27/03/2008
La fille du cannibale, la femme du disparu
La disparition soudaine du mari de Lucia Romero, auteure de livres pour enfants va la lancer dans une enquête qui deviendra bientôt un prétexte à une réflexion sur l'identité de ceux qui nous entourent mais aussi sur la notre.Comme dans un cauchemar, il semble que les marches des escaliers se dérobent sous ses pas, au fur et à mesure qu'elle avance dans sa quête de vérité.
La fille du cannibale , de Rosa Montero, est aussi une réflexion sur les différents âges de la vie, symbolisés par les deux personnages qui aident Licia la quadragénaire : le jeune et séduisant Adrian, et l'octogénaire Félix qui a déjà vécu plusieurs vies: anarchiste et torero.
Entrecoupé par les récits de Félix, le récit avance de rebondissement en péripétie et le "pauvre" Ramon (le disparu) semble parfois oublié...Mensonges, secrets sont au rendez-vous , et personne, y compris le lecteur, ne peut jamais être sûr de la véracité des faits relatés...
Les digressions sur l'histoire des anarchistes en Espagne m'ont paru parfois longuettes mais le style est enlevé et la réflexion intéressante. Lucia, au terme de cette quête, se ne définira plus par rapport aux hommes qui l'entourent (fille de, femme de ...)et aura gagné en sérénité : "Ce doit être la maturité : il me semble que je me réconcilie avec la vie, et même avec l'obscurité de la vie."
Je n'avais pas accroché avec La folle du logis de la même auteure, mais je sens que dès que j'aurai un p'tit creux, je réessaierai...
L'avis de Clarabel
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15)
26/03/2008
De la Pologne aux corons du Nord
Français d'ailleurs est "une collection de docu-fictions sur l'histoire de l'immigration en France". mes grands-parents paternels ayant suivi le même chemin que le héros du Rêve de Jacek , je ne pouvais faire autrement qu'emprunter ce livre-destiné aux enfants à partir de 10 ans ,à mon avis- dès que je l'ai vu à la médiathèque.
Même si j'ai glané quelques infos au passage, la fiction -par ailleurs fort bien documentée- de Valentine Goby m'a laissée de marbre. Je ne me suis pas attachée ni au personnage de Jacek, 15 ans, ni à aucun autre d'ailleurs. La présentation, sous forme de texte imprimé sur papier quadrillé et les dessins d 'Olivier Tallec sont agréables mais c'est surtout le dossier à la fin d el'ouvrage que j'ai trouvé particulièrement intéressant. Fort bien construit et documenté, traitant de l'Histoire mais aussi des problèmes rencontrés par ces immigrés, j'y ai même retrouvé la photo d'une boulangerie où j'allais acheter mes délicieux beignet aux pruneaux !
Un ouvrage plus documentaire donc que fictionnel .
06:07 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (10)
25/03/2008
Y a une fille qui habite chez moi .
Vous connaissez tous la chanson de Bénabar où le narrateur se rend compte progressivement qu'une fille habite chez lui à travers différents indices. Hé bien le début du roman d'Erlend Loe Autant en emporte la femme ressemble un peu à ça mais en plus radical. Marianne "débarquait le soir même. pour emménager. avec douze cartons de taille moyenne et une commode ocre." Bon, nous les filles savons qu'il faut parfois forcer un peu le destin mais là, elle y va fort, Marianne ! Nous entrons alors dans un univers à la logique folle où le narrateur nous explique calmement : "Je me décidai à tomber raide dingue amoureux d'elle. Voilà."
De discussions absurdes en voyage impromptu, leur relation cahote de l'exaltation à la déception : "Le voile d'éternité qui enveloppait notre relation se ratatine.Je reconnais que nous sommes éphémères tous les deux."Avec un flegme très britannique norvégien, le narrateur subit sans broncher les décisions illogiques de sa dulcinée jusqu'au jour où ...
Lu d'une traite ce roman m'a permis d'entrer avec bonheur dans l'univers si particulier d'Erlend Loe (j'avais connu un échec avec Naïf. Super.) .Les phrases juxtaposées donne un style faussement naïf justement et très décalé à cette histoire d'amour mais une poésie très gaie se dégage de ces pages .
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17)
24/03/2008
Snob, Cathulu ?
Même si Les brumes de Riverton semblent avoir beaucoup de succès (j'ai dû le réserver à la médiathèque),j'ai abandonné ce roman à la page 70.
Kate Morton le revendique clairement elle même dans la post-face, elle a beaucoup lu et vu sur ce contexte socio-historique "le XIX ème siècle vient de s'effacer devant le XXème, le monde moderne commence à prendre forme". Elle n'est pas la seule .
Du coup, je n'ai trouvé aucune originalité, aucun "peps" à ce roman qui reprend les codes du "romanesque noir". Serait-ce parce que l'auteure n'est pas anglaise mais australienne ?
A qui veut se plonger dans cette période, je conseillerai plutôtles originaux dont s'est inspirée Kate Morton et en particulier tout ce qui concerne excentrique chic.
06:05 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés | Lien permanent | Commentaires (10)
23/03/2008
Bonnes fêtes de Pâques à tous !
10:06 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (22)
22/03/2008
Ma vendeuse préférée...
Pour faire mentir le temps , qui n'a rien de printanier, j'ai envie de renouveler , un peu, ma garde-robe et donc d'aller dans les boutiques affronter rencontrer ma vendeuse préférée...
Ma vendeuse préféré n'essaie pas à toutes forces de me vendre la ceinture en serpent qui-va-si-bien-avec-le-jean et ne me répond pas , en outre, que le serpent n'a pas été tué (Il s'est sans doute suicidé rien que pour le bonheur d'entourer ma taille).
Ma vendeuse préférée ne prétend pas que les chaussures "vont se faire", c'est faux et mes pieds ne se feront jamais à la torture infligée par ces croquenots.
Ma vendeuse préférée ne pose pas avec autorité sur la comptoir les DEUX boîtes des chaussures que j'ai essayées. Atteinte de surdité sélective, elle a bien entendu que la première paire me plaisait mais pas qu'elle me faisait mal.
Ma vendeuse préférée ne glisse pas d'échantillons de crème anti-rides dès que j'ai dépassé le cap fatidique des 20 ans.
Ma vendeuse préférée ne me donne pas comme argument "D'ailleurs, j'ai le même."Il faut me laisser l'illusion que je ne suis pas habillée comme tout le monde.
Ma vendeuse préférée ne s'arrache pas aux forceps un "Bonjour" et ne persifle pas "C'est du Machinchose , bien sûr" sous-entendant clairement que je ne suis pas assez bien vêtue, cultivée ou riche pour apprécier, pauvre vermicelle* que je suis. La même s'empressera autour de moi comme un papillon autour d'un buddléïa, avec force sourires ,si je me pointe vêtue d'une pelure que ses yeux exercés auront identifié comme digne de son standing.
Bref ma vendeuse préférée ne me prend pas pour une poire(ou une vache à lait) et en échange
-je ne lui ferai pas déballer tout son stock même si je sais pertinemment que je n'ai envie de rien,
-je serai aimable et souriante (autant qu'elle !)
- mes deux pieds seront propres et mes bas pas troués
-je reviendrai la voir !
* vermicelle, féminin de vermisseau.
06:01 Publié dans Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (17)
21/03/2008
Charlémoi , émois émois émois ...
Charlémoi est un récit à plusieurs voix. Celle d'Edouard d'abord, auteur de jeunesse pour enfants qui part faire le point dans la riante région des Vosges . Celle de Gloria, qui travaille en usine et qui pense beaucoup trop aux autres et pas suffisamment à elle même ...Celles d'autres personnages ( y compris une lampe chez un artiste !) encore viendront se mêler et petit à petit vont se renouer les fils du passé d' Edouard, ce passé qu'il traîne comme un sac trop lourd...
D'emblée le lecteur est séduit par le style de Christine Jeanney et si Edouard se désespère que ses livres ne soient pas "recyclabe[s] en cotations", tel n'est pas le cas ici, mon exemplaire de Charlémoi étant tout hérissé de bouts de papiers ! Mais attention pas de citations pontifiantes à coller comme autant de fleurs séchées dans un herbier ! Non! des citations comme autant de diablotins sautillants qui viennent vous faire sourire ou vous émouvoir car Christine Jeanney aime les mots* et les manipule avec fluidité et dextérité.
Si j'ai d'abord marqué une nette préférence pour le personnage de Gloria, Edouard me semblant risquer un peu la nombrilite aiguë,je me suis petit à petit attachée aussi à ce personnage changeant et plus sombre qu'il n'y paraît de prime abord. 
Avoir du style, c'est bien mais savoir raconter une histoire c'est encore mieux et l'auteure s'y entend parfaitement aussi. je me suis laissée chahuter par la construction éclatée (j'adore ça) et c'est un peu sonnée mais souriante que j'ai terminée la lecture de Charlémoi. Un pur moment de plaisir ! à quand le suivant, Christine ?
Ps: ne comptez pas sur moi pour en faire un livre voyageur, je me le garde jalousement tout hérissé qu'il est car il faut faire vivre les petites maisons d'édition courageuses !
* Et les livres aussi! D'où une description de librairie aussi jouissive que celle de Jean-Marie Gourio dans Chut !
-L'avis plus qu' enthousiaste de Cuné
le blog de l'auteure .
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (20)
20/03/2008
"S'il était possible de boire la vie, je la buvais"
Sur la couverture (très réussie) une cerise en manque de sa jumelle. A l'intérieur un très joli roman qui m'a permis de découvrir, grâce à Fashion, Laurie Colwin.
Accidents est le récit en trois étapes d'une remontée à l'air libre d'une très jeune femme, Elisabeth, après le décès accidentel de son casse-cou de mari.
"Je ne voulais pas de compassion ni de marques de sympathie, ni des bras de quasi-inconnus autour de moi pour faire face à un événement si grave qu'il n'y avait pas besoin d'en rajouter. les jours passant, je me suis rendu compte que le chagrin est métabolique : il rampe en vous comme une maladie et vous enlève votre énergie.Puis il rassemble sa force et frappe comme une migraine soudaine , comme un accident de voiture*, comme un gros rocher plat que l'on vous aurait lancé à la poitrine." le ton est juste, se maintenant sur le fil du rasoir sans tomber dans l'auto-complaisance où le pathétique.
Néanmoins,j'ai trouvé que la narratrice se répétait beaucoup (elle insiste sur la jeunesse de leur couple, trois ans de mariage, comme pour se justifier de renouer si vite avec la vie ,avec l'amour). J'ai beaucoup aimé la dernière partie du texte dont j'ai trouvé les personnages lumineux.
Merci Fashion pour cette découverte que je vais poursuivre, la médiathèque ayant la bonne idée de posséder plusieurs ouvrages de Laurie Colwin.
* d'où le titre français, plutôt plat et banal pour traduire ""Shine on, bright and dangerous object" ?
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16)
Meuh non, j'avais pas oublié ...
j'attendais juste le printemps (du calendrier !) pour poster ce rouleau envoyé par Bellesahi !
"Je me suis lové
Dans le nid d'un haïku.
Printemps de poète."
Paul Bergèse
Et un autre pour lui faire écho :
"Dans la fente intime
de la forêt en fleurs
un souffle de branchies"
Yagi Mikajo
Extrait de Haïku du XXème siécle ; Le poème court japonais d'aujourd'hui, collection Poésie/Galliamrd
06:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4)
19/03/2008
Telles sont les questions...
D'abord la couverture. Un hameçon comme un point d'interrogation inversé, des poissons intriguant et attirant le regard (il m'a fallu plusieurs jours pour identifier les manches de pinceaux !), un pêcheur juste au dessus du titre que j'identifierai plus tard comme étant l'auteur : Pablo Neruda.
La main est irrésistiblement attirée par Le livre des questions.L'illustrateur, Isidro Ferrer nous convie à une balade où nous ne suivrons pas un lapin blanc mais un chien de bois sculpté, un fois passée la première page où deux mains enfantines tiennent un livre grand ouvert sur une serrure en forme de point d'interrogation... La clé vient juste après ...
72 poèmes sous forme de questions. Koans échappés du zen ? Herrin Hidalgo, dans la postface, évoque tour à tour des aphorismes ou le Livre de Job comme source d'inspiration de Neruda mais nous laisse libre de choisir. L'heure n'est pas à la réponse mais au questionnement. Il affirme également que la couleur jaune domine ces poèmes. Certes mais ce n'est que pour mieux s'opposer à la noirceur de certains textes évoquant par exemple le sort d'Hitler en enfer...
Les illustrations utilisent tour à tour le collage et de photos d'objets créés par Isidro Ferrer (des crayons constituent ainsi une chaise), et racontent elles aussi leur histoire interrogative: on se perd dans un labyrinthe mais la lettre A nous sert de balise...
Un magnifique objet à feuilleter tant pour les textes que pour les images, un livre où l'on revient comme aimanté...
Juste un poème pour la route :
Dis-moi, la rose est-elle nue
ou n'a-t-elle que cette robe?
Pourquoi les arbres cachent-ils
l'éclat somptueux de leurs racines?
Qui tend une oreille aux remords
de l'automobile, cette criminelle?
Est-il plus triste chose au monde
qu'un train arrêté sous la pluie ?
06:02 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (8)



