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06/11/2012

Viviane Elisabeth Fauville

"Il n'a jamais vu en vous qu'une bourgeoise, une pâle carriériste, une névrosée de base qu'on domestique à coups de pilules blanches."

Viviane Elisabeth Fauville, quarante-deux ans, en instance de divorce, mère d'une petite fille de trois mois , a-t-elle assassiné son psychanalyste ?
Cette interrogation est point de départ d'un roman surprenant sur le thème de l'identité, l'héroïne changeant son prénom en fonction des gens qu'elle rencontre, et restant invisible pour les gens des quartiers parisiens qu'elle traverse.julia deck
Utilisant le Vous de La modification de Butor, Julia Deck, avec une écriture impeccable, à l'humour discret mais efficace, réussit le pari de ne jamais tenir le lecteur à distance.
La narration surprend toujours mais ne déroute jamais et l'on se laisse fasciner et captiver par ce récit que chacun pourra interpéter à sa guise. Original et prenant  jusqu'au bout. Un travail stylistique remarquable de précision !

Viviane Elisabeth Fauville, Julia Deck, Editions de minuit 2012, 155 pages à la fois floues et ultra précises.

 

 

 

 

 

 

 

 

L'avis de Clara, la tentatrice!:)

02/11/2012

Cherche jeunes filles à croquer

"Je suis une scène d'absence, vous comprenez ? C'est avec ça que je dois travailler."

Pas de cadavres, mais des disparitions de jeunes filles anorexiques. Une série ? Peut être. Et d'ailleurs, soyons cyniques, il vaudrait mieux que cela soit le cas pour que le groupe du commandant Lanester ne soit dissous, faute de crédits !
Envoyé en renfort de la gendarmerie dans la vallée de Chamonix, l'équipe de criminologie va avoir fort à faire avec les parents des jeunes filles, et surtout avec le personnel d'une prestigieuse clinique spécialisée dans les troubles alimentaires. Sans oublier la remise en question de Lanester, dont les séances avec sa psychothérapeute ponctuent le récit.françoise guérin,anorexie,polar
Que voilà un formidable roman ! Sans discours jargonnant ni vulgarisation simplificatrice, mais de manière intelligente et sensible,  il introduit le thème de l'anorexie dans un genre où on ne l'attendait pas: le polar psychologique. De plus, le héros, profileur français,  s'y défait de son aspect "base de données ambulante" et acquiert  ainsi une véritable épaisseur, ce qui le rend bien évidemment encore plus craquant ! Ses coéquipiers, fort différents, apportent chacun leurs compétences et Lanester s'efforce touours de les mettre en valeur, ce qui est,ma foi, fort agréable.
Pas de baisse de rythme dans le récit, mais du suspense et des rebondissements jusqu'à la toute fin où l'on prend conscience de la polysémie du titre (ne comptez pas sur moi pour vous l'expliquer maintenant !). Sans oublier la marque de fabrique de Françoise Guérin : la touche d'humour dont elle ne se départit jamais et qui permet au lecteur de se détendre un peu entre deux serrements de gorge !
Une totale réussite donc et un roman qu'on ne peut lâcher ! Vous voilà prévenus : éteignez les portables et les ordinateurs, glissez-vous bien au chaud et dégustez !

Cherche jeunes filles à croquer, françoise Guérin, Editions du masque 2012, 393 pages haletantes !

D'autres billets concernant cette auteure ici !

le blog de l'auteure (clic)

 

27/10/2012

Les séparées

"On accepte, on provoque l'éloignement, mais les liens qui nous rassemblent sont tortueux."

Une histoire d'amitié féminine , un roman qui commence le 10 mai 1981 et nous permettra de retrouver Anne et Cécile trente ans plus tard, quand elles ont quarante-six ans et que leur belle amitié a pris l'eau.
Alternant les points de vue et les sauts dans le temps, le roman de Kéthévane Davrichewy n'est pas parvenu à m'intéresser tant j'ai trouvé la narration filandreuse et l'atmosphère manquant singulièrement de densité.
il ne me reste pas grand chose de ce roman, juste l'impression que l'auteure est passée à côté d'une histoire qui se laisse deviner à travers les interstices du roman: celle des parents d'une des narratrices, un couple qui ne se dispute jamais et a une attitude très particulière face à la vie et à la famille, une attitude due à la résilience,ce qui ferait un très beau sujet de roman...J'dis ça...kéthévane davrichewy,amitié féminine

L'avis de Stéphie qui vous mènera vers plein d'autres !

Celui de Kathel

et de Gambadou

25/10/2012

Bien connu des services de police

Appuyé sur une solide documentation, Bien connu des services de police met en scène la vie d'un commissariat de banlieue imaginaire, Panteuil.
L'entrée de jeu est brutale, sans fioritures et nous plonge d'emblée chez des flics aguerris et ripoux. Un monde auquel vont heurter deux "bleus "  leur enlevant, vite fait, mal fait, pas mal de leurs illusions. Les portraits sont esquissés à grands traits mais efficaces , le style réduit à sa plus simple expression mais l'intrigue cavale à fond la caisse, brassant des thèmes toujours d'actualité : policiers proxénètes ,incendie de squat, volonté de faire baisser artificiellement le nombre de plaintes et, au contraire de "faire du chiffre".dominique manotti,polar
Le constat est accablant et Dominique Manotti souligne ici le fosse séparant deux conceptions de la police:
"Elle a des convictions, ou des certitudes, et cela lui suffit pour monter un dossier, elle se fout des preuves, elle fait du travail de police un instrument de lutte idéologique, elle remplace la recherche de la preuve par une habile politique de communication, et c'est elle qui gagne."
Trophée 813 du meilleur roman noir francophone 2010, ce roman se déroulant en 2005, demeure par certains aspects toujours d'actualité.

Pour tous ceux qui voudraient aller plus loin, voir ici sur le site de l'auteure.

Bien commu des services de police, Dominique Manotti, folio policier 2011.238 pages décapantes.

Et un de plus pour le challenge de Liliba !

dominique manotti,polar

23/10/2012

Garonne

"Elle aime fredonner qu'elle "n'a pas la vertu des femmes de marins", sans vouloir l'offenser, tout le monde avait deviné."

Garonne, la cinquantaine venant, a besoin de se poser un peu et de quitter les petit boulots provisoires et la vie de nomade qu'elle avait menée jusqu'à présent.Une opportunité se présente: travailler dans l'agence de placement de jeunes filles au pair que vient d'acheter la fort brouillonne Manu.
Ne pas se laisser décourager par le début du roman et par l'agaçante Manu dont le vocabulaire de charretier et les négations incomplètes ont bien failli me faire lâcher prise . L'arrivée de la pimpante et efficace ancienne propriétaire de l'agence, Mme Debarre, survient à point nommé pour redresser la barre de l'agence et du récit ! fanny brucker
Si la vie de la petite entreprise est décrite de manière à la fois pleine d'humour et de réalisme, si j'ai beaucoup apprécié de partager la vie chaleureuse et gaie de ces femmes, j'ai néanmoins regretté la rupture de rythme et le changement de tonalité de la dernière partie du roman. Pourquoi donc opter à toutes forces pour une fin "conte de fées" ?
Un roman apaisé où l'on retrouve toute la sensibilité de Fanny Brucker. Clic !

Garonne, Fanny Brucker, Jean-Claude Lattès 2012, 329 pages à déguster  !

02/10/2012

Ils désertent

"Tout a été alors très différent, les livres avaient ouvert une brèche , laissé les portes ouvertes."

Elle vient enfin d'être embauchée à un poste auquel la destinait son diplôme de commerce , diplôme acquis à force de travail. Elle va donc pouvoir acquérir à crédit ce qui aurait fait la fierté de son père: un appartement, en l'occurence trop grand pour elle et désespéremment vide. Très vite, elle va comprendre la vraie raison de son embauche: licencier un vieil employé surnommé l'ancêtre, ou l'Ours, en raison de son caractère.thierry beinstingel,rimbaud voyageur de commerce
Mais les relations entre celui qui vit "dans une sorte d'entre-deux permanent " et celle qui doit le débarquer vont prendre un tournant auquel la direction de l'entreprise ne s'attendait guère. En effet, les mots,entre autres ceux d'un voyageur de commerce nommé Rimbaud dont les lettres accompagnent l'ancêtre, vont changer la donne  et injecter de la poésie et de l'humanité dans des existences qui en semblaient tragiquement dépourvues.
Thierry Beinstingel fait évoluer ses personages, jamais nommés, mais désignés uniquement par des pronoms, Vous pour l'ancêtre, Tu pour la jeune femme dans un univers singulièrement désincarné et peu décrit : celui des grandes zones commerciales,  celui des aires de repos où surnagent quelques îlots de rencontres éphémères. Ce qui pourrait être une succession de clichés devient ici une évocation surprenante de la vie d'un commercial atypique qui transforme une vente de papiers peints en expérience  quasi artistique et fascinante !
Si j'ai été un peu heurtée  au début par la désignation des personnages , je suis pleinement entrée dans cet univers méconnu de ceux qu'on appelait autrefois les voyageurs de commerce. Une évocation réussie même si un tout petit peu moins puissante que dans Retour aux mots sauvages  (clic) car un peu prévisible.

Isa a été conquise,

tout comme Jean-Marc !

28/09/2012

La tête en friche...en poche

”et je me dis que tenir à une grand-mère, c'est pas plus reposant que tomber amoureux.”

marie sabine roger

La peste (Camus), La promesse de l’aube (Gary) , Le vieux qui lisait des romans d’amour (Sepulveda), c’est en partageant la lecture de ces trois romans que Germain, le balourd, l’abruti quasi analphabète et Margueritte, la vieille dame fluette et cultivée, vont tisser des liens sur un banc de jardin public.
Germain qui a La tête en friche, va peu à peu évoluer grâce aux livres , dans ses relations avec les autres mais aussi en réfléchissant sur lui-même.
Le joli roman de Marie-Sabine Roger nous montre que le vocabulaire nous permet d’affiner nos pensées et par là même nos actes.L’auteure peint avec tendresse les relations quasi filiales qui s’établissent entre ces personnages en apparence si dissemblables
De jolies trouvailles linguistiques quand Germain malmène la langue mais aussi un sentiment de facilité et de fatigue dû ce torrent de langage grossier qui se déverse sur nous. Une réussite en demi-teinte.

27/09/2012

Reste l'été

"Comme chaque été, Mylène et moi sommes pressés de rejpindre l'île pour nous y retrouver, laisser agir le charme. Je ne sens plus rien."

nicolas le golvan

Crise de la quarantaine à l'île de Ré. Sa femme et ses enfants rentrent à Paris, lui reste sur place et entreprend de faire le point sur sa place dans la constellation famiale en tant que fils abandonné, frère négligent ,père et amoureux fatigué.
Le détachement avec lequel le héros/narrateur décrit ce qu'il a cessé de ressentir, l'acuité avec laquelle il observe son entourage ,sont à proprement parler à la limite de l'insupportable et m'ont mise franchement mal à l'aise. Il n'en reste pas moins que le style, précis et acéré confère à ce court roman au thème rebattu une qualité indéniable.

Merci Sylvie pour cetet découverte !

25/09/2012

Papa was not a rolling stone

"C'est ce qu'il y a de bien avec la littérature: elle envisage le réel avant qu'il n'advienne."

sylvie ohayon

Sylvie Ohayon semble être née sous le signe du tiraillement: juive par sa mère, kabyle par son père, père très vite disparu dans la nature, elle reçoit beaucoup d'amour de la part de ses grands-parents , ce qui compense l'attitude immature de sa mère.
Cette dernière se mariant avec un Daniel, cent pour cent français,  la petite fille ne parviendra jamais à appeler "papa", cet homme qui l'adoptera et lui vouera une haine féroce, bien réciproque. Malgré les coups, les sarcasmes, la petite Sylvie travaille comme une forcenée à l'école, faisant même la classe à ses petits camarades de la cité des 4000 de la Courneuve. Car oui, Sylvie est une banlieusarde, mais la vision qu'elle nous propose de cette cité n'a pas grand chose à voir avec celle propagée par les média. Certes la violence est présente, surtout envers les filles,  mais aussi la solidarité.Notre héroïne, passant de l'autre côté du périph , grâce à  des études de lettres, intègrera un univers tout aussi étrange: celui des bourgeois parisiens.
Autobiographie survoltée, Papa was not a rolling stone possède les défauts de ses qualités : une belle énergie, beaucoup d'humour, un sens de la formule qui a fait ses preuves en publicité (domaine où Sylvie Ohayon a excellé) ,mais aussi un récit cahotique car non maîtrisé. On sent que l'auteur a voulu tout raconter, nous transmettre ses émotions mais sans vraiment prendre le temps d'organiser son récit. J'avoue aussi avoir été agacée par les répétitives leçons de vie que l'auteure tient à nous transmettre à toutes forces et par le style parfois trop relâché. Un bilan en demi-teintes donc mais un roman qui ne se lâche pas malgré tout. Vient de sortir en poche.

24/09/2012

Nuits insomniaques

"-Je suis contre les raccourcis. C'est fini, ça , maintenant. Chaque fois que j'en prends un , je finis par me perdre."

Bonnie accumule les difficultés: divorcée, elle élève seule ses deux jeunes fils, tandis que son mari se la coule douce au Mexique. Vacataire à la fac, elle n'enthousiasme pas ses étudiants et , à l'orée de la quarantaine, suite à une liaison vouée à l'échec, elle se retrouve enceinte. Cerise sur le gâteau, bien qu' extrêmement fatiguée, Bonnie dort très mal .robert cohen
La participation aux tests d'un nouveau médicament vont peut être lui permettre de compenser sa dette de sommeil. En tout cas, c'est dans ces circonstances qu'elle fera la connaissance de Ian, scientifique qui ne jure que par son travail et dont la vie amoureuse est un désastre.
Sur fond de pratiques à la limite de la légalité, c'est surtout aux parcours psychologiques des personnages, à leur évolution ,que s'intéresse Robert Cohen. Il se glisse avec aisance aussi bien  dans la psyché féminine que masculine et l'on prend beaucoup de plaisir à partager durant ces 462 page,  remplies d'humour ,ces vies qui pourraient être les nôtres et qu'il égratigne au passage. La description d'une assemblée de parents à l'école maternelle privée américaine est un petit délice !

Nuits insomniaques (Inspired sleep), Robert Cohen, traduit de l'anglais (E-U) par Lazare Bitoun, Editions Joëlle Losfeld 2011.

 

Merci Sylvie!