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27/06/2011

Les colocs

La colocation est en vogue chez les jeunes mais cette fois ce sont six amis entre 60 et 85 ans qui ont décidé de cohabiter, près du Bon Marché , à Paris.vincent pichon-varin
Tous sont pittoresques et attachants, même les plus ronchons, et ils font fort à faire pour tenter de sauver le cabaret transformiste de Jean , qu' une société immobilière a décidé de remplacer par un hôtel de luxe.
Alternat moment d'émotions et d'humour, Les collocs est un roman sympathique qui souffre peut être d'un manque de rigueur dans la relecture. On s'étonne en effet qu'une dame ayant de graves ennuis de santé n'utilise pas le fauteuil roulant qui lui avait été conseillé et trotte allègrement ou presque au chapitre suivant.
L'écriture est agréable et j'ai passé un bon moment en compagnie de ces six loustics  qui ne m'ont pas ennuyé une seconde.

Les colocs, Vincent Pichon-Varin, Le Cherche -Midi 2011, 224 pages.

20/06/2011

Mort d'un jardinier

"...tu n'es plus connecté au serveur de la réalité ici et maintenant, tu glisses dans un autre monde, dans les débris de ton cerveau en capilotade..."

Un jardinier, aimant autant les mots que les salades, est frappé d'un accident cardiaque dans son jardin. Tandis qu'il gît sur le sol, envisageant ainsi la réalité sous un autre angle, tous les artistes, écrivains , musiciens qu'il a aimés sont convoqués autour de lui. lucien suel
Mais ce sont aussi les mots, ceux qu'il a écrits, ceux qu'il a lus qui envahissent son corps, accomplissant ainsi une transsubstantiation finale : "ton corps est ton dernier volume."
De grands pans de plusieurs pages, le rythme va en s'amplifiant au fil du roman, répartis en courts chapitres, un flot par lequel il faut se laisser emporter, admirant au passage le travail toujours recommencé du jardinier, usant du vocabulaire imagé du potager mais aussi de celui de la modernité (le jardinier-poète ne se coupe pas de la technicité et accueille tous les mots), voici qui peut dérouter de prime abord. Mais très vite on se laisse séduire par cette vision et par cette écriture qui balaie tout sur son passage.
Un livre d'une densité aigüe, qui brouille les frontières entre roman et poésie.

Mort d'un jardinier, Lucien Suel, La Table Ronde 2008, Folio 2010, 159 pages que j'ai pris le temps d'apprivoiser (dans ma Pal depuis 1 an !) mais là c'était le bon moment et je l'ai dévoré d'une traite !

19/06/2011

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet...en poche

"La médiocrité, c'est la moisissure de l'esprit."

Pour recevoir le prestigieux prix Baird, le cartographe et illustrateur scientifique T.S Spivet doit traverser les Etats-Unis d'Ouest en Est, inversant ainsi le trajet suivi par ses ancêtres. Rien de bien original à première vue sauf que T.S.Spivet n'a que douze ans.
A sa suite, nous entreprenons ce voyage initiatique qui permettra à ce garçon, féru de détails et de précisions ,d'éclairer d'un nouveau jour sa lignée familiale et en particulier les liens pour le moins distendus , en apparence, entre son cow-boy laconique de père et sa scientifique de mère.
T.S. n'a rien d'un "singe savant", c'est un enfant sensible et précoce qui s'efforce toujours d'ordonner le monde qui l'entoure, sans doute pour apaiser les questions qui le hantent et qui ne prennent d'abord place qu'en marge du récit-au sens propre-, dans les notes et dessins qui accompagnent ce texte et en font un objet hors du commun.reif larsen
Le livre est en effet doté d'une couverture et d'une iconographie qui lui donnent à la fois un côté intemporel et désuet que je n'ai pas voulu abîmer, pas de pages cornées donc mais un roman tout hérissé de marque-pages !
L'écriture fluide fait qu'on ne s'ennuie pas une minute dans ce récit fertile en rebondissements, tant au niveau aventures que découvertes psychologiques. Une rencontre enthousiasmante ! Je n'oublierai pas de sitôt ces personnages pittoresques et attachants !

18/06/2011

En avant route...en poche

 "J'avais la foi plutôt méfiante."

Où peut-on rencontrer une Coréenne traînant un caddie rose,des ronfleurs un barbu et son âne sans oublier sept maris qui se plieront en quatre pour une seule femme ? Sur le chemin de Compostelle bien sûr ! 516QK+GiLwL._SL500_AA300_.jpg
Croyante par intermittences, Alix de Saint-André empruntera quand même trois fois ce chemin de pélerinage et dans En avant, route ! (citation de Rimbaud), elle nous relate avec humour ses pérégrinations, ses rencontres et ses découvertes, spirituelles ou ou pas.
Que l'on soit marcheur ou pas, croyant ou athée, ce récit trouvera toujours le moyen d'intéresser le lecteur curieux de découvrir ce qui motive ces gens aussi disparates , du point de vue de leurs motivations ou de leurs aspirations.
Un récit plein d'humanité où nous trouverons aussi de très belles pages ,tant sur les ânes, motivés par l'amour, que sur les chats dont la mort n'a pas voulu ...
308 pages pleines d'entrain, un régal dévoré d'une traite !

15/06/2011

En scène les audacieuses !

Vous avez aimé le film "Comme t'y es belle !" avec ces jeunes femmes au caratère affirmé,sexy et drôles ? Vous vous délectez des émissions de relooking et ne ratez pas un épisode de "X factor" ou autre télé-crochet dépoussiéré ? tonie behar,chick litt
Et si en plus, comme moi vous adorez découvrir les coulisses d'un métier, en l'occurence l'univers du disque, alors n'hésitez plus  !
Découvrez un roman de chick litt' français mettant en scène une jeune cendrillon portugaise mal dans sa peau mais à la voix prometteuse , Nelly Caldeira , dont la route va croiser celle de l'ambitieuse Déborah Shapiro , directrice de label,  pimpante quadra qui doit gérer sa carrière, ses ex, et son adorable ado de 13 ans , reine de la culpabilisation.
Les personnages féminins sont très bien croqués et dotés , ce qui ne gâche rien, de fortes personnalités, un pur régal ! On n'échappe pas à quelques clichés , inhérents au genre, mais Tonie Behar a le chic pour mener son intrigue tambour battant et on suit , sans jamais s'essouffler, ce roman où l'on chopera au passage la recette de la vraie pizza napolitaine ! En scène, les audacieuses !

En scène les audacieuses !, Tonie Behar, Michel Lafon 2011, 378 pages pétillantes.

10/06/2011

En moins bien

A cause de pingouins et de bibine, la toute fraîche épousée du héros d'En moins bien le plante en pleine lune de miel au milieu de nulle part ou presque: à Sandpiper. La situation va vite partir en vrille et prendre des proportions apocalyptiques.arnaud le guilcher,schtroumpf grognon le retourhtroumpf grognon le retour
Les personnages sont barrés  à  souhait mais l'intrigue s'essouffle assez vite, on n'échappe pas à une bonne dose de vulgarité, on est entre mecs n'est-ce pas , et le style assez enlevé , parfois très efficace, ne parvient pas à faire tenir un soufflé qui se dégonfle assez vite.

En moins bien, Arnaud le Guilcher, Pocket 2011.

07/06/2011

Cet été là

Prenez un groupe d'amis allant du bourgeois bohème au bourgeois tout court. Les habitudes et les rituels  cimentent  ce petit groupe mais le temps et les secrets commencent à plomber aussi un peu ces quinquas encore fringuants dans leurs têtes. Confrontez- les à un mystérieux jeune homme, sur lesquel certains d'entre eux projetteront leurs angoisses et vous obtiendrez un roman plutôt convenu dont on attend jusqu'à la fin qu'il démarre enfin.véronique olmi,schtroumpf grognon le retour
Quant au style, il se révèle pour le moins bancal, à la limite parfois de l'affectation et certaines jolies images ne parviennent pas à faire oublier l'absence totale d'harmonie. Le récit et le style sonnent faux et l'on se prend à regretter Bord de mer et Numéro six, plus âpres mais inoubliables.

Cet été-là, Véronique Olmi,  grasset 2011.

06/06/2011

Guerre sale

"Personne ne sait où est la télécommande pour zapper le chaos."

Un jeune et ambitieux avocat d'affaires, fils spirituel de Richard Gratien, élément essentiel de la Françafrique pour le secteur de l'armement, a subi le supplice du pneu brûlé.
Cet assassinat atroce fait immédiatement écho dans la mémoire de l'ex-commissaire Lola Jost avec celui de son assistant, tué de la même manière.dominique sylvain
Flanquées du dalmatien Sigmund, voilà donc reparties en campagne "les infernales pétroleuses du canal Saint Martin", à savoir Lola et son amie Ingrid Diesel. Il leur faudra néanmoins se résigner à travailler avec l'ex amoureux d'Ingrid, Sacha Duguin, devenu commandant à la Crim'...
L'humour et la virtuosité de Dominique Sylvain parviennent à alléger les coups bas et les manipulations des puissants en tous genres qui ne pratiquent en aucun cas l'art de la guerre de Sun Tzu- livre de chevet d'un des personnages- mais une Guerre sale qui fait fi de toute humanité. L'intrigue est tordue à souhait, sans pour autant devenir incompréhensible . L'auteure est ici au meilleur de sa forme ,multipliant les métaphores ("Quant à moi, je ne suis plus qu'une vieille chose, une mémé gorille avant l'hiver. Le dernier wagon du cirque m'est passé sous le nez, mais je ne m'en suis pas aperçue.")  sans pour autant négliger la psychologie de ses personnages. Un roman qui m'a réconciliée avec Dominique Sylvain et que j'ai dévoré cul sec !

Guerre sale, Dominique Sylvain, Viviane Hamy 2011.

 

Emprunté à la médiathèque.

03/06/2011

Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi...en poche!

"Souvent la vie s'amuse."

 

"Elle voulait tout savoir. jusqu'au moindre détail. Elle avait retenu la leçon de Cary Grant : "Il faut au moins cinq cents petits détails pour faire une bonne impression" et elle voulait des centaines de détails pour que son histoire s'anime, que ses personnages soient vivants. qu'on ait le sensation de les voir bouger devant soi. elle savait que pour une histoire tienne debout, il fallait la remplir de détails." Et Katherine Pancol applique ce principe et nourrit de détails savoureux les 846 pages de Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi.PANCOL_les____cureuils_version_d__finitive.jpg
Alors, même si j'ai parfois avancé cahin-caha dans ce gros pavé, renâclant devant certaine facilités d'écriture ou de récit, même si j'ai parfois trouvé trop sucré le style chantourné de l'auteure, même si j'ai freiné des quatre fers devant une vison par trop rose de l'existence, bimbamboum et en un rien de temps les obstacles s'évanouissent, j'ai renoué avec les personnages des Crocodiles et des Tortues comme avec de vieux amis perdus de vue que l'on retrouve avec plaisir et avec qui on poursuit la conversation comme si on les avait quittés la veille. Car Katherine Pancol possède le rare  talent de les rendre vivants ces personnages: Joséphine la trop gentille, Hortense la trop sûre d'elle , elles et tous les autres ,y compris ceux qui ne font que passer mais qui ne sont jamais traités à la légère. On sent que l'auteure les aime tous et leur prête la même attention chaleureuse. Un gros cupcake un peu trop sucré mais qui s'avale sans qu'on s'en rende compte !

31/05/2011

Alzheimer mon amour

"Tu es devenu mon guide aveugle vers les ténèbres."

 Sans préavis, le verdict tombe et le long naufrage commence: Alzheimer s'est emparé du cerveau de Daniel. Sa femme, Cécile, ne peut se résoudre à faire le deuil d'un amour de trente ans et , coûte que coûte, elle va tenter de garder Daniel près d'elle, dans tous les sens du terme, le stimulant , allant même jusqu'à tenter de refaire leur vie, ou ce qu'il en reste, à Madagascar.cécile huguenin,alzheimer
Plus qu'un témoignage sur ce fléau du XXIème siècle, Alzheimer mon amour est un roman truffé d'allusions littéraires, au style à la fois alerte et pudique, dans lequel vibrent à chaque page la puissance d'un amour et la résolution hors norme d'une femme.
Mais les soignants  et les proches des malades ne sont pas oubliés pour autant, car eux aussi sont les "victimes collatérales" à des degrés divers, de cette maladie. Les mots de Daniel se font également entendre et les citations de ses poèmes trouvent une résonance étrange avec les événements  qui sont advenus.
On ne peut qu'être remué de fond en comble par ce livre qui touche à nos peurs les plus indicibles ( livre dont j'ai quasiment corné toutes les pages ). S'il fallait ne retenir qu'un phrase, peut être garderais-je celle-ci : "Notre incapacité à ne pas entrer en contact avec ces malades ne signifie pas forcément qu'ils n'ont plus de vie intérieure, de sentiments, de sensations."

Alzheimer mon amour, Cécile Huguenin, Editions Héloïse d'Ormesson 2011, 119 pages à laisser résonner en nous.