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12/03/2018

Une autre histoire

Mags, avocate  reconnue aux États-Unis, rentre à Londres où son frère , victime d'un accident, est dans le coma. Les liens s'étaient distendus entre eux, mais Mags a vite la certitude que son frère a été assassiné. Face à la mollesse des réactions de la police, elle décide de mener sa propre enquête. Là, elle va de surprise en surprise, que ce soit sur son frère ou sur la fiancée de ce dernier, la fragile Jody. sarah j naughton
Roman choral  donnant la parole à différents habitants d'une église reconvertie en logements sociaux destinés à des habitants fragiles psychologiquement ou physiquement, Une autre histoire  repose sur l'opposition entre deux personnages féminins qui ont choisi des voies très différentes pour se reconstruire après un passé traumatique. Si Mags apparaît parfois caricaturale, elle a le mérite d'être pragmatique, même si les moyens qu'elle emploie sont pour le moins outrés.
L'idée de départ est pour le moins classique, mais Sarah J. Naughton a su injecter de l'originalité en décrédibilisant efficacement la parole d'un témoin. Reste que le dénouement perd singulièrement de son efficacité,en raison d'une phrase qui m'a fait hurler de rire, mais que je ne peux citer, pour cause de divulgâchage. Un roman policier au style quelconque, appliquant des recettes éprouvées.

Merci à Babelio et à l'éditeur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

09/03/2018

Un avenir...en poche

"Quittez cet endroit, me direz-vous , mais j'ai laissé passer le moment où c'était encore possible, a dit la femme, dans la plupart des cas, nous laissons passer ce moment."

Paul, malgré un "rhume colossal" parcourt les 300 kilomètres le séparant de la demeure familiale, pour vérifier  qu'un robinet a bien été purgé. C'est en effet le prétexte qu'a trouvé son frère Odd- qui lui a annoncé par courrier qu'il disparaissait pour un certain temps- pour le faire revenir à la maison .
Bientôt la neige va bloquer Paul qui aura ainsi tout le loisir de revenir sur son passé et de reconstituer progressivement l'histoire de sa famille, une famille haute en couleurs !véronique bizot
"Cascade narrative" annonce la quatrième de couverture et c'est tout à fait cela. On se retrouve embarqué dans un récit où les identités se constituent par petites touches, souvent par paires qu'on devine potentiellement interchangeables, où les destins se jouent à peu de choses, évoluent de manière surprenante et où les lieux et les moyens de transport (parfois saugrenus) jouent un rôle essentiel ...La boucle sera bouclée mais nous serons entre temps passés des paysages alpestres enneigés aux terrasses monégasques sans oublier un petit détour par la Malaisie.
Il faut accepter de perdre ses repères pour embarquer dans le récit de Paul et le laisser décanter pour mieux le savourer.

08/03/2018

La daronne...en poche

"Nous étions entre nous, appartenant au grand flou des classes moyennes étranglées par ses vieux. C'était rassurant."

A part une brève parenthèse de bonheur marital, on ne peut pas dire que la vie de notre narratrice ait été marquée par la joie de vivre. Lasse d'être employée au noir par l’État comme interprète judiciaire, de n'avoir ni sécu ni retraite en vue, lasse d'avoir bossé pour  payer les études de ses filles, puis maintenant pour l'EPHAD de sa mère, elle saisit l'opportunité de se glisser dans un monde qu'elle connaît bien pour le suivre via des écoutes téléphoniques : celui du trafic de drogue.hannelore cayre
Et là, elle revit, jonglant avec la langue qu'elle connaît depuis l'enfance, "la langue d'avant Babel qui réunit tous les hommes", à savoir l'argent. Elle endosse avec jubilation l'identité de La daronne, délicieusement amorale, fustigeant notre société et ses hypocrisies. Usant d'une langue tour à tour soutenue puis argotique, "elle, au contraire, avait l’œil émerillonné de celles qui aiment le biff", Hannelore Cayre se régale visiblement à ponctuer son récit de remarques vachardes et délicieuses à nos yeux de lecteurs: "Je me suis très mal conduite avec lui, mais il faut dire que son honnêteté à toute épreuve en faisait un sacré boulet."
Enfin, une héroïne en colère, amorale et qui ne trouve pas son salut dans l'amooouuuur, voilà qui fait bien fou ! (Plein de femmes fortes d'ailleurs dans ce roman , chacune dans leur genre !).

07/03/2018

Futurs parfaits

"C'est alors qu' à la façon dont il m'a regardée j 'ai entrevu que la chambre de Compiègne était sur le point de m'être proposée, et si grand a été mon effroi que je me suis mise à tousser."

Dans les onze nouvelles de Futurs parfaits règne une stratosphère subtilement décalée où de longues phrases désorientent subtilement le lecteur. véronique bizot
Tout est ici dans la nuance, on pourrait basculer dans le fantastique, le burlesque ou  l'humour noir, si fréquemment présents dans la forme courte, mais dans ce recueil même la chute des textes est amortie.
Les maisons ne sont jamais des lieux de refuge, il faut les vendre , on les occupe à peine, et l'un des personnages se fait même construire "une maison invivable". Chaque personnage est surprenant mais de manière discrète, polie, sans ostentatoire.
Un parcours dont on sort un peu étourdi mais fasciné.

Actes Sud 2018.

 

 

 

De la même autrice : clic, clic,, clic et reclic

 

06/03/2018

La douleur fantôme

"Clarissa Clark et elle se rendent service mutuellement: grâce à elle, la star revit, tandis qu'elle-même se cache derrière l'actrice avant de décider qui elle va devenir. Elle est son abri avant de repartir."

Victime d'un accident, la narratrice est défigurée. La chirurgie reconstructrice lui octroie un nouveau visage dont elle s'accommode mal.garance meillon
Elle décide alors de détruire toutes les photos de son passé et part ainsi à Los Angeles où elle a passé une parie de sa jeunesse, ville où son destin croisera celui d'une star du muet, Clarissa Clark.
Quête d'identité entremêlée de réflexions sur le corps des femmes et sur l'univers du  cinéma, La douleur fantôme est un roman bien mené , bien pensé, qui à mes yeux pêche juste par le petit côté ésotérico-fantastique auquel je n'ai pas du tout été sensible. Il n'en reste pas moins que La douleur fantôme est un roman prenant offrant des réflexions intéressantes.

Fayard 2018.garance meillon

 

05/03/2018

Ni tout à fait une autre

"La vie est faite de renoncements infimes, si minuscules qu'on ne les remarque que quand on en fait la somme."

Par amour, la narratrice s'est dévouée à Iggy, star de la musique hard-rock.  Au fil du temps, elle a endossé tous les rôles , mais de moins en moins celui d'amante. Quand Iggy meurt d'une overdose, Iris, se retrouve meurtrie et vide. Un nouvel amour se profilant à l'horizon ,la quinquagénaire saura-t-elle sortir de ses schémas et vivre enfin pour elle ?caroline vié
Iris n'a rien d'une femme soumise ni idiote, elle comprendra a posteriori les réactions d'Iggy et brossera d'elle-même un portrait sans concessions.
Le style est vif, souvent acéré (l'entrevue avec la future belle-mère est un pur bonheur de vacheries cash) et Iris sait nous entraîner à sa suite dans une vie d'épouse de rock- star sans jamais nous perdre. Attention la dernière partie du roman donne tout à la fois une furieuse envie de manger et d'aller au Japon !

Les escales 2018, 200pages qui se tournent toutes seules.

04/03/2018

Quelle n'est pas ma joie

"Ce sont les abandonnés de l'amour qui doivent essayer de comprendre. Ce sont les délaissés qui doivent se montrer nobles et intelligents, pour saisir que l'autre, on ne l'a qu'en prêt."

Ellinor , soixante-dix ans, est veuve pour la seconde fois. Au grand dam des enfants de son mari, Georg, elle vend la maison familiale et retourne s'installer dans le quartier populaire de son enfance.
A ce moment charnière de sa vie, elle s'adresse, sans aucune acrimonie, à Anna,  qui fut et demeure par-delà les années,  sa meilleure amie. Celle qui fut aussi la maîtresse de son premier mari, Henning. Les deux amants sont morts accidentellement dans les années 60 et , insensiblement, un nouveau couple s'est formé, entre autres pour assumer l'éducation des jumeaux de Georg et  Anna.jens christian grondahl
Une configuration singulière donc, tout comme le récit des origines d'Ellinor qui se découvre progressivement. Mais c'est une sensation de grand apaisement qui se dégage de ses pages où l'on retrouve l'écriture sensible de Jens Christian Grondhal. Un pur moment de bonheur. Et zou sur l'étagère des indispensables.

 

02/03/2018

La solitude des femmes qui courent...en poche

"Ma vie n'est pas satisfaisante. Je suis seule, j'ai un travail qui me frustre. Adèle est mon unique réussite, la personne qui donne un sens à ma vie." Ainsi parle Justine Trévise , divorcée, la petite quarantaine, qui s'échine à courir dans Paris entre une entreprise qui bat de l'aile, ses amies fidèles et sa petite fille.
Revenir s'installer dans le village de son enfance lui permettra peut être de repartir de zéro, de retomber amoureuse et d'élucider les non-dits familiaux.
Romance fortement axée sur l'amitié entre femmes, La solitude des femmes qui courent est un roman qui obéit aux lois du genre, tout en ménageant un certain suspense. Si l'histoire est bien menée, les dialogues qui l'émaillent sonnent faux, ce qui enlève toute harmonie au texte. Dommage.julie printzac

01/03/2018

Cosmétiques / tout faire soi-même

Quel plaisir de retrouver Raphaële Vidaling aux commandes, avec Fanny Fardoit , de ce livre thématiques, agrémenté de nouvelles recettes nous assure le rabat, déclinaison d'un gros volume généraliste intitulé Tout faire soi-même.raphaële vidaling,fanny fardoit
Au siècle dernier, j'avais déjà acquis un ouvrage de ce type mais bien plus austère , plus dans l'esprit "retour à la terre". Rien de tel ici. La présentation est comme d’habitude avec cette auteure particulièrement réussie: claire, agrémentée de photos souvent bucoliques , bref ça donne envie rien qu'à le feuilleter !
Mais un joli plumage ne serait rien sans des recettes efficaces et ne nécessitant pas d'ingrédients difficiles à dénicher. On pioche dans les placards de sa cuisine et en un tour de main, c'est fait ! Pour les produits plus "pointus"un petit tour en pharmacie ou chez son magasin bio préféré et le tour est joué.
Pas de listes d'ingrédients longues comme le bras, ce qui facilite la vie des allergiques et nous garantit un temps de préparation limité.
Plein de petites astuces( quand on part en voyage et qu'on se rend compte qu'on a oublié son shampoing par exemple)  ce livre bourré d'idées nous donne immédiatement envie de passer à l'action, pas forcément pour tout ( on n'a pas toujours une betterave sous la main pour remplacer son blush) ,mais au moins pour tester des alternatives aux produits "classiques".

 

Eana éditions 2018   9.95 euros

 

28/02/2018

mémoire de fille ...en poche

"Ce récit serait donc celui d'une traversée périlleuse, jusqu'au port de l'écriture. Et, en définitive, la démonstration édifiante que, ce qui compte, ce n'est pas ce qui arrive, c'est ce qu'on fait de ce qui arrive. Tout cela relève de croyances rassurantes, vouées à s'enkyster de plus en plus profondément en soi, au fil de l'âge mais dont la vérité est, au fond ,impossible à établir."

Récit dont Annie Ernaux s'aperçoit a posteriori qu'il est "contenu entre deux bornes temporelles liées à la nourriture et au sang, les bornes du corps.", récit longuement différé tant a été violente la honte ressentie en cet été 58 , l' épisode évoqué de manière elliptique dans d'autres textes , Mémoire de fille  le raconte et comble ce vide.annie ernaux
Il s'agit de sa première nuit avec un homme, H., dont elle s'entichera, qui la rejettera,entraînant aussi les sarcasmes violents des autres moniteurs de la colonie où Annie Ernaux- alors Duchesne - fait l'expérience de ce qu'elle croit être la liberté.
Cette violence physique qui lui est faite, cette violence verbale aussi, elle est,en 1958, dans l'incapacité d'en prendre conscience et la retournera contre elle, essayant de se rapprocher le plus possible, tant physiquement  que socialement, de la jeune institutrice blonde que lui a momentanément préféré H.
Cet épisode, elle a voulu à toutes forces l'oublier, mais ce n'est que deux ans plus tard, grâce à la lecture  de Simone de Beauvoir qu'elle pourra mettre des mots sur ce qui lui est arrivé.
Ne possédant pas les codes sociaux, voulant à tout prix masquer son inexpérience, Annie Duchesne accumule les erreurs pour un comportement féminin qui, dix ans plus tard, deviendra acceptable, voire normal.
Se basant sur ses lettres, sur des photos, Annie Ernaux remonte le temps et interroge l'acte d'écrire : "Mais à quoi bon écrire  si ce n'est pour désenfouir des choses, même une seule, irréductible à des explications de toutes sortes, psychologiques, sociologiques, une chose qui ne soit pas le résultat d'une idée préconçue ni d'une démonstration, mais du récit, une chose sortant des replis étalés du temps et qui puisse aider à comprendre -à supporter-ce qui arrive et ce qu'on fait."
Le travail de mémoire est mené avec acuité et sans complaisance, Annie Ernaux se désignant comme "la fille de 58", "cette fille", "Elle" dans un distanciation nécessitée par les décennies qui se sont écoulées. Mémoire de fille est un récit nécessaire où se lit l'inscription du corps féminin dans une réalité sociale et historique, ainsi que le destin d'une jeune femme qui semblait tracé d'avance. Un texte sans concessions, qui marque profondément son lecteur.
Et zou sur l'étagère des indispensables !