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09/04/2010

Tes seins tombent

"Je cherche à mettre un pied en travers la porte de sa tête, m'y introduire, mais je n'ai pas la moindre idée."

Un titre coup de poing, Tes seins tombent, la rude constatation que fait une petite jeune fille de 13 ans à sa Babie, comprendre grand-mère. Comme cette dernière s'appelle Susie Morgenstern, elle ne s'en offusque pas et réagit même avec un humour teinté d'ironie : "Je devrais me réjouir d'avoir été honorée d'une phrase entière, même si c'était pour m'informer de cette funeste catastrophe."
Difficile en effet la cohabitation dans cette petite chambre que partagent les deux femmes , chacune à une étape différente de leur vie. Et dans ce monologue tour à tour vachard et tendre l'auteure, qui ne s'épargne pas au demeurant , nous fait partager un moment de sa vie avec une franchise désarmante et une bonne humeur communicative. Elle a la pêche Susie ! Et elle drague sur internet , dévore un roman policier par jour même si elle a tout oublié le lendemain ,car ce livre témoigne d'une formidable envie de vivre malgré l' "anatomie défaillante" de l'auteure. Un petit livre par la taille : 84 pages qui filent à toute allure mais 84 pages gorgées de soleil et d'amour !41R8vViL1BL._SL500_AA300_.jpg

Si vous avez ,comme moi, aimé Terminale, tout le monde descend, venez vite prendre des nouvelles de Susie Morgenstern !

Tes seins tombent, Susie Morgenstern, Actes Sud junior, 2010. (Collection d'une seule voix) Un pont entre les générations.

Un grand merci à Gawou qui avait signalé cette parution ici !

04/04/2010

Les écureuils de central park sont tristes le lundi

"Souvent la vie s'amuse."

 

"Elle voulait tout savoir. jusqu'au moindre détail. Elle avait retenu la leçon de Cary Grant : "Il faut au moins cinq cents petits détails pour faire une bonne impression" et elle voulait des centaines de détails pour que son histoire s'anime, que ses personnages soient vivants. qu'on ait le sensation de les voir bouger devant soi. elle savait que pour une histoire tienne debout, il fallait la remplir de détails." Et Katherine Pancol applique ce principe et nourrit de détails savoureux les 846 pages de Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi.41cvngG-50L._SL500_AA300_.jpg
Alors, même si j'ai parfois avancé cahin-caha dans ce gros pavé, renâclant devant certaine facilités d'écriture ou de récit, même si j'ai parfois trouvé trop sucré le style chantourné de l'auteure, même si j'ai freiné des quatre fers devant une vison par trop rose de l'existence, bimbamboum et en un rien de temps les obstacles s'évanouissent, j'ai renoué avec les personnages des Crocodiles et des Tortues comme avec de vieux amis perdus de vue que l'on retrouve avec plaisir et avec qui on poursuit la conversation comme si on les avait quittés la veille. Car Katherine Pancol possède le rare  talent de les rendre vivants ces personnages: Joséphine la trop gentille, Hortense la trop sûre d'elle , elles et tous les autres ,y compris ceux qui ne font que passer mais qui ne sont jamais traités à la légère. On sent que l'auteure les aime tous et leur prête la même attention chaleureuse. Un gros cupcake un peu trop sucré mais qui s'avale sans qu'on s'en rende compte !

 

Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi, Albin Michel, 2010, 846 pages que j'ai trimballées partout pendant ma lecture addictive .

02/04/2010

Les inséparables

"L'écriture a cet avantage de faire flotter le plus lourd des souvenirs."

Récit d'une amitié féminine au fil du temps Les inséparables est aussi une réflexion sur le travail d'écriture et le pouvoir des mots.
Ainsi, la narratrice, clairement identifiée comme double de l'auteure, débat-elle avec Léa son amie de toujours devenue prostituée des mots à utiliser pour présenter son "métier" à la télévision. Rien de scabreux pourtant, rien d'idyllique non plus. Le fil qui unit Marie et Léa se tend, s'effiloche mais vibre toujours de l'amitié qui les unit malgré leurs dissemblances. Une très jolie rencontre.51IgJY9lNsL._SL500_AA300_.jpg

Les inséparables, marie Nimier, folio 2010 , 275 pages comme une bulle de nostalgie.

L'avis de Tamara qui m'avait donné envie.

Celui d'Armande.

25/03/2010

Fakirs

 

"Un monde d'hommes se tenant maladroitement debout sur des tapis de clous, courant et se fuyant les uns les autres."

Un lieutenant,Guérin,flanqué de son fidèle stagiaire, Lambert,tous deux honnis par le restant de leurs collègues, sont chargés d'enquêter sur les suicides. Loin de se plaindre de la situation , nos deux anti-héros barbotent la-dedans quasiment avec bonheur, ce qui ajoute encore à la répulsion des autres policiers.41uosbqP8-L._SL500_AA240_.jpg
La mort en direct d'un "fakir" américain qui donnait en spectacle ses souffrances sur une scène parisienne spécialisée dans le sado-maso va amener à paris un franco-américain retranché à la campagne dans un tipi, Alan Mustgrave. Fatalement les trajectoires des trois hommes vont se croiser , surtout quand Guérin et Lambert vont trouver des similitudes à toute une vague de suicides soigneusement mis en scène...
Ne vous fiez pas à la couverture ni à la quatrième de couv': Fakirs n'est pas du tout un énième roman policier glauque . Même s'il y est question de suicide, de torture, ce n'est jamais présenté de manière malsaine, l'auteur ayant le chic pour balancer, mine de rien , quelques assertions déroutantes: "Un chien peut-il faire interner son maître ? " ou donner à toute une liste de suicidés les identités d'auteurs de romans policiers ( Sylvie Granotier ou J. B Pouy, entre autres). Autant de clin d'oeils qui détendent- un peu -l'atmosphère.
Avec son "Columbo", tout aussi dégarni que son ara Churchill, nanti d'un imperméable jaune , qui prend frénétiquement des notes et balance sa vérité au moment où on s'y attend le moins, Antonin Varenne nous donne  un personnage paradoxalement falot et haut en couleurs. Beaucoup d'humanité et d'empathie dans un texte qui ne ménage pas ses rebondissements. Un grand bonheur de lecture.

Fakirs, Antonin Varenne, Viviane Hamy éditions, 2009, 284 pages .

Emprunté à la médiathèque.

12/03/2010

Ecoute s'il neige

"Changer le paysage m'avait demandé un effort qui m'avait extirpé de moi."

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En instance de divorce, Paul s'installe dans un hameau entre ville et campagne. Rapidement vont se nouer des liens entre ce quinquagénaire qui se croit déjà vieux et l'une de ses voisines, aveugle. Paradoxalement, c'est cette femme qui va lui révéler l'univers qu'elle n'appréhende pas de la même manière.


Comme dans Trois Jardins et Journal secret de Natalia Gontcharova (non chroniqués) , j'ai retrouvé avec plaisir le style poétique et au plus près des émotions de Cathie Barreau "... non plutôt les questions  qui creusent le centre d'un être, inprononçables, comme: qu'ai -je précisément ressenti en me réveillant ce matin, qu'ai-je éprouvé dans mon corps, quels sentiments dans les secondes étranges entre sommeil et éveil, , quelle conscience d'être dans un endroit du monde, quelle place entre la vie et la mort ? ".je suis cependant restée un peu sur ma faim quant à la tension dramatique.

Ecoute s'il neige, Cathie Barreau, Editions Laurence Teper, 2009,155 pages.

Et avec ce roman sensible je boucle mon challenge !45965387_p.jpg

L'avis d'Antigone qui m'a donné envie.

11/03/2010

Le premier amour

De Véronque Olmi j'avais lu , apprécié ,mais pas chroniqué les très noirs et très beaux Bord de mer et Numéro six.
Jugez de ma surprise quand durant les 150 premières pages de son nouveau roman Le premier amour, j'ai trouvé 5 occurences de l'adjectif "léger".On entrait enfin dans un monde où l'amour ne serait pas lié à la mort ou à l'absence.
Envie de lumière, de chaleur, d'exotisme avec ce premier amoureux italien qui refait surface soudain dans la vie planplan de l'héroïne ? Le contraste est frappant avec celui des oeuvres précédemment citées.41+m5akoymL._SL500_AA240_.jpg
Alors oui, Véronique Olmi est dans la légéreté mais finalement la gravité lui sied plutôt mieux car je ne suis pas du tout entrée dans ce roman qui accumule les clichés et se fiche de la vraisemblance comme d'une guigne.

Merci Antigone, qui a réussi à le terminer !:)

Clarabel n'est pas totalement convaincue non plus..

10/03/2010

Des vents contraires

"...je voulais juste que le vent me ressuscite."

"-Ben, c'est gai  encore ton truc

- C'est pour ça qu'ils ont pensé à moi."

Lucidité ou touche d'humour ?  En tout cas cette réflexion peut aussi bien s'appliquer à l'oeuvre d'Olivier Adam qu'à celui qu'on ressent comme son double littéraire, Paul Aderen.51EHDRbFcEL._SL500_AA240_.jpg
C'est à nouveau une disparition  qui vient jeter le trouble dans une famille. Sarah n'est pas rentrée depuis un an, laissant son mari face à ses interrogations et à celles de leurs jeunes enfants.Afin de se poser un peu, Paul décide de retourner à St Malo, la ville de leur enfance. Au fil de ses rencontres, Paul va peu à peu s'ouvrir aux autres, même maladroitement, tout en s'efforçant de préserver avec une infinie tendresse, presque animale, ses enfants.
Comme les maisons luttent contre les éléments, quels que soient les coups du sort, il faut tenir bon "suspendu[es] juste au dessus, en lisière, marginal[es] et fragile[s] menacé[es] mais debout." Les personnages sont lessivés, à bout de force, mais comme les maisons, ils tiennent.
Une écriture charnelle, attentive aux sensations qui rudoie et étreint à la fois le lecteur. Olivier Adam fait tout à la fois oeuvre de styliste et nous embarque dans un scénario très visuel qu'on ne peut lâcher. A quand l'adaptation cinématographique ?

Des vents contraires, Olivier Adam, Points seuil, 282 pages secouantes (dont beaucoup de cornées). Indispensable.

Plein d'avis chez Blog-o-book

Dans la foulée, j'ai enchaîné avec Falaises. Bien trop glauque pour moi.

 

 

03/03/2010

Les derniers jours d'un homme

"Il y a des endroits sur terre qui ne sont pas faits pour les hommes."

Ce pourrait être un paysage post-apocalyptique: sols contaminés, ciel vide d'oiseaux ou de papillons, fleurs ayant renoncé à fleurir, cours d'eau où même un héron égaré refuse de pêcher. C'est juste une cité industrielle du Nord-pas-de-Calais, reléguée de l'autre côté d'une autoroute, une cité où la pollution de l'usine de métaux s'est inscrite dans la chair des hommes, qui, malgré les risques mortels, ont continué à y travailler pour conserver leur dignité car "Le travail était la valeur absolue."derniers jours.jpg
Aujourd'hui, l'usine est démantelée, un peu comme l'histoire de Judith,dix-huit ans, dont quinze vécus auprès de sa seule famille restante: son oncle Etienne. Judith, à force d'obstination, va éclaircir le mystère de la mort de son père, Clément. En parallèlle, les voix de la fille et du père se répondent, reconstituant ainsi les étapes d'une tragédie annoncée.
Impossible de lâcher ce roman noircissime et néanmoins empli de chaleur humaine. J'y ai retrouvé l'esprit et le langage des ouvriers de chez moi, cette volonté obstinée de propreté des femmes, cette solidarité mais aussi cette violence parfois des rapports humains. Pascal Dessaint nous brosse aussi un magnifique portrait de la relation entre frères, qu'elle soit proche ou plus distante.
Là où on aurait attendu un texte "militant", Dessaint évoque clairement le drame de Metaleurop, on trouve un livre qui fait la part belle aux ouvriers, à leurs attentes, à leurs souffrances, un livre empli d'humanité mais jamais d'apitoiement. Car même si"Nous cherchons tous une échelle pour atteindre un bonheur qui jamais ne se présente.", il reste toujours un arbre où se laisser bercer...

Une lecture nécessaire.

Pascal Dessaint, Les derniers jours d'un homme, Rivages, 2010, 232 pages

Le site de l'auteur.

 

22/02/2010

Chouquette

"Eh bien moi aussi je suis en crise !"

Catherine peste, Catherine enrage: la voici forcée d'accueillir l'été à St Tropez son petit-fils Lucas : "C'était typiquement le genre d'imprévu qui venait contrarier les mensonges qu'elle se racontait." En effet, si elle passe pour les uns pour une mythomane, voire une dingue, Catherine (alias Chouquette -pas question pour la fringante sexagénaire de se faire appeler "mamie") est tout à fait lucide. Elle qui a troqué les séances de psychanalyse contre des liftings, se voile consciencieusement la face afin de ne pas sombrer dans le désespoir du naufrage de son couple. Elle qui a davantage été une épouse qu'une mère risque de se retrouver seule pour aborder la dernière partie de sa vie.
Quant à sa fille Adèle elle n'est pas mieux lotie : tiraillée qu'elle est entre sa volonté de s'accomplir dans l'humanitaire et sa crainte d'être une mauvaise mère.41DcAhZrXLL._SL500_AA240_.jpg
Coups de griffes de part et d'autre, virages abrupts du récits qui nous ménage ainsi de belles surprises, Chouquette navigue entre tendresse un peu convenue et acidité réjouissante. Ces deux femmes tentent de s'en sortir, chacune avec leurs armes dérisoires, sans se rendre compte que le monde confortable qui est le leur est en train de s'effondrer, sous les yeux incrédules ou blasés des jet-setteurs que Chouquette fréquente.
A côté de la flamboyante sexagénaire, (qui trouve tout naturel de menacer d'un couteau une des maîtresses de son mari) ,sa fille Adèle fait forcément un peu pâle figure . Quant à l'opposition entre le monde des humanitaires et celui de la jet-set, elle est un peu est un peu caricaturale mais quelques baisses de régime dans le rythme de ces 133 pages gonflées à bloc n'ont pourtant pas gâché mon plaisir.

Chouquette, Emilie Frèche, Actes Sud 2010

05/02/2010

La commissaire n'aime pas les vers

"Un autre meurtre ? Pire encore, c'était sa mère."

Un clochard surnommé Victor Hugo assassiné alors qu'il voulait confier aux Académiciens un poème inédit (et sulfureux) de Baudelaire, même si La commissaire n'aime point les vers, il lui faudra élucider cette affaire dont vont très vite s'emparer les médias.
Assistée du très craquant lieutenant Augustin, Viviane Lancier, entre deux régimes et quelques cadavres, mène l'enquête et nous devient de plus en plus sympathique, volant même parfois la vedette à l'intrigue ,au demeurant fort bien troussée et documentée.
On regrettera juste l'ultime suggestion de la commissaire à l'assassin-pas vraiment justifiée- ainsi qu'une volonté un peu trop affichée de finir à tout prix sur une minute d'émotion.41kCDHXEauL._SL500_AA240_.jpg
Nonobstant ces quelques réserves, j'ai passé un excellent moment avec ce polar bon enfant et je me réjouis d'avance d'en lire la suite, annoncée en 2011.

La commissaire n'aime point les vers, Georges Flipo, La table ronde, 297 pages qui filent à toute allure.

Plein d'avis : Lou

L'avis de Papillon

celui de Leiloona ,

Keisha