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24/02/2012

Philosophie de la vie conjugale

"Adolphe se rappelle un proverbe anglais qui dit "N'ayez jamais de journal, de maîtresse, de maison de campagne ; il y a toujours des imbéciles qui se chargent d'en avoir pour vous..."

Tandis que Cuné a entrepris "tranquillement, en ne se pressant en rien" la lecture intégrale de la Comédie Humaine - et qu'elle s'y tient , la bougresse, et qu'elle se régale même !- je me suis contentée d'une toute petite tranche de Balzac , une nouvelle extraite des Nouvelles et contes, II.
N'était le prénom du personnage masculin, très désuet, ce petit couple, dont Balzac se régale à nous raconter les ajustements avec l'amour et la réalité ,pourrait être tout à fait contemporain par bien des aspects !balzac,couplesQui n'a dans son entourage une Caroline qui rêve toujours d'avoir ce que possède sa voisine et croit fermement que certaines ont atteint le bonheur qui semble toujours lui échapper à elle ? Elle semble mener son mari par le bout du nez, le manipulant à qui mieux mieux mais Adolphe est sans doute lui aussi bien roué à sa façon !
Ah Balzac ne la ménage pas sa Caroline ! Il se moque d'elle, mais avec une bonne humeur communicative ,un style alerte et enlevé, qui emportent l'adhésion ! La fin est un peu précipitée mais comme elle est censée nous expliquer "la felichitta du finale de tous les opéras, même de celui du mariage" , on s'en accommodera bien volontiers !

Un petit plaisir pour deux euros chez Folio !

23/02/2012

Les trois lumières

"Et c'est alors qu'il me prend dans ses bras et me serre comme si j'étais à lui."

Parce qu'ils sont surchargés d'enfants et qu'un nouveau bébé va bientôt arriver, une famille irlandaise confie l'une de ses filles à un couple de fermiers taciturnes, les Kinsella.
Pourquoi cette enfant et pas une autre, pourquoi ce couple ? à ces questions il ne sera jamais apporté de réponses claires. claire keegan
De la même façon, c'est par petites touches que l'enfant- narratrice va prendre conscience tout à la fois de l'amour qui va se tisser entre elle et le couple qui l'accueille et du drame qui les a frappés.
Souffrance réprimée, cruauté consciente ou non, tout se donne à voir à travers des gestes en apparence insignifiants: quelques tiges de rhubarbe que personne ne veut ramasser, uin chien qu'on n'appelle jamais par son nom. à la curiosité inquisitrice, on répond par le silence, silence auquel la narratrice sera initiée .
C'est aussi tout un monde rural en voie de disparition qui se donne à voir ici, un monde plein de poésie qu'on savoure quand la journée de travail est enfin terminée. Un univers riche en émotions et qui tient en une centaine de pages denses , cruelles, pleines d'émotions et qui se terminent avec une phrase parfaite d'ambiguïté.

Les trois lumières , Claire Keegan, récit traduit de l'anglais (Irlande) par Jacqueline Odin, Sabien Wespieser 2011.

Du même auteur, en poche.

L'avis d'Antigone qui vous mènera vers toutes celles qui l'ont aimé.

21/02/2012

La belle année

""Tout gâcher, c'est ta spécialité, Tracey Charles "je me suis dit."

" -T'as de la chance de t'appeler Tracey. Toi au moins, tes parents t'ont gâtée". Pas si sûr que ça . Parce que la mère de Tracey c'est tout un poème ! Au lieu de se réjouir d'avoir une fille douée qui vient d'entrer en sixième et d'entamer, saison après saison ce qui va devenir sa Belle année , elle la tarabuste sans cesse, passe son temps à se plaindre et on se demande comment après avoir largué son premier mari, le père de la pré-adolescente, elle ait réussi à se dénicher un nouveau compagnon !
Mais Tracey ,en fille intelligente, sait s'accommoder des humeurs de sa mère, voire en tirer partie. Elle porte un regard aigu sur le monde qui l'entoure, la banlieue, mais une banlieue qui échappe à tous les clichés sans pour autant tomber dans l'angélisme (il n'est que de voir la description des cours dans le collège !). L'espace urbain joue en effet un rôle important dans ce roman, à travers les déplacements de Tracey mais aussi à travers la manière dont son père va, petit à petit le réinvestir, faisant fi de sa phobie qui le contraint à rester chez lui.cypora petitjean-cerf
C'est en effet toute une faune haute en couleurs qui gravite autour de Tracey . Que ce soit ses parents,  son beau-père japonais, sa famille ou ses amis. Tout un monde attachant qui se compose petit à petit à travers le récit de Tracey.
La Belle année c'est aussi le récit de la métamorphose à petits pas, d'une enfant dont "Les accès de violence sont le plus grand problème" , qui ne supporte pas qu'on la touche (vu la manière dont sa mère la bouscule, on comprend pourquoi...) et qui va apprendre, mine de rien, à s'ouvrir aux autres. un récit plein de fraîcheur et d'humour.

La belle année, Cypora Petitjean-Cerf, Stock 2012, 317 pages hérissées de marque-pages !

20/02/2012

L'ivresse du kangourou

"Comme la plupart des écrivains, j'oscille en permanence entre la cupidité et la lâcheté."

Partager un abri avec un rat mangeur d'homme (ou presque), suivre à la nage un chien qui se dirige avec ardeur vers le lointain, essayer de ramener à la raison et à la maison un kangourou Grand Roux alcoolique et violent, voici quelques unes des mésaventures où Kenneth Cook se met en scène avec son habituel sens de l'autodérision !kenneth cook
Il le dit lui même , il le sait, mais il s'obstine à prendre les mauvaises décisions ! Entre lézards à collerettes volants, bouseux qui lui enfoncent le canon de leur fusil dans le ventre , il arrive finalement mieux à s'en sortir qu'avec les lettrés : "Quand mais ô quand, vais-je apprendre  à ne JAMAIS entreprendre  quoi que ce soit avec des universitaires ? " Auraient-ils des idées plus tordues qu'un aborigène dont les orteils possèdent à eux seuls un véritable langage ? Ou qu'un cow-boy placide et farouchement anti-paris ? Certainement !
On entre de plain-pied et avec une grande familiarité dans l'univers de Cook , un univers que n'auraient pas renié les Marx Brothers tant l'auteur a le sens du comique visuel. Sa description du restaurant panoramique (sans panorama !) tournant est tout simplement à hurler de rire et je voyais vraiment le film se dérouler ! Un livre qui m'a fait rire  aux éclats*quasiment à chaque texte et qui est un véritable chasse-grisaille !

 

* Et ça m'arrive rarement !

17/02/2012

Le rêve d'Amanda Ruth...en poche

"Que faire à Fengdu un dimanche ?"

Une croisière d'une dizaine de jours sur le Yangzi Jiang, le fleuve dont Amanda Ruth rêvait en Alabama et qu'elle ne verra jamais car elle a été assassinée à l'âge de dix-huit ans. Ce périple, c'est sa meilleure amie, Jenny ,qui l'entreprend quatorze ans plus tard, autant pour disperser les cendres de celle qu'elle chérissait, que pour tenter de donner une dernière chance à son mariage avec Dave, le sauveteur professionnel.51m3k+9e1KL._SL500_AA300_.jpg
Sur ce canevas somme toute assez conventionnel au premier abord, Michelle Richmond va, comme dans son premier roman, s'éloigner des sentiers battus, aussi bien du point de vue narratif, ménageant de nombreuses surprises au lecteur par sa capacité à éviter les clichés et les situations attendues, que par son style, toujours aussi poétique et précis.
Par delà l'espace et le temps vont se tisser des liens entre la Demopolis River d'Alabama et le fleuve sur lequel la Chine veut à tout pris construire un barrage qui détruira non seulement la faune et la flore mais aussi des villages où des hommes et des femmes vivaient depuis des générations.
On glisse en compagnie de Jenny sur les eaux boueuses du Yanggzi Jiang, on partage ses émotions , on retarde le plus possible le moment de quitter ces personnages avec lesquels on a partagé tout à la fois souvenirs et découverte d'une Chine parfois factice, celle qui est imposée aux touristes, mais aussi celle que Jenny parviendra à comprendre par delà les mots dans un dernier chapitre d'une beauté et d'une force incroyables. A dévorer et savourer tout à la fois.

16/02/2012

Désolations

"Parce que tout ça était bien plus qu'une simple histoire de cabane."

Irene est-elle rendue folle par la douleur qui lui martèle la tête à longueur de journée ou juste terriblement lucide sur la capacité de son mari Gary à rater tout ce qu'il entreprend, y compris leur mariage ? En tout cas, cette idée de construire une cabane sur Caribou Island ne lui dit rien qui vaille...
Histoire d'un fiasco annoncé, Désolations est un livre terrible sur le couple. Que ce soit celui de Gary et Irene qui, la cinquantaine venue n'ont plus d'illusions ni sur eux-même ni sur les autres ,ou celui que veut à tout prix former leur fille Rhoda avec ce crétin de dentiste quadragénaire qui a déjà prévu de se préserver tout en la sacrifiant.david vann,alaskaC'est aussi sur livre sur la fin des illusions que peut véhiculer l'Alaska.Il n'est que de voir avec quelle violence cette région va blackbouler un gentil étudiant qui rentra vite fait pleurnicher dans les jupes de sa mère ! Peut être aurait-il fallu qu'il en soit de même pour Gary et Irene.
La tragédie annoncée d'emblée ne peut qu'advenir et de manière encore plus implacable que prévu. Une écriture sobre et puissante.

Déniché à la médiathèque.

Désolations, David Vann, traduit de l'américain par Laura Derajinski, Gallmeister 2011, 297 pages terribles.

ICB l'avait lu en V.O.

Hélène l'a trouvé glaçant !

15/02/2012

Je renaîtrai de vos cendres

"Bref ,quitte à passer pour un monstre, une sans-coeur, une anti-tout, je préfère  même me désolidariser de ce Polonais suicidé de Yanek[...] .Moi je dois réussir mon bac à tout prix, pour retouner vivre à Paris . Pas mécontente le jour où je quittrais la Place de la Jamais-Contente !"

Waouh ! Quelle énergie, Shosha ! Quelle colère ! Tout cela déborde de son journal mais bientôt cette jeune fille en classe de terminale va, à la suite d'un travail scolaire, s'interroger sur l'origine de son prénom, sur des bribes de souvenirs, sur des silences soudains et ainsi recomposer tout un pan d'une histoire familiale que les femmes de sa famille auraient préféré garder sous silence.elisabeth brami
Dès le titre le lecteur adulte aura deviné de quoi il est question, mais le "secret" en lui même n'est pas l'aspect le plus intéressant de ce roman. C'est tout l'aspect "psychogénéalogique" qui m'a vraiment intéressée, la manière dont les secrets se transmettent malgré tout et pertubent , à distance, les descendants. Un roman plein d'énergie et de sensibilité. à noter les citations très pertinentes qui ouvrent chaque section du journal.

Je renaîtrai de vos cendres, Elisabth Brami, Flammarion 2012, 244 pages.

 

 

 

 

 

 

L'avis de Stephie.

14/02/2012

Dictionnaire des mots du sexe

Je le cherchais au rayon "Linguistique", la libraire au rayon "Sexologie", nous l'avons finalement trouvé sur la table thématique" Saint Valentin", juste à côté de Ma femme préfère George Clooney !
Même si organisé en 17 chapitres de "Artisanat et métiers "(!!) à "Voyages et moyens de locomotion", ce dictionnaire n'en reste pas moins fort peu pratique quand on cherche la définition d'une expression ou d'un mot (dans quel chapitre se cache-t-il ?).
De plus, certaines références, pourtant pas si anciennes sont fort imprécises. Ainsi à la définition de
Là : mot vague pour désigner le sexe de l'Autre, homme ou femme . Ainsi va une chanson des années 1950/1960 : "Qu'on est bien dans les bras/D'une personne du sexe opposé, /Qu'on est bien dans ses bras/Là."
Il ne faut pourtant pas être grand clerc pour reconnaître la chanson de Guy Béart qu'il a lui même écrite, composée et interprétée !agnès pierron,schtroumpf grognon le retour
On pêchera pourtant au passage quelques infos intéressantes. J'y ai ainsi déniché (au chapitre "maison") le mot "Cubiculaire", une pièce cubiculaire étant une pièce de théâtre où le lit est le décor principal, ou appris que les premières "poupées gonflables" étaient en caoutchouc et servaient sur les bateaux de guerre japonais (impossible de remettre la main sur l'article en question vu le système de "rangement" !).
Un livre plus destiné au feuilleteurs( émoustillés ou pas )qu'aux linguistes car un tantinet trop désinvolte dans la démarche.

Paru en semi-poche chez Pocket en 2012, 14.90 euros quand même !

13/02/2012

le dîner

"Cela laisserait certes une cicatrice quelque part, mais une cicatrice n'empêche pas le bonheur."

Ce livre aurait peut être pu s'intituler "Il faut qu'on parle de nos fils". C'est en effet parce que leurs enfants ont commis un acte ignoble que deux frères- l'aîné un politicien à quelques semaines de devenir premier ministre,  le cadet dont la situation sociale nous sera révélée un peu plus tard-, et leurs épouses respectives se sont donné rendez-vous dans un restaurant pour happy few.41Vs69d301L._SL500_AA300_.jpg
Au rythme des plats composant le repas, c'est toute une société du paraître qui est cruellement disséquée.
La violence , contenue ou pas, les idées nauséabondes, les mensonges vont crescendo et l'on se demande comment l'auteur va les tirer d'affaires ces hommes et ces femmes qu'ils nous livrent ainsi en pâture.
Perso ,l'explication médicale m'a laissée dubitative car trop vague (pas de maladie clairement nommée), mais j'ai été fascinée par la manière dont les parents arrivent à présenter les faits d'une manière qui les arrange.
Pas de politiquement correct ici et le lecteur doit accepter de se laisser rudoyer et de sortir sonné d'un tel livre !

Déniché à la médiathèque.

Tout le monde ou presque l'a lu !

12/02/2012

Le sel de la vie

"Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements politiques de tous ordres, et c'est uniquement de cela que j'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous: le sel de la vie."

 

Une longue énumération hétéroclite d'émotions, de souvenirs, de petits plaisirs -révolus ou pas - à laquelle je suis restée totalment insensible .Peut être parce que la semaine a été dure, peut être parce que je suis fatiguée, peut être parce que je suis lassée de la première gorgée de bière et autres kifs.françoise héritier,schtroumpf grognon le retour

87 pages, 6.90 euros.