23/09/2009
Petit éloge de la vie de tous les jours
"Ces gens dont je souris témoignent seulement de ce que je suis" est-il écrit en 4 ème de couv'. Et de nous infliger d'affligeants dialogues "croqués sur le vif" avec une mère qui se gargarise du prénom de son fils "Sean" prononcé "Chaune", d'un boucher qui fait preuve d'un humour lourdingue à devenir illico végétarien, sans oublier deux hommes endimanchés, qui dissertent à n'en plus finir sur la différence entre "cuit" et "à point". Entre temps, on sera allé voir un champ de pommes de terre, on aura écouté des gens éméchés opposer les mérites respectifs des vaches du département de l'Aisne contre celle des Ardennes, ou subi le dialogue d'un vacancier relatant un repas pantagruélique qui ne lui aura coûté que cent francs à un interlocuteur dont la principale intervention se résume à "tain".
On aurait juste envie de prendre à son compte un paragraphe de l'auteur et de l'appliquer à son livre : "Pendant ce temps, je me travaillais l'appétit aux boulettes maison.Elles étaient molles comme des chiques de bouse et contenaient moins de chair que de vieux pain trempé à l'eau. Chaque bouchée m'inspirait la même et unique pensée :
"Un pas de plus vers la mort."
Allez plutôt faire un tour Au bar des habitudes ou dans La belle maison !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : franz bartelt, bof, mouais, on passe, schtroumpf grognon le retour
21/09/2009
La donation
"Et nous lui en voulions de démolir chaque jour notre vie."
A l'occasion d'une donation entre vifs, la narratrice commence une lettre à ses parents pour les remercier.N'y parvient pas. En effet lui reviennent en mémoire les souvenirs d'une enfance sous le signe de la Psychose Maniaco Dépressive maternelle, où la narratrice et sa soeur souffraient en quelque sorte de "PMD passive, un peu comme on parle de tabagisme passif." Et de s'interroger sur les sens de ce don :
"La donation est-ce aussi cela? La transmission du gène du doute. Du doute de soi, vertigineux. Je me suis toujours interrogée sur la réalité de ce sombre héritage. J'ai souvent voulu lire une étude sur le psychisme des enfants de mères maniaco-dépressives". Sondant les mots, citant des auteurs comme autant de bornes sur un chemin marqué par le doute, la narratrice interroge aussi sa propre filiation: quelle mère est-elle pour ses filles ?
Une écriture toute en retenue, l'auteure tient à distance ses sentiments par différentes stratégies, qui peuvent parfois agacer, mais réussit ici un roman à la fois cruel et tendre.
La donation, Florence Noiville. Livre depoche. 118 pages.
L'avis de Solenn
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : florence noiville, psychose maniaco-dépressive, rapports mèrefilles
16/09/2009
Les derniers Indiens
La quatrième génération de paysans auvergnats. La dernière. Car il ne reste qu'eux, le frère et la soeur Santoire qui mènent une vie de plus en plus étriquée , mécanique, assourdie, tandis qu'en face d'eux une tribu pleine d'énergie,d'esprit d'entreprise, une tribu bruyante, brouillonne et colorée vit pleinement.
Avec une grande économie de moyens, Marie-Hélène Lafon nous peint la vie de cette famille qui s'enorgueillit d'être Les derniers Indiens , les derniers survivants d'une époque révolue, qui ont à peine ressenti les soubresauts de l'Histoire et ont su étouffer dans l'oeuf les élans et les frustrations qu'ils s'imposent eux-mêmes. Seul un vêtement bien repassé et soigneusement rangé viendra peut être éclairer d'un jour nouveau tout le roman...
Les derniers Indiens. Marie-hélène Lafon.Vient de sortir en folio.167 pages drues.
L'avis de Baratin (qui nous manque!!!!).
Celui de Clarabel.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : marie-hélène lafon, cantal, campagne
14/09/2009
Les étranges soeurs Wilcox 1. les vampires de Londres
Dans les rues de Londres en cette année 1888 rôdent de drôles de personnages...Seuls quelques humains savent que dans cette ville se déroule une guerre entre vampires. Quelle part vont y prendre les étranges soeurs Wilcox, Amber "la volontaire, la tête brûlée aux boucles rebelles" et la cadette, Luna"la rêveuse aux cheveux noirs" ?
Fabrice Colin excelle à recréer l'ambiance brumeuse propice aux apparitions les plus effrayantes, quelques scènes d'ailleurs m'ont particulièrement fait frémir, moi qui ne suit pourtant pas "une petite nature". Ses héroïnes ont un caractère bien trempé et savent tenir tête aussi bien aux vampires qu'à sherlock Holmes .On ne s'ennuie pas une minute même si persiste l'impression génante d'un texte trop formaté pour vraiment emporter l'adhésion. Dans ce premier volume les soeurs Wilcox prennent leurs marques et l'on ne peut qu'espérer qu'elles sauront s'affranchir de leur carcan. Fabrice Colin nous avait habitués à une plus grande liberté de ton et à plus d'originalité.A trop vouloir respecter les codes du genre, il affadit un peu son talent. Affaire à suivre...:)
Les étranges soeurs Wilcox, 1. les vampires de Londres. Gallimard Jeunesse.284 pages .
Merci Lily!!!
Mention spéciale à Cuné, créditée dans les remerciements de l'auteur !!!
L'avis, enthousiaste, de Clarabel !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : fabrice colin, londres, vampires, sherlock holmes, jack l'éventreur
12/09/2009
Je viens de tuer ma femme
"Je vais quand même acheter des timbres, ça peut toujours servir."
Pas de suspense a priori , le titre parle de lui même : Je viens de tuer ma femme. Commence alors pour le narrateur une semaine d'un long monologue intérieur d'abord rageur puis apaisé et de rencontres qui vont le faire déraper encore un peu plus...
On sourit d'abord puis on se prend à s'émouvoir devant cet homme qui perd de plus en plus pied et dont la logique folle s'emballe à qui mieux mieux.
Une analyse sans complaisance des rapports humains, rapports de couple bien sûrs , mais aussi amicaux ou prétendus tels : "Laurent et moi, c'est une relation étrange qui dure depuis dix ans: je l'appelle, je me déplace, je pense à ses anniversaires quand il oublie les miens, je lui souhaite sa fête, il ignore la mienne,je l'invite à Noël, il vient les mains vides, je pose les questions, il a les réponses. Je ne suis pas son ami.C'est le mien." le tout sur fond de Michel Fugain ou de Françoise Hardy mais attention : "Françoise Hardy et la scie circulaire, ça se marie mal.",vous voilà prévenus ! Emmanuel Pons jongle avec l'absurde mais l 'émotion n'est jamais absente. Du grand art ,dans un tout petit livre par le nombre de pages: 167 , qu'on ne prêtera pas à son mari...
Je viens de tuer ma femme, Emmanuel Pons, Arléa.
L'avis de Laure
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : emmanuel pons, humour noir, machine qui s'emballe
10/09/2009
L'inattendue
L'inattendue, carnet de bord d'une grossesse tant désirée, remue-ménage intérieur, dans le corps et dans le coeur d'une jeune femme qui garde dans un coin de sa tête le décès d'un jeune frère disparu depuis longtemps.
Comment faire cohabiter tant d'émotions contradictoires , comment ajuster sa vie de femme amoureuse et celle de future mère? C'est à ce cheminement que nous convie Karine Reysset, qui nous montre également à l'oeuvre son travail d'écrivain. Beaucoup de phrases non terminées, au rythme de la pensée de l'auteure qui ne noircit pas ses carnets mais choisit des encres colorées pour avancer entre inquiétude et sérénité, au gré aussi des hauts et des bas avec celui qu'elle appelle "mon amour" souvent et "Olivier" rarement
.Alors oui, parfois ça dérange, cette intrusion forcée du lecteur dans l'intimité d'un couple sur qui on peut mettre des visages mais la force de l'écriture à la fois rude et tendre, non dénuée d'humour, emporte les hésitations et on se laisse flotter au gré des fluctuations des humeurs dans lesquelles ce carnet nous entraîne.
Karine Reysset, l'inattendue, Pocket 2009, 175 pages remuantes.
Le très joli billet de Laure qui vous donnera aussi de belles citations.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : karine reysset, grosses fesses, grossesse quoi !
15/08/2009
Luxueuse austérité
"Il faut savoir s'arrêter pour que la quantité de bien-être, de nourriture, de voyages, de sexe, d'amitiés ne devienne contrainte, fardeau à porter, abus de l'autre. Dire: assez, pour ne pas être blasé, entraîné dans une course infinie mangeuse d'énergie et jamais satisfaite. Où passe cette ligne subtile à partir de laquelle le résultat est l'inverse de ce qui est cherché? Et qui la tracera sinon l'individu lui-même, par la méditation souvent aride ?
Il est des points de saturation qui ne laissent pas le temps de savourer les plaisirs reçus, ne donnent place ni à la mastication ni à la rumination de la mémoire dans laquelle renaît le désir. Ecouter dans le silence les échos des belles heures, se refaire avec ce qui a été vécu, l'assimiler, est le profit des temps ordinaires. Ils laissent aux choses vues , vécues ou lues le temps d'agir. Ils sont levain, repos, assimilation d'hier."
Un passage qui résume à lui seul ce que l'auteure s'attarde à nous décrire de manière pas aussi savoureuse que d'habitude....
Marie Rouanet, Luxueuse austérité, livre de poche, 5 euros.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : marie rouanet, de la simplicité en toutes choses, ben non c'était pas forcément mieux "dans le temps"...
09/08/2009
La joueuse d'échecs
Un peu par hasard, Eleni va découvrir le monde des échecs et braver ainsi l'opinion de la toute petite communauté (un village grec sur une île écrasée de soleil) dans laquelle elle menait une vie tranquille de mère et d'épouse.
Les échecs n'étant pas ma tasse de thé,bien que ce premier roman ait été couvert de prix, je n'avais pas cédé à la tentation, même quand ce livre était sorti en poche. Mais la nouvelle de son adaptation au cinéma avec Sandrine Bonnaire et Kevin Kline m'a aussitôt poussée à le lire. Et j'ai bien fait .
Même si comme moi vous êtes totalement ignare en matière de stratégies, de fous , de rois et compagnie, vous apprécierez sans doute l'histoire de cette femme ordinaire, qui , par un biais tout simple va trouver un petit espace de liberté dans sa vie trop étriquée. Pas d'émancipation spectaculaire, juste une vie qui prendra un peu plus de saveur...Le style est fluide et simple. Une lecture très agréable.
La joueuse d'échecs, Bertina Henrichs, livre de poche 156 pages ensoleillées.
Ps: je viens de voir la bande-annonce du film,très librement inspiré du livre, à première vue...
n'hésitez pas à m'indiquer vos billets !:)
L'avis de Al.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : bertina henrichs, la liberté par les échecs, une chambre à soi
30/07/2009
Cinq bières , deux rhums,
Ah que ça fait du bien de retrouver notre" orchidoclaste"* préféré ! Sous prétexte de lui faire dégoter une bière de derrière les fagots, Gérard , le patron du bar La Sainte Scolasse, a envoyé Le Poulpe en mission spéciale dans le NORD , l'objectif étant en fait de lui redonner le moral ! Évidemment en baguenaudant entre Valenciennes (V.A pour les footeux) et Antoing (Belgique wallonne), le Poulpe va se prendre les tentacules dans quelques cadavres, en profiter pour se balader en péniche ultra-moderne, glanant au passage autant d'infos sur la fabrication de la bière que sur le traffic de l'Escaut, sans oublier d'égratigner quelques édiles locaux**.
Mortagne du Nord, cadre d'un roman policier, qui l'eût cru ? L'occasion en tout cas de(re) découvrir pour les autochtones des édifices et des paysages, de montrer les blessures mais aussi la vie qui continue malgré tout dans cette région où la nature commence à reprendre ses droits puisque des fleurs poussent dans une prairie métallicole, joli symbole d'espoir. On sent aussi que l'auteur s'est baladé dans le coin et qu'il y a pris plaisir, sachant aller au-delà des clichés , dénichant les détails révélateurs d'une exploration pédestre et non livresque. et ça fait chaud au coeur !
Ceux qui apprécient les enquêtes millimétrées en seront pour leurs frais (les explications finales étant un peu poussées sous le tapis) , ceux qui aiment le style haut en couleurs de Pouy se régaleront des sentences du poulpe : "Parfois il faut savoir éviter les paraphréniques confabulants et briser là avec les forcenés incantatoires ." ou des injonctions de Chéryl : "Va te faire raboter les surrénales!". Bref, un Poulpe réjouissant, ayant comme fil rouge la lecture des Habits noirs de Paul Féval dont se régale le héros et dont il nous montre la pertinente actualité, toujours aussi sombre.
Cinq bières, deux rhums (ne loupez pas le jeu de mots !), Jean-Bernard Pouy, Editions Baleine, 160 pages à accompagner d'une Mort Subite*** ?
* Casseur de c...
** Pouy sera-t-il invité au salon du livre policier ? Affaire à suivre...
***Nom d'une bière belge
L'avis de Cathe qui m'a fait découvrir ce livre !
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : jean-bernard pouy, mortagne du nord, valenciennes, min coin quoi !
19/07/2009
Sorti en poche !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : hugo boris, la délégation norvégienne, cluedo dans la plus grande bibliothèque du monde