14/08/2018
Série: The Teach
The Teach (le prof) malgré son nom est une série polonaise de facture plutôt classique ,mais néanmoins prenante.
Un prof de polonais mène l'enquête dans une petite ville (où il a des attaches ) car une lycéenne vient d'être assassinée. On retrouve là des ingrédients connus (magouilles politico-financières, policiers véreux, problèmes écolos...), sans oublier une bonne dose de perversion.
On peut aussi regarder cette série de manière quasi ethnologique : on y boit beaucoup (du thé mais pas que). Le prof de sport du lycée donne d'ailleurs cours une chope de bière à la main... Le même- qui est aussi sexy que l’acolyte de Derrick- arrondit ses fins de mois (attention divulgâchage) à la façon de Channing Tatum (sont vraiment en manque les locales)...
Le héros (niveau 1 sur l'échelle de sexytude) tombe, sans surprise ,tout ce qui est potable dans le bled (cf supra) et évolue dans un lycée gigantesque où de somptueux rideaux de dentelle blanche (ignifugés ?) pendent aux fenêtres des salles de cours, salles où des lycéens écoutent religieusement les paroles professorales (parce qu'il y a une caméra?). Attendez-moi, j'apprends le polonais et j'arrive !
La saison 2 est tournée.
12:05 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (5)
10/08/2018
Fugitive parce que reine
"Non, ni lui ni aucun homme ne lui était arrivé à la cheville. Et s je savais que cette déclaration émanait du regard idolâtre de la petite fille que j'avais été, et si j'étais capable , avec le recul de la maturité, de brosser son portrait de manière plus nuancée-je voyais nettement sa fêlure comme sa force-, néanmoins, maman restait à mes yeux plus héroïque que quiconque.maman était mon héroïne, un point c'est tout."
Tout ou presque a été dit sur ce premier roman autobiographique de Violaine Huisman, couronné par le prix du roman Marie-Claire.
Poignante déclaration d'amour inconditionnel d'une fille à sa mère excessive et déséquilibrée psychiquement , mais qui a toujours su préserver ses enfants, même en usant de moyens parfois radicaux pour lutter contre ses troubles mentaux.
Une femme éprise de liberté dont Violaine brosse un portrait vibrant. Si j'ai moins été convaincue par la deuxième partie du livre qui relate de manière linéaire la vie de cette mère, j'ai néanmoins été enthousiasmée par 'écriture et la tonalité de ce roman.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : violaine huisman
01/08/2018
Les maux bleus
" Je lui dis adieu. Désolée, je ne serai jamais toi. Désolée, papa, maman Désolée. J'aurais bien aimé, pourtant, ça doit être si confortable d'être approuvée.
Cette fille idéale, aujourd’hui, je la pleure comme on pleurerait une morte."
Bien qu'elle le sache depuis trois ans, Armelle, seize ans, n'a pas encore annoncé son homosexualité à ses parents, un couple de restaurateurs plutôt traditionnels qui rêvent pour elle d'une avenir tout tracé.
L'ostracisation dont elle est soudain victime au lycée et sa participation, bien contre son gré , à la manif pour tous vont précipiter les événements et entraîner son éviction brutale du domicile parental.
La voici donc à la rue, rejetée par tous,ou presque.
Partant d'un phénomène, hélas courant, comme il est rappelé en postface, Christine Féret-Fleury réussit le pari délicat d'évoquer l'homophobie dont sont victimes les jeunes au sein de leur famille, tout en brossant le portrait tout en émotions d'une adolescente intelligente et sensible.
Les personnages sont criants de vérité et l'auteure,sans édulcorer les faits, nous propose des situations qui ne tombent ni dans l'angélisme ni dans un pathos à tout crin. Armelle argumente mais , via son journal intime, nous confie aussi ses espoirs et ses douleurs.
Un constat raisonnablement optimiste et pragmatique qu'accompagne une liste de lignes d'urgence ainsi que les coordonnées d'associations nationales et régionales à contacter au cas où.
Un grand coup de cœur que, comme Stephie, je vais utiliser en cours.
Les maux bleus, hristine Féret-Fleury, Gulfstream éditeur 2018, 191 pages indispensables.
Un grand merci à Stephie (clic) grâce à qui j'ai découvert ce roman.
17:05 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : christine féret-fleury, gay friendly
26/07/2018
Le bestiaire fantastique de Mme Freedman ... en poche
"Je suis prête à réduire les inégalités scolaires, à démanteler les systèmes d'oppression structurelle et de racisme qui gangrènent notre société, à équiper les leaders de demain des outils universitaires qui leur permettront de révéler pleinement leur potentiel.
D'après mon père, les idées progressistes m'ont lavé le cerveau."
Que penser d'une jeune prof qui donne à ses élèves le sujet suivant : "Écrivez une histoire d'une page dans laquelle votre créature fantastique préférée résout le plus grand problème sociopolitique de notre époque" ? Qu'elle sollicite l'imagination de ses élèves, certes, mais qu'elle est aussi légèrement fêlée . Fêlure qui va aller s'agrandissant car les élèves de Mme Freedman, même s’ils se situent dans la Bible Belt (territoire fondamentaliste chrétien) et plus précisément au Texas, ne sont en rien des anges. Et ce qu'ils révèlent soit avec naïveté, soit avec rouerie , est un quotidien fort agité.
Il n'empêche que deux d'entre eux,Janice Gibbs , rebelle à toute forme d'autorité, et Cody Splunk, futur grand écrivain, vont maintenir un lien avec leur ancienne Prof quand celle-ci sera internée .Ils décideront même de l'aider à s'évader de l'institution où elle est enfermée, institution qui pratique un "modèle capitaliste de thérapie comportementale et cognitive" pour le moins bizarre.
Commencé le sourire aux lèvres, ce roman évolue très rapidement dans des zones plus troubles. Les émotions sont au rendez-vous,douces-amères ou plus violentes et les extraits de journaux des différents protagonistes, les courriels échangés, leurs narrations scolaires ou thérapeutiques, sans oublier l'intrusion de la téléréalité dans leurs vies forment un kaléidoscope nous permettant une vison à la fois plus approfondie et plus éclatée. Se construit ainsi le portrait d'une femme trop idéaliste,trop sensible aussi, trop fragile aussi.
Un grand coup de cœur !
06:03 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : kathleen founds
24/07/2018
La vie effaçant toutes choses
"Je marche sous le joug d'une sacoche de dix kilos que j'appelle mon kit de survie, j'apprends que j'ai peur des baleines mortes et je ne sais pas qui je suis.Et je ne sais pas si je l'apprendrai ici.Mais je sens que si je me laisse porter par les fanfares de la Renaissance, par la tempête et les corps de baleines, j'accèderai à une part de moi que je ne me rappelle pas avoir jamais approchée."
Neuf femmes, d'âges,de milieux différents, mais toutes dans un moment de fragilité, fragilité qu'il leur faudra accepter, et surtout dans une volonté de se débarrasser de "l'échiquier social" qui leur a imparti un rôle -carcan. Signe de ce malaise à la fois psychique et physique, les cauchemars morbides (décrits de manière très réaliste) dont beaucoup d'entre elles souffrent.
Fanny Chiarello scrute ici avec une attention sans faille les micro-fonctionnements de nos relations avec les autres, en soulignant la violence cachée: "Il y a violence à feindre de ne pas percevoir le spectre lumineux d'un être vivant, même si l'on feint pour le laisser croire qu'il dispose d'une forme d'intimité, là, entre sa valise et le couloir du TER, même si l'on feint pour le laisser détendre ses épaules sans témoin."
Elle décrit aussi avec une précision poétique les paysages dévastés des bords de voies de chemins de fer, les petites villes côtières, les chambres d'hôtels modestes, tous ces lieux que nous traversons sans leur accorder plus qu'un regard distrait, mais qui en disent long sur notre humanité.
Roman ou nouvelles ? L’éditeur ne tranche pas. Disons qu 'il s'agit de neuf récits qui s'interpénètrent par le biais de personnages récurrents, qu'ils soient principaux ou non, une SDF, Rita , étant un peu le fil rouge que l'on va retrouver dans chacun de ces textes, simple silhouette ou actrice à part entière, interagissant avec les autres héroïnes.
Autre lien : la musique, qu'elle intervienne par le biais d'orchestres, d'une artiste ou d'une station de radio dont certains animateurs ou animatrices joueront aussi un rôle au sein de ce dispositif narratif.
Certaines métaphores servent aussi de leitmotiv, comme autant de cailloux que l'auteure sème à l'attention du lecteur.
Un roman puissant, tant par la forme que par le fond .
L'écriture de Fanny Chiarello, précise, vive, donne chair à ces neuf femmes, parfois rugueuses, nous les rend attachantes, sensibles et presque sœurs. Un grand coup de cœur ! Et zou sur l’étagère des indispensables.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Nouvelles françaises, romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : fanny chiarello
23/07/2018
Madame rêve
"Juste le temps de récupérer, un peu, avant de reprendre son long chemin de solitude."
Quelques vers de Victor Hugo, une chanson de Bashung, voilà de quoi panser certaines plaies des héros de ces huit nouvelles de Ludovic Joce.
Souvent solitaires (abandonnés, sur le point de l'être, âgé, veuve...), obnubilés par la nourriture , leur carrière ou simplement par une paire de chaussures de marque, gens de peu ,comme les appelait avec tendresse Pierre Sansot, l'auteur fait entendre leur voix, tantôt mélancolique, gouailleuse ou oppressée, avec délicatesse et empathie. Le temps est suspendu et l'on n'oubliera pas de sitôt l'image de ce "gâteau au chocolat couronné de trois bougies blanchâtres aux mèches noircies" aperçu dans un réfrigérateur.
Ludovic Joce confirme tout le bien que je disais déjà de cet auteur ici.
Madame Rêve, Ludovic Joce, Éditions in&dits 2018, 69 pages à découvrir.
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ludovic joce
22/07/2018
#CommentNePasDevenirUneFilleàChats? #NetGalleyFrance
"D'autres amis-couples m'ont aussi vanté les charmes de la vie en louant la belle complicité de couples célèbres: Marion Cotillard et Guillaume Canet, Barack et Michelle Obama, Jay-z et Beyoncé. Sur l'air de "à deux, on est toujours plus forts". J'ai même pas répondu que , pour les 123 femmes mortes de violence conjugale en 2016, visiblement, y en a un des deux qui était un peu plus fort que l'autre, quand même."
Flirtant dangereusement avec la quarantaine, célibataire, un chat (Pompon) et une petite fille, Nadia Daam entreprend de battre en brèche tous les clichés (généralement sexistes en plus) qui s'attachent au célibat. Rien de neuf sous le soleil, sauf sans doute ce féminisme assumé, ce côté trash aussi, façon Blanche Gardin, qui renouvellent le genre avec panache.
Une lecture qui donne le sourire , qu'on soit célibataire ou pas.
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : nadia daam
21/07/2018
Dust...en poche
"Elle devait absolument se débarrasser des pensées parasites, refroidir son affect. Ne pas agir avec son cerveau reptilien mais solliciter le lobe frontal."
La profileuse française Anna Baxter est sollicitée par la police de Nairobi pour élucider une série de crimes sans cadavres, mais laissant de grandes croix de sang tracées dans la poussière.
Sur place, elle découvre aussi un phénomène qui touche nombre de pays africains: le massacre d'albinos à des fins de sorcellerie.
Très vite, Anna comprend que les deux phénomènes sont liés...
Tableau sans concession d'un pays violent où règne la superstition, où les dessous de table et les détournements de fonds sont habituels, Dust n'exploite pas à fond ce qui aurait dû être son thème principal: le génocide d'albinos.
Sans véritable suspense, le roman perd encore en intensité en allant flirter avec un arrière-plan nazillon tout à fait superflu. L'écriture aurait nécessité aussi un bon toilettage de tous les clichés qui l'émaillent et l'affaiblissent. Quant aux personnages, leur manière de s'exprimer est parfois caricaturale. Des longueurs dans le récit ont fait que j'ai abandonné aux trois quarts la lecture de ce roman dont l'héroïne atypique avait pourtant tout pour me plaire.
06:00 Publié dans Lâches abandons, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sonja delzongle
20/07/2018
Tropique de la violence
Pa de billet à proprement parler sur ce roman couvert de prix, que tout le monde , ou presque, a déjà loué à juste titre sur la blogosphère.
Je voudrais juste signaler qu'un manuel scolaire propose de comparer certains passages des Misérables (consacrés à Gavroche) avec des extraits du roman de Nathacha Appanah concernant Moïse et que ça a super bien fonctionné avec des Seconde Bac Pro.
Ils ont vraiment été intéressés par les deux personnages et ont pis conscience de la situation des jeunes dans le dernier département français.
10:30 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : nathacha appanah, victor hugo
L'aventure de la Sécu
Si l'on en croit les animateurs survoltés, tout est devenu une aventure.Même la Sécu s'y est mise. la preuve.
Première épreuve ( Jour1): exerce ta mémoire grâce à la Sécu et à ses horaires et jours d’ouverture qui changent régulièrement. Petit plus: en juillet, les jours de fermetures exceptionnelles sont presque plus nombreux que les jours d'ouverture... Ne dénonçons pas les petits malins qui photographient les horaires plutôt que de mémoriser. C'est de bonne guerre ,mais qu'ils ne viennent pas se plaindre quand Alzheimer aura frappé à leur porte. On vous aura prévenus.
Deuxième épreuve (Jour 2): lève-toi aux aurores pour éviter la file d'attente. Comment, c'est les vacances ? C'est bon pour la santé (Miracle Morning, on te dit).
Troisième épreuve : gare-toi là où tu peux, c'est à dire au bas mot à 10 minutes à pied. Bouger est le meilleur remède contre le mal de dos, c'est la Sécu qui l'affirme. Ne regarde pas le parking privé de 30 places au pied du bâtiment où te narguent les 5 véhicules des employés de la Sécu présents ce jour-là.
Quatrième épreuve: médite en attendant ton tour, debout dans le couloir. Toujours très bon pour la santé. La vaste salle d'attente a été transformée en un temple vide où trône une jeunette derrière son comptoir. Elle a visiblement suivi un stage de communication avec formules figées parfaitement mémorisées, mais les options "sourire", "regarder son interlocuteur en face" n'avaient pas été cochées, d'où l’impression de s'adresser à un robot. A moins que...Tu en frémis rétrospectivement.
Dernière étape: repars (comme prévu) sans que ton problème soit réglé. Cela t'apprend l'humilité. Médite, on te dit.
06:04 Publié dans Bric à Brac, Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (5)