26/12/2007
Faits d'hiver # 3
Mc Cash n'aime pas Noël. Mc Cash n'aime pas grand monde d'ailleurs, sauf le leader du groupe Clash et en particulier La jambe gauche de Joe Strummer.
Même
s'il vient de donner sa démission de la police,se laisse pourrir sur
pied et envisage de passer de l'autre côté,un courrier providentiel
vient lui apprendre qu'il est père d'une petite fille.Cela le met
plutôt en rogne mais la curiosité est la plus forte et le voilà parti
en Bretagne pour si ce n'est rencontrer mais du moins apercevoir sa
fille."Une orpheline retrouve miraculeusement son père, ancien
activiste expulsé d'Irlande et devenu inspecteur de police pour se
racheter un avenir affectif en toc massif,mais comble de malchance, le père,gangrené jusqu'à la moelle, préfère se tirer une
balle dans l'oeil !"Voilà comment le personnage principal ironise sur la situation.
Mais MCCash le borgne trouve toujours le moyen de se fourrer dans les ennuis et les cadavres pleuvent bientôt autour de lui...
L'intrigue
est plutôt paresseuse, on se doute bien que le père bougon en
diable va finir par se laisser attendrir par sa fille mais c'est
surtout le style de Caryl Férey qui donne tout son punch au roman , "Le contenu des dossiers s'avérant aussi trépidant que la vie d'un gravier..." , ainsi que les personnages,que ce soit ce ronchon de Mc Cabe ou l'assistante sociale pas piquée des vers qu'il rencontre sur son chemin. Le tout scandé par des titres de Clash qui donnent leur nom aux chapitres , "Rock the Casbah", nous valant un petit détour au Maroc, où Mc Cab , fidèle à lui même, s'étonne que les gens dans la rue lui sourient : "Mc Cabe s'était même demandé un moment s'il n'était pas suivi par une espèce de clown à la con, mais il finit par s'y faire".
Je vous souhaite plein de sourires dans la rue...
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19)
25/12/2007
Fées d'hiver # 2
Dans la ville d'Oxford, les enfants pauvres et ceux des
gitans disparaissent mystérieusement,enlevés par de sinistres
enfourneurs.Lyra, petite fille de12 ans va partir à la recherche de ses
amis disparus au royaume des ours blancs.
Nous sommes en fait dans un univers parallèle,celui de La croisée des mondes
où chaque humain est guidé par l'incarnation animale de son âme :son
daemon. Un monde parfaitement structuré sorte de melting-pot où
l'on trouve aussi bien des références à Dickens, qu'à celle de la
conquête de l'Ouest, où des sorcières et des Gitans vont aider
l'héroïnes dans sa quête sans oublier le formidable personnage de
l'ours blanc qui va retrouver sa dignité alors qu'il avait été asservi
par l'alcool.
Références aussi à un monde où pointe le totalitarisme et où certains sont prêts à tout pour gommer toute individualisation...
L'univers
de Philip Pullman m'était totalement inconnu et je m'étais
volontairement abstenue de lire en détail les billets concernant les livres
de cet auteur.Le film, La boussole d'or
, premier volet de la trilogie,m'est donc tombé dessus comme un
formidable cadeau. Esthétiquement,le film est très réussi,que ce soit
l'univers polaire ou celui d'Oxford vu des airs,les costumes sont
superbes ,le récit avance à toute allure multipliant les changements de
ton et les rebondissements (certains sont vraiment effrayants
!*), l'héroïne est fûtée sans être bas-bleu, débrouillarde et fidèle en amitié.**
La chanson du générique de fin a été composée et interprétée par
la trop rare Kate Bush...Bref, un régal ! Chacun de nous y a
trouvé son compte et je n'ai plus qu'une envie : lire la
trilogie de Pullman !
Joyeux Noël à tous !
* A cause de cela,je conseillerais ce film à partir de 8 ans.
**Je la place dorénavant aux côtésde Fifi Brindacier et de Fantômette !
06:26 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (20)
24/12/2007
Lectures hivernales #1
Une
semaine comme je les aime : sans contraintes, sans rendez-vous, avec
plein de temps libre et d'espace où s'étirer , plein de temps libre pour se retrouver, retrouver ses amis...et lire bien sûr !
Alors,
pour rester dans l'esprit du temps, un petit livre sans chichis,
pétillant comme le champagne, acidulé juste ce qu'il faut : Six filles dans le vent où Laura Cunningham brosse le portrait de six amies réunies pour fêter les vingt ans de leur rencontre...
Certaines
ont réussi ,socialement parlant, d'autres moins, mais se retrouvant
bloquées par la tempête de neige,toutes vont devoir affronter une
soirée plus longue que prévu , soirée qui va vite dégénérer, rancoeurs et
révélations s'invitant sans manières...
La fin n'est évidemment pas
aussi caustique qu'elle aurait pu l'être mais ce roman permet de passer
un bon moment.Un cran au dessus de la production de la chick litt.
Bon réveillon à tous !
06:16 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17)
23/12/2007
Gâtée !!! (et en plus c'est mon 500ème billet !)
Il aura fallu le temps pour que les photos soient dans la boîte mais c'est fait !
Merci, Bellesahi, pour ce sapin à grelots tout à fait accordé au rouge et blanc de cette année !
Je profite aussi de l'occasion pour vous montrer la carte qui
accompagnait le sapin et les vaches normandes envoyées par Cuné (en
regardant bien, vous verrez une carte de Voeux rarissime : des vaches
dans la neige ! ) Merci Cuné pour cet exploit !
06:10 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (23)
22/12/2007
Sarabande de sorcières
Si vous aimez les sorcières,les jeunes, les moches, les
cabossées, les ensorceleuses, alors n'hésitez pas accompagnez moi
et Dansons autour du chaudron !
L'occasion
de découvrir ou redécouvrir des textes classiques
(Michelet, Shakespeare,Hugo, Baudelaire...) ou plus contemporains
(Michèle Gazier, Maryse Condé,John Updike...), destinés aux
(grands) enfants (Roald Dahl) ou aux amateurs de fantastique (Howard
Philips Lovecraft).
Une très jolie balade où j'ai
découvert qu'un certain Tibulle* , poète antique, cité en exergue de
Charles Nodier avait déjà écrit sur les sorcières : " (...)Quand
elle veut, elle dissipe les nuages qui attristent le ciel;
Quand elle veut, elle fait tomber la neige dans un ciel
d'été".
En tout cas,N-Talo qui m'a envoyé cette anthologie (sur
laquelle je lorgnais régulièrement)doit l'être un peu,sorcière , pour
avoir si bien deviné !
* Et accessoirement chien-chat-cochon chez Cathulu
10:54 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (10)
21/12/2007
Un effondrement
Ecrire sur la dépression ,c'est écrire sur le fil du rasoir : ne pas
tomber dans l'auto-apitoiement tout en arrivant à faire partager
aux lecteurs ce que l'on a vécu (je doute qu'on puisse écrire sur ce
thème sans l'avoir approché au plus près).
Ghislaine Dunant ,en évitant le second écueil typique , "Regardez comme je suis plus fort(e)maintenant",n'exhibe pas cet effondrement
comme d'aucuns leur douleur. Elle y revient, presque de manière
clinique, presque comme si elle parlait d'une autre et cette autre
c'est elle même, mais il y a longtemps déjà...
On frémit, en lisant
que dans les années 70 on pratiquait encore en france les
électro-chocs,on a envie de secouer ses soignants qui ne parlent pas ou
presquepas aux malades, qui n'expliquent rien du traitement subi par
les patients.
Une écriture qui, parfois, m'a rappelé celle de
Duras. Une écriture au plus près de cet engourdissement provoqué
par les médicaments, une recherche mais "Comment pouvais-je dire au
médecin que j'avais perdu quelque chose, il me manquait quelque chose
pour faire tout ça et je ne savais pas ce que c'était? ".
Un livre
qui nous entraîne avec lui et que je n'ai pas su lire d'une
traite, éprouvant le besoin de "bouffées d'oxygène". Une écriture très
belle comme assourdie.
L'avis de Cuné que je remercie encore pour cet envoi.
06:32 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17)
20/12/2007
Le palais de la mémoire
Va et vient entre passé et présent, Les madones de Léningrad
de Debra Dean, aborde à la fois le thème de la mémoire, celle de Marina
qui est en train de se diluer,et celui du passé de nos parents
que nous ne connaîtrons jamais totalement.
Comment
faire coïncider l'image de cette femme âgée,qui se rend au mariage de
celle qu'elle n'identifie même plus comme étant sa petite fille
et celle de la belle jeune fille qui, employée au Musée de
l'Hermitage durant le siège de Léningrad, vit dans les caves d'un musée
dont toutes les salles sont vides mais qu'elle repeuple en exerçant sa
mémoire ?
Marina qui a miraculeusement pu retrouver celui qu'elle
aimait dans une Europe dévastée , maintenant qu'elle vit depuis de
nombreuses années aux Etats-Unis a toujours refusé de
parler du passé. Son mari, lui aussi, s'est abstenu de la
questionner sur la naissance de ce fils dont Marina a toujours
dit que le père était un dieu ...
La beauté de l'art, l'humanité de
gestes simples mais qui prennent toute leur valeur quand on meurt
lentement de froid et de faim, transcendent l'érosion des sentiments
qui apparaît quand la mort est tellement présente qu'on n'y prête
quasiment plus attention...
Opposition
entre la Marina d'hier capable de faire visiter à un groupe de
jeunes militaires un musée vide en leur donnant à imaginer avec talent
les oeuvres mises à l'abri et celles qui , des années plus
tard parle d'elle en ces termes "Je deviens comme le musée.
Tout fuit. C'est horrible" car en effet, "Plus pénible que
la perte des mots, il y a cette façon qu'a le
temps de se contracter, de se fracturer et de la larguer dans des
endroits inattendus."
Opposition
entre tous ces détails de la vie quotidienne, quand pouvoir aller
au sauna devient un petit miracle "C'est comme traverser un nuage et
entrer dans le ciel" et l'espoir suscité par une vie
à venir dans un monde où règne la destruction.
Une
écriture chatoyante pour évoquer les tableaux disparus et célébrer la
beauté d'un monde toujours renouvelée : "Chaque jour le
monde est refait à neuf, sacré , et elle l'absorbe, dans toute
son intensité brute, comme un petit enfant. Elle sent
quelque chose s'épanouir dans sa poitrine-joie ou chagrin, en
définitive, ils sont inséparables. Le monde est d'une si
grande beauté, en dépit de toutes ses horreurs,
qu'elle sera désolée de le quitter".
Emprunté un peu par
hasard à la médiathèque, en dépit de ses descriptions de tableaux
parfois longuettes,un roman attachant et tout en subtilité qui
nous épargne les clichés des hsitoires de familles à l'américaine.
06:16 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14)
19/12/2007
"les enfants sont formidables"J.martin
Pour une fois, Christophe n'est pas parti en vacances en
famille. Au fil des lettres que lui envoie son petit frère , nous
découvrirons, en creux, les raisons de cet exil
involontaire.
Portrait épistolaire à une seule voix, Les lettres de mon petit frère
aborde avec délicatesse un sujet encore délicat : "A mon avis,
la faute grave, c'est quand cette idiote de Sylvie est allée lui
raconter qu'elle vous avait vus, toi et Florian , en train de
vous embrasser sur la bouche." Et d'ajouter"Bon, Si on n'a plus
le droit d'embrasser ses copains où on veut autant aller en
prison tout de suite." réaction plus naturelle et
rafraîchissante, y a pas.
En attendant, les vacances sans Christophe
tournent au fiasco : maman rate ses coquillettes, papa fait
chavirer le bâteau car il ne sait pas naviguer sans son
fils aîné, sans compter le estivants qui détruisent
le mur séparant la plage de la maison louée et qui engagent une lutte sans merci contre les parents, bien
décidés à défendre leur territoire, fût-ce au prix d'ordures qui
remplissent le jardin. Chacun interprétera comme bon lui semble
ces symboles...
Les parents et les enfants somatisent à qui mieux
mieux et surtout cet exil forcé empêche Christophe de tenir sa
promesse: être là quand son petit frère tombe amoureux...
Heureusement , tout rentrera dans l'ordre,(demanière un peu trop iédéalisée mais bon ) et chacun retrouvera la sérénité.
Un
petit livre (par la taille ), tout en sensibilité et qui montre que
souvent les enfants sont plus tolérants que les adultes... Un gros coup de coeur !
L'avis de In cold blog
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19)
18/12/2007
Le cognac, ça rap !
Prenez un avocat, Christophe Leibowitz, exerçant depuis
bientôt 20 ans, un peu (désab)usé, mais, au fond, aimant follement la
faune bigarrée qu'il côtoie et défend. Son humour vachard n'épargne
personne ,y compris lui même.
Trop
souvent imbibé, il doit se
soumettre à une mise à l'épreuve et trouve bien évidemment un moyen
original de "contourner" la thérapie : l'envoi de missives à son
thérapeute, missives déjantées où se donnent à lire autant
des fantasmes "fabriqués" pour plaire au psy que ses idées les
plus folles.
Le destin, bon prince, vient mettre du piquant dans sa
morne existence de défenseur de petits dealers en le faisant hériter...
d'une marque de cognac! Aussitôt son imagination s'emballe : il
veut unir l'univers traditionnel du cognac charentais et celui
blingueballant des rapeurs-dealers. Usant de ses " relations", il
trouve bientôt un rapeur doué qui lui écrit aussitôt un texte prônant
cyniquement l'accession à la richesse par le deal et par la même
occasion vantant le cognac de Leibowitz rebaptisé Ground XO. Et là, la machine s'emballe...
L'auteure,Hannelore
Cayre, elle même avocate, possède un style très visuel et qui
fait mouche. Le récit avance tambour battant mais se termine un peu
brusquement, seule restriction que j'émettrai concernant ce
roman que j'ai dévoré d'une traite, le sourire aux lèvres.
Ce roman
étant le troisième d'une série mettant en scène le joyeusement
cynique Leibowitz, il ne me reste plus qu'à dévorer les
précédents ! (déjà sur ma PAL Toiles de maître)
De quoi passer un bon moment.
06:12 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15)
17/12/2007
L'art de la chute
Les monstres attirent le regard et, effectivement, le regard est très important dans La collecte des monstres à laquelle nous convie Emmanuelle Urien.
Regard
des autres sur soi qu'on ne supporte plus et qu'on provoque pour mieux
le contrôler. Regard sur la violence du monde qui rend fou.
Pas
de monstres de foire dans cette collecte mais des gens en apparence
ordinaires et qui un jour, par une sorte de fatalité, basculent
soit du côté victime soit du côté bourreau. La frontière
est souvent floue entre les deux car il faut être deux pour danser le
tango...
Mensonges,manipulations, violence physique ou psychologique, la machine à broyer se met en route implacablement.
On
ne sort pas indemne d'une telle lecture et alors que je peux lire sans
broncher (ou presque) les descriptions les plus
sanguinolentes, j'avoue que j'ai parfois différé la lecture d'une
nouvelle ou anticipé en allant voir la fin...
Emmanuelle
Urien excelle à mettre en place des machines infernales,aux mécanismes
parfaitment agencés, qui nous explosent à la figure. Chaque nouvelle
nous fait entrer dans un univers différent, tant par la tonalité que
par l'époque évoquée.Le parti pris d'évoquer des monstres donne parfois
un aspect un peu systématique mais l'auteure maîtrise parfaitement
l'art de la chute, voire de la double chute, et arrive toujours à nous
surprendre. Elle confirme ainsi tout le bien que j'avais déjà écrit ici.
Merci à cath et à Ch'ti 31 de m'avoir offert cet exemplaire dédicacé !
L'avis de Clarabel.
Celui de In cold blog.
Le site de l'auteure
06:15 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (24)