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27/01/2009

"Et l'on a décidé que ce serait quoi? - Un suicide naturellement."

"De  toutes les marionettes de  Yonville, c'était pourtant celle qui  jouissait de la plus mauvaise réputation et de la plus jolie moustache."
Qui dit Yonville dit Madame Bovary et pour tous les lecteurs de Flaubert  cette dernière s'est bien évidemmment  suicidée. Mais  Philippe Doumenc lance une contre-enquête car  des traces de contusions ont été relevées et l'un des deux médecins appelés à son chevet a entendu les derniers mots de la mourante "Assassinée  pas suicidée".51FPK3vb+BL._SL500_AA240_.jpg
Reprenant à son compte le décor, les personnages et l'ambiance  du roman initial, Doumenc  se joue avec habileté du lecteur (pour  son plus grand plaisir ) et trousse avec habileté cette Contre-enquête sur  la mort d'Emma Bovary
La Normandie  sous la neige de mars ne pourra longtemps dissimuler la boue des secrets bien gardés des  petits-bourgeois de Yonville.
Un régal, que l'on ait lu ou pas le classique de  Flaubert.

Vient  de sortir en poche chez Babel,  187 pages.

L'avis de  LaureKeisha

D'Yspadadden

de Papillon

de Marie

Solenn

Bladelire

Du Biblioblog

22/01/2009

"Leibowitz : c'est la classe internationale en toute circonstance"

Christophe Leibowitz , avocat pénaliste  commis d'office, barbote quasiment avec délices dans le monde crapoteux des dealers et des proxénètes sans envergure.  Pourquoi, après avoir  flirté avec le luxe, va-t-il se retrouver à croupir en prison,  à raconter les  romans de  Flaubert à un Albanais ? "-On dirait que tu éprouves du plaisir  à être là, je me  trompe ?
-Non, c'est possible. Personne ne pourra  dire  que je n'ai pas cherché à  explorer toutes les facettes de ce métier."
Tour à tour berné et finaud, désabusé et plein d'allant,Leibowitz a le chic pour se fourrer  dans les situations les plus tordues : "Et si j'avais accepté de rentrer dans  ce coup foireux uniquement pour ne pas décevoir trois débiles auxquels je ne serrerais  même pas la main  si quelqu'un m'en donnait le choix ? "51BF1pdvtXL._SL500_AA240_.jpg
Nous le  suivons avec délices, le sourire aux lèvres, dans les arcanes parfois ubuesques de la justice, découvrant au passage les  conditions de vie quasi  moyenâgeuses  de certaines prisons  car, mine de rien, Hannelore Cayre donne des coups de griffe , sans jamais s'attarder  lourdement. Les  situations les plus sordides sont envisagées avec le plus grand naturel,normal, les avocats sont un peu blasés.La construction donne un peu le tournis au début mais très vite  nous prenons nos  marques et suivons avec une jubilation extrême  les tribulations de cet avocat commis d'office qui parviendra, on  s'en doute à retomber sur ses pattes ! Du  rythme et du fond, de l'humour pour pimenter le  tout, un cocktail réussi !

Premier opus des aventures de  Christophe leibowitz qui viennent de paraître en un  seul volume (Points seuil) qui réunit donc:  Commis d'office, Tableaux de maîtres et Ground XO.

Adapté au cinéma par Hannelore Cayre  avec le très beau Roschdy Zem,  sortie en  salle au printemps 2009 .

 

15/01/2009

Un samedi soir sur la terre

"Dominique Périchon est un pseudonyme. Son vrai nom est Périchon Dominique."  Le  voyage aurait pu commencer sous des auspices moins souriants...Nous voilà donc  partis en  compagnie de Lydie et de sa copine grâcieusement surnommée "Chatte" (!)  non  pas dans un night-club mais une boîte de nuit car l'action se déroule" dans nos  provinces". Les  deux "greluches", je cite toujours , viennent chercher l'une sa part de rêve de pacotille , l'autre celui pour qui elle remplira sa fonction de "réservoir aux mâles du canton." Lydie repartira avec un Travolta à la  petite semaine , ils écraseront une chienne, ce qui donnera  lieu à  des révélations grandguignolesques.Ellipse. Nous retrouvons tous ces fantoches quelques années plus tard en train de se Bidochonner tristement puis de  partir en vrille, évoluant dans un monde où tout est faux, de la noyée au sauveteur.511UZq5CpCL._SL160_AA115_.jpg
Samedi soir et des poussières n'est pas un roman mais une pièce de  Guignol même pas drôle.  Les personnages n'ont aucune épaisseur psychologique et les  tentatives d'humour tombent systématiquement à plat tant on ressent de mépris dans ce qu'évoque l'auteur.  Dommage le  style est souvent pétillant mais l'histoire  est totalement insensée.Un de ces livres qu'on referme en disant "à quoi bon ? "

Merci à Cuné pour l'envoi !

L'avis de  Laurence, nettement plus enthousiaste !

09/01/2009

"J'ai rendez-vous avec une bombe. Si tu foires, je te fume!"

SEGPA, CPA autant de sigles inconnus* pour Chefdeville, auteur d'un unique roman policier (quinze ans déjà !), et qui va pactiser avec l'ennemi de  toujours, à  savoir l'Education Nationale, en acceptant d'animer des ateliers d'écriture dans des sections en difficulté.Même si l'animateur improvisé est un fameux lascar,"...je décidai que c'était le moment de mettre mon grain de sel. Mais moi je ne fonctionnais qu'au gros sel et je visais toujours entre les deux yeux.", la  réalité va le  frapper de plein fouet et il aura fort à faire  pour que tout son petit monde  prenne la plume entre  deux conflits verbaux !51aXCqyafXL._SL500_AA240_.jpg
Tirant à boulets rouges avec une verve réjouissante sur les institutions , bien moins sur certains profs, derniers des Mohicans à tenter de préserver des îlots de culture, Chefdeville s'en prend aussi aux écrivains :  " Ce sont souvent des gens prétentieux et nombrilistes, pas autant que les  théâtreux,  ça c'est impossible, mais ils en tiennent  tout de même une sacrée couche."ça fuse  de partout, c'est bourré d'énergie et ça m'a fait éclater de rire à de nombreuses reprises du début à la fin !  Un feu d'artifice pour qui ne craint pas l'écriture non académique ! Et,  s'il vous plaît  Monsieur Chefdeville, le prochain roman, pas  dans quinze ans !

Un énorme merci à Cuné pour cet envoi revigorant !

 

 

*cachant des tribus bizarres et quelque peu laissées en friche par l'Education Nationale.

L'atelier d'écriture,Chefdeville, Le  dilettante, 253 pages à dévorer !

07/01/2009

...on n'a jamais fini de vous connaître, vous êtes comme le Bronzé d'Amposta."

Alexis, cinéaste en devenir et démiurge potentiel, s'acoquine avec Sammy, malfrat cinéphile qui veut faire de sa vie une oeuvre d'art à savoir  bien évidemment un film, quitte à modifier son existence  pour que le script "colle" mieux aux desiderata du réalisateur.Mais très vite, cette amitié se révèlera  encombrante , voire dangereuse, pour Alexis qui découvrira à ses dépens que la  réalité peut très rapidement dépasser la fiction...41-h6x8SPWL._SL500_AA240_.jpg
Entrer dans Le film va faire  un malheur c'est se laisser entraîner dans un récit au rythme endiablé, une mécanique de précision où chaque  détail a son importance  tôt ou tard, où  les personnages , évoluant tour à tour dans les milieux de la pub,  du cinéma, ou du crime ont comme point commun de chercher à manipuler, avec des  résultats souvent fort drôles, leurs prochains.
Alexis, qui souhaite entretenir avec les autres des "rapports intermittents et irresponsables" pourrait être  franchement imbuvable , mais le fait qu'il soit comme placé dans un shaker agité par un fou furieux du début à la  fin le rend finalement plus supportable.  Sammy , lui, s'échappe  très vite du stéréotype  dans lequelle  réalisateur voudrait commodément l'enfermer et fait craquer le vernis littéraire de son coach cullturel.  Quant à  Clara, "plan cul" ou "fiancée" suivant l'humeur d'Alexis, elle se révèle bien plus forte et équilibrée que les  hommes  qui l'entourent et elle  rendra coup pour coup car "La gentillesse  de Clara était ce  qu'elle avait de plus féroce."
Flirtant parfois avec le drame, le roman est néanmoins une comédie grinçante dont  le style alerte, truffé de formules qui font mouche (mon exemplaire en est sorti tout hérissé!) nous emporte dans une  frénésie intense .On se demande parfois comment Georges Flipo va s'en sortir mais il révèle ici une habileté diabolique et jamais son récit ne s'essouffle. A quand l'adaptation cinématographique ? !

30/12/2008

"Elle écrase son chagrin contre la vitre."

Ouvrir un livre de Françoise Lefèvre c'est pousser la porte d'une maison amie, entrer dans un univers où la douleur n'est pas exclue mais où elle est apprivoisée.  L'écriture à la fois poétique et sensuelle de cette auteure nous accompagne tout au long du parcours de La grosse : son installation dans cette maison de garde-barrière, son amitié avec un vieil homme aux portes de la mort mais chérissant la vie. Pauvres tous deux mais riches d'amour et prodigues de cet amour, réussissant à créer une sorte de paradis en marge de la ville et de la mesquinerie de ses habitants...Mais tout va se dégrader et Céline connaîtra une Passion proche de celle de Marie-Madeleine...
Ce livre, très court, est riche de phrases qu'il faut laisser infuser, au hasard :51nBKuOWm8L._SL500_AA240_.jpg

"Elle sent les arbres qui poussent dans sa tête. La pluie fine gonfle ses cheveux comme dans une mansarde d'amour. Les yeux dans le ciel, elle boit la campagne comme une liqueur verte."

"C'est inouï le nombre de gens qu'il faut chasser de sa  route pour qu'ils ne viennent pas piétiner les  joies  minuscules d'une journée."

Un livre à chérir.

 

L'avis de Florinette qui a remis ce livre-voyageur sur les rails ...ce dont je la remercie chaleureusement !

 

26/12/2008

Heureuse surprise !

Des a priori , j'en avais plein mes poches: l'histoire , dramatique au possible , cette femme  qui veille,en  Afghanistan ou ailleurs, sur un homme dans le coma; le style, que je craignais lyrique.Mais Papillon avait su me tenter, Aifelle aussi (pas de billet pour l'instant ? )et quand  je l'ai trouvé à la médiathèque j'ai sauté dessus.
Bien m'en a  pris car Syngué Sabour, pierre de patience fait voler en éclats tous les clichés que l'on pourrait s'attendre à trouver dans un tel  texte. J'y aivu une tragédie se déroulant inexorablement en un seul lieu, cette pièce où  l'homme est étendu, pièce qui fonctionne comme un aimant, attirant à elle tous les  protagonistes. Peu de personnages,principalement  bien sûr cette femme qui se libère par la parole devant ce corps masculin  qui devient peu à peu pour elle une pierre de patience, "pierre magique que l'on pose devant soi pour déverser ses malheurs, ses souffrances, ses misères...".Cette femme, tiraillée entre rébellion et soumission,soigne son mari mais en même temps l'injurie et lui assène tout ce  qu'elle n'a  jamais osé lui dire: "Cette voix qui émerge de ma gorge, c'est la voix enfouie  depuis des milliers d'années.". Peu à peu se reconstitue l'histoire d'un mariage arrangé,  mariage qui a  peu de réalité , sinon aux yeux de la loi et de la  religion, tandis qu'autour la guerre se déroule et parfois s'immisce dans la maison. Cette épouse sauve ses filles mais parviendra-t-elle à  se préserver ?51ObmiTbmyL._SL500_AA240_.jpg
Il y a une telle vitalité dans ce roman qu'on a envie de crier  : "Vas-y, fais ce que tu dois faire !",révoltée que l'on est devant  la situation qui est imposée au femmes en Afghanistan et ailleurs . Rappelons par ailleurs qu'Atiq Rahini a écrit ce  roman "à la mémoire de  N. A.*-poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari."
Dans une langue fluide  et poétique le romancier célèbre la victoire-même de courte durée- de la sensualité sur l'oppression politique et religieuse. Un prix Goncourt qui restera dans les mémoires .

Syngué sabour. Atiq Rahini.POL.154  pages.

 

*Nadia Anjuman  (25 ans)

17/12/2008

"...c'est l'antagonisme qui crée la beauté."

Ah, il l'a mauvaise Mohamed ! Non seulement sa fille "unique et préférée" Myriam poursuit ses études loin  de lui à Toulon, mais en plus elle vient de lui forcer la main pour qu'il cohabite avec son amoureux, un nommé Gaston Leroux (comme l'auteur, pas la chicorée), un Gaulois pur jus !  Forcément, ça va faire des étincelles (d'autant plus que Mohamed est artificier...).41v8yruyEEL._SL500_AA240_.jpg
Alors, pour  retrouver sa sérénité, le père bougon se réfugie dans les contes et légendes  qu'ils partageaient avec sa fille quand  elle était petite, des contes qui tissent un lien entre le passé de 'Algérie et le présent  parisien.  Mais attention, ces contes qui s'entremêlent savamment avec la  réalité,il y parle "avec des mots d'aujourd'hui.ça  va vite, il fait swinguer les phrases et les mots d'argot.", ils ne sentent pas la naphtaline !
Commencé sur un mode humoristique et léger, le roman,au fil des récits du passé algérien gagne en gravité et profondeur. On sourit d'abord de ce père qui ne veut pas admettre que sa fille n'est plus à lui tout seul. On a le coeur serré quand le roman  se termine  et on  se sent  un peu orphelin à l'idée de quitter ces personnages croqués avec la verve d'Akli Tadjer.

Akli Tadjer. Il  était une fois  peut être pas. JC Lattès.327 pages

D'autres romans  de l'auteur :  ici et ici

10/12/2008

Rhésus , reviens !

Shocking !  Non seulement les Vieux éprouvent  des sentiments mais  ils ont aussi une sexualité active ! L'irruption dans une maison de retraite d'un singe Bonobo  érotomane et gérontophile va rendre l'atmosphère plus qu'électrique !
Héléna Marienské  s'est visiblement beaucoup  amusée  à l'écriture  de ce roman joyeusement  iconoclaste où la  diversité des narrateurs permet tour à tour de convoquer différentes formes d'écriture : journal  intime,  haïkus, poésie...sans oublier des références  à Pantagruel, Ulysse, Homère (avec un Hector  haut en couleurs!).51QZNJRL14L._SL500_AA240_.jpg
La Lectrice (désolée messieurs !)  est parfois prise  à partie  de manière vigoureuse et féroce :  "Récapitulons, depuis  le  début, des  vieux et rien que des  vieux ou  des  vieilles, eux aussi  dans l'attente. Et l'on t'infligerait maintenant,  Lectrice, une  description en règle de corps  décharnés et concupiscents se  livrant à d'inconcevables  débauches ? des mains tavelées, aux veines  turgescentes, aux ongles  incarnés, et secouées de  hoquets plus ou moins parkinsoniens,  vont donc , sous tes yeux horrifiés, s'agiter et précisément  dans le sens  du plaisir, Où va-ton ? "
On croise aussi un premier ministre et un ministre  de l'intérieur qui se haïssent avec ardeur,  plus vrais  que nature ,et l'on se laisse  emporter  par ces flots agités , où l'on  est d'ailleurs soi même souvent secoué de rire. Petit bémol, le dernier chapitre (dont je ne vous révèlerai  pas la teneur) jette une éclairage un peu daté sur ce qui n'a été qu'un feu de paille médiatique et vient  gâcher notre plaisir  en donnant une dimension un peu trop terre à terre à cette lecture par ailleurs jubilatoire. Décapant et réjouissant !

06/12/2008

piqûre de rappel !

Ron l'infirmier s'appelle en  réalité William Réjault, c'est du moins sous cette identité qu'il apparaît sur la couverture de La  chambre d'Albert Camus et autres nouvelles qui vient de sortir en poche.9782290005613.gif

Billet ici !