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27/08/2011

Ce que je sais de Vera Candida...en poche

"Ne te prends pas pour un tremblement de terre."

Est-il  besoin encore de résumer l'histoire  de ces trois générations de femmes, chacune d'elles enfantant sans pouvoir révéler le  nom du père ? Si ces personnages sont hauts en couleurs,  le lieu dans lequel se déroule l'action est tout autant remarquable: une île, Vatapuna, où se dresse un rêve inachevé de véroniqNe  te prends pas pour un tremblement de terre."  Est-il  besoin encore de résumer l'histoire  de ces trois générations de femmes, chacune d'elles enfantant sans pouvoir révéler le  nom du père ? Si ces personnages sont hauts en couleurs,  le lieu dans lequel se déroule l'action est tout autant remarquable: une île, Vatapuna, où se dresse un rêve inachevé de marbre,  au sommet d'un immense escalier,  comme une  pyramide maya  menant à un autel sacrificiel...51tR27Kpz-L._SL500_AA240_.jpg Seule  Vera Candida brisera la fatalité et osera rejoindre le continent,quelque part en Amérique du Sud, devinons-nous. Là, elle rencontrera une sorte de chevalier blanc qui tentera  d'apprivoiser celle qui se donne  des allures d'amazone.On craint le pire en commençant ce  roman:  l'exotisme de pacotille, les grosses  coutures du conte annoncé,  mais  Véronique Ovaldé s'empare  avec jubilation de son décor  tropical et de sa faune pour mieux explorer "les  territoires du secret et de la dissimulation dont elle  [connaît] bien les contours et les lois.", à l'instar de son héroïne.Ses personnages ne sont jamais caricaturaux et on s'immerge avec bonheur dans ce récit qui  brasse à la fois le réalisme (la condition faite aux femmes) et le  fantastique qui se vit  ici d'une manière tout à fait anodine. On s'attache à ces heroïnes tour à tour victimes et rebelles  et on ne peut plus les lâcher. un enchantement au sens fort du terme.ue ovaldémarbre,  au sommet d'un immense escalier,  comme une  pyramide maya  menant à un autel sacrificiel...
Seule  Vera Candida brisera la fatalité et osera rejoindre le continent,quelque part en Amérique du Sud, devinons-nous. Là, elle rencontrera une sorte de chevalier blanc qui tentera  d'apprivoiser celle qui se donne  des allures d'amazone.On craint le pire en commençant ce  roman:  l'exotisme de pacotille, les grosses  coutures du conte annoncé,  mais  Véronique Ovaldé s'empare  avec jubilation de son décor  tropical et de sa faune pour mieux explorer "les  territoires du secret et de la dissimulation dont elle  [connaît] bien les contours et les lois.", à l'instar de son héroïne.Ses personnages ne sont jamais caricaturaux et on s'immerge avec bonheur dans ce récit qui  brasse à la fois le réalisme (la condition faite aux femmes) et le  fantastique qui se vit  ici d'une manière tout à fait anodine. On s'attache à ces heroïnes tour à tour victimes et rebelles  et on ne peut plus les lâcher. un enchantement au sens fort du terme.

26/08/2011

Un avenir

"Quittez cet endroit, me direz-vous , mais j'ai laissé passer le moment où c'était encore possible, a dit la femme, dans la plupart des cas, nous laissons passer ce moment."

Paul, malgré un "rhume colossal" parcourt les 300 kilomètres le séparant de la demeure familiale, pour vérifier  qu'un robinet a bien été purgé. C'est en effet le prétexte qu'a trouvé son frère Odd- qui lui a annoncé par courrier qu'il disparaissait pour un certain temps- pour le faire revenir à la maison .
Bientôt la neige va bloquer Paul qui aura ainsi tout le loisir de revenir sur son passé et de reconstituer progressivement l'histoire de sa famille, une famille haute en couleurs !véronique bizot
"Cascade narrative" annonce la quatrième de couverture et c'est tout à fait cela. On se retrouve embarqué dans un récit où les identités se constituent par petites touches, souvent par paires qu'on devine potentiellement interchangeables, où les destins se jouent à peu de choses, évoluent de manière surprenante et où les lieux et les moyens de transport (parfois saugrenus) jouent un rôle essentiel ...La boucle sera bouclée mais nous serons entre temps passés des paysages alpestres enneigés aux terrasses monégasques sans oublier un petit détour par la Malaisie.
Il faut accepter de perdre ses repères pour embarquer dans le récit de Paul et le laisser décanter pour mieux le savourer.

Un avenir, Véronique Bizot, Actes Sud 2011, 104 pages déroutantes et savoureuses.

L'avis de Mélopée

25/08/2011

Eux sur la photo

"Il est tentant d'en rester là et de ne retenir que l'image idéale d'un couple sous une tonnelle."

Une seule photo, voici l'unique souvenir que possède Hélène de sa mère, morte alors qu'elle avait trois ans. Faisant paraître une petite annonce dans un quotidien, elle a la surprise de recevoir une réponse : Stéphane a reconnu son père.
Commence alors une enquête croisée et un échange épistolaire qui, scandés par des descriptions particulièrement réussies de photos (on sent que l'auteure s'est régalée !) mettent à jour une histoire d'amour , voire peut être deux car les sentiments,d' Hélène et Stéphane vont évoluer au gré de leurs découvertes.hélène gestern
Une trame narrative solide,pleine de rebondisesments, on s'inquiète, on sourit, des personnages et des ambiances sensibles et bien campées, une écriture fluide , souvent teintée d'humour et de tendresse font de ce premier roman une réussite ! Hélène Gestern dépoussière le thème du secret de famille et de ses conséquences sur les descendants de manière sensible et originale. On aurait même envie de croire que cette histoire est vraie !
Un de mes coups de coeur de cette rentrée !

Eux sur la photo, Hélène Gestern, Arléa 2011, 274 pages sensibles.

24/08/2011

Courir

"L'Emile du marathon, lui, court dans la plus totale sérénité, sans la moindre souffrance apparente."

Haruki Murakami- dont j'adore par ailleurs les romans même si je n'arrive jamais à rédiger un billet dessus- dans son Autoportrait en coureur de fond ne nous épargne aucune précision technique, aucune douleur, aucun détail technique. Pff. Tout pour décourager la béotienne que je suis.jean echenoz,emile zatopek
Avec cette vraie-fausse biographie d'Emile Zatopek, Jean Echenoz fait tout le contraire et adapte sa foulée à celle du coureur : sereine et faussement simple. Car, même si le coureur tchécoslovaque gesticule, grimace sur la piste , il s'épanouit dans le marathon, trouvant là sa pleine mesure. Je ne sais pas vous mais je n'ai aucun intérêt pour les athlètes qui se battent autant contre eux-mêmes que contre les autres. Et arrivent à demi-morts, sans avoir pris le moindre plaisir.Il doit y avoir de l'élégance, de la décontraction dans le geste sportif. Comme dans l'écriture d'ailleurs, même si tout cela demande énomément de travail, rien ne doit paraître, sauf le plaisir, la grâce.
Zatopek, représentant unique d'un minuscule pays face à la toute puissance soviétique est tout simplement touchant, émouvant et nous réconcilie avec le sport par son absence apparente de sophistication technique. Il est humain, profondément humain . Un coureur atypique et un texte d'une fluidité absolue, un régal !

Courir, Jean Echenoz, Editions de Minuit.

L'avis d'Amanda, de Dasola.

D'Hélène,

22/08/2011

So long, Luise

"Un jour, je ferai cesser ce gourgandinage."

Qui dit testament dit en général roman bien huilé, secrets de famille, amour, haine , règlements de comptes grinçant à tous les étages.céline minard
Rien de tel chez Céline Minard . Si la narratrice- dont nous ne connaîtrons jamais la véritable identité- romancière de son état, revient bien sur son passé, éclairant pour sa compagne, Luise, des événements dont cette dernière n'avait pas perçu toutes les facettes, c'est pour mieux pulvériser tous les clichés du genre et montrer la toute puissance des mots.
En effet, par ce qu'elle appelle jactance, la narratrice arrive à produire les effets les plus divers chez ses auditeurs médusés. Effet hypnotisant du langage parfaitement manié.
De la même façon, mêlant anglais et ancien français par petites touches, convoquant gnomes, pixies et brownies dans une sorte de flot tour à tour furieux et serein, au gré des humeurs de sa narratrice, Céline Minard entraîne son lecteur dans un texte surprenant à plus d'un égard, poétique, ludique et parfois érotique, qui le laisse parfois désorienté mais épaté par tant de virtuosité (mais comment fait-elle? !!)et d'amour du langage. Mensonges , (re)création voire récréation ,car l'humour est souvent présent, sont au coeur de ce roman jubilatoire  qui est aussi un acte d'amour...On glisse d'un univers à un autre de manière imperceptible , tout ne sera pas éclairci ,mais peu importe car il faut se laisser charmer- au sens fort du terme- par cette narratrice qui fait les quatre cents coups et ne s'en laisse compter par personne, colonie de nains bûcherons ou auto-stoppeur !
Céline Minard use du langage comme une magicienne, montrant dans ce vrai-faux testament que "nous ne possédons rien, si ce n'est la puissance et, peut être le talent de recréer, allongé sous un saule dans un fauteuil articulé, ce que nous avons soit-disant déjà vécu."

So long, Luise, Céline Minard, Denoël 2011, 215 pages frappées, à déguster cul-sec !

Et zou sur l'étagère des indispensables !céline minard,bizarrement ce livre m'a fait penser à l'album Never for ever de kate b

20/08/2011

Mon couronnement ...en poche

véronique bizotSur les gens habitués à réfléchir, avait-il ajouté, Le Touquet agissait comme un lavage de cerveau , et ils ne le toléraient naturellement pas."

108 petites pages qui  se calent avec aisance dans la main et racontent Mon couronnement, celui d'un scientifique à la fin de sa vie, pour une découverte dont il a tout oublié -ou presque- et qui ne sera jamais précisée...
Gentiment mais fermement pris en main par sa femme de ménage qui ne jure que par " un bon plat de petites lentilles" pour se remettre d'aplomb, le narrateur fait face à ce déferlement de visites et à cette notoriété subite dont il n'a que faire. C'est aussi l'occasion pour lui de renouer avec son passé, passé lacunaire dont le lecteur complètera les pointillés...Mais c'est lors d'une escapade sur la Côte d'Opale que l'absurdité de l'existence ,qu'il ne cesse de souligner, culminera dans un discours pseudo scientifique hilarant sur les typologies respectives des habitants d'Etaples et du Touquet. Un monde où rôde une folie douce, une folie en sourdine, un monde d'une étrangeté familière. 108 pages, un excellent format, à la fois dense et léger.

19/08/2011

Le coeur régulier...en poche

"J'ai tant d'admiration pour ceux qui se relèvent."

Après la mort de son frère, sorte de mouton noir de la famille, une jeune femme part au Japon sur les traces du défunt, laissant en France un mari et des enfants adolescents qui semblent s'être éloignés d'elle. A moins que ce ne soit l'inverse...

oli"J'ai tant d'admiration pour ceux qui se relèvent."  Après la mort de son frère, sorte de mouton noir de la famille, une jeune femme part au Japon sur les traces du défunt, laissant en France un mari et des enfants adolescents qui semblent s'être éloignés d'elle. A moins que ce ne soit l'inverse... 41S5cBtcBDL._SL500_AA300_.jpg   Le coeur régulier est un creuset des différentes thématiques abordées dans les précédents romans d'Olivier Adam : le décès d'un frère marginal aimé, une femme que sa vie familiale ne satisfait plus vraiment, le suicide . L'auteur les revisite sans que le lecteur éprouve de déplaisir , au contraire, mais faute de cohérence et d'approfondissement le lecteur demeure perplexe. En effet, le Japon n'est ici qu'un décor que quelques mots étrangers jetés de- ci ,de-là ,ne suffisent pas à camper et l'atmosphère créée autour de cette falaise d'où se jettent des gens à bout de force pourrait être aussi bien française que nipponne. Quant à son héroïne, elle souffre d'un manque d'inscription dans une quelconque réalité sociale. On ignore quasiment tout du métier qu'elle exerce , semblant flotter dans une abstraction qui fait perdre toute profondeur à sa souffrance. On attendait ainsi, par exemple ,plus de mordant dans la description du stage de motivation auquel elle participe. Bref, tous ceux qui ont aimé les précédents romans d'Olivier Adam ne seront pas dépaysés mais resteront un peu sur leur faimvier adam

Le coeur régulier est un creuset des différentes thématiques abordées dans les précédents romans d'Olivier Adam : le décès d'un frère marginal aimé, une femme que sa vie familiale ne satisfait plus vraiment, le suicide . L'auteur les revisite sans que le lecteur éprouve de déplaisir , au contraire, mais faute de cohérence et d'approfondissement le lecteur demeure perplexe.

En effet, le Japon n'est ici qu'un décor que quelques mots étrangers jetés de- ci ,de-là ,ne suffisent pas à camper et l'atmosphère créée autour de cette falaise d'où se jettent des gens à bout de force pourrait être aussi bien française que nipponne.
Quant à son héroïne, elle souffre d'un manque d'inscription dans une quelconque réalité sociale. On ignore quasiment tout du métier qu'elle exerce , semblant flotter dans une abstraction qui fait perdre toute profondeur à sa souffrance. On attendait ainsi, par exemple ,plus de mordant dans la description du stage de motivation auquel elle participe.
Bref, tous ceux qui ont aimé les précédents romans d'Olivier Adam ne seront pas dépaysés mais resteront un peu sur leur faim

18/08/2011

J'ai déserté le pays de l'enfance

"Marrez-vous, carnassiez !"

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Parce qu'elle défend les intérêts d'une société informatique alors que son éthique voudrait qu'elle soit plutôt du côté de l'employé qui va se faire entuber, la narratrice s'offre une magnifique crise d'angoisse et un petit séjour dans un centre psychiatrique.
Un pied dans son enfance -paradis-perdu à Djibouti, un pied dans le monde des adultes où elle  sur la  refuse de sacrifier ses idéaux, la voici réduite à faire le grand écart,ce qui n'est guère confortable, vous l'admettrez.. .Son séjour dans un centre où elle est la seule à ne pas prendre de médicaments lui ouvrira-t-il les yeux ?
Si l'évocation de l'enfance et les tergiversations morales de l'avocate ne m'ont pas totalement convaincue, trop convenues à mon goût, l'évocation des malades mentaux et de la vie dans ce centre psychiatrique en plein coeur de Paris m'a totalement enthousiasmée. à la limite, j'aurais même préféré que la narratrice y séhjourne un peu plus longtemps pour apprécier encore plu cette galerie de portraits sensibles et pleins d'humanité. Une réussite en demi-teinte donc.

 

J'ai déserté le pays de l'enfance, Sigolène Vinson, Plon 2011, 190 pages où j'aurais bien aimé que la mère ne parle pas sans cesse EN MAJUSCULES ! Même si je vois très bien ce que l'auteure veut dire.

 

16/08/2011

Des bleus à l'âme

"On les trouvait bizarres, exotiques, car ils étaient fort bien faits , l'un et l'autre. Eux se trouvaient simplement décents."

Sébastien, Eléonore ont toujours profité de leur beauté, de leur élégance naturelle pour vivre sans travailler, tout en gravitant dans le monde de la richesse. On ne saurait les qualifier de parasites tant leur attitude paraît naturelle et leurs "victimes" consentantes. françoise sagan
Mais la quarantaine approche et les cigales ont peut être du souci à se faire.
C'est à un work in progress que nous convie ici Françoise Sagan, alternant chapitre du roman et réflexions sur la vie et l'écriture. On se demande comment l'auteur parviendra à se tirer d'affaire (tout comme les personnages d'ailleurs) mais la pirouette finale fera d'une pierre deux coups. Un texte d'une élégance folle et d'une superficialité toute apparente.

Des bleus à l'âme , Françoise Sagan, Livre de poche, 179 pages prétendument nonchalantes, .

14/08/2011

Son corps extrême

"Et tout le monde chante le silence des os dont on avait oublié le miracle."


De l'accident nous ne saurons rien ou presque. Et déjà cette manière d'entamer le récit en faisant fi de tout sensationnalisme , en abordant apparemment de biais ce qui n'est en fait "que" l'élément déclencheur m'a paru originale et de bon augure.régine detambel
La victime (peut être consentante) ? Alice, une femme aux abords de la cinquantaine qui va devoir se réapproprier un corps détruit. Une expérience de douleur et de reconstruction que nous suivrons au plus près, à l'intérieur même du corps souvent et l'écriture de régine Detambel donne ici sa toute puissance , charriant les images,  associant les muscles et les mots de la poésie : "Et puis dire des poèmes , car dire un poème c'est marcher en chantant. Les poètes ont toujours quelque chose de rythmique à chuchoter, si bien que, même si on ne marche pas encore, on entend au moins des pas intérieurs qui se meuvent en silence."
Mais c'est  aussi au coeur de l'hôpital et de ses soignants que se vit cette expérience,  "L'hôpital [qui] démontre sa remarquable faculté à réveiller d'anciennes émotions  qui n'étaient oubliées qu'en surface." car c'est bien d'émotions qu'il s'agit, d'émotions et de douleurs vécues dans la fraternité, voire dans ce qui n'est pas de l'amour mais s'en approche de très près. Un texte formidable, à lire et relire pour mieux le laisser décanter et s'en imprégner.

Son corps extrême, régine Detambel, Actes Sud 2011, 147 pages dont beaucoup ont été cornées et recornées.

L'auteure lit un extrait du début de son roman ici.