Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/12/2010

La cote 400

41TP-08uMaL._SL500_AA300_.jpg"La pire, c'est l'angoisse de la fantaisie."

Une bibliothécaire , comme une petite souris, recluse- ou presque -dans un sous-sol où seuls des étudiants viennent la déranger ,découvre un jour un malheureux lecteur qui s'est endormi dans son domaine.
Elle va alors l'abreuver d'un soliloque fleuve, ressassant ses idées fixes et son parcours de célibataire ayant fait un trait sur l'amour mais qui ne peut s'empêcher de rêver sur la nuque du beau Martin, un étudiant bien plus jeune qu'elle...
Pas de paragraphes, pas d'échappées possibles, le lecteur est lui aussi captif de cette situation de communication perturbée où s'exprime un seul personnage, engoncé dans ses névroses et ses angoisses qui s'échauffe petit à petit avant de retomber comme un soufflé dans sa petite vie , son "combat homérique" pour rêver encore un peu à la venue de Martin.
Tour à tour agaçante, amusante, furtivement sympathique, cette bibliothécaire rigide, à la limite du mépris parfois , a finalement emporté mon adhésion et c'est le sourire aux lèvres que j'ai terminé cette lecture à épisodes (nécessité pour moi de "souffler" face à ce bloc de 65 pages denses) , pleines d'informations et qui surtout réussit la performance de faire vivre un personnage par la seule force de ses mots. Un texte qui mériterait d'être mis en scène !

Merci Cuné !

  Ps :Je m'en vais de ce pas, le prêter à mes amis bibliothécaires !

La cote 400, Sophie Divry (qui se présente avec beaucoup d'humour), les Allusifs 2010, 64 pages pleines d'un humour grinçant.

Plein d'avis chez B.O.B !

27/12/2010

Le doigt coupé de la rue du bison

"Pauvre bête, elle n'a pas eu de chance, elle aurait pu être française comme vous et moi."

"L'exemple même de la fausse enquête" que cette affaire de doigt coupé de la rue du Bison qu'un berger allemand rapporta au bar parisien Le Boyard.
Et voilà le commissaire Pauquet, aux faux airs de Maigret en train d'interroger tout un tas de zigs plus bizarres les uns que les autres dans une capitale pas encore remise de la 2nde guerre mondiale. Le tout avance languissamment car tout est prétexte à jeux de mots, allusions et contraintes oulipiennes que le lecteur aura soin de deviner. Ou pas.51t5RChauyL._SL500_AA300_.jpg ce qui génère parfoisn un sentiment d'exclusion.
Les personnages sont insipides ou presque et les paroles (heureusement rares) de l'adjoint de Pauquet ont eu le don de m'agacer: " de bord d'eau" pour de Bordeaux...Reste la couverture, très sympathique mais c'est un peu maigre. Un monde en noir et blanc et fort empoussierré.

Le doigt coupé de la rue du bison, François Caradec, Livre de poche 2010.186 pages qui sentent un peu la naphtaline.

L'avis de Cathe.

22/12/2010

Missak

"Une loupe posée sur des insectes."

11 ans se sont écoulés depuis l'exécution de Missak Manouchian par les Allemands.
A l'occasion de l'inauguration d'une rue au nom de ce résistant communiste arménien, le journaliste Louis Dragère est chargé par le parti communiste de retracer le parcours de ce héros.
Rapidement Louis se rendra compte que la dernière lettre de Manouchian a été censurée et , au fil de ses rencontres, il mettra à jour une histoire bien différente de l'histoire officielle.51EYtLLfiBL._SL500_AA300_.jpg
Même si l'enquête est parfois touffue, ployant un peu sous le poids des documents mentionnés, c'est tout le Paris des années 50 avec au coin d'une rue des affiches de Brel, des films américains sur les écrans des cinémas, sans oublier les inondations qui perturbent les déplacements du héros qui revit ici.
Les blessures de la guerre ne sont pas encore cicatrisées et le lecteur, par les yeux du journaliste, va découvrir une époque où les hommes peuvent à la fois être des héros et des salauds, des êtres gris.
Si la toile de fond est très savoureuse, (on croise même de manière fugace un certain Christophe Bevilacqua qui ne chante pas encore et un peu plus longuement le débutant Charles Aznavour) l'enquête se termine de façon un peu abrupte mais le lecteur gardera en mémoire des images très fortes de Louis Aragon ou d'Henri Krasucki et plus globalement d'une époque encore troublée.

Missak, Didier Daeninckx, à partir de 13 ans, Pocket2010, 275 pages pédagogiques.

L'avis de Dasola

 

 

21/12/2010

Une année avec mon père

"Nous serrons les dents, nous serrons les dents."

Seul rescapé de l'accident de voiture qui a vu périr son épouse, un père  âgé, accompagné par sa fille,  se remet ,bien trop lentement à son goût !51pKba7lKpL._SL500_AA300_.jpg
Quel personnage que ce père juif, intraitable et charmant ! Comme le roseau de la fable, il semble plier mais ne pas rompre, et cette dernière année de vie, racontée par sa fille est à la fois touchante et drôle.
Tendresse et brusquerie alternent entre les deux protagonistes, le père défendant farouchement sa volonté d'indépendance  et de liberté , même quand sa mémoire commence à défaillir et son corps à lâcher prise...Difficle d etrouver la bonne distance, d'établir de nouvelles relations...
L'auteure puise dans les mots la force de résister à l'insensibilité de l'administration et des hôpitaux face à la souffrance et au deuil mais se retire avec pudeur quand la souffrance se fait trop aigüe : "...mourir fait autant de mal que naître." Un récit qui dit l'indestructible et le précaire .

Une année avec mon père, Geneviève Brisac, Editions de l'Olivier 2010, 178 pages qui m'ont réconciliée avec G. Brisac !

Emprunté à la médiathèque.

14/12/2010

Tout près le bout du monde

"Fais pas la gueule, mamie, je rajouterai des courgettes calcinées pour te faire plaisir !"

Trois jeunes , aux parcours très différents, sont envoyés dans une maison de vie, perdue au milieu des champs. Là, Marlène, une femme presque aussi cabossée qu'eux, va avoir l'idée de leur faire tenir un journal. Ce sont ces pages ,aux voix très distinctes ,que nous donne ici à lire Maud Lethielleux.
Et ça fonctionne très bien. Les parcours de Malo,le plus jeune, à la mère si particulière, de Jul, qui s'est perdue dans un amour mortifère, de Solam, le plus déluré mais pas le moins sensible, se révèlent peu à peu et s'organisent sous nos yeux. Leur évolution se lit à la fois dans ce qu'ils révèlent mais aussi dans leur aisance et l'apaisement que leur apporte l'écriture. La violence n'est ici pas niée mais tenue à distance , évoquée mais jamais montrée directement. Ce qui évite à la fois édulcoration et voyeurisme, reproches que l'on peut souvent faire aux texte destinés à la jeunesse .51M5DSLE+gL._SL500_AA300_.jpg De l'humour (parfois vachard) et beaucoup de tendresse retenue allègent l'atmosphère de cette maison où va bientôt se créer une drôle de famille mais une famille quand même,partageant un art de vivre  qu'on devine cher à Maud Lethielleux.
L'auteure s'est visiblement très impliquée dans l'écriture de ce texte et même si, parfois, j'ai trouvé un peu trop affectée l'écriture de Jul, j'ai lu d'une traite ce roman chaleureux et généreux.

Tout près le bout du monde, Maud Lethellieux, Flammarion 2010, 509 pages qui se tournent toutes seules et réchauffent le coeur.

Leiloona  a aussi beaucoup aimé.

Saxasoul aussi.

21/11/2010

France 80

"Il est beau, elle n'aime pas la poésie."

3205658244.jpg

 

Deux parcours dans les années 80 : celui d'une ado de la classe moyenne , habitant près de Nantes, Claire Berthelot ,et celui d'un commercial , coureur de jupons même pas répugnant, chargé de placer des abonnements pour la chaîne cryptée qui vient de voir le jour. Ils ne se croiseront que fugitivement.
Pour les lecteurs ayant connu les eigties ce livre est une vraie mine de souvenirs, entrelaçant marques de produits aujourd'hui parfois disparus (existe-t-il encore du shampoing à la pomme verte ? ) et citations de chansons se fondant dans le texte et par là même inaccessibles à ceux n'ayant pas vécu à cette époque. Il nous offre aussi un portrait très juste de la vie de la classe moyenne et ce n'est pas si souvent que ça arrive.
Le tout pourtant est extrêment distancié, frôlant le clinique, et le lecteur qui s'intéresse malgré tout aux personnages se sent frustré de les laisser brusquement en plan. Ce roman distille également une sourde tristesse comme si l'auteure avait à tout prix voulu éviter l'effet nostalgie . "Hypnotique", estime Cuné, oui mais laissant aussi un peu la gueule de bois. Un anti " la Boum" et autres "Diabolo menthe"  et c'est tant mieux !

Merci Cuné !

Merci aussi à Amanda qui a joué les passeuses !

France 80, premier roman de Gaëlle Bantegnie, une auteure que j'aurai plaisir à lire de nouveau. Gallimard 2010, 220 pages râpeuses.

18/11/2010

Apocalypse bébé

"ça les change des velus, les pauvres."

Deux simili détectives privées, dont une lesbienne forte en gueule- mais pas que- sont lancées sur les traces d'une pauvre petite bourge à papa "Toute de traviole et raturée." qui se révèlera pourtant être une"Vaillante boule de flipper".Elles la recherchent tout aussi mollement que les parents de la dite donzelle. L'enquête n'est bien évidemment qu'un prétexte. Car, de la même façon que les détectives sont là pour faire parler les différents personnages de la gamine, le roman se donne pour objet de faire le 51OOY+wB0KL._SL500_AA300_.jpgportrait d'une société. Pas joli joli, évidemment on est chez Despentes qui ne fait pas dans la dentelle mais dans les yeux lourdement cernés, la violence et le sexe. Quoique la volonté de choquer qu'on sentait dans ses premiers romans , laisse ici la place à un humour féroce qui dézingue à tout va mais laisse apparaître néanmoins une certaine tendresse. L'écriture s'est bonifiée, a gagné en maturité, et jusqu'à l'avant dernier chapitre on suit avec jubilation les pérégrinations de la (au début) si peu lumineuse Lucie-"Une limace hébétée"- et de la si féroce et si attachante Hyène. La fin est un tantinet ratée, trop fourre-tout, comme si l'auteure avait voulu brader en un seul lot les obsessions d'une époque mais bon, pour tout le plaisir procuré à la lecture du reste du roman, on en fera volontiers abstraction. Me voici réconciliée avec Virginie Despentes !

J'arrive après la bataille : tout le monde ou presque a lu, aimé ou détesté Apocalypse bébé.

Un grand merci à Antigone ! (qui a su balayer mes a priori)

Cuné avait préparé le terrain !:)

Theoma a eu l'excellente idée de recencer et classer les billets, merci aussi !

Prix Renaudot 2010.

17/11/2010

Comment (bien) rater ses vacances

"On a beau dire , mais même la misanthropie, ça se partage."

Cette année, chacun ou presque partira en vacances de son côté chez les Mainard. Pas question pour les enfants d'accompagner leurs parents qui ont décidé de "faire"le GR 20 en Corse ! Maxime, 17 ans,  va donc retourner au Kremlin (Bicêtre) chez sa grand-mère, une ancienne instit qui sait à la fois le Vacances.jpgmanipuler comme personne, lui laisser la bride sur le cou et le gaver de crêpes . à lui la glandouille devant l'ordi et les cueillettes de cerises ! Mais , évidemment, tout ne va pas se passer comme prévu et les vacances vont s'avérer bien plus mouvementées et riches en découvertes, ne serait-ce que sur lui-même.
Le roman d'Anne Percin file à toute allure, bourré d'humour et de rebondissements. On y est aussi bien dans les relations parents/enfants, que dans les relations entre ados et leur utilisation forcenée des nouveaux moyens de communication. Maxime possède un sens de l'humour sarcastique plein de folie et le récit de ses expériences culinaires valent franchement le détour ! L'émotion est également présente mais sans pour autant sombrer dans la guimauve. Un style alerte, prenant à partie le lecteur, qui plaira sans aucun doute aux adolescents (identification mon amie)  mais aussi aux adultes .
On regrettera un secret de famille( dont on ne sait si c'en est vraiment un ou pas) qui survient de manière tout à fait incongrue et une fin un peu bâclée mais on conservera un excellent souvenir de ces vacances au Kremlin (Bicêtre) !

Comment (bien) rater ses vacances, Anne Percin, Le Rouergue 2010 DoAdo, 186 pages dont les bas (de pages )valent aussi franchement le détour ! Et la compil' des chansons composant la fighting spirit en prime !

Un extrait tentateur chez Gawou !

Le premier chapitre ici !

Chez L'auteure, .

16/11/2010

Pieds nus sur les limaces

"Je voudrais un nouveau cerveau. Celui-là me fait trop mal. Il ya trop de bruit dedans."

La folie rôde autour du "château" incomplet qu'occupent deux soeurs : Clara, l'aînée ,qui a dû s'improviser mère de la seconde, Lily, qu'une mauvaise oxygénation du cerveau à la naissance a rendu pour le moins étrange. En effet, elle dépèce les animaux qui passent à sa portée et ne possède pas d'inhibitions, s'offrant sans barguigner aux hommes , y compris au mari de sa soeur.9782757820797.gif
La canicule rend l'atmopshère encore plus étouffante et la tension monte...
Attirée par un titre accrocheur et une couverture lumineuse, j'ai plongé dans un univers à l'écriture parfois heurtée, faisant cohabiter les registres de langue,  tout comme la tendresse qui unit les soeurs côtoie l'exaspération portée à son comble. Le malaise est persistant et efficace mais certaines scènes, à la fin,  tenant plus du grand-guignol qu'autre chose viennent casser et le rythme et la vraisemblance. Dommage.

Pieds nus sur les limaces, Fabienne Berthaud,  Points seuil  2010, 158 pages qui créent le malaise.

 

 

10/11/2010

Chroniques de l'université invisible

Des enfants télépathes ou pratiquant sans le savoir la télékinésie sont enlevés à leurs parents qui, soumis au pouvoir des kidnappeurs,oublient tout de leur existence. Les petits prodiges sont aussitôt conduits à cette université invisible où on entend bien les amener à augmenter et contrôler leurs incroyables capacités.61f8THWaoDL._SL500_AA300_.jpg
 Nous allons donc suivre trois adolescents aux caractères et aux parcours très différents dans des aventures qui les amèneront à croiser des vampires férus d'informatique mais aussi des exploiteurs d'enfants dignes de Dickens.
Le lecteur ne peut évidemment pas, dans un premier temps, éviter de penser au petit sorcier à lunettes mais le propos de Maëlle Fierpied est totalement différent et l'univers qu'elle crée n'a rien à voir avec le décor de Poudlard. Il se situe plutôt dans un ailleurs de grandes métropoles et les vampires ont ici plus valeur de représentants de minorités aux moeurs différentes et leur aspect pittoresque n'est pas vraiment exploité. L'auteure suit davantage un but pédagogique et entend montrer, entre autres, qu'il ne fait pas bon toujours pas se soumettre sans broncher à une autorité, toute apparemment justifié qu'elle soit.
Les personnages sont bien croqués et on glisse progressivement dans un univers qui n'est pas le notre mais pourrait facilement le devenir. Moi qui n'ai péniblement réussi à lire qu'un tome d'Harry Potter, j'ai lu avec plaisir ces chroniques alternant le chaud et le froid , pleine de rebondissements, un excellent divertissement pouvant déboucher sur une réflexion; voilà qui n'est pas à négliger. Un seul petit bémol : j'aurais aimé que Maëlle Fierpied lâche davantage la bride à son penchant pour les néologismes qui sont ici un vrai régal !

Réunis en un seul volume quatre livres suivis d'annexes et de notes constituent ces Chroniques de l'université invisible.461 pages à découvrir sans plus tarder.