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13/07/2009

Petits pains au chocolat

Lou, adulescente de dix-huit ans, quitte Toulouse  pour aller à Paris ,accessoirement pour suivre des cours de prépa d'été et principalement  pour mener à  bien son histoire  d'amour avec un écrivain rencontré  par l'intermédiaire de son blog. Le roman adopte d'ailleurs la forme du blog, nous dispensant au passage les  commentaires acerbes de quelques visiteurs...31VIPL8N9zL._SL500_AA240_.jpg
Premier roman,Petits pains au chocolat, ne nous épargne pas les  travers de  ce passage obligé : narcissisme exacerbé,  complaisance parfois. On pense  à Camille de Peretti  ou pour les plus anciennes à la Muriel Cerf  Des rois et des  voleurs et toutes ces références  se révèlent fort encombrantes ma foi pour apprécier à sa  juste mesure  ce roman acidulé et agaçant comme comme une  pomme trop verte. De très jolis passages néanmoins,  Roxane Duru  possède  un style  imagé qui peut le pire,  des passages quasiment  incompréhensibles car trop allusifs, et le meilleur, des pages complètes qu'on a envie de noter tant elles sont justes.

Roxane Duru, Petits pains au chocolat.  Stéphane Million éditeur.

Je découvre avec effarement que je devais faire  suivre ce livre depuis presque un an... Sorry, Cuné !

L'avis d'Erzébeth, à qui j'aurais dû l'envoyer mais qui l'a  trouvé  ailleurs (ouf!)

09/07/2009

je voudrais tant que tu te souviennes

L'une, Mado,  vit les yeux au ras du sol, traquant et photographiant les menues traces  du  temps.
L'autre,  l'Indien, n'est jamais aussi à l'aise que sur  les  toits...51g6alfr85L._SL500_AA240_.jpg
Entre les deux va se nouer une histoire d'amour  en pointillés,  celle prédite par Julide chargée de  veiller sur Mado car "Elle est comme un verre qui se vide,  par une brèche minuscule, une  toute petite fêlure, et si tu ne prends  pas soin de la remplir elle disparaîtra tout à fait."
Julide  quant à elle , soumise  au poids  des traditions de son pays, est promise  à  un jeune homme qu'elle n'aime pas et trouve souvent refuge chez Mado,chez qui  elle ressent une autre  forme d'étrangeté au monde.
Tout cela aurait pu baigner dans une poésie trop sentimentale  pour moi si la  deuxième partie du roman, rebattant les cartes, ne venait brusquement tout remettre en question et présenter un  autre angle de vision, une réflexion plus profonde  sur  le  temps, les sentiments,  l'exil à soi même et aux autres...

Dominique Mainard, Je voudrais tant que tu te  souviennes, 364 pages tendres  mais aussi parfois cruelles. Folio

02/07/2009

On s'est juste embrassés

Aïcha vit seule avec sa mère, au bord d'une cité dont elle  fréquente l'établissement scolaire.Sa vie va basculer le jour où la  rumeur  se répand  qu'elle a perdu son honneur. L'adolescente aura beau affirmer :On s'est juste embrassés, trop tard le mal est fait...
A partir de là vont ressurgir  les interrogations d'Aïcha quant à ses  origines,  son père,  sa famille maternelle; la volonté aussi de sortir du huis-clos étouffant avec une mère qui toujours  dû faire face et se  laisse lentement  sombrer dans la dépression.41VUB0GIfUL._SL500_AA240_.jpg
Interrogations sans fard aussi, mais tout en pudeur ,sur le désir de cette presque femme, qui ne sont pas sans évoquer celles posées  par la narratrices de L'amant, roman de Marguerite Duras que la mère d'Aïcha offre à sa fille, comme un passage de relais, un viatique pour aborder sa vie de femme.
L'auteure  n'idéalise pas  son héroïne, n'en fait pas la porte-parole de toutes ces jeunes filles qui pourraient à sa suite affirmer:"Mais  c'est seulement mon nom qui est arabe. Moi, je ne le suis pas.",mais sait nous la  rendre à la fois présente et attachante. Cette narratrice toujours à la lisière (de la cité, de l'âge adulte, du désir...) nous renvoie  à un âge où on se sent  " trop encombrée de soi-même" avec un style tout en retenue et en émotion.Une belle découverte.

On s'est juste embrassés, Isabelle  Pandazopoulos, Gallimard, collection scripto, 155 pages beaucoup moins grises que la couverture.

Clarabel et Gawou ont aussi beaucoup aimé.

Pagesapages et Malice également.

 

29/06/2009

Echo

Les  jumeaux les plus célèbres du PAF ont été assassinés et leurs cadavres mis en scène d'une manière particulièrement sadique et raffinée..Nombreux sont ceux susceptibles d'être notés sur la liste des  suspects car les éphèbes  de la télévision avaient pour habitude de descendre  en flammes et en direct leurs invités ...4197uKEx-JL._SL500_AA240_.jpg
Aux manettes de l'enquête,  un tandem  improbable,  le vieil ours revenu de tout,  ou presque, le commandant Vivier , qui se fait mener  par le bout du nez par la profileuse,  à peine moins givrée que ses suspects, la belle Garance Hermosa.
L'enquête est efficace et bien menée,  entrecoupée par des pages d'un journal  intime où se lit une enfance  fracassée (celle du tueur ?),  on ne lâche pas  une minute ce livre haletant.D'où vient alors ce sentiment de malaise qui m'a  accompagnée dans cette lecture? Du milieu glauque dans lequel nous pataugeons allègremement ? Non, on ne s'attend quand même pas  à une promenade  de santé  en ouvrant ce type d'ouvrage.  Non, c'est Cuné et sa légendaire  sagacité qui ont mis le doigt dessus:  une pointe de vulgarité dans l'écriture qui déstabilise  les  suspects de Miss Garance mais aussi apparemment la lectrice effarouchée que je dois être dans un recoin secret.J'espère néanmoins déjà avoir la chance de lire  de nouvelles aventures de Garance  Hermosa , une femme comme je les aime !

Echo,  Ingrid Desjours, Plon,  310 pages qu'on tourne sans s'arrêter.

Un grand merci à Cuné !

26/06/2009

Sorti en poche !

Un très joli roman, billet  ici.51Ce+oZGchL._SL500_AA240_.jpg

16/06/2009

Une confession

Pendant six ans l'éditrice  Véronique de Bure  a été très proche du philosophe catholique Jean Guitton.  Après son décès, elle estime : "c'est bien dans un brouillard qu'il me semble voir avancer ma vie" et s'adresse donc à lui dans une quête identitaire où s'entrecroisent  anecdotes sur le philosophe et récit d'une passion adultère avec un autre homme.41Q1R-M8ToL._SL500_AA240_.jpg
Même si l'auteure sait nous rendre attachante la  figure  de Jean Guitton, c'est davantage le style  à la  fois pudique et franc, souple et heurté qui a su ma  séduire: "La réalité est malléable. On peut la  tordre, la gondoler,  la rendre  plus lourde ou plus légère.  Certains, les optimistes dont je ne suis pas, la pétrissent comme une boule de glaise , lui donnent les rondeurs qui lui manquent, une douceur qui la rend supportable,  voire  aimable.  ils savent  se  faire  du bien, ils  prennent  soin d'eux. Ma réalité est une pierre,  un marbre dur et impitoyable;  au lieu d'en gommer les apérités,  je la  taille  à la serpe,  j'en affûte le tranchant, j'en aiguise  la lame,  et  tel  un scalpel elle me griffe, me coupe,  me cloue. Je  saigne et mes blessures,  que je n'ai  de cesse de raviver ,  ne cicatrisent jamais."
Il y a là une volonté de se reconstruire qui a su tout à la fois me  toucher et me fasciner. Nécessité de passer du réconfort moral offert autrefois par Guitton "car vous aviez ce  don merveilleux  d'élever l'esprit de votre interlocuteur" aux bras de cet amant qui la fait vivre avec intensité même si elle ne l'aime pas  vraiment car "le  véritable  amour n'est pas toujours fait de  chair  et de  sang".

L'avis de  Laure.

Une  confession, Véronique de  Bure, Stock, 201 pages précieuses.(Je n'ai pas copié sur Laure, le même adjectif m'est venu :))

11/06/2009

Le pouce d'un autre

Après nous avoir fait sourire  avec Les Poules, ému avec Pédiluve et bénitier (pas de billet), Dominique  Resch récidive avec Le pouce d'un autre.
Après l'enfance et l'adolescence  voici l'entrée dans lâge adulte, le  premier boulot (surveillant d'internat),  les  études (un peu) ,  les amis (beaucoup). Et les  amours.  mais évidemment le tout passé  à la moulinette reschienne, une moulinette joyeuse et iconoclaste. C'est "toute une faune étrange, entre  deux modes,  punk sur le retour, ex  baba-cool pas encore new wawe et skin en  attente d'un nouvel élan,  tous désespérément plongés dans le magazine Actuel" qui évolue sous nos yeux.pouce_img.jpg

Sans compter un inénarrable  Patrice , tout droit sorti d'une chanson de  Thomas Fersen"A la  fois éléphant rose  avec ses  gros sabots et ami fragile, sous-équipé pour avancer dans la vie (...) un oiseau tombé du nid, ou de nulle  part,  auquel  on s'attache", un ami  un peu bizarre, qui  a l'habitude de vivre nu, ce qui  voudra un souvenir inoubliable  à deux témoins de Jéhovah (et de grands éclats de rire au lecteur !).

C'est tendre  et chaleureux, on retrouve avec beaucoup de plaisir  le style de l'amoureux des mots Dominique Resch, qui sait les faire  sonner comme personne et on passe un excellent moment  entre  rêve d'Amérique latine et réalité nancéenne.

 

Le pouce d'un autreDominique Resch, Editions Anota, 161 pages douces et pétillantes.

19/05/2009

"Je ne suis plus qu'un occupant du monde."

C'est à une expérience étrange que nous convie Olivia Rosenthal dans son texte On n'est pas là pour disparaître : écrire sue la maladie de A.; Comprendre Alzheimer. D'autant que l'auteure l'annonce d'emblée : écrire sur cette maladie est voué à l'échec.
Partant d'un fait-divers tragique: Un malade, Monsieur T. atteint de cette dégénérescence a poignardé sa femmee de cinq coups de couteaux, Olivia Rosenthal mêle réflexions, exercices qui interpellent le lecteur, informations sur la biographie d'Alzheimer, ainsi que son histoire personnelle à elle.51yvx3MwTCL._SL500_AA240_.jpg
Une écriture qui va au plus près de nos peurs et de nos sensations et dont les "blancs" permettent de mimer ce qui est affirmé dans cette phrase:
"Je suis constitué de fragments très distincts et séparés les uns des autres par de grands vides."

A tenter.

Olivia Rosenthal, on n'est pas là pour disparaître, Folio, 234 pages qui interrogent.

L'avis de Laure

Celui d'Antigone

de Lily

De la bibliothèque du dolmen

07/05/2009

"Je voulais vivre, moi."

Après La mère horizontale où s'exprimait la  fille mourante, c'est au tour  d'Emma la "mauvaise mère" assumée de prendre la parole aux derniers jours de sa vie.5f27012912a01f716104f110.L._AA240_.png.jpeg
S'adressant à sa  fille disparue,Emma déclare: "Je fouille, je brasse et je déterre les éléments pour le procès que tu ne m'as pas fait." Et d'expliquer pourquoi, prise d'une frénésie de plaisir,"mon désir  dévorant de  jouir hors des consignes" elle a abandonné ses premiers enfants pour se livrer aux plaisirs de la chair , en bonne baby-boomer qu'elle était.
Evidemment, ce  personnage ne peut que paraître antipathique de prime  abord mais  sa franchise  sans fard finit non pas  par emporter l'adhésion du lecteur mais du moins par lui inspirer un certain  "respect" pour cette femme qui affirme:  "En fouillant, en te racontant ce que j'exhume, je viens à ta rencontre, je te tends la main."
Et qu'on m'emporte s'exclame la mourante,  qui, même battue par la maladie, fait preuve de sursauts de son énergie indomptable.
Un roman où l'on retrouve avec plaisir l'écriture à la fois fine et puissante de Carole Zalberg.

 

Et qu'on m'emporte, Carole Zalberg, Albin Michel, 131 pages frémissantes.

Le blog de l'auteure

l'avis de Clarabel..

 

06/05/2009

Ya un zazou au Paraguay !

Transplantez un zazou de 1946, sorte de Candide accompagnant un philosophe en mission dans une communauté  vivant à la manière de Kant et vous obtiendrez un décalage tout à la fois  détonant et plein d'humour !
Utilisant le personnage de Jean-Baptiste Botul,philosophe qui  n'a  laissé  aucun écrit, pour  résoudre le problème qui se pose à ces habitants hors du monde  et du temps : "to fuck or not  to fuck" pour rester dans la ligne kantienne, Paul Vacca réussit avec verve et jovialité un roman où la philosophie devient un aimable mode de vie, pas du tout indigeste.
Truffé de citations littéraires adaptées  "Qu'allait-il  faire  dans  cette charrette ? ou cinématographiques "Mon nom est Botul, Jean-Baptiste Botul", de paroles de chansons,l'auteur en profite au passage pour nous donner un petit cours de cinéma,  ce roman revisite  une flopée de titres de films célèbres, mêlant ainsi les époques  mine de rien , pour le plus grand plaisir de son lecteur avec qui il établit une complicité des plus sympathiques.nueva K. couv.jpg
On suit sans aucun mal de tête les argumentations de Botul, on admire le sens de la formule: "Un ennui abyssal suintait de cette uniformité proprette.",  on suit avec plaisir l'évolution du héros, bref on s'amuse autant que l'auteur . Si un jour on m'avait dit que la philo pouvait être aussi agréable !

Nueva Könisberg, Paul Vacca, Editions Philippe  Rey.210 pages malicieuses. Sortie le 7 mai.

L'avis de   Bellesahi, celui de  Keisha, de Lily.

Du même auteur, avec un tout autre ton mais tout aussi bon, c'est ici !