18/06/2011
En avant route...en poche
"J'avais la foi plutôt méfiante."
Où peut-on rencontrer une Coréenne traînant un caddie rose,des ronfleurs un barbu et son âne sans oublier sept maris qui se plieront en quatre pour une seule femme ? Sur le chemin de Compostelle bien sûr !
Croyante par intermittences, Alix de Saint-André empruntera quand même trois fois ce chemin de pélerinage et dans En avant, route ! (citation de Rimbaud), elle nous relate avec humour ses pérégrinations, ses rencontres et ses découvertes, spirituelles ou ou pas.
Que l'on soit marcheur ou pas, croyant ou athée, ce récit trouvera toujours le moyen d'intéresser le lecteur curieux de découvrir ce qui motive ces gens aussi disparates , du point de vue de leurs motivations ou de leurs aspirations.
Un récit plein d'humanité où nous trouverons aussi de très belles pages ,tant sur les ânes, motivés par l'amour, que sur les chats dont la mort n'a pas voulu ...
308 pages pleines d'entrain, un régal dévoré d'une traite !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : alix de saint andré, saint jacques de compostelle, marche
15/06/2011
En scène les audacieuses !
Vous avez aimé le film "Comme t'y es belle !" avec ces jeunes femmes au caratère affirmé,sexy et drôles ? Vous vous délectez des émissions de relooking et ne ratez pas un épisode de "X factor" ou autre télé-crochet dépoussiéré ?
Et si en plus, comme moi vous adorez découvrir les coulisses d'un métier, en l'occurence l'univers du disque, alors n'hésitez plus !
Découvrez un roman de chick litt' français mettant en scène une jeune cendrillon portugaise mal dans sa peau mais à la voix prometteuse , Nelly Caldeira , dont la route va croiser celle de l'ambitieuse Déborah Shapiro , directrice de label, pimpante quadra qui doit gérer sa carrière, ses ex, et son adorable ado de 13 ans , reine de la culpabilisation.
Les personnages féminins sont très bien croqués et dotés , ce qui ne gâche rien, de fortes personnalités, un pur régal ! On n'échappe pas à quelques clichés , inhérents au genre, mais Tonie Behar a le chic pour mener son intrigue tambour battant et on suit , sans jamais s'essouffler, ce roman où l'on chopera au passage la recette de la vraie pizza napolitaine ! En scène, les audacieuses !
En scène les audacieuses !, Tonie Behar, Michel Lafon 2011, 378 pages pétillantes.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : tonie behar, chick litt
10/06/2011
En moins bien
A cause de pingouins et de bibine, la toute fraîche épousée du héros d'En moins bien le plante en pleine lune de miel au milieu de nulle part ou presque: à Sandpiper. La situation va vite partir en vrille et prendre des proportions apocalyptiques.
Les personnages sont barrés à souhait mais l'intrigue s'essouffle assez vite, on n'échappe pas à une bonne dose de vulgarité, on est entre mecs n'est-ce pas , et le style assez enlevé , parfois très efficace, ne parvient pas à faire tenir un soufflé qui se dégonfle assez vite.
En moins bien, Arnaud le Guilcher, Pocket 2011.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : arnaud le guilcher, schtroumpf grognon le retourhtroumpf grognon le retour
07/06/2011
Cet été là
Prenez un groupe d'amis allant du bourgeois bohème au bourgeois tout court. Les habitudes et les rituels cimentent ce petit groupe mais le temps et les secrets commencent à plomber aussi un peu ces quinquas encore fringuants dans leurs têtes. Confrontez- les à un mystérieux jeune homme, sur lesquel certains d'entre eux projetteront leurs angoisses et vous obtiendrez un roman plutôt convenu dont on attend jusqu'à la fin qu'il démarre enfin.
Quant au style, il se révèle pour le moins bancal, à la limite parfois de l'affectation et certaines jolies images ne parviennent pas à faire oublier l'absence totale d'harmonie. Le récit et le style sonnent faux et l'on se prend à regretter Bord de mer et Numéro six, plus âpres mais inoubliables.
Cet été-là, Véronique Olmi, grasset 2011.
06:00 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés, romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : véronique olmi, schtroumpf grognon le retour, la canicule en normandie, chouette!
06/06/2011
Guerre sale
"Personne ne sait où est la télécommande pour zapper le chaos."
Un jeune et ambitieux avocat d'affaires, fils spirituel de Richard Gratien, élément essentiel de la Françafrique pour le secteur de l'armement, a subi le supplice du pneu brûlé.
Cet assassinat atroce fait immédiatement écho dans la mémoire de l'ex-commissaire Lola Jost avec celui de son assistant, tué de la même manière.
Flanquées du dalmatien Sigmund, voilà donc reparties en campagne "les infernales pétroleuses du canal Saint Martin", à savoir Lola et son amie Ingrid Diesel. Il leur faudra néanmoins se résigner à travailler avec l'ex amoureux d'Ingrid, Sacha Duguin, devenu commandant à la Crim'...
L'humour et la virtuosité de Dominique Sylvain parviennent à alléger les coups bas et les manipulations des puissants en tous genres qui ne pratiquent en aucun cas l'art de la guerre de Sun Tzu- livre de chevet d'un des personnages- mais une Guerre sale qui fait fi de toute humanité. L'intrigue est tordue à souhait, sans pour autant devenir incompréhensible . L'auteure est ici au meilleur de sa forme ,multipliant les métaphores ("Quant à moi, je ne suis plus qu'une vieille chose, une mémé gorille avant l'hiver. Le dernier wagon du cirque m'est passé sous le nez, mais je ne m'en suis pas aperçue.") sans pour autant négliger la psychologie de ses personnages. Un roman qui m'a réconciliée avec Dominique Sylvain et que j'ai dévoré cul sec !
Guerre sale, Dominique Sylvain, Viviane Hamy 2011.
Emprunté à la médiathèque.
06:25 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : dominique sylvain
03/06/2011
Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi...en poche!
"Souvent la vie s'amuse."
"Elle voulait tout savoir. jusqu'au moindre détail. Elle avait retenu la leçon de Cary Grant : "Il faut au moins cinq cents petits détails pour faire une bonne impression" et elle voulait des centaines de détails pour que son histoire s'anime, que ses personnages soient vivants. qu'on ait le sensation de les voir bouger devant soi. elle savait que pour une histoire tienne debout, il fallait la remplir de détails." Et Katherine Pancol applique ce principe et nourrit de détails savoureux les 846 pages de Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi.
Alors, même si j'ai parfois avancé cahin-caha dans ce gros pavé, renâclant devant certaine facilités d'écriture ou de récit, même si j'ai parfois trouvé trop sucré le style chantourné de l'auteure, même si j'ai freiné des quatre fers devant une vison par trop rose de l'existence, bimbamboum et en un rien de temps les obstacles s'évanouissent, j'ai renoué avec les personnages des Crocodiles et des Tortues comme avec de vieux amis perdus de vue que l'on retrouve avec plaisir et avec qui on poursuit la conversation comme si on les avait quittés la veille. Car Katherine Pancol possède le rare talent de les rendre vivants ces personnages: Joséphine la trop gentille, Hortense la trop sûre d'elle , elles et tous les autres ,y compris ceux qui ne font que passer mais qui ne sont jamais traités à la légère. On sent que l'auteure les aime tous et leur prête la même attention chaleureuse. Un gros cupcake un peu trop sucré mais qui s'avale sans qu'on s'en rende compte !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : katherine pancol
31/05/2011
Alzheimer mon amour
"Tu es devenu mon guide aveugle vers les ténèbres."
Sans préavis, le verdict tombe et le long naufrage commence: Alzheimer s'est emparé du cerveau de Daniel. Sa femme, Cécile, ne peut se résoudre à faire le deuil d'un amour de trente ans et , coûte que coûte, elle va tenter de garder Daniel près d'elle, dans tous les sens du terme, le stimulant , allant même jusqu'à tenter de refaire leur vie, ou ce qu'il en reste, à Madagascar.
Plus qu'un témoignage sur ce fléau du XXIème siècle, Alzheimer mon amour est un roman truffé d'allusions littéraires, au style à la fois alerte et pudique, dans lequel vibrent à chaque page la puissance d'un amour et la résolution hors norme d'une femme.
Mais les soignants et les proches des malades ne sont pas oubliés pour autant, car eux aussi sont les "victimes collatérales" à des degrés divers, de cette maladie. Les mots de Daniel se font également entendre et les citations de ses poèmes trouvent une résonance étrange avec les événements qui sont advenus.
On ne peut qu'être remué de fond en comble par ce livre qui touche à nos peurs les plus indicibles ( livre dont j'ai quasiment corné toutes les pages ). S'il fallait ne retenir qu'un phrase, peut être garderais-je celle-ci : "Notre incapacité à ne pas entrer en contact avec ces malades ne signifie pas forcément qu'ils n'ont plus de vie intérieure, de sentiments, de sensations."
Alzheimer mon amour, Cécile Huguenin, Editions Héloïse d'Ormesson 2011, 119 pages à laisser résonner en nous.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : cécile huguenin, alzheimer
28/05/2011
Zola Jackson
"L'eau n'allait pas manquer, ça non. L'eau croupie, l'eau corrompue, la pourriture."
Août 2005, delta du Mississipi, l'ouragan Katrina s'abat sur la nouvelle-Orléans. Zola Jackson, modeste institutrice à la retraite, refuse de quitter sa maison et organise sa survie et celle de sa chienne, Lady. Elle n'en est pas à sa première tempête et il n'y a pas grand chose qui lui fasse peur. Mais voilà les digues se rompent et l'eau envahit la ville... En attendant les secours, Zola remonte le temps et évoque sa vie et celle de son fils unique et adoré, Caryl.
Alternant passé et présent, dans une construction habile qui amène progressivement des révélations poignantes sur cette femme pugnace et chaleureuse, Gille Leroy brosse aussi le tableau apocalyptique et charnel de cette Nouvelle-Orléans sous les eaux. Il pointe également au passage les insuffisances et les incompétences des autorités de l'époque ainsi que l'exploitation éhontée de la catastrophe par les médias.
Une écriture très juste, un souffle puissant , qui ne verse jamais dans le pathos mais qui m'a mis les larmes aux yeux. Zola Jackson et Lady, je ne les oublierai pas de sitôt !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : gilles leroy, katrina
26/05/2011
Les yeux au ciel
Pour fêter l'anniversaire du patriarche, toute la famille se réunit en Bretagne dans la vieille maison où autrefois ils passaient leurs vacances. Souvenirs, souvenirs. Mais aussi blessures mal cicatricées , rivalités et alliances d'autrefois , toujours à l'ordre du jour, sans oublier un drame, soigneusement refoulé ,que la nouvelle génération va contribuer à débusquer.
Rien de tel qu'une réunion de famille, quel qu'en soit le prétexte, pour radiographier les relations entre les uns et les autres. Karine Reysset, sur un motif classique , joue ici une jolie partition, sans grain de sable cependant, ce qui rend le tout un peu trop lisse à mon goût.
Lena, jeune mère de famille harassée, tiraillée entre l'amour de ses enfants et la nécessité de souffler un peu reste trop sage dans ses bouffées d 'exaspération. On aimerait qu'elle se lâche un peu plus . Il n'en reste pas moins qu'on passe un très agréable moment avec ce roman.
Les yeux au ciel, Karine Reysset, Editions de l'Olivier, 190 pages pleines de bienveillance.
Merci Antigone !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : karine reysset, fratrie
20/05/2011
L'armée furieuse
"Quand une alarme vitale se déclenche, la réplique humaine est impondérable et foudroyante."
Une armée furieuse , tout droit sortie des fins fonds du Moyen- Age, composée de chevaux et de cavaliers spectraux, a été vue dans un village normand. L'effroi s'empare aussitôt de la population car cette apparition annonce une "fameuse secousse", à savoir des décès de gens ayant l'âme mauvaise...
C'est évidemment Adamsberg "[le] rustre,[le ] montagnard, [le]pelleteur de nuages" qu'on appelle et qui va devoir composer avec la manière particulière de s'exprimer des Normands pour élucider le mystère de cette Grande Chasse. Non content de s'étonner de l'immobilisme des vaches dans cette région écrasée par la canicule, il devra aussi frayer avec une fratrie pour le moins singulière tout en essyant de "trouver "un passage obscur"pour affronter "l'aigre réalisme d[une] affaire polico-financière" qui lui met de sérieux bâtons dans les roues.
Si l'on retrouve ici" la composition de chimères et d'illusions"qui plaît tant au commissaire Adamsberg- et au lecteur par la même occasion-, celle-ci est nettement plus crédible que dans l'épisode précédent (Un lieu incertain) et nettement moins embrouillée. Je m'attendais à ce que les liens père /fils s'étoffent davantage mais c'était sans compter sans la légendaire lenteur d'Adamsberg ! Néanmoins on retrouve dans cet opus tout ce qui fait le charme de l'univers de Fred Vargas: des personnages atypiques , qui, se montrant solidaires, arrivent à adapter à leurs singularités un monde par trop normé, un policier plein d'humanité qui attache autant d'importance à la mort d'une vieille obsédée du ménage qu'à l'entravement d'un pigeon et qui se réjouit (avec nous) de "triomphe[r] contre les colosses" !
L'armée furieuse, Fred Vargas, Vivaine Hamy 2011,427 pages à dévorer puis à relire pour mieux en savourer l'humour et la densité !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : fred vargas, du sucre, des vaches, un pigeon