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07/02/2018

Le paradis des animaux...en poche

"C'était un mensonge. J'étais un homme qui tissait des promesses sur la trame de la tristesse, le genre de promesses que la vie avait bien peu de chances de vous permettre de tenir."

Les personnages des douze nouvelles composant ce recueil sont des gens ordinaires. Ils ne sont pas "stupides" mais, pour certains d'entre eux" simplement sous-performants, des gens qui ,après l'université , avaient opté pour la sécurité d'un travail facile."david james poissant
Leurs narrateurs, à une exception près, sont des hommes qui ne savent pas forcément maîtriser leurs émotions et que la vie a pas mal malmenés, sans que forcément ils réagissent de la manière adéquate, sans jamais être tout à fait à la hauteur des attentes de leurs compagnes..
David James Poissant, dans un style extrêmement évocateur, nous les peint avec beaucoup de délicatesse, sans jamais les juger. De petites touches d'humour émaillent ces textes extrêmement touchants mais sans pathos, où l'on sent une grande maitrise de l'écriture et un grand sens de l'observation.
Des situations sur le fil du rasoir (le groupe de paroles où les participants se livrent, de manière implicite, à un concours de malheurs ), les regrets, les remords, les rancunes, sont toujours éclairés de lueurs d'espoir, parfois malicieuses comme la fin de "James Dean et moi", mettant en scène un Beagle jaloux.
Quant au père du texte inaugurant ce recueil qui balance littéralement par la fenêtre son fils quand il découvre l'homosexualité de ce dernier, une chance de rédemption lui sera peut être offerte  le temps d'un road-trip cathartique , empli de souvenirs ,dans la nouvelle qui clôt le livre.
Une découverte qui file directement sur l'étagère des indispensables !

06/02/2018

Les héroïne de cinéma sont plus courageuses que moi

"Des mecs avaient bien tenter de la brancher à Miami, mais elle les confondait tous avec les alligators."

 En 26  textes, comme autant de courts-métrages empruntant aux formes les plus diverses  (souvenirs, entretien fictionnel ou pas,  mélo flamboyant( Miracle en Alabama )façon d'un match de boxe de légende...) Guillaume Guéraud dit son amour du cinéma et son féminisme. Il remet en lumière des héroïnes oubliées du septième Art , se balade avec aisance des films à gros budgets au cinéma d'auteur et ne se limite pas, loin s'en faut aux cinémas français et américain.guillaume guéraud
Éclectique et passionné, il fait partie de ces conteurs qui savent tout à la fois instruire et captiver. Nous apprenons ainsi au passage que Gainsbourg"n'a pas inventé un seul traître mot de sa chanson"consacrée à Bonnie Parker, texte par ailleurs cité dans le film, sans que jamais soit mentionnée la véritable auteure de ce poème prémonitoire: Bonnie Parker elle-même.
Un livre passionnant qui se dévore d'une traite.

 

Éditions du Rouergue 2018, 187 pages vibrantes .

05/02/2018

Traité de savoir-rire à l'usage des embryons

"Je n'accorde pas une grande importance à cette qualité rare, la fidélité, mais de là à vivre avec un compagnon infidèle..."

"Sur l'échelle Richter du ridicule, on frisait le 9.", constat lucide de la narratrice, jeune écrivaine, tombée amoureuse via les bons services d'un entremetteur farfelu, d'un homme plus âgé qu'elle, éditeur de suroît, mais heureusement pas dans la maison qui l'édite.anne akrich
Enceinte, elle décide d'écrire à son fœtus un Traité de savoir-rire à l'usage des embryons , afin de lui présenter l'histoire d'amour de ses parents, deux être follement atypiques, de leurs familles respectives, tout aussi farfelues, mais dans des genres très différents, le tout assaisonné de mauvaise foi patente et de "Fais ce que je te dis , pas ce que je fais."
Dégommant tous les clichés, on suit avec jubilation les tribulations des ces deux amoureux improbables au fil de chapitres ayant en ouverture des citations , souvent connues, mais qu'on a plaisir à retrouver ou à découvrir.
Un livre drôle et enlevé qui fustige aussi avec humour tous les travers de notre société de consommation liés à la grossesse , travers dans lesquels la narratrice ne peut évidemment s'empêcher de tomber. Un pur régal !

Merci à l'éditeur et à Babelioanne akrich

04/02/2018

Les Furies ...en poche

"Je ne sais pas si je dois vous gifler ou vous embrasser.
-C'est l'histoire de ma vie, rétorqua Mathilde."

Enfant choyé, adolescent turbulent, Lotto est exfiltré par sa très riche mère, placé en pensionnat. Il part ensuite à l'université (Vassar) où il enchaîne les conquêtes d'un soir et découvre sa vocation de comédien. La rencontre avec Mathilde est éblouissante. La pureté de la jeune femme fascine Lotto. Ils s’aiment, se marient deux semaines plus tard, au grand dam de manman (sic) qui coupe les vivres.
Bohème enjouée. Mathilde fait vivre le ménage jusqu'à ce que Lotto découvre ses talents de dramaturge et accède à la notoriété. Couple en apparence parfait, Mathilde se fond sans rechigner dans l'ombre du grand homme.Mais "Le mariage est un tissu de mensonges. Gentils pour la plupart. D'omissions." et tout va bientôt se fissurer.lauren groff
Commencé de manière plutôt classique le roman de Lauren Groff ne ménage pas les surprises et ce jusqu'à la toute fin des Furies. Pourtant si la première omission est théâtralisée par celui qui la révèle, tout se fait de manière subtile et nous ne découvrons que progressivement les failles des personnages, leurs faiblesses soigneusement cachées, ce qui nous les rend d'autant plus proches. Nous ne tranchons jamais ,et si les pièces du puzzle se mettent peu à peu en place, l'impression d'ensemble reste une formidable maîtrise de la forme et un style tout en retenue mais où les vacheries ne sont jamais absentes. Un roman fascinant .

Et zou, sur l'étagère des indispensables !

Les Furies, Lauren Groff, traduit de l'anglais (Etats-Uis) par l’excellente Carine Chichereau

01/02/2018

Peggy dans les phares

"Il me fallait perdre du temps, m'imaginer que les choses n'étaient pas tellement plus extraordinaires, me dire qu'il fallait me contenter de ce que la vie me donne, me perdre dans ces chemins sauvages pour m'ouvrir au monde qui était le tien, et connaître enfin avec toi le grand vertige d'aimer."

Peggy Roche, comme beaucoup, je l'ai découverte grâce au film de Diane Kurys, Sagan. Mannequin, styliste,journaliste de mode, elle était celle que l'on n'invitait pas, celle qui devait faire semblant de ne pas habiter avec l'autrice de Bonjour tristesse, celle à qui on demandait de se pousser hors du cadre de la photo. Sagan lui demandait l'impossible: être présente en permanence et savoir deviner quand s'effacer.marie-hélène lacasse
Marie-Eve Laccase, avec une élégance  digne de son personnage, place enfin Peggy dans les phares , retrace sa vie, sans juger ni tomber dans le dolorisme.  Françoise Sagan et Peggy Roche sont ici présentées avec leurs qualités et leurs défauts, leurs amours indécises, leurs fulgurances et leurs fêlures.
C'est aussi toute une époque qui se donne à voir et Marie-Eve Lacasse réussit le pari de mettre Peggy en pleine lumière sans pour autant sacrifier son écriture. Nous n’avons pas affaire ici à une simple documentariste mais à une romancière talentueuse.Un grand plaisir de lecture.

31/01/2018

L'éternel rival...en poche

jane gardam"Il est vrai, se dit-elle, que personne ne connaît vraiment le passé d'autrui.Pourquoi devrions-nous le connaitre ? Dès la sortie de la matrice, nous habitons des mondes différents."

 

 Avec L'éternel rival se clôt  brillamment la trilogie dite "Des enfants du Raj". Personnage le plus mystérieux, le plus romanesque donc, dont la vie engendre de nombreuses "légendes", Terence Veneering est peut être celui qui reste le plus surprenant.
Rival tant dans le travail qu'en amour du juge Filth, ce héros aux origines controversées, nous est dépeint au soir de sa vie . S'il se remémore le passé, il ne l’idéalise pourtant pas, ce qui nous vaut un portrait sans fard de son amante, Betty.
Personnages excentriques et toujours vaillants en dépit de leur grand âge, tous sont dépeints avec bienveillance et nous entraîne dans un récit qui évite toutes redites et ne lésine pas sur les révélations. Un final parfaitement réussi !

30/01/2018

Et soudain, la liberté

"Ce que les mères reportent sur leurs filles, tout de même. Ce qu'elles leur demandent, souvent silencieusement. Ce pacte qu’elles signent ensemble de leur sang partagé."

Récit d'une double émancipation ,parfois erratiques,  celle de la mère d'Evelyne Pisier et la sienne, ce roman avait au départ tout pour me plaire. evelyne pisier,caroline laurent
Que l'autrice n'ait pu terminer son livre, que son éditrice ait pris le relais, poursuivant par delà la mort le dialogue entamé avec ferveur entre les deux femmes de générations différentes n'était en soi pas gênant, bien au contraire.
Non, ce qui m'a vraiment dérangée est que ce qui est annoncé comme un roman (à tendance clairement autobiographique) exhibe ses coutures, sa fabrication : on nous énonce ce qui est inventé ou non,un personnage public est clairement identifié à une page et renommé quelques pages plus loin.
Dans un tout autre genre, j'ai  ainsi nettement préféré le premier roman d'Isabelle Carré qui nous indique avoir inventé certains faits, sans pour autant nous donner les clés et  nous plonge ainsi plus efficacement dans la magie romanesque.

Lu dans le cadre du grand prix des lectrices de Elle.

29/01/2018

Les soeurs Brontë la force d'exister

"La lecture permet de savoir où l'on veut aller, qui l’on veut devenir. Elle peut révéler, aussi, ce qu'on ne voit pas de soi-même."

 

Biographie centrée sur la fratrie  Brontë, ce document est étayé par de très (trop?) nombreuses citations et , pour ceux qui ont déjà lu sur ce thème, n'apporte pas grand chose de nouveau. laura El Makki, soeurs bronte
L'écriture de Laura El Makki est   discrète et n'apporte pas de souffle à cette biographie classique et efficace par ailleurs.

Lu dans le cadre du Grand prix des Lectrices de Elle.

 

26/01/2018

La fille sur la photo...en poche

karine reysset"Elle s'était toujours livrée à moi jusqu’à l’écœurement. A l'inverse, quand j'avais un souci, un chagrin, jamais je n'aurais songé à l'appeler. je savais d'avance qu'elle ne me serait d'aucun réconfort, d’aucune aide."

Lors de son histoire d'amour avec un réalisateur plus âgé qu'elle, Anna s'est coulée sans rechigner dans un rôle de compagne et de mère de substitution. Devenue romancière, elle a quitté ce foyer chaleureux, conquise par un admirateur de ses talents, jeune homme au comportement trouble.
Des années plus tard, quand elle est appelée à la rescousse au chevet de Garance qu'elle avait élevée dix ans durant, Anna revient sur son passé et sur les raisons de son départ.
Avec sensibilité et talent, Karine Reysset creuse son sillon et interroge tout à la fois la maternité et ses différentes formes ainsi que les relations entre deux créateurs à la notoriété très différente. On passe un excellent moment avec ces personnages parfaitement croqués,tout en  prenant un grand bol d'air marin.

 

Cuné m'avait donné envie.

 

25/01/2018

L'essence du mal

"Gratte sous la surface  d'un petit village de sept cents habitants et tu trouveras un nid de vipères."

Victime d'un accident en montagne, Jeremiah Salinger, auteur américain de documentaires se refait une santé tant physique que mentale dans le petit village du Tyrol du Sud d'où est originaire sa femme. Il décide bientôt de mener l'enquête, au grand dam des villageois, sur une mystérieuse tuerie qui a vu le massacre de trois jeunes gens du cru, trente ans auparavant.luca d'andrea
Commencé façon roman montagnard, L'essence du mal se poursuit façon western avec notre héros, seul contre tous, en tant qu’étranger à la communauté qui resserre ses rangs. Cela nous vaudra même une bagarre dans la tradition du genre.
Si Jeremiah envisage puis élimine avec méthode les potentiels tueurs. On aurait aimé avoir autant de rigueur dans l'écriture qui pêche par excès de sentimentalisme (dans ses rapports avec sa fille) et de manière plus générale dans l'expression outrée des sentiments. Sans compter la Nature qui se déchaîne avec une belle régularité pour mieux dramatiser les scènes cruciales. L'auteur n'hésite d 'ailleurs pas à convoquer un monstre façon Nessie pour ajouter une touche encore plus dramatique à l'ensemble.
Commencé dans  l'enthousiasme, ce roman a vite douché mes espérances .

 Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle.