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06/06/2013

Retour à la ligne

Maman solo d'un ado d'appartement, scénariste  de télévison blacklistée, Clara Tallane en est réduite à rédiger les mémoires d'un industriel qui rêve qu'on lui invente une vie.

julie jezequel


 Si mon côté petite souris qui aime découvrir les coulisses d'un métier, en plus lié à l'écriture, a été plutôt satisfait, la comédie annoncée de manière dithyrambique sur la quatrième de couv', je la cherche encore !
Je croyais trouver du pétillant et je n'ai déniché que de l'éventé. On s'attend toujours à ce que , enfin, l'action démarre, mais on reste toujours sur sa faim. Par contre, la description de la vie quotidienne de l'héroïne et ses relations avec son grand dadais de fils sont très vivantes et enlevées. Du coup, on peut terminer le roman sans déplaisir, ce qui n'est déjà pas si mal !

L'avis de Cuné (merci !) qui m'a permis de satisfaire ma curiosité.

31/05/2013

La liste de mes envies...en poche

"Mais je ne suis pas riche. Je possède juste un chèque de dix-huit millions cinq cent quarante sept mille trois cent un euros et vingt-huit centimes, plié en huit, caché au fond d'une chaussure. Je possède juste la tentation."

 Lorsque Jocelyne Guerbette, mercière à Arras et rédactrice du blog dixdoigtsdor, réalise le rêve de beaucoup de gens, à savoir gagner au loto, elle ne se précipite pas . Ni pour encaisser son chèque, ni pour avertir son mari ou ses amies. Non, elle prend bien le temps de réfléchir car, malgré les orages conjugaux, les peines, les douleurs, elle se demande si elle a vraiment envie de quelque chose de différent. Mais les événements vont s'emballer plus vite que prévu et Jocelyne devra quand même affronter bien des changements dans sa vie...grégoire delacourt
Le gain d'une grosse somme d'argent au loto aurait pu  donner lieu à des situations caricaturales . Mais Grégoire Delatour l'envisage d'une manière originale, pleine de tendresse pour son personnage féminin . Il brosse ici un très joli portrait de femme , une femme qui s'émancipe doucement,  qui rit avec ses fofolles de copines, qui ne perd pas la tête devant tant d'argent, qui ne se laisse pas éblouir (il faut voir la modestie de La liste de [ses] envies: rien d'ostentatoire, rien qu'elle ne puiise vraiment s'offrir sans même avoir gagné au loto ), qui va renouer avec sa fille mais qui n'oublie pas pour autant ce qui l'a façonnée. Un roman plein d'humanité, construit de manière habile (je me suis faite avoir comme une bleue !) et dont le style, alerte et émaillé de formules, confirme ici tout le bien que j'écrivais déjà de cet auteur ici. à vous de noter ce roman sur la liste de vos envies !

27/05/2013

Le garçon incassable

"Mais le chagrin, Henri, où le mets-tu ? Tes yeux ne pleurent jamais. la tristesse semble ricocher sur toi. Je sais qu'elle entre pourtant, filtrée par ta vision du monde. Alors, dans quel recoin de toi-même l'enfermes-tu ? "

Enquêtant sur Buster Keaton, la narratrice se prend à évoquer son frère "différent", Henri. Nombreux sont les points communs entre les deux hommes, se situant toujours un peu à côté des autres et ayant une relation particulière à leur corps. Le garçon incassable, c'est d'abord Keaton, qui , dès l'enfance, fut réifié par ses parents, jeté comme un objet raide et sans réaction pour un numéro de music-hall qui séduisait les foules. Cette capacité corporelle étonnante s'accompagnait aussi d'un visage impassible qui devint bientôt la marque de fabrique de son personnage.florence seyvos
Mais c'est aussi Henri, dont la vie " se déroulera dans un éternel état intermédiaire. Un état où les éclats de joie sont de plus en plus rares."et qui, parfois "est comme un objet  habité par une force que seule l'ouverture de la porte peut libérer."
Leurs relations aux autres, le regard que les autres portent sur le comique burlesque et sur l'enfant handicapé sont  évoqués avec beaucoup d'empathie et de délicatesse.
Deux portraits qui se font écho,  portés par une écriture sensible et sans pathos. Un roman qu'il faut prendre le temps de laisser infuser, pour mieux s'en imprégner.

Le billet de Lilly.

Le garçon incassable, Florence Seyvos, Editions de lo'livier 2013, 173 pages qui nous remuent

 

23/05/2013

L'odeur des planches

"N'était la douleur dans mes os, rien ne me prouverait que j'existe."

Née en Algérie, malgré ses origines modestes, Samira Sedira est devenue comédienne en France et vivait confortablement de son art. Las, les contrats ont cessé et , par fierté, parce qu'elle veut rester indépendante fincancièrement de son compagnon, Samira doit devenir femme de ménage chez des particuliers.samira desira
Alternant retours en arrière et récit de ses journées de labeur, ce texte est aussi l'occasion de décrire la quasi sidération d'une femme, sa mère, qui n'a jamais connu l'amour et a dû quitter sa famille et son pays. L'occasion aussi de comprendre la honte de son père qui, à la fin des Trente Glorieuses, connut sa première période de chômage. Un texte qui prend aux tripes, qui crie la rage et la douleur , à découvrir absolument.

 

L'odeur des planches, samira Sedira, la Rouergue 2013, 136 pages qui nouent la gorge.

 

Merci Clara pour cette découverte !

14/05/2013

L'atelier des miracles

"Tentez de vous positionner autrement. Pensez qu'ils sont capables de sincérité. Pensez qu'ils sont capables d'amour. "

 Mariette, prof d'histoire géo à bout de nerfs, Millie, jeune femme prête à tout pour échapper à un passé douloureux, Mike, ex-militaire échoué sous un porche croient tous avoir rencontré leur sauveur en la personne de Jean.
Cet hommme providentiel les accueille en effet dans son Atelier où, à défaut de montres, il répare les âmes cassées.valérie tong cuong,ensemble c'est mieux ?
Dès le début, j'ai été gênée par l'aspect trop miraculeux de cet atelier (qui trouvera son explication un peu plus loin dans le roman) et par l'écriture un peu bâclée. On ne s'attarde pas suffisamment sur les personnages, l'intrigue est un peu lâche et ne maîtrise pas suffisamment les changements de ton.
Dommage, il y avait là tous les ingrédients d'un bon roman qui fait du bien !

Plein d'avis, nettement plus positifs, sur Babelio.

celui de AntigoneClara, Un autre endroit,

Déniché à la médiathèque.

l'atelier des miracles, valérie Tong Cuong, Lattès 2013.

09/05/2013

"Oh..."

"La réalité se charge de vous remettre à votre place."

Trente jours hivernaux dans la vie d'une femme de cinquante ans pour qui tout doit être sous contrôle. Un récit qui commence juste après le viol dont elle vient dêtre victime et dont elle se remet avec une volonté implacable  .philippe djian
Il lui faut d'ailleurs faire face à beaucoup de problème familiaux ,  amicaux et assurer sa vie et celle de son petit monde d'un point de vue économique, laissant sous le tapis un passé douloureux qui explique  son attitude rigide.
Une telle accumulation de problèmes, en commençant par un viol, avait vraiment tout pour me déplaire mais le rythme effréné qu'imprime Djian à son roman a emporté mon adhésion. Si j'ai aimé la manière dont l'auteur analyse la relation mère/fils, je suis restée plus dubitative quant à la façon dont cette femme réagit face à son violeur...237 pages qui cavalent à toute allure et brossent un portrait de femme à découvrir absolument.

 

"Oh...", Philippe Djian, Gallimard 2012, Prix interallié.

 

Déniché à la médiathèque.

26/04/2013

Les débutants

"Quitter volontairement le bonheur, n'est ce pas la plus grand folie du monde ? "

Il aura suffi d'un extrait lu par Colombe Schcek, très tôt le matin ,pour que je me procure d'urgence ce romn qui met "en scène une déchirure", celle d'une femme Anne  qui aime Guillaume mais brûle pour Thomas qui lui évoque Jude l'obscur.anne serre
Quoi de plus banal que ce schéma?
Mais Anne Serre , par son écriture à la fois précise et poétique, nous ferre d'emblée et ne nous lache plus. Mois qui ne suis guère friande d'histoire d'amour, je me suis retrouvée à piqueter de marque-pages comme jamais ces 190 pages que j'ai fait durer le plus longtemps possible.
Un roman lumineux à découvrir en poche chez Folio.

Un petit extrait pour vous donner envie :

"Elle brûle d'être avec lui comme on le serait dans une rivière, allongés, laissant les eaux vous recouvrir, jouer entre vos membres, glisser sur votre ventre, votre cou, et parfois de fins poissons passent entre vos jambes, bondissent au-dessus de votre cuisse, des herbes molles vous caressent, vos cheveus vont flottant et au-dessus de soi il y a de merveilleux branchages aux feuilles vert vif, et au-dessus encore un ciel bleu et dur mais très lumineux et les pierres sous l'eau ont presque l'air d'être de chair."

09/04/2013

Road tripes

"J'étais en train de comprendre ce grand sentiment de liberté qui suintait des road movies américains."

Parce qu'il n'a plus grand chose à perdre, parce qu'il a ,de son propre aveu, toujours été incapable de faire des choix, le narrateur va embarquer dans la voiture (volée) de Carell qu'il connaît à peine. Commence alors une folle équipée  entre Bordeaux et Montélimar. 4 000  kilomètres durant lesquels nos deux paumés se mettront à dos un passionné de Renault 16, une secte annonçant la fin du monde, froisseront de la tôle (une Clio, une C4 , entre autres), soigneront des blessés de manière bien peu orthodoxe, bref accumuleront les conneries avec un bel enthousiasme !sébastien gendron
Sébastien Gendron crée ici un duo improbable comme on les aime, s'empare de tous les ingrédients du road trip, les secoue , les épice, alternant l'outrance et la nuance ,ne se départissant jamais d'un humour féroce et jubilatoire. Il ne fait pas dans la dentelle mais on s'en fiche car on ne lâche pas ces deux loustics , l'un fan de Johnny Hallyday, l'autre féru de musique classique, de cinéma et de littérature ( un grand écart annoncé dès les citations mises en exergue , à ne louper sous aucun prétexte ). De quoi glaner entre deux braquages foireux quelques références.

 

Road tripes, Sébastien Gendron, Albin Michel 2013, 282 qui dépotent !

L'avis de Keisha

03/04/2013

Maintenant le mal est fait

"Les amis sont parfois plus redoutables qu'une corde pour se pendre."

Le projet de construction d'une route vient perturber l'équilibre déjà fragile d'un groupe d'amis.La mort de l'un d'entre eux va aussi changer le regard que chacun porte sur les autres et sur soi.
Pas de nostalgie chez Pascal Dessaint mais une vision à la fois tendre et cruelle , férocement lucide, de l'amitié. Ces hommes et ces femmes qui prennent tour à tour la parole ont aussi des points de vue très tranchés sur les liens qu'entretiennent la Nature et l'humanité,l'une des préoccupations majeures de l'auteur. Est-il normal qu'un simple insecte vienne mettre à mal la volonté d'un constructeur ? Les hommes ne se comportent-ils que comme des pillards ?pascal dessaint,amis,nature
Telles sont quelques unes des interrogations de ces gens à l'âge des bilans, aussi bien amoureux qu'humains au sens large du terme.  Et comme Pascal Dessain est un virtusose de la construction, il nous réserve des surprises car, même si le lecteur découvre bien des informations sur les personnages, qu'eux-mêmes parfois ignorent, la fin se révèlera plus trouble que prévu...
Emaillé de citations d'auteurs chers à Pascal Dessaint, le récit coule, fluide et l'on ne se perd ni dans la chronologie ni dans l'identité des différents narrateurs, un tour de force ! Juste un petit bémol : il m'a semblé que les femmes étaient un tantinet traitées de manière moins bienveillante que les hommes mais bon, on ne chipotera pas pour si peu ! Un régal qui évite tous les pièges du genre, à ne rater sous aucun prétexte !
 Maintenant le mal est fait, Pascal dessaint, Rivges 2013, 253 pages à laisser infuser...

11/03/2013

Mourir est un art comme tout le reste

oriane jeancourt galignani

"Méfiez-vous des survivantes, des petites filles, des grosses pâlottes, de celles qui parlent toutes seules, des lectrices de romans,  ce sont celles qui vous feront clamser car le meurtre, bien qu'il n'ait pas de langue, trouve pour parler une voix miraculeuse."

Oriane Jeancourt Galignani , pour ce premier roman, revient sur les derniers jours de la poétesse Sylvia Plath. Elle choisit d'éclairer en outre la relation particulière qui unissait l'auteure d'Ariel à son père.
La langue est riche, imagée et inspirée mais ma lecture a pâtit du fait que c'était le troisième texte que je lisais sur le même thème...à réserver aux fans absolues de Sylvia Plath ou à ceux et celels qui n'auraient pas encore lu :

Les femmes du braconnier de Claude-Pujade Renaud

Froidure (nons chroniqué) de Kate Moses

 deux romans que je recommande chaudement .