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02/03/2009

"Les erreurs sont trompeuses."

"Le lendemain, devant la glace de la salle de bains, il y avait Solange , et il y avait une bosse. Et l'une  des deux n'était pas fière."
Si ces phrases  ne vous ont pas arraché ne serait-ce que l'embryon d'un sourire, ce livre n'est pas  pour vous. Et ce serait dommage car vous ne feriez  pas la connaissance des habitant de La Garde, petit hameau qui  abrite un vaste échantillon d'habitants à la fois tendres et loufoques, animés par des sentiments pas toujours avouables mais au demeurant fort sympathiques. Le genre  à débarquer chez vous à six heures trente du matin  parce qu'il leur manque du café pour leur pique-nique, ce qui engendrera  une amitié à la vie à la mort entre  Brune-Olive et Solange , ou à  séquestrer, pour son bien, bien sûr, une fée du ménage et de la cuisine...511vtiPkVRL._SL500_AA240_.jpg
Murielle Levraud  aime les mots, elle les caresse dans le sens du poil,et ils se laissent faire en ronronnant de plaisir, elle feint de les suivre à la trace, au gré de leur  fantaisie, mais arrive toujours à retomber sur ses pieds entre un salto arrière et une pirouette en Absurdie. Plus maîtrisé que dans son précédent roman,son récit n'en acquiert que plus de force car ils sont fort attachants, chacun dans leur genre, ses personnages ! mention spéciale aux enfants inventeurs d'araignées !

Un grand merci à Cuné pour l'envoi !

L'avis de Clarabel.

24/02/2009

Sans doute n'ai-je pas le pied marin...

En 1761, L'Utile, qui transportait une cargaison clandestine  d'esclaves,  fait naufrage sur une île inhospitalière . La cohabitation s'organise jusqu'à  ce qu'un  bateau soit construit. Faute de place ,on laisse les esclaves . On ne reviendra les chercher que quinze ans plus tard...51SKTGemUBL._SL500_AA240_.jpg

Parce que lire doit être un plaisir , parce que je ne supporte pas  d'être freinée, frustrée  dans mon élan de lectrice, j'abandonne au tiers la lecture  des  Naufragés de l'île Tromelin.
N'est pas en cause ici le style d'Irène Frain , tour à tour poétique et précis, même si j'avoue avoir été gênée par la cohabitation de mots désuets et de tournures plus modernes (voire familières) , "dégoisant" voisine ainsi sur la même page avec "un petit coup de pompe". Non ce qui a vraiment cassé mon élan , après une début très lent mais  nécessaire pour bien mettre  en place le décor  de cette île si particulière , marquée par la cruauté et l'acharnement, est cette irruption du réel et des documents historiques auxquels l'auteure  se réfère. Que ce texte soit basé sur une enquête minutieuse, je l'ai admis une fois pour  toute et je n'ai pas envie qu'on vienne me mettre les preuves sous le nez; le travail de déduction , savoir quels indices mènent à  découvrir l'identité de  l'auteur anonyme d'un des rares documents concernant ce naufrage, ne m'intéresse pas outre mesure , j'ai plutôt envie de découvrir le récit de cette incroyable aventure, sans cesse différé.

Irène Frain. les naufragés de l'île Tromelin. Michel  Lafon.372 pages.

Merci à Suzanne de Chez les filles pour  cet envoi.

19/02/2009

La curiosité est un charmant défaut...

Pas envie de vous mêler aux bandes  de jeun'squi vont voir le film  LOL? Si pourtant, comme moi, vous brûlez de curiosité, alors, sous prétexte d'inciter votre (trop)grande fille (qui vous dépasse d'une tête) à la lecture, procurez-vous d'urgence Mon journal Intime.
Lol y relate sa vie, ses amours, sa relation fusionnelle avec sa mère, relation qui se délite un peu, ce qu'elle regrette mais qui,  en même temps, lui permet de  prendre le large pour commencer sa vie amoureuse...
Sms, Facebook, MSN, comment faisaient les ados  pour survivre  quand tout ce monde  de communication virtuelle n'existait pas ? Pourtant , malgré ces  innovations technologiques, les jeux de l'amour sont toujours les mêmes, un peu plus durs parfois. Les sentiments sont toujours de mise, les préservatifs font partie du jeu mais certaines ados ont aussi  un comportement moins fleur bleue et une sexualité plus crue et détachée.510Ry2eiIdL._SL500_AA240_.jpg
Lisa Azuelos nous présente ici un joli portrait d'ado,frais sans être guimauve, qu'on lit le sourire aux lèvres, portrait qui se clôt par une lettre d'excuse très tendre d'une mère à sa fille...
A dévorer avant de l'offrir à qui vous savez !

 

Mon journal intime . Lisa  Azuelos. JC Lattès.142 pages illustrées de graffitis et de photos du film.

10/02/2009

"La branchouillarde et le cul-bénit."

Deux amies  perdues de vue depuis longtemps renouent sept ans après que leurs chemins se soient séparés. Recommencent alors leurs drôles de relations, oscillant entre  dépendance  et désinvolture, amour et haine, voire folie...419DujMsQWL._SL500_AA240_.jpg
Marine Bramly dans ce  premier roman, Festin de miettes, s'aventure  sur un territoire déjà bien balisé, celui de l'amitié féminine , en y instillant une dose de noirceur réjouissante. Commencé de manière plutôt conventionnelle et primesautière, le récit va progressivement virer à l'aigre  quand  sera révélé le motif de la brouille qui avait séparé Deva la vierge  folle  et Sophie la vierge sage.
L'auteure analyse finement la psychologie de ses personnages et fouille avec délectation leurs plaies . Elle les promène  de St germain des prés aux quartiers les plus pauvres de Dakar et nous les suivons avec le même enthousiasme car elle  a l'art de rendre vivants jusqu'aux personnages secondaires.  Dommage que la fin ne soit pas  à la hauteur de  nos  espérances, mais là c'est mon fichu besoin de  vraisemblance qui refait surface. !Un fort joli moment de lecture.

Sortira en poche le 11 février mais j'ai craqué  sur l'édition "France Loisirs"!

05/02/2009

"Ici tout pouvait arriver, sauf la justice."

La frontière entre Mexique et Etats-Unis sépare les hommes mais pas les marchandises. Dans les maquiladoras,sont exploitées  par des compagnies internationales  des femmes, mains d'oeuvre docile  et bon marché. "Nom de  Dieu,  ce n'était même pas le monde  de  Zola,  au moins il y avait les corons. C'étaient plutôt Les  Misérables , d'Hugo  Ou mieux encore , le monde  ouvrier du dix-neuvième siècle   décrit par  Dickens, avec ses grisettes jetées dans la  prostitution par des maquereaux qui les ramassaient dans des bals  populaires.
Il y avait même  un Jack l'Eventreur. ou plusieurs."
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Cinquante femmes ont été en effet retrouvées assassinées,  violées et mutilées à Ciudad Jùarez, ville frontière . Un journaliste madrilène, Toni Zambudio mène l'enquête dans un pays avec qui il a des comptes à régler et où bientôt chacun va s'employer à le  renvoyer chez lui, avant qu'il ne soit trop tard...
Patrick Bard se base ici sur  des fait réels  et démonte les rouages de la double oppression dont sont victimes les femmes: en tant qu'ouvrières mais aussi en tant que "marchandise sexuelle".
On cherche en vain une lueur d'espoir et l'on suit, estomaqué, les rebondissements de l'enquête dans une atmosphère saturée de violence et de chaleur. Une oeuvre dense et nécessaire.

un grand  merci à  Fashion pour l'envoi !

27/01/2009

"Et l'on a décidé que ce serait quoi? - Un suicide naturellement."

"De  toutes les marionettes de  Yonville, c'était pourtant celle qui  jouissait de la plus mauvaise réputation et de la plus jolie moustache."
Qui dit Yonville dit Madame Bovary et pour tous les lecteurs de Flaubert  cette dernière s'est bien évidemmment  suicidée. Mais  Philippe Doumenc lance une contre-enquête car  des traces de contusions ont été relevées et l'un des deux médecins appelés à son chevet a entendu les derniers mots de la mourante "Assassinée  pas suicidée".51FPK3vb+BL._SL500_AA240_.jpg
Reprenant à son compte le décor, les personnages et l'ambiance  du roman initial, Doumenc  se joue avec habileté du lecteur (pour  son plus grand plaisir ) et trousse avec habileté cette Contre-enquête sur  la mort d'Emma Bovary
La Normandie  sous la neige de mars ne pourra longtemps dissimuler la boue des secrets bien gardés des  petits-bourgeois de Yonville.
Un régal, que l'on ait lu ou pas le classique de  Flaubert.

Vient  de sortir en poche chez Babel,  187 pages.

L'avis de  LaureKeisha

D'Yspadadden

de Papillon

de Marie

Solenn

Bladelire

Du Biblioblog

22/01/2009

"Leibowitz : c'est la classe internationale en toute circonstance"

Christophe Leibowitz , avocat pénaliste  commis d'office, barbote quasiment avec délices dans le monde crapoteux des dealers et des proxénètes sans envergure.  Pourquoi, après avoir  flirté avec le luxe, va-t-il se retrouver à croupir en prison,  à raconter les  romans de  Flaubert à un Albanais ? "-On dirait que tu éprouves du plaisir  à être là, je me  trompe ?
-Non, c'est possible. Personne ne pourra  dire  que je n'ai pas cherché à  explorer toutes les facettes de ce métier."
Tour à tour berné et finaud, désabusé et plein d'allant,Leibowitz a le chic pour se fourrer  dans les situations les plus tordues : "Et si j'avais accepté de rentrer dans  ce coup foireux uniquement pour ne pas décevoir trois débiles auxquels je ne serrerais  même pas la main  si quelqu'un m'en donnait le choix ? "51BF1pdvtXL._SL500_AA240_.jpg
Nous le  suivons avec délices, le sourire aux lèvres, dans les arcanes parfois ubuesques de la justice, découvrant au passage les  conditions de vie quasi  moyenâgeuses  de certaines prisons  car, mine de rien, Hannelore Cayre donne des coups de griffe , sans jamais s'attarder  lourdement. Les  situations les plus sordides sont envisagées avec le plus grand naturel,normal, les avocats sont un peu blasés.La construction donne un peu le tournis au début mais très vite  nous prenons nos  marques et suivons avec une jubilation extrême  les tribulations de cet avocat commis d'office qui parviendra, on  s'en doute à retomber sur ses pattes ! Du  rythme et du fond, de l'humour pour pimenter le  tout, un cocktail réussi !

Premier opus des aventures de  Christophe leibowitz qui viennent de paraître en un  seul volume (Points seuil) qui réunit donc:  Commis d'office, Tableaux de maîtres et Ground XO.

Adapté au cinéma par Hannelore Cayre  avec le très beau Roschdy Zem,  sortie en  salle au printemps 2009 .

 

15/01/2009

Un samedi soir sur la terre

"Dominique Périchon est un pseudonyme. Son vrai nom est Périchon Dominique."  Le  voyage aurait pu commencer sous des auspices moins souriants...Nous voilà donc  partis en  compagnie de Lydie et de sa copine grâcieusement surnommée "Chatte" (!)  non  pas dans un night-club mais une boîte de nuit car l'action se déroule" dans nos  provinces". Les  deux "greluches", je cite toujours , viennent chercher l'une sa part de rêve de pacotille , l'autre celui pour qui elle remplira sa fonction de "réservoir aux mâles du canton." Lydie repartira avec un Travolta à la  petite semaine , ils écraseront une chienne, ce qui donnera  lieu à  des révélations grandguignolesques.Ellipse. Nous retrouvons tous ces fantoches quelques années plus tard en train de se Bidochonner tristement puis de  partir en vrille, évoluant dans un monde où tout est faux, de la noyée au sauveteur.511UZq5CpCL._SL160_AA115_.jpg
Samedi soir et des poussières n'est pas un roman mais une pièce de  Guignol même pas drôle.  Les personnages n'ont aucune épaisseur psychologique et les  tentatives d'humour tombent systématiquement à plat tant on ressent de mépris dans ce qu'évoque l'auteur.  Dommage le  style est souvent pétillant mais l'histoire  est totalement insensée.Un de ces livres qu'on referme en disant "à quoi bon ? "

Merci à Cuné pour l'envoi !

L'avis de  Laurence, nettement plus enthousiaste !

09/01/2009

"J'ai rendez-vous avec une bombe. Si tu foires, je te fume!"

SEGPA, CPA autant de sigles inconnus* pour Chefdeville, auteur d'un unique roman policier (quinze ans déjà !), et qui va pactiser avec l'ennemi de  toujours, à  savoir l'Education Nationale, en acceptant d'animer des ateliers d'écriture dans des sections en difficulté.Même si l'animateur improvisé est un fameux lascar,"...je décidai que c'était le moment de mettre mon grain de sel. Mais moi je ne fonctionnais qu'au gros sel et je visais toujours entre les deux yeux.", la  réalité va le  frapper de plein fouet et il aura fort à faire  pour que tout son petit monde  prenne la plume entre  deux conflits verbaux !51aXCqyafXL._SL500_AA240_.jpg
Tirant à boulets rouges avec une verve réjouissante sur les institutions , bien moins sur certains profs, derniers des Mohicans à tenter de préserver des îlots de culture, Chefdeville s'en prend aussi aux écrivains :  " Ce sont souvent des gens prétentieux et nombrilistes, pas autant que les  théâtreux,  ça c'est impossible, mais ils en tiennent  tout de même une sacrée couche."ça fuse  de partout, c'est bourré d'énergie et ça m'a fait éclater de rire à de nombreuses reprises du début à la fin !  Un feu d'artifice pour qui ne craint pas l'écriture non académique ! Et,  s'il vous plaît  Monsieur Chefdeville, le prochain roman, pas  dans quinze ans !

Un énorme merci à Cuné pour cet envoi revigorant !

 

 

*cachant des tribus bizarres et quelque peu laissées en friche par l'Education Nationale.

L'atelier d'écriture,Chefdeville, Le  dilettante, 253 pages à dévorer !

07/01/2009

...on n'a jamais fini de vous connaître, vous êtes comme le Bronzé d'Amposta."

Alexis, cinéaste en devenir et démiurge potentiel, s'acoquine avec Sammy, malfrat cinéphile qui veut faire de sa vie une oeuvre d'art à savoir  bien évidemment un film, quitte à modifier son existence  pour que le script "colle" mieux aux desiderata du réalisateur.Mais très vite, cette amitié se révèlera  encombrante , voire dangereuse, pour Alexis qui découvrira à ses dépens que la  réalité peut très rapidement dépasser la fiction...41-h6x8SPWL._SL500_AA240_.jpg
Entrer dans Le film va faire  un malheur c'est se laisser entraîner dans un récit au rythme endiablé, une mécanique de précision où chaque  détail a son importance  tôt ou tard, où  les personnages , évoluant tour à tour dans les milieux de la pub,  du cinéma, ou du crime ont comme point commun de chercher à manipuler, avec des  résultats souvent fort drôles, leurs prochains.
Alexis, qui souhaite entretenir avec les autres des "rapports intermittents et irresponsables" pourrait être  franchement imbuvable , mais le fait qu'il soit comme placé dans un shaker agité par un fou furieux du début à la  fin le rend finalement plus supportable.  Sammy , lui, s'échappe  très vite du stéréotype  dans lequelle  réalisateur voudrait commodément l'enfermer et fait craquer le vernis littéraire de son coach cullturel.  Quant à  Clara, "plan cul" ou "fiancée" suivant l'humeur d'Alexis, elle se révèle bien plus forte et équilibrée que les  hommes  qui l'entourent et elle  rendra coup pour coup car "La gentillesse  de Clara était ce  qu'elle avait de plus féroce."
Flirtant parfois avec le drame, le roman est néanmoins une comédie grinçante dont  le style alerte, truffé de formules qui font mouche (mon exemplaire en est sorti tout hérissé!) nous emporte dans une  frénésie intense .On se demande parfois comment Georges Flipo va s'en sortir mais il révèle ici une habileté diabolique et jamais son récit ne s'essouffle. A quand l'adaptation cinématographique ? !