30/10/2007
Légère déception
Est-ce parce que j'avais été très enthousiaste à la lecture du premier roman de Raphaëlle Moussafir que le deuxième ne m'a pas autant plu ?
La surprise du ton juste était émoussée et j'ai lu avec le sourire mais sans plus cette découverte des premières ébauches d'émois amoureux de Rachel.
La préface d'Arnaud Cathrine est fort plaisante à lire car elle évoque les livres qu'on ne peut pas lire en public, entre autres ceux qui nous font rire tout haut (et dans lesquelsi ls placent ceux de Moussafir).
Il ne faut également pas oublier ceux qui ont une couverture hideuse et/ou peu représentartive du contenu du livre.
Peut être faudrait-il donc songer à réhabiliter ce qui existait dans les années 70 : des sortes de protège-cahier en cuir (des liseuses) qui,quand elles étaient offertes, contenaient une boîte de chocolats,histoire de doubler le plaisir. Bon,j'avoue,je mangeais les pralines mais ne me servait jamais de la liseuse !
06:10 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14)
19/10/2007
"Attendez-vous à savoir..."
A Paris,en cette fin de guerre d'Algérie Omar, dix ans, porteur de cartable pour le FLN va rencontrer Raphaël, jeune "pied-noir" rapatrié qui, sans le savoir va occuper avec sa famille, le logment que convoitait la famille d'Omar.
Mais les deux enfants ont plus de points communs que ne le voudraient les événements historiques et c'est un récit à la fois tendre et drôle que nous livre ici Akli Tadjer.
Toute une époque revit sous nos yeux et au fil du roman s'entrelacent paroles de chansons et vers de poèmes, dans une fluidité exceptionnelle. On oscille tout au long de ce texte entre rire et émotions, alternant entre une leçon de baiser hilarante (page 222 pour ceux qui en auraient un besoin urgent), dont je vous livre juste un conseil essentiel : "je ne dois pas enfoncer ma langue trop profondément dans sa gorge car si elle rencontre ses amygdales ça peut l'asphyxier et ce n'est pas bien" et une réalité qui reste néanmoins cruelle.
Pas de manichéisme dans ce récit sensible et attachant (on a envie de faire la bise aux personnages et de savoir ce qu'ils sont devenus), dont je regrette juste un peu la fin, trop idéaliste à mon goût...Mais un vrai bonheur de lecture qui vous donne le sourire durablement!
Merci encore au passage à Akli Tadjer pour sa disponibilité et sa gentillesse. (Hé oui, les auteurs se déplacent même dans le Nord de la France ! )
Ce texte a obtenu le prix Maghreb-Méditerranée-Afrique de l'ADELF- Ville de Paris et a été adapté à la télévision mais même si vous l'avez vu , précipitez-vous sur le livre !
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18/10/2007
Rachel, 9 ans et pas sa langue dans sa poche...
Attirée par la couverture et le titre, rebutée par la 4 ème de couv' qui convoque à la fois Le petit Nicolas et Zazie dans le métro (ainsi que par le prix ,13 euro 50 pour 111 pages), j'hésitais toujours. mais j'ai sauté dessus quand je l'ai vu à la médiathèque et j'ai bien fait !
La préface d'Howward Buten m'a mise en confiance et et j'ai vite été prise par l'histoire de cette petite Rachel qui observe le monde des adultes avec acuité et impertinence,"C'est bien ce que je dis,décidément les parents heureusement qu'ils filent pas dans leur chambre chaque fois qu'ils sont à côté de la plaque, parce que sinon, il resterait plus grand monde à table". Sa copine , Hortense n'est pas en reste d'ailleurs, elle qui constate avec une logique imparable : "Les péchés font partie des obligations de l'existence, figure-toi Rachel.Si j'ai rien à confesser,soit le père Nérac sera déçu, soit il me prendra pour une menteuse, et je ne peux pas trop me permettre de le contrarier avant ma première communion si tu vois ce que je veux dire."
Le récit est rythmé par les séances avec Mme Blabla "psychologue pour enfants persécutés" et on est partagé entre le rire et l'émotion , par les efforts de Rachel pour s'intégrer tout en gardant sa liberté de ton.
Il y avait Du vent dans les branches de sassafras et désormais il y a Du vent dans mes mollets et une auteure, Raphaële Moussafir, que je vais suivre, j'en suis certaine avec ce titre, toujours dans la collection "les mues", décidément fort riche .
(Rien que le titre m'enchante !)
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16/10/2007
Bloomsbury, mai 68 , même combat ?
Titillée par l'avis de Florinette , je me suis empressée de lire Le journal deYaël Koppman de Marianne Rubinstein.
La narratrice de ce journal, Yaël, enseigne l'économie à la fac et nonobstant les conseils de sa cousine Clara qui travaille dans l'édition, plutôt que d'écrire de lachick litt,effectue des recherches sur la nièce de Virginia Woolf, Angelica.
Pas dupe,Yaël se rend bien compte que qu'Angelica lui "tend un miroir" quant à sa ralation avec sa mère. Elle est très lucide également en ce qui concerne ses aventures amoureuse et le comportement de ses ami(e)s.
Alternant sourires et émotion, parfois teinté d'un léger cynisme, ce roman est une réussite car l'auteure sait créer un univers qui n'est pas sans rappeler parfois celui de Stephen Mc Cauley. Elle dépoussière aussi au passage l'image que l'on pouvait sefaire du groupe de Blomsbury et éclaire d'une manière originale l'oeuvre de David Garnett, La femme changée en renard. De l'érudition donc mais pas du tout indigeste, car les personnages sonnent justes et vrais.
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13/10/2007
Portrait sensible
ça y est,j'ai dévoré en une soirée L'enchanteur et illustrissime gâteau café-café d'Irina Sasson dont je n'ai entendu parler nulle part ailleurs que sur les blogs...
En un peu plus d'une centaine de pages, l'auteure, Joëlle Tiano nous conte la vie de celle qui est maintenant centenaire, Irina, qui a subi les remous de l'Histoire et a vécu dans plusieurs pays, parlant plusieurs langues ,mais surtout celle du coeur.
Dans une langue poétique, flirtant avec la magie, Joëlle Tiano entrelace souvenirs et recette du gâteau, différant sans cesse la divulgation du texte complet, au gré des souvenirs d'Irina. Cela crée un effet d'attente et en même temps donne une armature solide au récit.
Je n'aime pas le café (et donc je ne réaliserai pas le gâteau en question) mais là j'ai été sous le charme de ce livre.
Merci donc à Val !
L'avis de Laurence
Ps: comme le hasard fait bien les choses, je viens de trouver à la médiathèque un autre volume de la collection "les mues". Affaire à suivre ...
05:58 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (29)
11/10/2007
Allégeons-nous de nos cailloux
Corinne Dollon , dans L'essence des maux ,réussit à nous faire partager sans pathos la souffrance de personnages que la vie a fracassé mais qui réussissent à remonter vers la lumière. On sent beaucoup d'empathie de la part de l'auteure qui sait nous la faire partager.
Secret de famille à double-rebond (j'avoue que j'avais anticipé le deuxième), la trame narrative du roman nous emporte dans une lecture ininterrompue même si un épisode avec le peintre m'a paru un peu trop convenu.
J' ai également été un peu gênée par le style lui aussi un peu trop à fleur de peau de l'auteure et les adjectifs répétés m'ont embarassée comme une nuée de moucherons.
J'aime les images et j'ai regretté de pas en trouver dans ce roman.Néanmoins, Corinne Dollon, par sa sensibilité et sa fraîcheur m'a séduite et j'ai lu d'une traite ce roman touchant et beau.
A la fin du livre, j'ai aussi apprécié la liste des ouvrages lus pendant la rédaction du roman ainsi que celle des disques écoutés.
Quant au rebondissement qui a eu lieu dans sa propre vie et que nous confie l'auteure, il nous montre une fois de plus qu'il n'y a pas de hasard...
L'avis de Flo qui m'a donné envie de la lire.
Le site de l'auteure.
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08/10/2007
"Il ya tant de mots qui se perdent de par le monde"
Et toujours en été , de Maïté Bernard est le récit d'une double construction : celui d'une jeune femme, Ilona, dont le journal scande le roman, et celui d'une famille que la dictature argentine a fait éclater.
Thomas, le père recherché par la police française pour des faits commis en 1976 en Argentine doit fuir la France. Pour cela ses filles, Ilona et Malena, l'accompagnent le long du canal du midi.. C'est l'occasion de reconstituer le puzzle d'un passé douloureux.
Dans un premier temps, j'ai été fort agacée par le comportement puéril d'Ilona qui collectionne les aventures, faute de pouvoir garder celui sur qui elle a jeté son dévolu depuis fort longtemps.Mais petit à petit, sa recherche d'une famille de substitution dans une sorte de "secte", son évolution vers plus de stabilité, de maturité et sa recherche du passé, révélée de manière subtile et parfaitement agencée m'ont séduite.
J'ai retrouvé ici des thèmes déjà rencontrés dans Clarabel
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24/09/2007
Un univers qui se délite mine de rien...
N'ayant pas une grande passion pour les auteurs français et encore moins pour les couvertures hideuses, il a fallu toute le talent de persuasion de Tamara et de Chiffonnette pour que je me lance dans Le cri de Laurent Graff.
Hé bien,merci les filles !
Jai dévoré ce très court roman que j'ai trouvé tout à la fois désorientant et structuré.
La vie de péagiste ne semble guère passionnante mais le héros de Graff semble totalement s'en accommoder Très rapidement, mais de manière quasi imperceptible, ce monde psychorigide va glisser vers tout autre chose,un univers dont les modifications sont peut être liées au vol du tableau de Munsch, "le cri".
Les personnages tentent de donner un semblant de cadre à leurs vies dans cet univers qui se délite, où "Le temps n'a plus d'aversaires et prospère librement".
Difiicile de résumer sans éventer les surprises ce roman qui oscille sans cesse entre (fausse) banalité et fantastique.
Laurent Graff tient son pari jusqu'au bout gâce à une langue fluide et une structure parfaitement huilée. la fin ne m'a absolument pas déçue mais au contraire donne un tout autre éclairage à l'ensemble du texte.
Me voici prête à poursuivre la découverte de cet auteur !
Plein d'autres blogs ont dû parler de ce roman lors de sa sortie, n'hésitez pas à mettere vos liens !
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19/09/2007
"Tu ne dois pas mourir , Emma !"
Elisabeth Combres dans La mémoire trouée réussit le pari délicat de nous faire comprendre au plus près des victimes le génocide qui s'est déroulé au Rwanda en avril 94.
S'inspirant de rencontres et de témoignages, l'auteure a su nous faire partager le parcours d'une petite fille ayant échappé au génocide, qui se retouve sans famille et qui , recueillie par une vieille femme Hutu, ne peut avancer dans la vie, freinée qu'elle est par son absence de passé.
La rencontre d'autres personnages eux aussi victimes ,mais de manières différentes ,de cette folie meurtrière organisée l'aideront à remonter vers la lumière .
Avec énormément de délicatesse,sans sombrer dans le pathos, Elisabeth Combres nous offre une approche à la fois sensible et informée du génocide Rwandais.
Un livre nécessaire.
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14/09/2007
Fantômes
En attendant de recevoir le roman de Maïté Bernard que j'ai commandé,j'ai patienté en empruntant à la médiathèque sonpremier roman, Fantômes.
Après avoir vécu six ans avec Benoît avant de l'épouser, Lisa se retrouve seule le lendemain de ses noces. Aidée par un frère et un ex opportunément dans la police, ainsi que par une fenêtre, opportunément laissée ouverte, elle va remonter la piste de son époux disparu et se rendre compte que le passé, en l'occurence ce qu'on appelait à l'époque "les événements d'Algérie" continuent à avoir des répercussions sur son présent.
Cette quête m' a laissé des sentiments mitigés. Autant j'ai aimé le style de l'auteure et sa manière de revisiter l'histoire de la décolonisation algérienne ,autant j'ai été sérieusement agacée par son héroïne.
Qu'elle soit narcissique , d'accord ,mais qu'elle soit sans cesse en train d'espérer le regard des autres devient à la longue exaspérant. Elle a fortement conscience d'incarner des stéréotypes et d'en jouer pour mieux manipuler ceux qu'elle croise mais cela ne s'arrête jamais. A la fin ,j'en arrivais à croire que Benoît, ce n'était pas le fait que son père soit lié aux troubles algériens des années 60 qui l'avait fait fuir mais l'attitude de son épouse !
Il n'en reste pas moins que l'héroîne a de l'énergie a revendre et que le style pêchu de Maïté Bernard m 'a totalement conquise.
06:31 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)