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13/04/2011

Petits crimes contre les humanités

"Trop inutiles, trop trop coûteuses, trop paresseuses, trop mal pensantes...", les humanités sont donc devenues "le parent pauvre du savoir moderne, le quasi délinquant  de la grande famille universitaire."Pour preuve le manque de moyens tant au niveau du matériel que des locaux de cette université provinciale où des mails vengeurs vont venir semer la zizanie entre collègues et surtout causer la mort d'un vieux professeur émérite d'histoire de l'art.pierre christin,petit monde de l'université
L'enquête menée par Simon, jeune agrégé employé sur un demi-poste d'assistant temporaire, n'est bien évidemment qu'un prétexte pour brosser un portrait tout à la fois acide et bon enfant de ce monde universitaire français.
Mais à trop vouloir dézinguer à tout va et ratisser les moindres travers du mond euniversitaire, à trop utiliser le comique de répétition (l'estampillage Camif de chaque meuble ) la charge  s'avère un tantinet lourdingue.
Je suis d'autant plus sévère que j'avais beaucoup aimé la suite où là l'auteur semble avoir trouvé sa vitesse de croisière.

05/04/2011

Une jeune fille aux cheveux blancs

"La vie est courte, autant avoir les idées longues."

Malgré ses réticences, Caroline fraîchement retraitée, teste le club de loisirs pour seniors auquel ses filles l'ont inscrite. Elle qui rêvait d'oisiveté, la voici donc en train de prendre des cours d'oenologie et de poterie avec des résultats pour le moins surprenants...fanny chesnel,des vieux ? encore des vieux,toujours des vieux
Epouse, mère, grand-mère , belle-mère , Caroline cumule sans souci toutes ces étiquettes mais n'aurait-elle pas laissé en friche la jeune fille qui est enfouie en elle ? Sensualité, humour, ne sont pas des mots que l'on a remisés par devers soi à soixante ans et Caroline entend bien profiter de la vie quitte à découvrir sur le tard les" joies" de l'épilation "ticket de métro" dans une scène particulièrement hilarante. Beaucoup de tendresse mais aussi quelques coups de griffes sur les stéréotypes dans lesquels on voudrait commodément enfermer les personnes âgées.
Le discours de Caroline à ses filles m' a évoqué celui du personnage de Maria Pacôme dans la crise (et c'est un compliment), dans le même esprit de revendication tranquille. Seul bémol: la fin un peu ratée car trop télescopée et démonstrative à mon goût.Une bien jolie entrée en littérature néanmoins !

Une jeune fille aux cheveux blancs, Fanny Chesnel Albin Michel 2011, 217 pages pour passer un bon moment.

Merci à  Tamara pour le prêt et à Cuné pour avoir enfoncé le clou et joué les passeuses !

Clara a aimé la fin (mais pas que ! )

31/03/2011

Un jardin sur le ventre

"A travers notre bonheur, tu parvenais à ressentir le tien."

Une histoire toute simple: la mort d'une femme, épouse d'un homme infidèle, narcissique , histrion et ne dédaignant pas à l'occasion être violent, tant en paroles qu'en actes. L'histoire d'une mère aussi, vivant à travers ses filles un bonheur par procuration. L'histoire d'une fille enfin, non désirée, non aimée et qui toujours souffrira de ce manque impossible à combler. Trois identités pour une même femme.
Une vie comme en ont vécu, au moins partiellement, beaucoup de celles qui avaient vingt ans dans les années soixante51SCLnRz+bL._SL500_AA300_.jpg.
Un récit à fleur de peau, sensible et émouvant que j'ai beaucoup aimé mais dont je me suis sentie tenue à distance par ce "Tu" répétitif qui klaxonnait à mes oreilles.

Un jardin sur le ventre, Fabienne Berthaud, Jbz & Cie 2011, 286 pages qui se lisent d'une seule traite.

Merci à Clara pour le prêt et à Mirontaine qui a joué les passeuses.

Plein d'autres l'ont lu ! Laissez-moi vos liens, les filles!:)

Moustafette

Sandrine

29/03/2011

G 229

"Ils se demandent ce qu'ils vont faire de moi."

J'ai failli rester à la porte de la salle G 229 quant à la page 41, l'auteur évoque "le petit bois derrière l'école dans laquelle j'habitais quand j'étais enfant." Un prof d'anglais , fils d'instit, pfff , l'impression d'avoir déjà lu ça cent fois. Mais j'ai pioché plus loin avant de revenir page 41 et de boucler en un rien de temps ma lecture.51muky537bL._SL500_AA300_.jpg
Car oui, ce roman, qu'on devine bien évidemment largement autobiographique, n'est pas un énième livre écrit par un prof  visiblement accro à son boulot mais aussi le constat d'un homme qui n'en revient pas de voir filer le temps à toute allure, de voir grandir et partir ses élèves tandis que lui reste depuis 20 ans dans SA salle,celle qui donne son titre au roman.
L'auteur pêche parfois par excès de sensibilité mais on lui pardonnera volontiers ce défaut et on se régalera de ce roman optimiste et sincère.
J'ai entendu un jour Odon Vallet dire que les élèves avaient toujours le même âge tandis que le professeur vieillissait, c'est ici un peu l'autre côté de la pièce.

G 229, Jean-Philippe Blondel, Buchet-Chastel 2011, 240 pages pleines d'humanité.

L'avis de Laure

de Cuné, de Saxaoul qui vous emmènera chez d'autres...

L'avis de Gwenaëlle.

26/03/2011

Sacrée kornebik

"J'aime les cornes, les biques et les cas."

Luce n'aime plus son prénom. Peut être sans se l'avouer ne supporte-t-elle plus surtout ses parents qui font assaut de perfection tant dans leur comportement (pas de disputes) que dans leur alimentation (bien équilibrée, fruits et légumes à volonté !). Bien sûr ils l'aiment mais un peu de folie ne peut nuire et si un jour un grand coup de vent souffle sur le marché où se rendent les parents de Luce, madame Kornebik, qui résout tous les problèmes y est sans doute pour quelque chose...nathalie kuperman

Un livre malicieux,  plein de fraîcheur et d'humour, à lire aussi bien par les enfants qui commencent à lire tout seuls que par leurs parents...

Les illustrations , pleines de poésie, de Dorothée de Monfreid accentuent cette atmosphère magique.

 

Sacrée Kornebik, Nathalie Kuperman, Mouche de l' Ecole des Loisirs 2011

24/03/2011

Une lointaine Arcadie

"Les animaux sont la représentation de mon enfance."

Fi de la ville, de sa librairie ! Matthieu, quitté par sa femme, se réfugie au fin fond de la Creuse. Là, il deviendra une sorte d'ermite, espérant faire l'économie du désir, ne vivant qu'en compagnie des animaux qui l'entoure et en particulier d'une vache.jean-marie chevrier
Mais bien évidemment, l'arrivée d'un couple de randonneurs va tout remettre en question.
Si j'ai beaucoup aimé la description de cette vie quasi monacale et la place faite aux animaux dans la mythologie toute personnelle de l'auteur, les références -jamais pesantes mais parfaitement intégrées- aux textes antiques, la conclusion m'a laissée quelque peu perplexe. Mais je vais la ruminer et remâcher en bonne vache que je suis !

L'avis plus enthousiaste de Dominique.

Sur le thème de la solitude, je vous conseille bien évidemment le roman Julius Winsome mais aussi le document Femmes retirées loin des villes. (pas de billet).

Une lointaine Arcadie, Jean-Marie Chevrier, Albin Michel , 2011 ,218 pages hérissées de marque-pages.

Ps: rencontré au Salon du livre de Paris, l'auteur, très sympa, m'a confié qu'une classe, dérangée par la fin avait participé à un atelier d'écriture pour la modifier !:)

 

17/03/2011

Si loin, si près

"Il existait des liens secrets, des ferveurs en partage."

Adèle a quarante six ans mais "Elle n'avait pas seulement son âge mais tous ses âges empilés coexistant, 20 ans parfois, 35 le plus souvent et même 60, certains jours...Tous étaient présents à des degrés divers, se manifestant par surprise."
Premières phrases du livre et d'emblée Adèle nous devient familière. Nous ne pourrons plus la quitter au fil de cette année 2009 , année de crise qui verra tant de bouleversements dans sa vie, d'incendies ,aux sens propre et figuré.catherine leblanc,femme
A quelle distance se tenir des gens qu'on aime, de ceux que l'on croit être ses amis ? Faut-il profiter de sa solitude ou faire un pari sur l'avenir et sur les autres ?
Confrontée à différents accidents de la vie, qui pourraient nous arriver à tous, Adèle avance en tâtonnant, ploie ,mais toujours se relève et finira par essayer "de se traiter avec beaucoup de douceur et pas trop d'importance."
On retrouve ici avec bonheur la prose lumineuse de Catherine Leblanc, qui scrute avec acuité et bienveillance  aussi bien la ville d'Angers, où se déroule l'action (et la description qu'elle en fait donne tout de suite envie d'aller se plonger dans les lumières de cette ville)  que les aspirations de son héroïne : "un espace libre de tout jugement, surtout du sien." Un roman que je n'ai pu lâcher, sauf pour en corner de multiples pages... 

Si loin, si près , Catherine Leblanc, Editions du Petit Pavé 2011, 202 pages pleines d'émotion, à savourer.

 

14/03/2011

Tombée sur la tête

"Quand il s'agit de faire n'importe quoi, je ne suis jamais loin."

Tour à tour (et parfois simultanément) anorexique, cramée aux UV, acheteuse compulsive, obsédée par les dents,souffrant de trichollomanie (toc consistant à s'arracher les cheveux), anxieuse en un mot, Léna quand,pour la troisième fois ,sa voiture atterrit dans le mur de son parking,se décide à consulter une dame chez qui elle" laisse parler [sa] tête."leslie bedos,mère fille  mode d'emploi
Mais elle n'arrive pas à lui confesser ce qui, selon elle, est la source de tous ses dysfonctionnements: elle est tombée sur la tête- au sens propre- quand elle était enfant.
Leslie Bedos décrit avec finesse, précision et humour une femme qui est tout sauf parfaite et se dénigre avec une belle ardeur: " Cette semaine, après deux lavages, j'ai fait grandir un pull de trois mètres. sans parler des manches que je ne retrouve plus. La veille, en posant mon vélo n'importe où, je n'ai pas remarqué qu'une saleté de gouttière avait pissé sur mes papiers d'identité. Des dommages heureusement réparés , après quatre de séchage sur mes cuisses brûlées.Dans la vie bien réglée des Catherine, les documents importants ne trâinent pas sous la flotte. Et les pulls qui poussent, ça n'existe pas.",une femme qui a hérité d'une histoire familiale très lourde et semble la transmettre à son tour à sa propre fille.
Alternant passé et présent, le roman donné comme étant la confession sur papier de Léna va loin, très loin, voire trop loin ("j'étouffe de la touffe", j'avoue avoir tiqué ) dans ce portrait d'une femme qui n'arrive pas à se remettre d'une relation pour le moins perturbée à sa mère.
Si le roman se termine d'une manière un peu abrupte et trop artificielle à mon goût, la description carte sur table du comportement de Léna place le lecteur dans une situation très inconfortable car il ne sait s'il doit sourire (l'autodérision est au rendez-vous) ou s'angoisser à son tour. Et c'est tant mieux.

Tombée sur la tête, Leslie Bedos, Jean-Claude Lattès 2011, 139 pages dérangeantes.

 

L'avis de Libouli chez qui vous trouverez un passage que j'avais également repéré , une analyse très fine de l'achat compulsif.

11/03/2011

Pfff

"Walter n'est pas en pleine forme, il oxymore follement, il a le chiasme en délire, il trope à s'en écorcher l'âme."

Attention : soit vous adorerez ce livre, soit vous le laisserez tomber en expirant sont titre : Pfff !
Je l'ai moi-même abandonné dans un premier temps , trouvant les personnages  un peu trop pimpants, mécaniques, comme ces personnages de baromètres qui sortent tour à tour et ne se rencontrent jamais mais je ne sais quoi dans le style, m'avait donné envie de lui redonner une chance et j'ai bien fait !hélène sturm,surprenant,fascinant,pétillant
Car oui, les personnages évoluent dans un tout petit univers , un quartier, quelques immeubles et deux bistrots mais ils sont versatiles, plus complexes qu'il n'y paraît à première vue, changeant de noms ou de prénoms au détour d'un paragraphe , au fur et à mesure de leur évolution, discutent des subtiles couleurs des cachemires , posent des caméras indiscrètes ou assassinent sans état d'âme avant que d'écouter un fado.
Il est beaucoup question d'amour,  de littérature et on fait le grand écart entre Belle du seigneur qu'abhorre un personnage, rêvant de le jeter au fond d'une poubelle de restaurant pour que personne en vienne l'y chercher ,même avec des pincettes et les petits livres bleus que rêve d'éditer Odile, lectrice pour une maison d'édition.
C'est délicat, parfois coquin, plein de charme et de fantaisie, la langue est riche mais sans affectation, (on rêve d'un cachemire fuligineux ) et on cherche le nom adéquat pour un magasin ou pour un animal avec une précision exemplaire.
Le style est ample et délié, on devine l'auteure gourmande de mots, et une fois intégré les nombreuses surprises du texte, on se laisse porter par ce récit qui ne cède jamais à la facilité du tout-beau-tout-rose et se conclut par une dernière pirouette qui clot le livre sur lui-même. "C'est aussi délicieux que le toboggan à quatre ans, le grand huit quand on en a douze , que le premier crime quand on est un tueur débutant."

Pfff, hélène Sturm, Editions Joëlle Losfeld 2011, 234 pages délicieuses.

Merci à BOB et aux Editions Joëlle Losfeld

10/03/2011

A la recherche du paon perdu

"Maurice avait raison,on ne pouvait pas être deux minutes tranquille dans cette maison ! C'était pire que dans ma chambre, ici ou quoi ?"

Mollux n'a rien d'un super héros: c'est un adolescent grand dévoreur de mousses au chocolat et de dictionnaires, cette dernière caractéristique lui permettant d'affubler ses profs de surnoms assez bizarroïdes. Tout aussi étrange est son père, qui ne lui a parlé que deux fois, ce qui lui vaut le sobriquet de Sauf2fois.angélique villeneuve
Oui mais voilà ce paternel plutôt mutique va rapporter un jour, en douce, à la maison un paon ! Paon qui va bientôt disparaître. Ainsi que Sauf2fois peu de temps après. Commence alors une folle aventure où Mollux va entraîner son compère l'inénarrable Procopé et où il gagnera bien plus que la solution d'une énigme: la découverte-au moins partielle- de son père.
Attention, bouclez vos ceintures avant d'embarquer dans le monde complètement foldingue de Mollux et de sa famille ! Entre la mère (l'Outarde) qui se lance dans de hasardeuses créations culinaires ("un délicieux mélange d'endives un peu brûlées, de farine, d'eau, de cacahuètes et de tranches de jambon élastiques" , Procopé qui "vit en altitude, et [dont] le haut de la tête a la forme d'une roquette antichar", le chat SoupeChaude et tous les autres personnages farfelus en diable vous n'aurez pas le temps de souffler une seconde !
Mollux , roi de l'autodérision,"Pendant que j'hésitais devant le présentoir (Matières grasses végétales hydrogénées, sirop de glucose, extraits de malt,lécithine de soja, lactosérum en poudre, comment choisir parmi tant de  merveilles? )"  porte un regard moqueur sur le monde des adultes "Un divorce, une baraque en pente et un petit divan en skaï. les adultes ont parfois des rêves un peu rétrécis, vous n'êtes pas d'accord avec moi? " et a le chic pour croquer en quelques lignes acérées quiconque croise sa route,( surtout ses profs, mais c'est de bonne guerre !).
Angélique Villeneuve passe à la moulinette la vie d'une famille en apparence des plus ordinaires mais en profite aussi pour rappeler que si l'adolescent est parfois une énigme pour ses parents, l'inverse est aussi vrai. Un cocktail d'humour et de tendresse pour un roman que les parents chiperont à leurs rejetons !

A la recherche du paon perdu, Angélique Villeneuve, Les grandes personnes, 2011, 189 pages dans lesquelles vous allez adorer vous glisser !