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25/04/2008

Vies volées

16 ans. Esme Lennox a 16 ans quand elle est enfermée dans un asile psychiatrique. Elle en sortira 60 ans plus tard, de nos jours, non pas réclamée par sa famille, qui l'a oubliée, mais parce que l'établissement ferme ses postes.
Elle va être recueillie par sa petite nièce, Iris, qui , intriguée par ce silence familial , va tenter de renouer les fils du passé.
Maggie O'Farrell  peint avec acuité l'histoire de cette famille bourgeoise typiquement britannique qui, dans les années 30 quitte l'Inde pour revenir dans les brumes et l'humidité écossaise, afin de nier un drame qui s'y est déroulé...Premier traumatisme pour Esme ,pleine de sensibilité et de vitalité, qualités qui font tâche pour ses  parents et sa soeur tant aimée mais si raisonnable, Kitty.9782714443342
Esme refuse de rentrer dans le moule, ce qui causera en partie sa perte...
Voix de la soeur aînée, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui a  oublié ce qu'est une cuiller mais se souvient  parfaitement du passé par bouffées  libératrices,  souvenirs d'Esme s'entremêlent pour tisser l'explication de L'étrange disparition d'Esme Lennox, sans que jamais le lecteur ne se perde.
Avec une extrême sensibilité Maggie O'Farrell montre le destin de ces femmes , broyées par la société pudibonde et corsetée du début du XXème siécles, femmes que deux simples signatures pouvaient enfermer à jamais.
Le lecteur suit, le coeur serré les rebondissements de l'histoire et ,trompé par l'écriture "voilée" de l'auteure  , croit qu'il en sait plus qu'Iris, jusqu'à ce qu'il soit obligé de relire l'antépénultième page pour être sûr d'avoir bien compris l'horreur indicible et libératoire...
A lire de toute urgence.

24/04/2008

"Posture, Ailsa, posture !"

Baby-boomers, Ailsa , la flamboyante féministe et Humphrey le "démodé, confortable, honnête" professeur de biologie marine se rendent,  chacun de leur côté dans une université située au bord de la mer du Nord, université qui va les mettre à l'honneur.51E_0e7SV0L
Dès l'enfance, leurs destin  se sont noués au bord  de cette mer "où il faut être fous pour se baigner " mais qu'ils adorent. Tout au long d e leur vie, ils auront connu des rivages plus cléments mais des parcours plus agités...
Ce voyage leur  donne l'occasion de revenir  sur  leur passé commun ou non, tandis que dans le  récit intervient un mystérieux orateur public qui  semble tirer les ficelles...
réflexion tendrement teintée de mélancolie, La mer toujours recommencée nous montre que l'enfance et  ses blessures vivent toujours en nous , même dans  nos corps de sexagénaires, et que l'intranquillité n'est pas l'apanage de  l'adolescence.
L'écriture superbe de Margaret Drabble charrie les métaphores marines,écriture tour à tour malicieuse et pleine d'empathie pour ses personnages tiraillés entre ambition  et lucidité. Un charme insidieux.So british.

23/04/2008

"En vérité, tu es vraiment très gentille,Totto-Chan."

Renvoyée de l'école primaire pour cause de trop plein d'énergie aurait pu être stigmatisant, surtout au Japon. Ce sera le chance de la petite Totto-Chan qui va découvrir une école extraordinaire tant par son directeur, qui51Z4jmsDscL prendra le temps de l'écouter quatre heures durant, que par les méthodes pédagogiques qui  y sont appliquées. Le tout dans d'anciens wagons de chemin de fer pleins de charme. Respect de l'autre, méthodes rapellant celle de Maria Montessori sont ici non pas décortiquées mais envisagées par les yeux d'une enfant qui comprend a posteriori les objectifs de ce directeur si particulier.
Devenue adulte, "la petite fille à la fenêtre"  Tetsuko Kurayanagami, qui anime depuis 27  ans un talk-show quotidien  , est revenu sous forme de  chroniques sur  cette expérience enrichissante et pleine de fraîcheur.
Nulle visée littéraire mais une grande bouffée d'espoir dans un pays où la pression scolaire est sans pareille...

22/04/2008

"Chansons pour bestioles"

Les bestioles , ce sont les autres,ceux avec qui Marthe tentent d'établir un semblant de communication. Mais rien n'y fait: dès que La jeune femme apparaît, la réalité dérape subtilement jusqu'à dérailler complètement comme le train dans lequel elle a pris place au lieu d'aller à son travail.51M__MzzqVL
En effet, Marthe a décidé de changer de vie (thème à le mode) et ne fera désormais que ce qui lui plaît.
Cette difficile exigence n'est pas du tout envisagée de manière banale dans le premier roman de Cécile Reyboz. Pas d'histoire à l'américaine , triomphaliste, mais un personnage qui nous entraîne dans son univers, qui  est presque le notre mais pas tout à fait. En effet, Marthe ne maîtrise pas son corps dans l'espace et envisage celui des autres d'une manière toute particulière...
Habillée comme un évêque ou comme une putain, répétant ses prises de parole, voire les mimant, Marthe se veut critique vis à vis de ce que l'on appelle la réalité et semble en perpétuel déséquilibre.
Chanson pour bestioles   est un roman qui possède à la fois un vrai univers à la fois cocasse et poétique ,un style subtilement dérangeant et une narration habile. Une auteure à suivre.

ps: ce roman vient d'obtenir le Prix Lilas.

L'avis de Mous

21/04/2008

Post-it

"Parfois on dirait que c'est plus facile de poser les questions par écrit pour te demander comment tu vas et comment ça se passe avec le médecin, tout ça".41kL4sHcG7L
Claire, quinze ans écrit cette remarque sur un des post-it, qui constitue l'échange de "correspondance" qu'elle entretient avec sa mère très(trop) occupée par son travail, sa mère qui l'élève seule depuis le divorce.
Si au début,le quotidien apparemment sans importance apparaît( listes de courses, demandes (pressantes) d'argent  de poche), c'est finalement toute une vie qui  se devine par pointillés, une vie qu'il nous faut reconstituer, une vie qui devient de plus en plus précieuse quand la maladie fait son apparition...
Life on the refrigerator door , traduit en français par le plus sentimental  Ne t'inquiète pas pour moi, de la canadienne Alice Kuipers, a donc une forme originale, cet échange de post-it, qui m'a  vraiment intéressée. Franchement je craignais le pire quant au contenu mais l'auteure ,si elle frôle de justesse le pathos à la toute fin du livre, si elle aborde le cancer d'une manière très américaine (groupes de soutien), nous montre aussi les relations cahotiques entre une mère qui se bat contre la maladie et une fille tiraillée entre ses amours débutantes et les besoins maternels. Rien n'est idéalisé,la mère jette un regard en arrière qui n'a rien de bien optimiste et la fille utilise son père comme solution de repli...
Un livre touchant , qui se lit très vite, trop peu être si l'on compare le nombre de pages et le prix... A noter qu'il existe avec deux couvertures différentes (par leur couleur uniquement), suivant qu'on le trouve en collection adulte ou ado.

20/04/2008

Merci à tous !

De retour,et plutôt fâchée de l'être car la parenthèse a été brève et nous a donné envie de rester pour découvrir cette superbe région...Grâce aux conseils d'Anne, je ne suis pas tombée en manque de munitions et le coffre est revenu encore un peu plus lourd...
Lessives, repassage, rangement, prise de têtes et de rendez-vous en tous genres m'attendent mais j'ai pris le temps de faire mon petit tour de la blogo car ...vous m'avez manqué ! bises à tous !

12/04/2008

Veuillez nous excuser pour cette interruption momentanée des programmes.

Mais même si l'auteure de ce blog n'est pas Julie Depardieu sans culotte et encore moins une vieille soumise, elle en a assez de boire de l'eau de mer en ampoule et préfère largement y tremper ses  pieds et respirer l'air iodé. Dont acte.IMG_0002
Alors à bientôt !

 

11/04/2008

Où rôde le fantôme de Perec

Attirée par le titre de ce roman,, derniers vers du poème  de Perec, Déménager, j'ai entamé avec enthousiasme la lecture du texte de Lise Beninca, Balayer fermer partir.31DfReycEcL
Si le  début et la fin (vraiment originale) m'ont intéressée, je me suis peu à peu perdue dans les méandres des  réflexions de la narratrice sur ce que signifie l'occupation de l'espace.
Beaucoup  de références à Perec  qui le premier s'était penché sur la question, mais bizarrement ni le titre ni l'extrait du poème mentionné plus haut ne lui sont attribués.
je suis restée totalement extérieure à ce texte aride et sans chair.
Un grand merci à Guillaume Teisseire de Babelio qui  a tenu , très gentiment, à se substituer aux éditions du Seuil dans le cadre de l'opération Masse critique.

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10/04/2008

La fille transparente

Bon, allez, je peux le dire maintenant, puisqu' il y a prescription: la seule chose que j'avais aimée dans Elle fait des galettes, c'est toute sa vie était ...la  couverture rayée !9782915779080
Même si celle  de Ker Violette est très réussie aussi (dans un autre genre)( n'oublions pas que Karine Fougeray a été graphiste dans une autre vie) son héroïne restera longtemps dans ma mémoire.
Excessive, cette fille qui cherche son cheval, l'est jusqu'à l'outrance.Cette sirène "qui a des écailles en elle" navigue entre terre et mer(e). Au fil de ses rencontres, les fils du passé se dénouent et le portrait se précise peu à peu. L'enfant blessée réapparaît dans Clara qui se jette avec avidité parfois sur les hommes ou les bolées de champagne...
Dans une langue très imagée, où surnagent parfois quelques clichés, scories qui auraient facilement pu être gommées, Karine Fougeray nous propose une histoire attachante dont les personnages sonnent juste. Un roman que j'ai lu d'une traite même si je n'ai pas de sympathie particulière pour les chevaux !

Le blog de l'auteure

Elles ont été emballées et ont su vaincre mes réticences : 

Clarabel

Laure

09/04/2008

aquarelle

Par petites touches, dans une langue très poétique et jamais démonstrative, Wtaya Risa évoque le temps de l'adolescence.51mmMMomaEL
Son héroïne, refuse de se laisser absorber par un groupe quelconque : "Je n'aime pas être laissée de côté, comme un rebut, mais ces groupes, je déteste cela encore plus. A peine sont-ils constitués que déjà il faut colmater les  brèches." Son regard acéré sera néanmoins attiré par un autre "mouton noir", jeune qui vit quasiment en autarcie  dans sa chambre et qui n'a d'yeux que pour une baby-doll sucrée dont les japonais ont le secret.
Traitant des problèmes de communication , de la fascination stérile pour des idoles de pacotille, L'appel du pied  a remporté au Japon l'équivalent de notre prix Goncourt (alors que son auteure n'avait que 19 ans  !) et vient de sortir en poche. A ne pas laisser passer !

Du même auteur, Install, dont j'avais parlé ici.