22/10/2009
La relieuse du gué
Mathilde a abandonné une carrière diplomatique pour mettre ses pas dans ceux de son grand-père ,récemment disparu ,en devenant relieuse. Installée dans une ruelle aux habitants hauts en couleurs, elle reçoit un jour en dépôt un livre particulier qui va l'entraîner à la recherche d'une famille et d'un temple de culte gallo-romain.
Anne Delaflotte Mehdevi dont c'est ici le premier roman, nous entraîne dans un univers plein de charme et de lenteur sans que jamais on ne s'ennuie. La description du quotidien de son héroîne, pleine de saveur, est rehaussée par l'utilisation que Mathilde fait de ses différents exemplaires de Cyrano de Bergerac. Ainsi pour elle:
"On peut lire Bergerac de Rostand comme on le fait d'une carte postale d'été, ou le dire haut, juste pour le rythme facile de la rime. On peut le lire pour rire, pour s'émouvoir, pour s'attarder sur le panache de son héros. Pour bien dormir, on peut prendre le soir un dialogue au hasard, et faire une toilette de chat de l'esprit, juste avant de sombrer. On peut le prendre au petit-déjeuner, pour se donner du coeur et une âme claire, juste une lampée avec son café."
Les dialogues sont parfois maladroits, l'intrigue cousue de fil blanc, on a parfois envie de secouer l'héroïne en lui disant d'ouvrir les yeux et de se secouer un peu mais la magie de La relieuse du gué opère et on savoure pleinement cet univers douillet dans lequel on se love avec bonheur.
Merci à Aifelle pour le prêt.
les avis de Cuné, Cathe, Erzébeth, Clarabel
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : anne delaflotte mehdevi, reliure, premier roman
16/10/2009
Le festin d'Alice
Z'ont qu'à mieux payer leurs fonctionnaires, ça leur éviterait des tentations! Sans cela Alice, la sublime Alice, travaillant à la Direction Générale de la Concurrence et de la Consommation, ne se serait jamais emparé des coquettes économies de la vieille chinoise, tenancière d'un des ces appartements "ravioli",paradis des bactéries.
S'acoquinant avec un ancien chercheur du CNRS, gras du bide , devenu par nécéssité interprète -mal payé il va sans dire- le jeune femme va, sans le savoir, contrecarrer les plans d'un des plus hauts pontes de la mafia chinoise...
Commencé sur les chapeaux de roues, ce roman trouve vite son rythme de croisière, naviguant avec aisance et humour dans les petit monde de la communauté chinoise de Paris. pourtant, il m'en reste au final une impression assez mitigée. En effet, par pure jalousie féminine, je l'avoue, la sublime Alice qui émeut (et plus si affinités) tous les mâles , voit se résoudre comme par magie tous ses problèmes , alors qu'une petite chinoise, moche et de surcroît couverte de boutons connaîtra un sort bien peu enviable.
Bon, j'ironise un peu, il est évident que la vie est plus facile pour les gens jeunes et beaux mais là ça revêt un caractère un peu trop systématique et donc lassant. Jalousie, vous disais-je !:)
Colin Thibert, le festin d'Alice, Fayard noir.
L'avis- moins schtroumph grognon -de Cuné.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : colin thibert, polar, chinois et moi et moi et moi
08/10/2009
Le syndrome Godzilla bientôt en poche !
Chez j'ai lu le 14 octobre ! A noter sur vos tablettes!:)
Emue par les mues
Deux couples père-fils au centre de ce court mais dense roman . Celui de Daniel que son biologiste de père emmène autour du monde, au fil de ses mutations. Daniel qui manifeste un apparent détachement vis à vis de ces arrachements successifs mais va s'attacher à faire la connaissance d'un "monstre" assis sur un banc, la tête recouverte d'un sac en papier. Par l'intermédiaire de Godzilla, le monstre-héros de cinéma , un lien va s'établir entre ces deux jeunes gens qui ont en commun le fait d'être orphelin de mère. D'abord silencieux, celui qui s'identifie à Godzilla va raconter son étrange histoire à Daniel. Une histoire d'amour/haine avec un père producteur de cinéma qui l'emmènera au Japon, autre point commun entre les jeunes gens.
L'univers de Fabrice Colin flirte avec l'onirisme et ne dissimule rien de la violence du monde, de la violence des êtres en devenir : "Maintenant j'étais un monstre en devenir. je voulais que ma mère meure et qu'elle en fasse rien d'autre.Je voulais tuer ses amants Je voulais détruire le monde". Cette violence qu'ils vont même jusqu'à retourner contre eux, faute de pouvoir exprimer leur souffrance autrement.
Un roman fort et puissant.
Lu par Florinette
et Lily
Un billet de Fabrice Colin sur la couv'.
Regrettons au passage l'apparente disparition de la collection"les mues" aux éditions Intervista...
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : fabrice colin, relation père fils
06/10/2009
L'homme qui m'aimait tout bas
"Plus je me relis et plus je me relie à lui."
"Père adoptif", "père biologique", ces expressions n'ont pas cours dans l'univers d'Eric Fottorino. Pas plus que demi-frères d'ailleurs. seul compte l'amour qui circule entre l'auteur et celui qui lui a donné son nom en 1970 et qui s'est suicidé en 2008.
Pas de "tombeau" au sens poétique du terme dans L'homme qui m'aimait tout bas. Mais un livre empli de chaleur, d elumière, celle dela Tunisie d'où était originaire Michel Fottorino, ce kiné "aux mains d'or" qui "préféra toujours le silence aux paroles". Empli d'amour et d'admiration pour cet homme que le romancier fait apparaître sous différentes formes dans ses romans, rejouant ainsi de multiples façons LA scène fondatrice, cette scène originelle d'adoption proposée. Michel sera aussi cet "accordeur de corps , une des figures centrales du superbe roman Un territoire fragile, riche d'humanité et dispensant son don sans compter. Et pourtant fragile cet homme l'était aussi mais il dissimulait soigneusement ses fêlures ou ses gouffres...
Un texte magnifique qui se joue des mots pour mieux les faire vibrer . Et nous avec.
L'homme qui m'aimait tout bas, Eric Fottorino, Gallimard 2009, 148 pages emplies d'émotion.
Livre lu dans le cadre du Goncourt des lycéens.
L'avis de Jules.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : eric fottorino, amour pèrefils, un kiné commme on en rêve
25/09/2009
En retard pour la guerre/ ultimatum
1991. Israël vit sous la menace d'une attaque chimique irakienne. Des masques à gaz sont distribuées à la population à qui l'on enjoint aussi de fabriquer des chambres hermétiques pour se protéger. Dans cette atmosphère de fin du monde, certains font la fête, d'autres s'apprêtent comme Tamar à donner la vie, d'autres enfin comme Constance, la narratrice, jeune étudiante française, se sentent en complet décalage , en retard pour la guerre. En retard pour tout d'ailleurs. A vingt-cinq ans, Constance n'a pas terminé ses études, vit de petits boulots, et n'arrive pas à se dépêtrer de l' "amour grimaçant" qu'elle éprouve pour un peintre, qui la malmène et voudrait se faire entretenir par elle.Peut être est-ce aussi parce que la jeune fille se sent engluée dans des souvenirs glauques...
De Valérie Zenatti j'avais déjà lu et aimé Quand j'étais soldate (pas de billet) et c'est avec plaisir que j'ai retrouvé une narratrice à la fois en empathie avec ce pays si particulier et en même temps en léger décalage, ce qui lui permet une vision à la fois amusée et tendre.On trouve dans ce roman une écriture à la fois légère et précise, de fort jolis passages comme celui-ci ""Il faudrait avoir le pouvoir de s'inventer des souvenirs, des vrais, on les créerait à rebours pour s'y blottir, et ce ne seraient pas juste des histoires racontées le soir, dans le noir, pour se consoler, se rassurer...", des personnages hauts en couleurs comme ce boutiquier qui appose sporadiquement cet écriteau sur la porte: "Fermé pour raisons personnelles qui ne regardent que le propriétaire", le tout scandé par des chansons de Serge Gainsbourg...Un roman tendre.
Ultimatum/En retard pour la guerre, Valérie Zenatti, Points Seuil 2009, 172 pages.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : valérie zenatti, guerre, israêl
23/09/2009
Petit éloge de la vie de tous les jours
"Ces gens dont je souris témoignent seulement de ce que je suis" est-il écrit en 4 ème de couv'. Et de nous infliger d'affligeants dialogues "croqués sur le vif" avec une mère qui se gargarise du prénom de son fils "Sean" prononcé "Chaune", d'un boucher qui fait preuve d'un humour lourdingue à devenir illico végétarien, sans oublier deux hommes endimanchés, qui dissertent à n'en plus finir sur la différence entre "cuit" et "à point". Entre temps, on sera allé voir un champ de pommes de terre, on aura écouté des gens éméchés opposer les mérites respectifs des vaches du département de l'Aisne contre celle des Ardennes, ou subi le dialogue d'un vacancier relatant un repas pantagruélique qui ne lui aura coûté que cent francs à un interlocuteur dont la principale intervention se résume à "tain".
On aurait juste envie de prendre à son compte un paragraphe de l'auteur et de l'appliquer à son livre : "Pendant ce temps, je me travaillais l'appétit aux boulettes maison.Elles étaient molles comme des chiques de bouse et contenaient moins de chair que de vieux pain trempé à l'eau. Chaque bouchée m'inspirait la même et unique pensée :
"Un pas de plus vers la mort."
Allez plutôt faire un tour Au bar des habitudes ou dans La belle maison !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : franz bartelt, bof, mouais, on passe, schtroumpf grognon le retour
21/09/2009
La donation
"Et nous lui en voulions de démolir chaque jour notre vie."
A l'occasion d'une donation entre vifs, la narratrice commence une lettre à ses parents pour les remercier.N'y parvient pas. En effet lui reviennent en mémoire les souvenirs d'une enfance sous le signe de la Psychose Maniaco Dépressive maternelle, où la narratrice et sa soeur souffraient en quelque sorte de "PMD passive, un peu comme on parle de tabagisme passif." Et de s'interroger sur les sens de ce don :
"La donation est-ce aussi cela? La transmission du gène du doute. Du doute de soi, vertigineux. Je me suis toujours interrogée sur la réalité de ce sombre héritage. J'ai souvent voulu lire une étude sur le psychisme des enfants de mères maniaco-dépressives". Sondant les mots, citant des auteurs comme autant de bornes sur un chemin marqué par le doute, la narratrice interroge aussi sa propre filiation: quelle mère est-elle pour ses filles ?
Une écriture toute en retenue, l'auteure tient à distance ses sentiments par différentes stratégies, qui peuvent parfois agacer, mais réussit ici un roman à la fois cruel et tendre.
La donation, Florence Noiville. Livre depoche. 118 pages.
L'avis de Solenn
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : florence noiville, psychose maniaco-dépressive, rapports mèrefilles
16/09/2009
Les derniers Indiens
La quatrième génération de paysans auvergnats. La dernière. Car il ne reste qu'eux, le frère et la soeur Santoire qui mènent une vie de plus en plus étriquée , mécanique, assourdie, tandis qu'en face d'eux une tribu pleine d'énergie,d'esprit d'entreprise, une tribu bruyante, brouillonne et colorée vit pleinement.
Avec une grande économie de moyens, Marie-Hélène Lafon nous peint la vie de cette famille qui s'enorgueillit d'être Les derniers Indiens , les derniers survivants d'une époque révolue, qui ont à peine ressenti les soubresauts de l'Histoire et ont su étouffer dans l'oeuf les élans et les frustrations qu'ils s'imposent eux-mêmes. Seul un vêtement bien repassé et soigneusement rangé viendra peut être éclairer d'un jour nouveau tout le roman...
Les derniers Indiens. Marie-hélène Lafon.Vient de sortir en folio.167 pages drues.
L'avis de Baratin (qui nous manque!!!!).
Celui de Clarabel.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : marie-hélène lafon, cantal, campagne
14/09/2009
Les étranges soeurs Wilcox 1. les vampires de Londres
Dans les rues de Londres en cette année 1888 rôdent de drôles de personnages...Seuls quelques humains savent que dans cette ville se déroule une guerre entre vampires. Quelle part vont y prendre les étranges soeurs Wilcox, Amber "la volontaire, la tête brûlée aux boucles rebelles" et la cadette, Luna"la rêveuse aux cheveux noirs" ?
Fabrice Colin excelle à recréer l'ambiance brumeuse propice aux apparitions les plus effrayantes, quelques scènes d'ailleurs m'ont particulièrement fait frémir, moi qui ne suit pourtant pas "une petite nature". Ses héroïnes ont un caractère bien trempé et savent tenir tête aussi bien aux vampires qu'à sherlock Holmes .On ne s'ennuie pas une minute même si persiste l'impression génante d'un texte trop formaté pour vraiment emporter l'adhésion. Dans ce premier volume les soeurs Wilcox prennent leurs marques et l'on ne peut qu'espérer qu'elles sauront s'affranchir de leur carcan. Fabrice Colin nous avait habitués à une plus grande liberté de ton et à plus d'originalité.A trop vouloir respecter les codes du genre, il affadit un peu son talent. Affaire à suivre...:)
Les étranges soeurs Wilcox, 1. les vampires de Londres. Gallimard Jeunesse.284 pages .
Merci Lily!!!
Mention spéciale à Cuné, créditée dans les remerciements de l'auteur !!!
L'avis, enthousiaste, de Clarabel !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : fabrice colin, londres, vampires, sherlock holmes, jack l'éventreur
12/09/2009
Je viens de tuer ma femme
"Je vais quand même acheter des timbres, ça peut toujours servir."
Pas de suspense a priori , le titre parle de lui même : Je viens de tuer ma femme. Commence alors pour le narrateur une semaine d'un long monologue intérieur d'abord rageur puis apaisé et de rencontres qui vont le faire déraper encore un peu plus...
On sourit d'abord puis on se prend à s'émouvoir devant cet homme qui perd de plus en plus pied et dont la logique folle s'emballe à qui mieux mieux.
Une analyse sans complaisance des rapports humains, rapports de couple bien sûrs , mais aussi amicaux ou prétendus tels : "Laurent et moi, c'est une relation étrange qui dure depuis dix ans: je l'appelle, je me déplace, je pense à ses anniversaires quand il oublie les miens, je lui souhaite sa fête, il ignore la mienne,je l'invite à Noël, il vient les mains vides, je pose les questions, il a les réponses. Je ne suis pas son ami.C'est le mien." le tout sur fond de Michel Fugain ou de Françoise Hardy mais attention : "Françoise Hardy et la scie circulaire, ça se marie mal.",vous voilà prévenus ! Emmanuel Pons jongle avec l'absurde mais l 'émotion n'est jamais absente. Du grand art ,dans un tout petit livre par le nombre de pages: 167 , qu'on ne prêtera pas à son mari...
Je viens de tuer ma femme, Emmanuel Pons, Arléa.
L'avis de Laure
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : emmanuel pons, humour noir, machine qui s'emballe