19/06/2012
Le bar parfait
"-Ah ! Je vois. Quand il ya marqué modération, en général, ça dégénère."
A la recherche du Bar parfait, un marathonien du blanc parcourt les rues de Paris avec comme trame le plateau de jeu d'un Monopoly: "Un sacré jeu de pistes. Ce tracé de capitalisme immobilier allait devenir un jeu de l'oie bourré, alcoolisé." Jeu de pistes donc, entrecoupé par des dialogues de malfrats qui semblent préparer un coup.Prétexte à un vagabondage amoureux des bars pour dénicher "l'ultime " et l'occasion de profiter du verbe goûtu de Jean-Bernard Pouy !
Le bar parfait, jean-Bernard Pouy, Lés éditions Atelier n°8 2011, 66 pages gouleyantes !
Déniché à la médiathèque.
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15/06/2012
La commissaire n'aime pas les vers...en poche
"Un autre meurtre ? Pire encore, c'était sa mère."
Un clochard surnommé Victor Hugo assassiné alors qu'il voulait confier aux Académiciens un poème inédit (et sulfureux) de Baudelaire, même si La commissaire n'aime point les vers, il lui faudra élucider cette affaire dont vont très vite s'emparer les médias.
Assistée du très craquant lieutenant Augustin, Viviane Lancier, entre deux régimes et quelques cadavres, mène l'enquête et nous devient de plus en plus sympathique, volant même parfois la vedette à l'intrigue ,au demeurant fort bien troussée et documentée.
On regrettera juste l'ultime suggestion de la commissaire à l'assassin-pas vraiment justifiée- ainsi qu'une volonté un peu trop affichée de finir à tout prix sur une minute d'émotion.
Nonobstant ces quelques réserves, j'ai passé un excellent moment avec ce polar bon enfant et je me réjouis d'avance d'en lire la suite !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : georges flipo
14/06/2012
Le corail de Darwin
"Cette île, c'est un coeur qui bat."
Vigdis est pleine d'énergie, "franche du collier" et vit en Islande, un pays en perpétuelle création, une île est d'ailleurs née en même temps que la jeune femme . Livia , plus secrète, habite Rome, une ville plus tournée vers les vestiges de son passé que vers l'avenir. Toutes deux, grâce à un site d'échange de maisons, vont découvrir ce qu'elles ignoraient désirer.
Il est beaucoup question de communication dans ce roman. En effet, d'une part, par l'intermédiaire des mails, les jeunes femmes vont tisser une relation qui les amènera à se livrer davantage que si elles s'étaient rencontrées. D'autre part, Livia entretient des "conversations à bouche close" avec son mari, éloigné par son travail et avec lequel elle communique par l'intermédiaire de listes de livres enregistrés sur une liseuse électronique. Quant au père de la jeune italienne, ressassant un événement culpabilisant du passé, il rédige des feuillets chaotiques d'où émergera peut être une vérité.
L'analyse de cette appropriation des lieux de l'autre, de cette incursion dans l'intimité d'étrangers que l'on ne croisera pas, en particulier de l'espace romain par Vigdis est aussi menée de manière subtile.
J'ai mis un peu de temps à entrer dans ce texte , mais ensuite plus moyen de le lâcher ! Le style de Brigitte Allègre est précis, riche, sans être précieux et son roman très bien structuré. Elle arrive à créer des atmosphères et des personnages qui captivent, et on a vraiment l'impression de partager leurs vies et leurs sentiments. L'analyse est fine, le style superbe, un pur régal !
Le corail de Darwin, Brigitte Allègre, Actes Sud 2012, 390 pages (hérissées de marque-pages) pour trouver sa demeure. Et zou, sur l'étagère des indispensables ! Et zou, dans la foulée, j'ai commandé son premier roman !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : brigitte allègre, rome, islande, communication
10/06/2012
Ma vie pour un oscar
"Juste le temps nécessaire à Bogus pour retrouver sa forme inhumaine."
En devenant l'assistante d'une star hollywoodienne, John Bogus, La jeune Camille, autocentrée et mégalo (elle rêve d'un Oscar) va découvrir l'envers du décor . De l'organisation de la participation de son patron à la cérémonie des oscars à celle d'un voyage humanitaire, nous connaîtrons tout de l'autre face de cet acteur obsédé par son apparence et entouré par une cour de parasites. Mais Camille , en manière d'ego est de taille à se défendre ! :"Ses cousins se demandent pourquoi je ne suis pas mariée et ce que je fabrique à 6 h 15 du matin, assise à l'arrière de leur camionnette à attendre le livreur de journaux avec ma gueule de fille à papa et mes diplômes qui dépassent de mes leggings de yoga. Un cliché ambulant assumé dans une ville désinhibée par la banalité de l'outrance." L'héroïne n'a rien d'une Bécassine et c'est ce qui fait tout le sel de l'histoire.
Dans sa présentation (clic) l'auteure, qui a elle même été l'assistante d'un acteur américain ,assure avoir voulu écrire un roman qui ne se lâche pas. Mission accomplie de ce point de vue. La satire est amusante, même si un peu superficielle, et qui se plaindrait de pénétrer dans les coulisses du rêve hollywoodien ?
Mais j'ai surtout été séduite par l'aplomb (qui peut parfois être agaçant) de cette jeune femme qui a tout pour elle, le sait et en joue parfaitement. Un roman d'été qui remplit parfaitement son contrat.
Ma vie pour un Oscar, Aurélie Lévy, Plon 2012, 151 pages tout sauf naïves.
Quant aux curieuses qui se demande quelle est l'identité de ce mystérieux acteur, quelques secondes de recherche sur le net devraient suffire...:)
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18/05/2012
Grandir...en poche
Bien sûr, il y eut des fêlures , mais quand la mère, âgée, devient fragile, que la relation de "dépendance" commence à s'inverser, c'est l'occasion pour chacune d'elle de Grandir d'une manière différente et d'apprivoiser le temps qui passe .
Avec beaucoup de pudeur et d'élégance Sophie Fontanel nous livre ce beau récit entremêlant souvenirs heureux et découverte d'un tout autre univers, celui de la vieillesse et de ses aléas, en complet décalage avec le monde futile de la monde dans lequel évolue la narratrice.
Des chapitres courts, comme autant de vignettes, pour dire la tendresse et les jolies choses dont il faut se souvenir, pour s'en servir comme d'un viatique.
A mille lieues de l'univers habituel (chichiponpon )de l'auteure.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : sophie fontanel
04/05/2012
L'échappée belle...en poche
(La première version de ce texte était paru chez Fr*nce L*isirs , il y a quelques années)
Ce "rab de bonheur" que vont s'octroyer, en se faisant la belle d'un mariage ,une fratrie de frères et soeurs que la vie a quelque peu malmenés, n'a rien perdu de son charme. Si les francs ont cédé la place aux euros, si meetic est apparu dans le monde de la célibattante, rien que de très normal. Mais je n'ai pas supporté le langage que se croit parfois obligée d'employer Gavalda. Et là, je suis allée dénicher la version 2001 où l'on trouve, entre autres, : "Sitôt la guitoune du péage franchie, j'ai enfoncé ma cassette dans l'autoradio", devenu en 2009, "Sitôt la guitoune du péage franchie, j'ai enquillé la zique dans l'autoradio."Et je vous passe l'écriture phonétique de lexique à la mode qui a le don de m'énerver. Franchement, je n'en vois pas l'utilité. Les bornes, style "mille bornes" imprimées pour séparer les étapes du récit ne m'ont pas paru absolument indispensables non plus.
Par contre, ne pas louper , comme dans les génériques de films, la dernière intervention d'un personnage, après la fin du roman, clin d'oeil facétieux qui m'a permis de relativiser mes agacements précédents. Quelques péchés véniels donc qui n'empêcheront pas les lecteurs moins pointilleux que moi de se régaler.
Existe aussi en livre-audio (non testé)
Dans son chat avec des internautes, Anna Gavalda nous apprend même que dans des chapitres supplémentaires, elle nous donne des nouvelles des personnages. Affaire à suivre...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Les livres qui font du bien, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : anna gavalda
23/04/2012
Forêt noire
Tout au long de Forêt noire Valérie Mréjen égrene des récits de morts violentes, soudaines, accidentelles, des suicides inattendus. Sans transition aucune, ces récits plutôt courts génèrent tout à la fois, malaise, fascination et réflexions.
Malaise car l'auteure choisit un thème bien évidemment dérangeant ; fascination car l'accumulation de ces morts n'engendre jamais de voyeurisme, tel est le mystère du style de Valérie Mréjen qui sait trouver la juste distance et le ton juste pour évoquer la mort.
La mort surgit là où on ne l'attendait pas et les fantômes ne nous quittent jamais vraiment,il faut s'en accommoder. Ainsi une balade avec un spectre prend-il une allure tout à fait banale et engendre une réflexion sur les nouveautés que la morte n'avait pu connaître et la manière dont elle pourrait les appréhender.
On croise aussi certains personnages plusieurs fois, et en particulier un couple mère-fille, relation complexe et très finement analysée, respiration entre deux récits où nous pourrons aussi identifier certaines personnalités publiques jamais nommément citées.
Une écriture sur le fil du rasoir, d'une trompeuse simplicité , qui réussit le pari improbable de nous faire relire ce livre à peine l'avons-nous terminé.
Juste un extrait pour vous donner envie:
" Dans l'entourage de son nouvel ami, on se demande comment se rendre utile, quels mots consolants prononcer , quelle dérisoire brindille ajouter au barrage qu'on aimerait bien contribuer à bâtir en vain pourtant contre un raz de marée de tristesse dont la puissance nous échappe forcément: rien d'autre à faire sans doute que d'envoyer sporadiquement des signes de présence en espérant que cette douleur finisse avec le temps par s'estomper et lui laisse un peu de répit."
Forêt noire, Valérie Mréjen, P.O.L 2012, 124 pages qui vont forcément se faufler sur l'étagère des indispensables. Mais écoutez plutôt l'auteure :
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : valérie mréjen
20/04/2012
Close up
"Ensuite, on verra s'il faut prolonger le bail, aller jusqu'à vendredi, ce foutu vendredi 13..."
Une vengeance qui va se doubler d'une chassé-croisé amoureux, déjà lu. Mais l'intrigue s'avère moins classique que prévu et l'atmosphère miteuse du cabaret lillois où officie Miranda dans un numéro de Close-up est très savoureuse. On aurait aimé en dire autant de la description de ce monde de grands-bourgeois où évolue le personnage masculin, pièce rapportée qui fait un peu-beaucoup tâche.
Un avis en demi-teinte donc mais un roman qui donne une irrésistible envie de passer un peu de temps ici (prévoir un solide budget !:))
Close-up, Michel QuintEditions la Branche 2012, 207 pages 100/100 lilloises !
Merci Cuné !
Clara a aimé !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : michel quint
13/04/2012
Freaky fridays
"Il s'écroula en maudissant les nouveaux seniors."
Témoin du massacre d'une famille entière, ses voisins, Mamie Hélène est bientôt poursuivie par les tueurs. Malheureusement pour eux (et heureusement pour nous !) cette sexagénaire va, autant par plaisir que par nécessité, renouer avec son passé et leur en faire voir de toutes les couleurs !
On pardonnera volontiers à Brigitte Aubert les heureux hasards- un peu trop nombreux -mais on admirera sa capacité à nous entraîner avec enthousiasme dans cette folle cavale où elle se joue des clichés concernant les sexagénaires !
Mamie Hélène est formidable et l'on ne peut qu'espérer la retrouver bientôt !
Freaky Fridays, Brigitte Aubert, Editions la branche 2012, 220 pages trépidantes !
Merci Cuné !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : brigitte aubert
09/04/2012
Bon rétablissement
"Je suis pareil que lui, un constipé du coeur."
Sauvé de la noyade, Jean-Pierre Fabre, veuf, sans enfants, plutôt ronchon, est coincé dans un lit d'hôpital. Un sale coup pour celui qui toute sa vie a eu la bougeotte ! Mais finalement cette immobilisation forcée va lui permettre de cotoyer, voire même de se lier d'amitié avec des gens qui n'auraient jamais autrement fait partie de son univers. Un double rééducation donc: celle de ses membres fracassés par la chute et celle de son vieux coeur un peu rouillé...
On retrouve là un thème cher à Marie-Sabine Roger : des gens cabossés par la vie, qui n'ont en apparence rien en commun , arrivent non seulement à se comprendre mais à s'apprécier. Et c'est là que pour moi le bât blesse un peu.
En effet ici, si j'ai apprécié la vision caustique de Fabre du monde hospitalier, "Technique irréprochable, respect aléatoire, compassion en option.", je suis plus réservée quant quant aux personnages secondaires, un peu trop démonstratifs à mon goût (voir en particulier les commentaires sur la jeune Maeva). Un petit bémol qui ne m'a pourtant pas empêchée de dévorer ce roman et d'en surligner bien des passages ! Fabre a la dent dure parfois et c'est roboratif :"Chez ceux qui sont bornés, la bêtise est sans bornes."
Bon rétablissement, Marie-Sabine Roger, le Rouergue 2012, 205 pages qui donnent le sourire.
Merci à Clara, Aifelle et Fransoaz qui ont fait voyager ce livre et l'ont aimé.
Gwenaëlle est un peu plus réservée
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : marie-sabine roger