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15/08/2013

Les Fuyants

"Son corps était en train de déclarer forfait. Jacob a mis du temps  à réunir assez de courage pour être lâche . Ou l'inverse."

Dans la famille Hintel , les hommes ont une fâcheuse propension à se carapater et à fuir toute forme d'engagement sentimental. Le petit dernier de cette lignée familiale, Joseph, aidé par son oncle Simon, parviendra-t-il, en explorant le passé, à dépasser ce schéma transgénérationnel ?arnaud dudek
Ils auraient tout pour qu'on les déteste ces Fuyants mais tout l'art d 'Arnaud Dudek, par une construction subtile du récit, par un humour parfois tendre, parfois féroce (ah la visite au beau-père potentiel collectionneur de tire-bouchons !) et surtout par son écriture , fertile en formules et en métaphores, est de nous les rendre sinon sympathiques , du moins diablement attachants. Car il y a  beaucoup de tendresse et de délicatesse dans ce roman qui revisite, sans prendre la forme d'un règlement de comptes, les périlleuses relations père/fils. Un roman qui nous laisse un peu K.O, avec juste l'envie de le relire aussitôt pour encore mieux le savourer. Un pur délice !

Clara a elle aussi été conquise.

Le billet de Cuné !

Les Fuyants, Arnaud Dudek, Alma Editeur, 127 pages, un concentré de bonheur.

Du même auteur: clic !

 

09/07/2013

La clôture des merveilles/ Une vie d'Hildegarde de Bingen

"Au bout du compte, nous sommes tous confrontés à cette liberté d'être contraints."

En 2012, le pape Benoît XVI proclame Hildegarde de Bingen, docteur de l'Eglise. Elle est la quatrième femme à obtenir un tel titre. C'est à celle qui dès sa huitième année est entrée au couvent, a eu des visions dès l'âge de trois, a inventé une nouvelle langue , toute hérissée de z, a su pénétrer les secrets de la nature , a créé son propre couvent ,que Lorette Nobécourt consacre un livre inspiré.lorette nobécourt,hildegarde de bingenAnecdotes avérées ou inventées se mêlent pour relater la riche vie de cette femme complète qui toujours se dresse face à l'autorité, "Aussi droite, et haute, solide et stable que l'échelle  du H. de son nom. Ainsi se tient désormais Hildegarde de Bingen."
Dans un monde qui refuse toute contrainte, Lorette Nobécourt interroge cette notion de soumission et analyse les relations de H., c'est ainsi qu'elle la nomme à une exception près tout le long du texte, aux mots, à l'écriture. Un texte prenant et envoûtant qui donne envie d'aller encore plus avant dans la vie de cette femme du XII ème siècle qui, par bien des aspects, nous apparaît très contemporaine.

 

08/07/2013

Mariage blanc

"Et en plus, les clichés me reposent. ça protège tellement de se sentir vivre dans une fiction. Tout peut arriver, on peut tout expérimenter sans risques."

Antoine et Rachida forment un couple merveilleux, généreux , pétri de bons sentiments, mais farouchement opposé au mariage et à sa routine. Alors, quand Antoine, sur un coup de tête et sans en avoir auparavant discuté avec sa bien-aimée, décide d'entrer en résistance et de contracter un mariage blanc pour permettre à une jeune fille de L'Est, Tatiana, de rester en France, cela ne va évidemment poser aucun problème.valérie zenatti,marivaudage
Petit marivaudage de 82 pages enlevé, Mariage blanc vaut surtout par l'alternance des points de vue (celui de la meilleure" amie" de Rachida est un pur délice !) et par la manière dont Valérie Zenatti se moque -gentiment - de ses personnages, toujours prêts à retomber dans leurs travers mais farouches adeptes du politiquement correct. Un petit plaisir plein d'humour à savourer entre deux pavés.

Mariage blanc, Valérie Zenatti, Les éditions du moteur 2012.

Merci Cuné !

01/07/2013

Un mari ordinaire

 

Pendant vingt-cinq ans, "Combats et trêves s'étaient succédé et Claire avait tenu bon, s'usant de l'intérieur, sans mesurer combien." Mais cette fois, Claire quitte son mari tyrannique ,  caractériel ,et dans ses bagages elle emmène Pretty, sa chèvre malicieuse.christine cerrada,divorce,reconstruction
Au coeur des Pyrénées, dans une grange aménagée, la quinquagénaire va se reconstruire, aidée par les habitants des lieux, par la beauté des paysages et aussi par sa drôle de petite compagne.
Roman qui fait du bien, Un mari ordinaire, dépeint avec finesse et sans manichéisme, une relation plus commune qu'il n'y paraît, celle d'un mari éteignoir (moodkiller) qui déprécie systématiquement celle qu'il prétend aimer, et d'une femme qui attend que son fils unique soit grand pour prendre le large.
L'histoire est parfois maladroite, cousue de fil blanc mais on prend plaisir à suivre ce récit lumineux qui donne envie de découvrir ce coin des Pyrénées. Un roman facile à lire,  parfait pour les périodes où tout nous tombe des mains.

Un mari ordinaire, Christine Cerrada, Editions Michalon 2013, 255 pages qui fleurent bon le foin !

Pour en savoir plus sur l'auteure et la vallée en question, clic !

PS: lu, dans la foulée, la première nouvelle qui donne son titre au recueil d'Alice Munro, Fugitives. j'y ai trouvé quelques points communs ( dont la chèvre ! ), le tout traité d'une manière radicalement différente et noircissime ! Attention, je ne dis pas que l'une a copié sur l'autre, entendons-nous bien ! Je souligne juste une coïncidence amusante (la chèvre).

25/06/2013

Sex and the kitchen

"à quoi bon avoir une âme quand on a les fesses de Cameron Diaz, je vous le demande ?"

Charlotte, blogueuse culinaire bio en vogue, végète aussi bien en amour qu'au boulot. Un SMS révélateur, l'arrivée d'un nouveau chef dans la rédaction du magazine culinaire où elle est maquettiste sans oublier les mails d'un mystérieux admirateur vont transformer radicalement sa vie.
Ses  amies, hautes en couleurs, vont  l'aider, chacune à leur bien particulière façon ! Morgane, qui enchaîne les petits boulots, pour assouvir sa passion des fringues,  et les amants pour assouvir sa passion du sexe va se charger de la rebooster. Avec son caractère bien trempé et sa verve, on adore l'entendre réprimander vertement des clients du téléphone rose ! Quant à Déborah, orthophoniste un jour sur deux, dominatrice les autres, elle a un carnet d'adresses bien fourni et entraîne ses copines dans des soirées SM de haut vol !octavie delvaux
La couverture rose-bonbon mise sur le côté girly, évidemment très présent dans le texte, mais la quatrième de couv' avertit gentiment "Avec de vraies scènes de sexe à l'intérieur !". Cuisine et sexe sont donc inextricablement liés dans ce roman qui , même s'il entraîne la lectrice dans des lieux interlopes, garde toujours un côté bon enfant des plus sains.Les héroïnes sont tout sauf idiotes, prennent leurs vies en main et discutent sex-toys en consommatrices averties. Le récit est enlevé, les scènes de sexe explicites mais jamais vulgaires, le tout est à la fois fort drôle et efficace ! Un seul regret : l'appelation "la mouille" pour désigner le liquide sécrété par les glandes de Bartholin situées de chaque côté du vagin, lorsque la femme est en état d'excitation sexuelle. La cyprine est bien plus jolie, non ?

Déniché à la médiathèque et bien en vue, tiens!:)

Comme l'auteure est très sympa, elle n'hésite pas à partager quelques unes de ses recettes de cuisine sur son blog (clic) !

Sex in the kitchen, Octavie Delvaux, La Musardine 2013, 318 pages qui donnent la pêche!

 

22/06/2013

L'armée furieuse...en poche

"Quand une alarme vitale se déclenche, la réplique humaine est impondérable et foudroyante."

Une armée furieuse , tout droit sortie des fins fonds du Moyen- Age, composée de chevaux et de cavaliers spectraux,  a été vue dans un village normand. L'effroi s'empare aussitôt de la population car cette apparition annonce une "fameuse secousse", à savoir des décès de gens ayant l'âme mauvaise...
C'est évidemment Adamsberg "[le] rustre,[le ] montagnard, [le]pelleteur de nuages" qu'on appelle et qui va devoir composer avec la manière particulière de s'exprimer des Normands pour élucider le mystère de cette Grande Chasse. Non content de s'étonner de l'immobilisme des vaches dans cette région écrasée par la canicule, il devra aussi frayer avec une fratrie pour le moins singulière tout en essyant de "trouver "un passage obscur"pour affronter "l'aigre réalisme d[une] affaire polico-financière" qui lui met de sérieux bâtons dans les roues.fred vargasSi l'on retrouve ici" la composition de chimères et d'illusions"qui plaît tant au commissaire Adamsberg- et au lecteur par la même occasion-, celle-ci est nettement plus crédible que dans l'épisode précédent (Un lieu incertain) et nettement moins embrouillée. Je m'attendais à ce que les liens père /fils s'étoffent davantage mais c'était sans compter sans la légendaire lenteur d'Adamsberg ! Néanmoins on retrouve dans cet opus tout ce qui fait le charme de l'univers de Fred Vargas: des personnages atypiques , qui, se montrant solidaires, arrivent à adapter à leurs singularités un monde par trop normé, un policier plein d'humanité qui attache autant  d'importance à la mort d'une vieille obsédée du ménage qu'à l'entravement d'un pigeon et qui se réjouit (avec nous) de "triomphe[r] contre les colosses" !

18/06/2013

Les petites mères

"Elles ont les mêmes blessures et un manque de confiance dans la vie  qui les fait croire  à l'abandon et au désintérêt comme à la seule conclusion possible d'une rencontre. "

Fatalité familiale ?  Autoprogrammation trangénérationelle ? Toujours est-il que Les petites mères du roman de Sandrine Roudeix, se sont toujours retrouvées seules à élever leur fille. Travailleuses, issues d'un milieu familial modeste, Concepcion, Fernande et Babeth, respectivement arrière-grand mère, grand-mère et mère de Rose, peinent à recréer un esprit de famille. Quand la dernière de cette famille de femmes vient présenter son fiancé, les tensions s'exacerbent et le passé ressurgit... Rose parviendra-t-elle à se libérer de ses liens familiaux pesants ? sandrine roudeix
Histoire intégénérationnelle, Les petites mères fait la part belle aux femmes, les hommes n'y apparaissant qu'en creux, tout étant vu du point de vue féminin. Cette omnipotence est analysée de manière subtile par l'auteure qui mène son récit avec maîtrise, malgré une baisse de régime en toute fin . Un style précis et sensible, une analyse féroce des rapports sociaux (ah la présentation de la fiancée à la future belle-famille huppée!) un roman bruissant de marque-pages qui a su séduire toute la blogosphère jusqu'à présent, moi y compris !

Les petites mères, Sandrine Roudeix, flamamrion 2013 , 180 pages .

L'avis d'Aifelle, Antigone Lucie, Sylire .

Celui d'Un autre endroit

08/06/2013

Marcus...en poche

"Mais mon petit dictionnaire de la vie s'appelait Marcus."

Hélène, toxicomane, avant de mourir, a confié son fils, Marco dix ans, à son meilleur ami, Pierrot. Ce dernier, la trentaine,mène une vie laborieuse sur les marchés de la région lilloise et devenir père de substitution ne figurait certes pas à son programme. Mais la fraternité et le soutien de ses amis vont aider ce célibataire au coeur tendre à faire une place à ce gamin craquant,et l'on se plaît à rêver de bonheur. Jusqu'à ce que le passé rattrape Pierrot.pierre chazal
Les grincheux souligneront le scénario cousu de fil blanc mais ils se priveraient ainsi d'un roman lumineux qui peint, sans misérabilisme ni guimauve le monde des petites gens, ces "graines "... qui se changent tout de suite en herbes folles .[...] On passe la tête entre les dalles, on s'accroche comme du lierre aux pierres qu'on trouve. Parfois on tient, parfois on décroche. ça dépend pas que de nous, mais il faut faire comme si."Il y est beaucoup question de chaleur humaine et de familles qu'on se bricole quand la vie n'a pas toujours été généreuse, le tout raconté dans dans une langue mêlant registre familier, courant , émaillée de quelques régionalismes.
Si la troisième partie connaît une petite baisse de rythme, lançant une intrigue secondaire qui ne débouchera pas sur grand chose, on reste néanmoins scotché par ce livre généreux, fluide et dont on l'impression d'avoir déjà croisé les personnages dans un quartier populaire lillois. Un roman tendre, facile à lire (et ce n'est pas une critique) qui fait passer un excellent moment !

07/06/2013

Tout le monde n'a pas le destin de Kate Middleton...en poche

"Décidément , Victor n'avait que l'embarrasfred ballard du choix pour son avenir professionnel, il était aussi doué en médecine d'urgence qu'en proxénétisme aggravé. Il fallait absolument que je pense à lui offrir un costume rayé et des chaussures en croco blanches pour son prochain anniversaire."

Capucine Guillon, quarante- trois ans, divorcée, élevant seule trois enfants (Paul, Emile, Victor, dans l'ordre !) de trois pères différents, tire le diable par la queue car, toutes les mères d'ado (d'appartement ou pas) vous le diront : l'ado est un morfale qui vide votre frigo en moins de deux et dont les pieds nécessitent l'achat régulier (et fort dispendieux) de baskets . Et ce n'est pas son boulot de rédactrice de questions pour jeux télévisés qui va lui permettre de sortir son compte en banque du rouge ! Manquant chroniquement de culot, trop gentille, se fourrant elle même dans les situations les plus improbables, notre Capucine se définit comme une parfaite looseuse, mais malgré les coups de blues, il lui faut reprendre les choses en mains et repartir de plus belle !
Quadragénaires*, mes soeurs, voici enfin LE livre que nous attendions toutes: le livre sympathique en diable -et diablement réconfortant-, bien écrit, bien ficelé, sans baisse de rythme, qui met en scène une héroïne selon notre coeur ! Une femme comme nous, ni belle, ni moche, qui n'a pas un métier trop glamour, qui ne rêve pas de chaussures X ou de sacs Y , qui arrive une fois sur trois à entrer dans un trikini **et qui ne cherche pas l'amouuuuuuur à tout prix ! Nous la suivons tout au long d'une année, un chapitre par mois, et finissons avec un grand sourire au lèvres après avoir dévoré d'une traite ce roman qui me réconcilie avec la comédie ! à quand l'adaptation cinématographique ?

Tout le monde n'a pas le destin de Kate Middleton, Fred Ballard, Pygmalion 2012, 307 pages qui donnent la pêche !

*Encore pour quelques mois, si , si !

**"un mélange de bikini et de une-pièce , sauf qu'en fait il y avait trois morceaux...Trois morceaux collés les uns aux autres. Comme il n'y avait pas de mode d'emploi ni de schéma de montage, je m'étais débrouillée seule pour trouver dans quels trous je devais mettre mes jambes et dans quels orifices devaient rentrer mes bras, ce qui me prit un certain temps..."

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06/06/2013

La relieuse du gué...enfin en poche

Il a fait le tour de la blogosphère, mais au cas où ...

 

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Mathilde a abandonné une carrière diplomatique pour mettre ses pas dans ceux de son grand-père ,récemment disparu ,en devenant relieuse. Installée dans une ruelle aux habitants hauts en couleurs, elle reçoit un jour en dépôt un livre particulier qui va l'entraîner à la recherche d'une famille et d'un temple de culte gallo-romain.
Anne Delaflotte Mehdevi dont c'est ici le premier roman, nous entraîne dans un univers plein de charme et de lenteur sans que jamais on ne s'ennuie. La description du quotidien de son héroîne, pleine de saveur, est rehaussée par l'utilisation que Mathilde fait de ses différents exemplaires de Cyrano de Bergerac. Ainsi pour elle:
"On peut lire Bergerac de Rostand comme on le fait d'une carte postale d'été, ou le dire haut, juste pour le rythme facile de la rime. On peut le lire pour rire, pour s'émouvoir, pour s'attarder sur le panache de son héros. Pour bien dormir, on peut prendre le soir un dialogue au hasard, et faire une toilette de chat de l'esprit, juste avant de sombrer. On peut le prendre au petit-déjeuner, pour se donner du coeur et une âme claire, juste une lampée avec son café."
Les dialogues sont parfois maladroits, l'intrigue cousue de fil blanc, on a parfois envie de secouer l'héroïne en lui disant d'ouvrir les yeux et de se secouer un peu mais la magie de La relieuse du gué opère et on savoure pleinement cet univers douillet dans lequel on se love avec bonheur.