12/04/2018
Les vieux ne pleurent jamais...en poche
"C'était une forme de sagesse , sans doute, que proposait Janet, continuer de prétendre au titre, refuser ce jugement sur nous-mêmes que tant d'attitudes insidieuses envers nous relayaient pourtant."
Judith Hogen ne se satisfait pas des maigres occupations, stéréotypées et moutonnières, offertes aux personnes âgées aux États-Unis. Découvrant incidemment une photo ,notre héroïne décide qu'il est temps de renouer avec un passé français qu'elle voulait aboli.
Elle part alors pour son pays natal, là où habite l'homme de la photo.
Réflexion à la fois enjouée, acérée et pleine de bienveillance sur le temps et l'identité, Les vieux ne pleurent jamais est un roman où l'on retrouve avec plaisir le style précis, poétique et imagé de Céline Curiol.
Des scènes très très drôles- la visite de l'usine de glaces Ben & Jerry d'un troupeau de personnes âgées, cornaqué par une jeunette survoltée- est un morceau d'anthologie- alternent avec la découverte d'un parcours de vie dont nous découvrons au fur et à mesure les fêlures.
Si j'ai été moins enthousiasmée par la partie française, un peu convenue à mon goût, il n'en reste pas moins que Judith Hogen et sa fantasque voisine ont de la ressource !
Un bon moment de lecture ! 324 pages piquetées de marque-pages.
06:01 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline curiol
11/04/2018
A la place du coeur saison 3
"On cherche tous la même chose: un vivant à proximité, une âme à portée de la main, un baume à consommer sur place."
Le roman de Caumes, extrêmement autobiographique, vient de paraître. Il y relate ce que les saisons précédentes racontaient: ses réactions face aux attentats de novembre, son histoire d'amour avec Esther. Mais changer juste les prénoms des véritables protagonistes est-il suffisant ?
Esther réagit violemment à cet étalage de sa vie privée et quitte Caumes. Le voilà donc tiraillé entre une célébrité naissante (et encombrante) et sa volonté de reconquérir celle que l'écriture lui a fait perdre.
Toujours aussi à fleur de peau, Caumes nous embarque cette fois encore dans un maelstrom de sentiments et dans une actualité proche: les dernières élections présidentielles.
Un roman passionnant- qui se lit d'une traite- sur la jeunesse contemporaine.
Robert Laffont 2018.
Saison 1
saison 2
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : arnaud cathrine
10/04/2018
La péninsule aux 24 saisons
"Ainsi donc, il était facile d'abandonner des choses ! Je n'en revenais pas. Quand avais-je perdu cette insouciance, cette légèreté ? "
Une femme quitte Tokyo et part s’installer seule sur une péninsule où elle vivra plus attentive aux changements de la nature, plus proche de ses voisins mais aussi d'elle-même.
Un thème que j'adore mais qui, ici ,est traité de manière très plate du point de vue du style. Je suis restée à distance de ce personnage qui se livre très peu (ce n'est pas un défaut , loin s'en faut) tout au long de ce texte et pourtant je partais avec un a priori très favorable.
Mirontaine a été séduite.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : mayumi inaba
09/04/2018
Le chagrin d'aimer
"- Je ne me résignerai jamais à avoir engendré un être aussi conventionnel que toi, dit-elle en égrenant un rire perlé et en montrant les dents."
Quelle personnalité que celle de la mère de Geneviève Brisac ! Petite fille gréco-arménienne, elle se marie, écrit des feuilletons pour la radio tout en fumant comme un sapeur, appelle les CRS mon chou, vole la vedette à sa fille lors d'un atelier d'écriture que cette dernière est censée animer ou s'exhibe en maillot de bains sur le trottoir d'un magasin alors qu'elle est déjà très âgée.
Oui, mais voilà, certaines femmes ne sont sans doute pas destinées à devenir mère et si elles le deviennent, ce n'est pas une sinécure pour leurs enfants...
Geneviève Brisac nous propose ici, sous forme de chapitres parfois courts, un portrait éclaté de sa mère. C'est vif, enlevé mais il y sourd parfois Le chagrin d'aimer qui donne son titre à l'ouvrage. à lire d'une traite ou à picorer.
Grasset 2018.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : geneviève brisac
08/04/2018
La cartographe...en poche
"et se cacher dans une petite mort prudente pendant des heures et des heures, qui ne paraissent que des secondes lorsqu’on se réveille."
Pas d'effets de manche, de nouvelles à chute dans ce recueil de Tove Jansson. Tout y est empreint de subtilité et de très fines observations. A l'instar du dessinateur de la nouvelle "Le loup" qui observe un animal sans rien faire et ne le "croquera" en quelques traits que peut être des années plus tard quand il en aura saisi l'essence , Tove Jansson va ici à l'essentiel .
On ne se lasse pas de la lire et de la relire, tant son écriture est précise et fait souvent la part belle à un humour teinté de noir. Si vous avez aimé son précédent recueil L'art de voyager léger, précipitez-vous sur celui-ci. Et c'est en poche !
de la même autrice: clic.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : tove jansson
06/04/2018
Tant bien que mal
"Je lui dois le petit peuple de mes cauchemars. Je lui dois une myriade de troubles obsessionnels.Je lui dois mon inaptitude chronique à la décision.Je lui dois des litre de sueur. Je lui dois des idées noires et quelques crise de nerfs."
Il n'en a parlé à personne. Pourtant ce petit garçon qui a accompagné l'homme à la boucle d'oreille dans la Mondeo blanche pour l'aider à retrouver son chat n'a pas oublié. Comment le pourrait-il ?
Quand vingt-trois ans après les faits, il reconnaît la voix de l homme, comment va-t-il réagir?
En 90 petits pages, Arnaud Dudek relate le parcours d'un renversement subtil et efficace de situation. Tout est suggéré et donc bien plus efficace et poignant. On suit, pas à pas, le récit de ce futur père et écrivain et on a le cœur serré.Tout est dense et pudique, parfaitement réussi dans le dosage de l'émotion.
En plus, dans "lignes de suite"comme d'hab', l'auteur nous donne des nouvelles, histoire de mieux maintenir le lien avec son lecteur. On peut le rassurer: il nous a bien fait tanguer. Une pure réussite qui file sur l'étagère des indispensables.
Alma Éditeur 2018.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : arnaud dudek
05/04/2018
La femme murée
"Disons qu'elle fait un avec sa construction. Qu'elle a autant le bâti dans le corps que le bâti est elle. Une double carapace. Elle n'a jamais fait la différence entre sa constitution et sa construction. C'est peut être une maladie..."
Marginale, "méconnue, méprisée, incomprise.[...] Orpheline tout court", telle est Jeanne Devidal (1908-2008).
Surnommée la folle de Saint Lunaire, elle bâtit inlassablement une maison faite de bric et de broc qui débordait sur la route et abritait un tilleul en ses murs.
Si cette passion bâtisseuse n'est pas sans évoquer celle d'un facteur Cheval, Fabienne Juhel nous immerge dans la pensée de cette femme qui n'a pas du tout les mêmes motivations que le créateur du palais idéal.
L'auteure édifie, chapitre après chapitre, les différents éléments de cette construction atypique. Elle est pleine d'empathie pour cette femme qui se dit en contact avec ceux qu'elle appelle "les Invisibles" , ce qui lui vaudra plusieurs séjours en hôpital psychiatrique , électrochocs à la clé. Ce qui nous apparaît d'autant plus intolérable quand on apprend le passé de celle qui fut une résistante torturée par les Allemands durant laSeconde guerre mondiale.
C'est par une série de coïncidences que Fabienne Juhel a eu connaissance de cette"Sisyphe femelle des temps modernes" qui ne possédait même pas une pierre tombale à son nom. Mais nul doute que cette rencontre par-delà le temps était inévitable tant l'auteure de La femme murée , avec son style sensible et poétique ,a su nous rendre proche et inoubliable Jeanne Devidal. Un texte dont on pourrait corner toutes les pages tant l'écriture est belle et poignant le personnage de Jeanne dont le destin est emblématique de tant de femmes courageuses, marginales que la société s'employa à faire céder.
Un texte qui file, bien évidemment, sur l'étagère des indispensables.
le Rouergue 2018
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : fabienne juhel
04/04/2018
Dîner avec Edward
Sous l'amicale pression d'une amie, Isabel accepte de dîner régulièrement avec le père nonagénaire de cette dernière. Repas raffinés, nécessitant des préparations complexes, mais aussi réflexions sur l’existence sont au menu.
Un texte agréable à lire, mais qui , au fil du temps distille un ennui poli. Edward est charmant mais n'a pas su me séduire. On avait déjà eu "Mange, prie, aime", nous avons droit ici à Mange et aime. Un peu court non ?
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle.
06:10 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (0)
03/04/2018
Aujourd'hui tout va changer ...en poche
06:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
Chez nous
"Chez nous, on entendait le murmure des arbres dans les bois."
"Chez nous", phrase rituelle qu'on entend quand on évoque sa famille, son chez soi . "Chez nous", leitmotiv qui scande les 87pages de cet opuscule, illustré par l'auteure, dessins dont les inspirations sont citées en fin d'ouvrage.
Souvent très courts, ces paragraphes commençant rituellement par la même formule, évoquent par petites touches ,une famille où l'on était "nés dans un monde voué à disparaître." Un monde où l'on se réjouit de l'arrivée d'un Cora, où les pensionnaires d'un hôpital psychiatrique vont faire des courses, en reviennent le sourire aux lèvres, ce qui vaut à l’expérience, le nom de "Corathérapie". Un monde encore rural mais qui se verra bientôt grignoté par les zones commerciales uniformisées, "Chez nous, les gens étaient façonnés par les paysages de leur enfance."
C'est aussi l'histoire d'une famille modeste , dont on disait que c'était "une famille de braconniers"," où" le mot solidarité avait du sens " mais où on pouvait aussi se réjouir que le malheur frappe à côté. Portraits contrastés, sans idéalisation, qui parleront à chacun de nous sans pour autant exhaler de nostalgie. C'est toute une époque qui se donne à voir d'une manière impressionniste et très touchante.
Grasset 2018
06:00 Publié dans Autobiographie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : géraldine kosial