Chamonix. Comment la lumière s'estompe peu à peu entre eux, jusqu'à ce que le passé leur réserve quelque chose de très spécial.
Sur une trame aussi ténue , Jean-Philippe Mégnin réussit un joli roman d'atmopshère qui abuse un peu  des points de suspension mais qui , tout en douceur, nous peint une délicate dérive des sentiments.

 

La voie Marion, jean-Philippe Mégnin, le dilettante 2010, 158 pages.

Un billet (et des extraits) chez L'or des chambres.

L'avis de Véronique.

02/02/2011

Le bal des frelons

"Il y a toujours un truc, un ours ou autre chose, à cause de quoi ça foire ."

Quelle mouche a piqué ces paisibles villageois d'Ariège ? Les voilà pris d'une frénésie de sexe ou d'argent, s'agitant et vrombissant comme des frelons en furie. Chantage, menaces voire meurtres vont s'enchaîner dans une folle sarabande qui ne ménage pas le lecteur ! C'est à peine si entre deux courts chapitres ou alternent les points de vue des personnages ,on trouve encore le temps de faire une petite place à pascal dessaint,abeilles,nature,farcel'animal, frelon, ours ou hérisson qui chacun à leur façon traversent cette farce où les humains de tout poil en prennent pour leur grade. Le rythme est soutenu et ne faiblit jamais, les épisodes s'enchaînent avec une perfection remarquable, conférant ainsi une ossature solide à un propos nettement plus libre !
On est bien loin de l'écriture tenue et maîtrisée des derniers jours d'un homme. Pascal Dessaint se lâche et , sans oublier la noirceur, fait ici la part belle à la truculence et à la farce. Un récit qui file à toute allure, réservant de nombreux coups de théâtre au lecteur et peignant, parfois à grands traits, de savoureux portraits . L'excès est ici la norme , c'est le jeu, même si quelques bouffées de tendresse tentent de contrebalancer les turpitudes exposées.

Le bal des frelons, Pascal Dessaint, Rivages 2011, 206 pages roboratives .

01/02/2011

Nous étions des êtres vivants

"On aime notre métier et notre métier ne nous aime plus."

Soulagement au sein d'un groupe de presse pour enfants: ils ont trouvé un acquéreur. Mais soulagement de courte durée car le repreneur, bientôt surnommé Gros porc, n' a que faire de leurs compétences, de leur humanité et ne recherche que le profit à court terme.1428620358.jpg
En trois étapes, commentées par un choeur, la tragédie ira crescendo, révélant les mesquineries banales , les cruautés ordinaires et les retournements de veste discrets au fur et à mesure que la peur s'installe.
Plusieurs personnages prendront aussi successivement la parole, révélant leurs faiblesses, leurs problèmes quotidiens ou moraux et cette plongée dans leur intimité permettra de nuancer leur comportement.
De rebondissements en coups fourrés, de coups de folie en désespoir, c'est toute une palette de sentiments qui nous les rend si proches et si désespérement humains dans une société où "Aujourd'hui, manoeuvrer, dénoncer, flatter, , faire preuve de cynisme  et jouer les forts en thème suffit à accéder au rang de supérieur. Les compétences passent au second plan." ça ne change peut être rien de l'écrire mais ça fait du bien, car on se sent moins seuls , comme ne cesse de le répéter le choeur, comme pour mieux s'en convaincre.

Nous étions des êtres vivants, Nathalie Kuperman, Gallimard 2010, 203 pages pas si désespérantes que ça.

L'avis de Cuné,,Aifelle, Kathel, qui vous mènera vers plein d'autres.

Emprunté à la médiathèque.

24/01/2011

L'écrivain de la famille

"Quand on est très petit , la longueur des bras permet juste d'atteindre le coeur de ceux qui nous embrassent.Quand on est grand, de les maintenir à distance."

Parce qu'il a écrit des vers de mirliton à sept ans, Edouard est aussitôt assigné au rôle d'Ecrivain de la famille. Les mots vont alors revêtir une importance toute particulière pour ce fils aîné d'une famille de commerçants aisés du Nord où les failles commencent à se  creuser.
Mais s'il est assez facile d'adopter la séduisante posture de l'Ecrivain, les mots vont se montrer plus rebelles que prévus et se laisser plus aisément dompter sous forme de slogans publicitaires que sous forme romanesque.41H+Jy2-2IL._SL500_AA300_.jpg
Des années 70 , placées sous le signe de Sautet, aux années quatre-vingt dix ,plus sombres,  nous suivrons, de décennie en décennie, le parcours de cet Edouard si doué pour décrire les femmes et si maladroit pour les aimer. Itinéraire d'un ex- enfant gâté, itinéraire d'une famille tout à la fois ordinaire et si singulière, à la fois drôle et émouvant, ce roman ,qu'on devine inspiré par le parcours de l'auteur, même si on y sent parfois la patte du publicitaire qui plie les mots à sa guise, réussit à transmettre une vraie émotion, subtile et chaleureuse. Un très joli voyage dans le temps et les sentiments d'une famille. Un livre qu'on ne lâche pas.

L'écrivain de la famille, Grégoire Delacourt, Jean-Claude Lattès 2010, 265 pages dans la lignée de Jean-Louis Fournier.

Clara a aussi été séduite !


15/01/2011

Les âmes soeurs...en poche

"Elle pense qu'elle est en train de chercher la bonne position pour vivre, comme on cherche la bonne position pour dormir..."

Parce que , pensant à sa relation à son mari "Elle avait souvent en tête l'image d'un coquillage collé à un rocher, perdant peu à peu ses couleurs d'origine jusqu'à se fondre dans la masse minérale qui l'hébergeait.", parce qu'elle se sent mal à l'aise dans l'entreprise où elle exerce un travail inintéressant  et où on la rejette implicitement car elle est mère de trois jeunes enfants, Emmanuelle va emprunter des chemins de traverse, jouer la femme buissonnière.Toute une journée rien que pour elle. Pour prendre le temps aussi de terminer le livre qu'elle a commencé la veille .9782757821701.jpg
Alternant passages du roman lu ,mettant en scène une photographe, et pensées d'Emmanuelle, le récit va peu à peu fondre les trajectoires des deux femmes et réveiller un passé soigneusement enfoui.
Mères abandonnantes ou trop tôt disparues, amitiés féminines où puiser du réconfort et un peu d'énergie pour continuer à vivre, seront évoquées avec tendresse au fil de cette journée où les hommes se tiendront en lisière.
Un roman parfois maladroit, parfois trop léger mais qui recèle aussi de petites merveilles qu'il faudre prendre le temps de savourer.