12/02/2008
"Elle avait simplement voulu commettre un bonheur"
Oui, vous avez bien lu "Commettre" et non pas "connaître" un
bonheur.Mais bien évidemment, quand Sixtine adopte Dalton, croisé de
setter gordon et de levier afghan, emprisonné dans un refuge depuis de
trop longues années, c'est le début d'une très belle relation entre la
jeune femme éprise de liberté et le chien apparemment inapte au
bonheur.
On
sourit quand Sixtine "se dit qu'elle n'avait pas
réalisé à quel point il était gênant de passer une soirée en tête à
tête avec qulqu'un qu'on en connaît pas,qu'il fût humain ou pas. même
s'il ne paralit pas, elle aurait au moins aimé qu'il manifeste plus
d'enthousiasme en découvrant son nouveau confort, qu'il lui témoigne
tout de suite plus de reconnaissance, qu'il se comporte comme une
sorte d'acteur hollywoodien qui traverse le séjour en décrétant qu'il
va prendre une bonne douche et se sert au passage un scotch on
the rocks qui lui fait fermer les yeux de plaisir.".Ou quand elle
trouve le moyen de contourner un règlement imbécile pour ne pas quitter
son chien dans un magasin d'alimentation...On a les larmes aux yeux
quand , enfin, Dalton " manifeste du bonheur , qu'il se révèle capable de quitter son monde des morts sans expression." Bien sûr le
bonheur de l'un va déteindre sur l'autre car "Dalton était devenu un
prétexte de bonheur. ce que Sixtine n'aurait pas fait pour
elle-même, elle le faisait pour Dalton."
En
contrepoint, un peu artificiel à mon goût, nous suivons le périple de
la soeur aînée de Sixtine qui, veuve, quitte les Etats-Unis et rentre
en France avec le vague espoir de renouer avec celle qu'elle connaît à
peine. Un peu caricatural mais amusant ce personnage devient peu à peu
pathétique...
Quant à la fin du roman, elle m'a fait penser à celle, très poétique, du film "Crin Blanc"...
Les
personnages de Far-Ouest
ne sont pas être pas suffisamment fouillés mais en même
temps cela nous donne tout le loisir de compléter à notre guise ce qui
a été esquissé et de passer un excellent moment sur les plages de
l'Atlantique , en mangeant des chouquettes, en compagnie de ceux
qui sont devenus nos amis, Sixtine,
Dalton et la jument Fidèle .
Un premier roman sensible et émouvant de Fanny Brucker ,dédié à ...Dalton !
L'avis de Cuné que je remercie chaleureusement !
06:01 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14)
08/02/2008
La paix, la paix, maintenant.
"Et j'ai écouté l'histoire de Chaïma. Mon histoire. Notre
histoire. ce que l'on peut trouver dans nos veines. A elle et à
moi." Ainsi parle Camille dans les couloirs de l'hôpital de Toulouse où
est en train d emourir sa grand-mère.
Camille , d'origine juive,
Chaïma, palestinienne réfugiée en France et dont les destins familiaux
sesont croisés bien avant cette rencontre entre les deux ados.
Shalom salam maintenant est un récit plyphonique où s'entrecroisent des voix palestiniennes et israëliennes, dévidant le fil de l'Histoire.
Un récit sensible et touchant, où je me suis parfois perdue mais dont je suis ressortie vraiment émue par ces destins.
Rachel Corenblit par ce premier roman donne déjà envie dedécouvir le reste de son oeuvre.
l'avis de Clarabel.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8)
07/02/2008
Cluedo dans la plus grande bibliothèque du monde
La délégation norvégienne, d''Hugo Boris, semble de prime
abord s'inspirer de deux schémas classiques. D'une part des gens, qui,
différents tant par leur nationalité que par leur origine sociale vont
se retrouver dans un espace qui va rapidement devenir clos,
en l'occurence un chalet nordique; d'autre part, un point commun qui
les unit, la chasse, ce qui va donner lieu à quelques récits troublants
, racontés pour se distraire, comme le faisaient les
personnages-prétextes de Maupassant dans le recueil de nouvelles Contes de la bécasse.
Mais
,d'emblée le fantastique confère une toute autre dimension à ce roman.
Cette forêt d'où est issue la majorité des livres publiés en
Europe devient une bibliothèque puis un personnage à part entière
:"Il lui semble marcher entre des piles fragiles de livres élancées
vers le ciel, se surprend à pousser les branches alourdies avec
plus de circonspection, comme s'il avait à coeur de ne pas faire
s'écrouler ces étagères de livres." les chasseurs, dont chaque
sortie ne se déroule pas normalement, seront-ils " digérés et
rejetés " par la forêt?
Livres et forêt, étroitement
imbriqués...L'auteur sème des indices comme el petit poucet et
nosu fait basculer dans un monde où le narrateur principal est
aveuglé par la réverbération de la neige et où le lecteur lui même
devient acteur: à lui d'influer, ou non, sur le cours des
événements en tranchant dans le vif et dans le dernier cahier du livre,
volontairement non massicoté....
Si
Clarabel ne me l'avait pas gentiment envoyé, je doute que
j'aurais sauté le pas vu mon aversion pour les chasseurs.
mais là, bizarrement, mon amour des mots a prévalu et je me suis
régalée avec le vocabulaire technique de la chasse, le style
puissant et efficace de l'auteur. Je me suis laissée prendre au charme
de ce roman qui traite bien plus du pouvoir des livres et des mots
que de la traque des animaux. Une réussite !
L'avis, plus nuancé, de Cuné.
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13)
06/02/2008
"Tout était made in Vian."
Louis et Elsa forment un « bébé-couple » qui se connaît depuis 5 ans déjà et « C’est
long cinq ans, à vingt ».
Habituée par ses parents trotskystes
à manier les mots, Elsa ne supporte plus les silences de Louis. Pour mieux nier
l’évidence et/ou ou tenter de le garder, La jeune femme se lance à corps et cœur
perdu dans une histoire d’amour avec…Boris Vian. Boris Vian dont elle range la
bibliothèque et qui lui apparaît à plusieurs
reprises…
Premier roman de la jeune Lou Delachair, Boris Vian et moi fourmille d’invention
langagière et d’énergie. Le monde des parents est traité à la kalachnikof , « Et je songeais que les vieux couples
finissent toujours par communiquer par porosité, comme les jeans les jours de
pluie, quand l’eau monte jusqu’au genou » mais aussi avec beaucoup de
tendresse.
Malgré quelques longueurs et scories
d’écriture (quelques clichés côtoient de superbes images), on suit le sourire au
lèvres, les péripéties de ces amours (débutantes) qui, on le sait bien,
« finissent mal, en général . »Lou Delachair se crée
un univers poétique et dynamique et pas besoin d’être une groupie de l’auteur de
« L’écume des jours » pour apprécier ce très joli premier roman destiné aux
ados. Un talent à suivre.
06:04 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11)
29/01/2008
Livre à part
Catherine Ternynck, dans sontrès beau texte,Chambre à part, nous
convie à une mise en mots de sa pratique de psychanalyste. Nul
discours théorique, nul voyeurisme mais une écriture au plus près du
ressenti, des émotions.
Dès
la montée de l'escalier, dès l'entrée dans la Chambre, cette Chambre,
si vivante , si réceptive et si bien transcrite par la plume de
l'auteure, le dialogue s'engage.Nécessité pourtant pour l'analyste de
se tourner parfois, pour une respiration, vers l'extérieur: un
mystérieux chat blanc qui passe, voire accompagne les visiteurs ou plus
le souvent l'Arbre qui est "au dehors, le tiers sans lequel dans la
Chambre, il n'y aurait pas d'échange, de rencontre possible."
Le
lecteur glane au fur et à mesure des réflexions dans ces fragments comme autant de
lumignons susceptibles d'éclairer son chemin : "On
ne peut imaginer le nombre de gens qui vivent mal logés en
eux-mêmes. certains n'ont pas su prendre soin du lieu.
D'autres n'ont jamais imaginé qu'on pouvait être bien chez soi et se
sont accomodés. Il faut dire que la tolérance des hommes aux espaces insalubres est extrême, déconcertante.".Ou bien encore: "Le monde irait-il mieux si l'on renonçait
à vouloir le faire parler? Si l'on acceptait, de temps en temps, de le
prendre dans ses bras et de le bercer en silence? ".Et c'est
ce que chacun des visiteurs vient peut être chercher dans la
Chambre...
Une écriture charnelle et puissante à laquelle on ne peut rester indifférent. Une très belle rencontre.
Catherine Ternynck - Chambre à part (dans le cabinet du psychiatre)
Ed. Desclée de Brouwer "Littérature ouverte"
Déjà vendu dans le Nord-Pas-de-Calais, sortie nationale en Mars 2008
Merci à Cuné pour cette découverte qui va m'accompagner longtemps.
06:18 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16)
21/01/2008
Du rififi dans le monde de l'art.
Voilà ce que c'est que d'avoir beaucoup aimé un roman d'un auteur : on risque la déception au suivant ! Toiles de maître, d'Hannelore Cayre, dont j'avais adoré Ground XO ne m'a pas autant convaincue.
J'ai
deviné très vite quel problème historique était sous-jacent, les
personnages m'ont semblé manquer de relief, bref, je n'aurais pas
dû commencer par le dernier roman en date (bien meilleur à mon avis)
mais respecter l'ordre de parution, j'aurais alors pu écrire que
l'écriteure d'Hannelore Cayre allait en se bonifiant ,( comme le
cognac ? )
06:10 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10)
18/01/2008
Brumes
Si Cruelles natures se donne d'abord des allures buccoliques
avec son personnage d'écologue,jadis renommé, qui se balade dans la
Brenne, consignant soigneusement les cadavres d'animaux qu'il rencontre
en chemin, le lecteur qui se sera déjà frotté à l'univers de Pascal
Dessaint sait bien que cette atmosphère brumeuse ne peut recéler que de
noirs desseins...
En contrepoint, les paysages du Nord et quelques
habitants de la région de Dunkerque, trois jeunes dont on devine
rapidement qu'ils ne se contenteront pas de voyager par
procuration avec les pigeons voyageurs, trois jeunes qui vont partir en
vrille ...
Tout l'art du romancier sera d'arriver à croiser ces
destins que tout semble éloigner et à semer mine de rien des indices
destinés à nous montrer que tout n'est pas forcément comme nous le
croyons car si "Après quelques instant de discussion et parfois même
d'un seul regard, il semble qu'on est en mesure de tout percevoir
de certains hommes et qu'il n'y a pas grand chose à
espérer sous la surface. Pour d'autres, en revanche, tout se
situe en profondeur. ceux-là ne se dévoilent jamais totalement et
obligent à l'effort."
Fourmillant de noms d'oiseaux et de plantes,
ce roman donne l'irrésistible envie de partir se promener dans la
région évoquée mais l'auteur signale dans sa postface qu'il est
resté "vontairement vague afin de préserver la tranquillité des hommes
et des animaux".
Avec un seule tortue et une voiture, Dessaint arrive à créer un suspense tellement insoutenable que je n'ai pas résisté; je suis allée directement à la fin du livre pour voir si l'animal s'en sortait !
Seule restriction :un passage scatologique dont je cherche encore l'utilité...
le site de l'auteur, originaire du Nord et on se demande pourquoi, installé à Toulouse ...
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14)
16/01/2008
Maison pleine de charme cherche acquéreur
Quatre personnages en quête de maison. Quatre personnages en
quête d'une place dans le monde, un endroit où se retirer, un endroit
où se sentir enfin soi même...
Pour certains cette quête se trompe
d'objet, ce n'est pas une maison qu'ils cherchent vraiment mais
un nouveau souffle à leur vie. Pour d'autres,cette maison sera le
révélateur que tout ne va pas bien dans leur existence.Pour un
troisième personnage enfin, cette maison n'était qu'un chiffon agité
pour détourner l'attention mais , les charmes du Vexin sont puissants !
L'actuel propriétaire de la maison, qui croit manipuler les uns et les
autres, les rudoyant et les charmant tour à tour , se trouvera peut être
lui aussi mis à nu par cette maison qu'il ne connaît pas
vraiment...
Deux hommes, deux femmes à des moments charnières de
leur existence queAgnès marietta sait rendre attachants même si
j'aitrouvé que les persannages masculins étaient mieux croqués, peut
être parce que moins encombrés de monologues intérieurs que ceux de
l'écrivaine ,"mauvaise-mère", "mauvaise-fille" ou de la femme parfaite
qui se rend compte soudain qu'elle est en train de passer à côté
de sa vie .Alléger un peu leurs pensées aurait donné davantage de
rythme peut être à l'ensemble.
Il n'en reste pas moins que j'ai passé un très joli moment avec les personnages de N'attendez pas trop longtemps.
06:13 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12)
30/12/2007
Pour les fans de...
Marie Desplechin avec "Copie double" et Malika Ferdjoukh
avec "Le mystère de Greenwood" sont toutes les deux dans le "Je
bouquine"-premier magazine de lecture pour les ados- de Janvier.
Si
je ne suis pas trop rentrée dans le roman de Desplechin, histoire
d'une fille qui en imite en tout une autre, pas assez creusée à mon
avis, j'ai savouré le récit à la limite du fantastique de Malika
Ferdjouhk.
Si vous aimez les histoires se déroulant dans la lande
anglaise, pleines de mystères etde brumes, précipitez-vous chez
votre marchand de journaux !
08:47 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11)
26/12/2007
Faits d'hiver # 3
Mc Cash n'aime pas Noël. Mc Cash n'aime pas grand monde d'ailleurs, sauf le leader du groupe Clash et en particulier La jambe gauche de Joe Strummer.
Même
s'il vient de donner sa démission de la police,se laisse pourrir sur
pied et envisage de passer de l'autre côté,un courrier providentiel
vient lui apprendre qu'il est père d'une petite fille.Cela le met
plutôt en rogne mais la curiosité est la plus forte et le voilà parti
en Bretagne pour si ce n'est rencontrer mais du moins apercevoir sa
fille."Une orpheline retrouve miraculeusement son père, ancien
activiste expulsé d'Irlande et devenu inspecteur de police pour se
racheter un avenir affectif en toc massif,mais comble de malchance, le père,gangrené jusqu'à la moelle, préfère se tirer une
balle dans l'oeil !"Voilà comment le personnage principal ironise sur la situation.
Mais MCCash le borgne trouve toujours le moyen de se fourrer dans les ennuis et les cadavres pleuvent bientôt autour de lui...
L'intrigue
est plutôt paresseuse, on se doute bien que le père bougon en
diable va finir par se laisser attendrir par sa fille mais c'est
surtout le style de Caryl Férey qui donne tout son punch au roman , "Le contenu des dossiers s'avérant aussi trépidant que la vie d'un gravier..." , ainsi que les personnages,que ce soit ce ronchon de Mc Cabe ou l'assistante sociale pas piquée des vers qu'il rencontre sur son chemin. Le tout scandé par des titres de Clash qui donnent leur nom aux chapitres , "Rock the Casbah", nous valant un petit détour au Maroc, où Mc Cab , fidèle à lui même, s'étonne que les gens dans la rue lui sourient : "Mc Cabe s'était même demandé un moment s'il n'était pas suivi par une espèce de clown à la con, mais il finit par s'y faire".
Je vous souhaite plein de sourires dans la rue...
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19)