26/11/2007
Fêlures
Trois amies de longue date, Gwen,Beatrijs et Veronica ont pris
l'habitude de se retouver pour les vacances dans la grande ferme
de Timo et Gwen, avec conjoints et enfants.
Mais cette année, la
donne a changé : Gwen est morte, laissant un veuf désemparé et deux petits
garçons, Beatrijs arrive flanquée de son nouveau compagnon et de
sa "belle-fille en location",une gothique pur jus, et Gwen ne s'habitue
pas à n'avoir donné naissance qu'à une seule petite au lieu de jumelles comme précédemment.
Nous
suivrons l'évolution de ces personnages de l'été à l'hiver, dans une
ambiance étrange,distillée à la fois par le malaise qu'engendrent le
comportement des nouvelles" pièces rapportées"et les actions des
enfants qui vont jouer le rôle de révélateurs.
Renate Dorrestein excelle d'habitude à instaurer des ambiances lourdes mais là , bizarrement, Tant qu'il y a de la vie,
par sa volonté de croire à l'espoir à tout prix, n'y parvient pas
totalement. Les personnages sont traqués dans leurs replis les
plus intimes mais la présence de Leander, le nouveau compagnon de
Beatrij ,de par sa profession ,( médium?) ne rend guère
crédible l'histoire. Un autre fait qui demeure inexpliqué, laisse également le lecteur sur sa faim, mais l'auteur ,par sa volonté de montrer que rien n'est stable en ce monde, ceci justifie donc cela.
Il n'en reste pas moins que j'ai passé un bon
moment de lecture dans la campagne néelandaise en compagnie de personnages sympathiques et attachants.
06:15 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20)
23/11/2007
Promesses non tenues
2 euros pour découvrir ou redécouvrir un auteur, , ce spetits éloges,
je les glisse dans mon sac en cas d'attente intempestive...
Je doisdire qu'il ne me restera pas grand chose des cités évoquées par Valentine Goby dans son Petit éloge des grandes villes. L'impression
désagréable que l'auteure se regarde écrire, des descriptions qui
restent à la surface et ne laissent aucune empreinte...
Bilan moins mitigé pour Pierre Pelot et son Petit éloge de l'enfance.
De Pelot j'avais lu il y a bien longtemps et dans un genre très différent , l'été en pente douce (adapté au cinéma avec la lumineuse Pauline Laffont).
Sur
le thème rebattu de l'adulte qui revient mettre ses pas dans les traces
deson enfance, pelot réussit à nous rendre présents, par un
style à la fois littéraire et charnel, lespaysages
de l'Est de la France. Néanmoins, si on admire la
subtilité d ela narration (les paysans sont patients et matois), on
étouffe parfois dans des longueurs aussi touffues que la forêt dans
laquelle a erré le narrateur enfant.
Quant à Gaëlle Obiégly, en entamant son Petit éloge de la jalousie
, j'ai d'abord pensé du style "Tiens, on dirait du Duras, la
poésie en moins". Mais rapidement ses récits de
scènes de film ou de roman, entremellée
d'interventions de la narratrice m'ont paru de plus en plus
ardues . Quand les expressions désignant les différents
protagonistes sont devenues extrêment répétitives, que je me suis
perdue dans les liens qui unissaient les personnages (impression que
les mêmes mots tournaient dans la même sphère, comme les boules du loto
ou les pensées du jaloux), le mal de tête a commencé à
poindre et j'ai lâchement lâché les jaloux à leur jalousie, jurant mais un peu tard qu'on ne m'y prendrait plus.
06:18 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (27)
22/11/2007
L'amour au temps du cancer
Dans les années 70, "Love story", film propret, lacrymal et
guimauve, mettait en scène un Roméo et une Juliette à la sauce
américaine que la leucémie de l'héroïne allait promptement
séparer.
Rien de tel dans le roman fortement autobiographique de Ray Kluun,En plein coeur.
Carmen,
Stijn et leur petite Luna forment une famille sympathique
de bobos à qui tout sourit jusqu'à ce que le cancer du sein de Carmen
vienne les frapper de plein fouet.
De nombreux romans traitent du
même thème mais en génral nous avons le point de vue de l'héroïne
( je pense en particulier au très beau crabe sur la banquette arrière).Ici
les événements sont envisagés du point de vue du conjoint car il s'agit
" de notre cancer" et de ses répercussions sur leur couple.
Pas
de bons sentiments faux-culs dans ce roman mais une
approche frontale de la maladie, tant par les soignats que par
le narrateur qui ne se donne pas le beau rôle sa "monophobie
aiguë" (en clair ses aventures extra-conjuguales) lui servant
d'exutoire à ce qu'il vit chez lui. Et pourtant,
comparé à d'autres hommes qui fuient lâchement devant les
épreuves il sera là jusqu'au bout...
Les
souffances tant physiques que morales de Carmen ne nous sont pas
épargnées mais sans aucun voyeurisme et l'organisation de la mort
de carmen (l'euthanasie à la maison étant possible aux Pays-Bas)
est un moment poignant.
Un thème difficile mais un point de vue original et fort.
l'avis de Cuné que je remercie encore .
06:16 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (25)
21/11/2007
Ils nous en font voir de toutes les couleurs !
Michel Pastoureau, historien et anthropologue et Dominique
Simonnet,romancière et essayste,dialoguent autour des couleurs et c'est
savoureux !
Le petit livre des couleurs,beaucoup plus facile à lire que Bleu
de Michel Pastoureau, lui aussi sorti en poche, est truffé
d'informations concernant le bleu consensuel,le rouge, le
blanc,le vert,le jaune (dont Pastoureau annonce le grand
retour), le noir,et les demi-couleurs (gris pluie, rose bonbon).
Ce
livre est une mine d'informations ! On y apprend que les maillots
de foot en France sont devenus verts ou jaunes sous l'influence
des pays d'Amérique latine , que le petit chaperon rouge, blanche-neige
ou encore le corbeau et le renard peuvent s'interpréter par
les trois couleurs de base anciennes que sont le rouge,le noir et
le blanc...et que d'ailleurs ,longtemps les mariées ont été
vêtues de rouge.
Avec ce petit livre nous ne regarderons plus les couleurs qui nous entourent de lamême manière!
06:08 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (17)
20/11/2007
l'amour sous les bombes
"Combien de temps allait-on encore laisser cette guerre tout gâcher?
On avait été tellement patient. A vivre dans l'obscurité. A vivre
sans sel, sans parfum. A ne se nourrir que de petites rognures de
joie, comme des croûtes de fromage..."
La guerre, c'est la seconde guerre mondiale , toile de fond de Ronde de nuit
de Sarah Waters.La guerre vécue à Londres, principalement par des
femmes bien décidées à survivre et à profiter de chaque instant, la
proximité de la mort aiguisant leur sensations et leurs sentiments
amoureux.Un monde où les femmes ont pris la place des hommes partis au
front et où elles affrontent la souffrance et la mort.
Trois grandes
parties nous font remonter le temps (1947, 1944, 1941) et
dévoilent progressivement les mystères de chaque personnage. Je dois
dire que j'ai été bluffée par l'art de l'auteure qui fait ainsi
rebondir le récit, détruisant au fur et à mesure les hypothèses
que j'avais échafaudées, sans que cela sonne faux , bien au
contraire,car cela donne une densité encore plus grande au récit.
On
suit dans un Londres parfaitement reconstitué, où les détails de
la vie quotidienne sonnent justes, les pérégrinations et les
amours de Julia, Helen et Kay. On souffre avec Viv, amoureuse d'un père
de famille lâche (et à qui j'aurais volontiers donné une paire de
baffe), Viv qui sait déjà que tout est joué pour elle qui vient
d'un milieu modeste : "On essaie de faire quelque chose de
notre vie ,et la vie nous en empêche, nous
fait des croche-pieds". Viv qui a un frère sensible et plein de
mystères aussi...
Un
très beau portrait de Londres et de ses habitants , secrétaires
acharnées, ambulanciers courageux ou prisonniers hauts en couleurs...Un
monde grouillant de vie malgré les bombes.Une écriture sensible
et délicate, d'une grande puissance évocatrice , un récit plein de
rebondissements, Sarah Waters est vraiment une très grande
romancière.Normal ,elle est anglaise !
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (33)
19/11/2007
Un drôle de p'tit bonhomme
Herman a 10 ans.Herman est entouré d'une famille
aimante, un père grutier qui lui fait croire qu'il peut voir
l'Amérique,une mère affectueuse qui lui tricote des bonnets de
laine, un grand-père malicieux qui ne quitte plus son lit mais écoute
attentivement et conseille son petit-fils. Herman vit dans un monde où
l'imaginaire et la poésie sont très présents mais la réalité va
le frapper de plein fouet car ce p'tit bonhomme va perdre tous
ses cheveux.
Etre chauve à 10 ans et devoir affronter les regards
des autres voilà qui n'est pas facile. Les rapports s'en trouvent
faussés et souvent le gamin réagit avec agressivité ou prend de la
distance parlant de lui en utilisant le pronom "on" ce qui crée
des dissonances dans le texte.
Dans
un premier temps,histoire personnelle oblige, je suis restée en retrait
par rapport à ce roman de Lars Saabye Christensen, dont j'avais adoré Le demi-frère.
Puis le texte a infusé en moi et je me retrouve la gorge serrée en
train d'écrire sur ce texte sans sensiblerie qui montre aussi des
parents désorientés par rapport à la souffrance psychique de leur
fils et je me dis que je me suis bien faite avoir une nouvelle
fois par cet auteur !
En prime, vous saurez tout sur les différents
estomacs de la vache, sujet que j'avais appris il y a bien
longtemps et qu'Herman révise pour l'école.
Pour voir la photo de l'auteur c'est chez Gachucha
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14)
16/11/2007
Il jongle avec les mots
Longtemps, Alain Rey nous a accompagnés avec son "mot du jour" sur
France Inter. Il est à ma connaissance un des rares lingusites à avoir
su populariser sa discipline que tant de profs savent parfaitement
rendre indigeste...
Joyeux
trublion, son humour pétillant et sa culture sans affectation,
ont sans doute déplu à la nouvelle direction de la chaîne
qui l'a débarqué sans ménagement.
La parution de quelques unes de ses
chroniques, regroupées par années, de 2000 à 2003, nous permet de
remonter le temps (une chronologie en tête de chapitre
nous rappelle les principaux événements ) et le lecteur , en
retrouvant la saveur de ces billets, est victime d'une illusion
auditive, croyant réentendre la voix d'Alain Rey, le magicien des
mots qui conclut ainsi son billet sur le mot "travail": "...car en
refusant au travilleur son travail, on le travaille au
sens premier du mot, comme un boxeur travaille au corps son
adversaire. travailleurs, travailleuse, ne vous laissez pas
travailler!".
En ces temps agités (pas du bocal, malheureusement)le point de vue de cet amoureux des mots nous manque cruellement.
A mots découverts vient de sortir en poche !
06:04 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (26)
15/11/2007
Coup au coeur/coup de coeur
Pour peu qu'il ait lu ait lu ce livre
(et pourquoi pas celui-ci),
le
lecteur sera intrigué par le titre du roman d'Alice de Ponchevielle :Calamity Jane avait deux filles. Mais il faudra la fin du livre pour qu'il prenne toute sa dimension.
En
effet, pas d'effet de manche ou de roulement de tambour dans ce roman
qui avance à petits pas, pour mieux nous laisser le loisir de faire
connaissance avec les deux soeurs , Elise et Rose, deux très jeunes
filles aux prises avec une réalité qui les dépasse souvent , quasi
laissées à elle mêmes,dans un monde violent où "manquait des valeurs
féminines" .
Mais plus que les révoltes de banlieues ,qui servent
de toile de fond et ne les concernent qu'indirectement, par ricochet,
c'est la fragilité des êtres que nous montre l'auteure.Ces êtres qu'une
trop grande douleur ou une accumulation d'accidents de la vie peut
faire sombrer...
Adultes ou
adolescents,ils prennent le monde à bras le corps ou se laissent
parfois couler, oscillant au bord du vide, les plus courageux
n'étant pas forcément ceux dont on pourrait légitimement attendre le
soutien.
Deux très beaux portraits de jeunes filles que l'on
découvre progressivement,adhérant totalement au rythme de l'auteure,
tout en délicatesse.
Alice de Poncheville n'édulcore pas la
réalité,tout en évitant tout apitoiement sur ses personnages. On
a parfois le coeur serré mais elle refuse toute solution de facilité
aux deux soeurs car "Il y a des choses
que l'on ne doit faire que lorsqu'on a épuisé toutes les autres
possibilités".
Et
comme le dit Elise,la plus jeune, " Je peux faire face à
beaucoup de choses. je suis petite mais peut être que je
comprends les gens mieux que toi".
Un très beau livre sur les liens entre soeurs et un portrait en creux des liens mère/fille qui sort vraiment de l'ordinaire.
Je
ne révèle volontairement rien de précis sur l'histoire pour mieux vous
laisser le plaisir d'avancer de découverte en découverte.
Un
livre comme j'en ai rarement lu, tout en émotion retenue et en
sensibilité. Des personnages qui resteront longtemps dans mon coeur.Un livre que toute bibliothèque se doit de contenir et une
auteure dont je vais essayer de trouver vite d'autres ouvrages.
06:10 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (22)
14/11/2007
Elle s'appelait déception...
C'est sous la pression de Ferdi que j'ai acheté le dernier (en date)
volume d'Adèle Blanc-sec car la relecture cet été de la série m'avait
laissé une impression mitigée.
Pour résumer ce volume autant
prendre une citation du personnage central: "Je ne sais pas très
bien où je vais . Ce n'est qu'un feuilleton après tout" (des réflexions
quasi identiques intervenaient déjà dans les précédents épisodes).
Tout
est dit. L'histoire part dans tous les sens, brassant thèmes
d'actualité (clonage, vache folle, médicaments testés sur des cobayes
involontaires,sans compter, mine de rien, une nouvelle peur alimentaire
qui , si elle devenait réalité, causerait bien des soucis en France...)
et références à des personnages apparus dans les précédents volumes.
Paris
est toujours aussi beau et les tentacules font des réapparitions dans
les endroits les plus improbables. Quant au labyrinthe qui donne son
titre à l'album , il est certes fait référence au minotaure (qui était
enfermé dans l'édifice construit par Dédale), mais il me semblequ'il
s'agit tout autant d'une métaphore concernant le récit. Que celui
qui trouvera le fil d'Ariane me fasse signe...
Ferdi lui, a bien aimé.
06:09 Publié dans Lu par ferdinand (8ans) | Lien permanent | Commentaires (15)
13/11/2007
"le temps ne fait rien à l'affaire"A voir ...
Eliane Girard, dans son petit manuel , Comment être vieux et pas con à la fois, commence par citer Benoîte Groult :"La vieillesse est si longue qu'il ne faut pas commencer trop tôt".
Certes
et dans notre pays vieillissant où les seniors seront de
plus en plus nombreux,ce livre sera fort utile quand nous
aurons atteint la cinquantaine.
Conseils
vestimentaires mais aussi expressions à éviter (préférer "j'ai beaucoup
mieux à faire" à "Ce n'est plus de mon âge") et surtout conseils
destinés aux seniors encore dans le monde du travail pour ne pas avoir l'air d'un vieil aigri...
L'auteure
ne ménage pourtant pas les anciens et les incite à davantage de
souplesse, leur glissant au passage quelques astuces pour supporter les
déjeuners tardifs ches les plus jeunes (un en-cas avant de partir)*et
autres situations de la vie quotidienne.
A offrir ou à s'offrir en prévention !
* J'en connais qui utilisent déjà cette astuce mais le font remarquer ostensiblement...
06:08 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (29)