Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/10/2015

Trop...en poche

"Nous sommes les enfants gâtés et gavés qui à Noël n'ouvrent plus leurs cadeaux."

Un titre court, efficace, en opposition avec l'avalanche de produits qui s'alignent sur les rayons de nos supermarchés, la multiplicité d'écrans que nous consultons, le flot continu d'informations auquel nous sommes soumis chaque jour. Sans oublier "Partout un fond musical, comme on dit un fond de sauce. La musique est utilisée comme sauce, une sauce insipide pour relever le goût insipide des choses, donner du goût à ce qui n’en a pas."Une sensation d'étouffement accentuée par ces pages intercalaire où court à l'infini cette antienne: "trop c'est trop". Contre cette société du trop Jean-Louis Fournier s'insurge. En de courts chapitres, il souligne l'absurdité de notre propension à stocker de la culture dont nous n'aurons jamais le temps de profiter. L'humour lui-même n'est plus dans une relation d'humain à humain car les humoristes dans les salles gigantesques où ils officient s'adressent à la foule: "On est entre clients. Nos rires font le bruit d'une caisse enregistreuse."jean-louis fournier
Un panorama exhaustif et  grinçant où l’absurde se faufile souvent dans ces énumérations de nos aberrations quotidiennes( auxquelles nous sommes trop rompus pour y prêter encore attention), ainsi ce savoureux "Sel de hareng obtenu par lyophilisation de la sueur des harengs en nage." Salutaire.

04/10/2015

Le mystère du hareng saur...en poche

"-ça fait toujours plaisir de se faire insulter par le fantasme de quelqu’un d'autre."

Branle-bas de combat dans le monde des livres ! Thursday Next a disparu et il faut la retrouver d’urgence pour éviter une guerre entre le Roman Grivois et la Littérature Féminine. Pas sûr que le conflit soit évité car celle qui est chargée de la retrouver n'est autre que la Thursday de fiction, qui interprète son rôle mais ne dispose pas des mêmes capacités que celles de son illustre modèle.jasper fforde
Flanquée d'un majordome mécanique, louvoyant entre les Hommes du Plaid et les trafiquants de fromage, Thursday aura fort à faire, d'autant que son p'tit cœur tout mou bat fort pour le mari de Thursday...
Quel bonheur de replonger dans le Monde des Livres ! Les e-books y sèment un peu de désordre et la Thursday de roman va s'employer à comparer le monde réel, fort chaotique à ses yeux ,et celui, plus policé en apparence ,de la fiction. Jasper Fforde a retrouvé une veine inventive qui fait plaisir à lire et même si l’intrigue est un peu légère, on prend beaucoup de plaisir à se balader dans le monde plein de références loufoques , de fausse logique et d'humour ! un vrai régal !

10/18

25/09/2015

Le bruit des autres ...en poche

"Je n'avais pas demandé grand chose à quiconque depuis la mort de mon mari, et maintenant que tout semblait exiger énormément de moi, sans jamais me laisser en paix, je devais me montrer vigilante. Je devais tenir les comptes  plus sérieusement, tracer des lignes invisibles ."

Propriétaire d'un immeuble ancien à Brooklyn, un Brownstone, Celia, jeune veuve, tient le monde à distance et sélectionne soigneusement ses locataires. Elle a ainsi créé un microcosme apparemment harmonieux, empli de discrétion .Amy Grace Loyd
Las ! Une nouvelle venue , Hope,  semble avoir apporté avec elle"un phénomène physique chaotique" qui a pris le pouvoir dans l'immeuble, "encouragé par le printemps, mélangeant les appétits humains avec les taillis." Simultanément , son locataire le plus âgé, un vieux conducteur de ferry ,disparaît. Bref,la belle harmonie a fait long feu et Celia ne peut plus se contenter de créer des scénarios à partir de ce qu'elle entend chez les autres .Elle va devoir renouer avec des désirs qu'elle croyait avoir oubliés et affronter un monde tout sauf aseptisé.
Premier roman, Le bruit des autres fait partie de ces livres aux thèmes subtilement dérangeants,  à l'écriture élégante et puissante tout à la fois, de ces textes qu'on aurait aimés écrire tellement ils sonnent juste.
Les personnages sont à la fois parfaitement cernés tout en gardant une part trouble ,qui les rend encore plus attachants et crédibles. Bref c'est un pur délice et un énorme coup de cœur, constellé de marque-pages !

Un grand bravo à jean Esch pour la traduction !

Le bruit des autres, Amay Grace Loyd, livre de Poche 2015.

20/09/2015

La vie amoureuse de Nathaniel P. ...en poche

"être dans une relation lui évitait d'avoir à draguer les filles, de supporter les longues et ennuyeuses conversations avec des petites qui lui plaisaient à peine dans l'espoir de coucher avec elles. Il était libre de s'adresser à des gens à qui il voulait vraiment parler."

Le charmant personnage qui s'exprime ainsi est Nate P., écrivain en devenir. Son premier roman est à paraître et il va enfin pouvoir se débarrasser des travaux littéraires alimentaires et devenir visible aux yeux de ceux qui comptent vraiment dans le microcosme littéraire new-yorkais.9782757848821.jpg
Jusqu'à présent, il a enchaîné les échecs amoureux et vient d'entamer une relation avec Hannah, jeune trentenaire qui s'est fixé aussi comme objectif d'écrire un roman. Valse-hésitation, relation en pointillés, disputes, les plus infimes variations de ce qu'on peine à appeler vie amoureuse est disséqué du point de vue de Nate, personnage égocentrique, condescendant et renâclant à se remettre en question. D'où mon total manque d'empathie, largement compensé par le plaisir de l'humour vachard de ce roman qui brosse le portrait d'une génération se donnant bonne conscience à peu de frais. Quant au personnage masculin, il aurait juste été insupportable s'il avait été décrit par un homme !
On ne souhaite à aucune jeune femme de tomber amoureuse de Nathaniel P. ou d 'un de ses avatars.

10/09/2015

Une main encombrante...en poche

Avant de pouvoir ne serait-ce qu'envisager de vivre dans une maison, il devait aimer les sons qui l'entouraient. Si le bruit du vent ne lui convenait pas, ou la qualité du silence, il pouvait aussi bien tourner les talons immédiatement. Mais ce qu'il entendit lui inspira une sensation de calme."

Son père est mort, sa fille, Linda, devenue policière habite avec lui et Wallenberg, voudrait être tranquille: "Je voudrais me mettre en congé de moi-même , pensa-t-il. De cette pesanteur que je traîne et qui me mine. Je n'en peux plus."
L'opportunité d’acheter une maison à la campagne se présente mais le sort s'en mêle et Wallenberg, explorant le jardin, bute sur une main qui dépasse légèrement du sol. Adieu havre de paix, une enquête est ouverte...henning mankellCourt roman (156 pages ) nous dit l'éditeur, nouvelle pour Mankell, Une main encombrante a d'abord été un texte dont s'est inspiré la BBC pour un scénario de sa série Wallander avec Kenneth Branagh. L’écrivain l'a ensuite relu et enrichi, ce qui donne cette version.
Cet épisode, nous précise l'auteur se situe avant L'homme inquiet qui clôt la série.
Retrouver Wallander est toujours un bonheur et la réflexion de l'auteur sur son personnage est extrêmement intéressante. On y apprend entre autres les étapes de la genèse de la série, les objectifs de l'auteur et surtout la raison pour laquelle il a décidé d'arrêter la série : "Après La lionne blanche, j'ai compris que Wallender était réellement devenu un instrument. Il m'est alors apparu que j'avais tout à craindre de ce personnage car désormais , je serais sans cesse confronté au danger de privilégier le soliste. Or mon mot d'ordre était toujours: l'histoire d'abord."

Quant à des épisodes mettant en scène Linda, l'auteur n'en exclut pas l'éventualité , tout en soulignant : "à mon âge, les frontières rétrécissent. Le temps, qui manque toujours, manque encore plus. Je dois prendre des décisions de plus en plus fermes sur ce que je ne veux pas faire ."

06/09/2015

Un jardin dans les Appalaches...en poche à nouveau, avec une nouvelle couv'

'aimerais pouvoir raconter de situations dramatiques, des contes à glacer le sang de familles réduites à ronger les lanières de leur birkenstocks."

Conscients de l'étendue du problème que représente le "simple " fait de manger, l'ognorance crasse de la plupart des gens concernant les produits agricoles , des dégâts occasionnés par l'agrobussiness aux États-Unis et dans le monde, Barbara Kingsolver, son scientifique de mari et leurs deux filles se osnt installés dans les Appalaches pour vivre pendant un an une expérience de locavores.
Locavores, késaco ?  cela signifie tout simplement ne consommer que des aliments produits par leurs soins ou par des producteurs locaux, distant au maximum d'une heure de route.41WW8bdxaSL._AA160_.jpg
Récit à plusieurs voix de cette expérience, Un jardin dans les Appalaches n'est ni un mode d'emploi ni un plaidoyer (meêm si les interventions de Steven L. Hoop, l'époux sont fort bien argumentées.), ni un moyen de culpabiliser le lecteur en le confrontant à un exemple parfait.
Non, c'est le récit plein d'humour, de doutes, d'échecs et de réussites d'iune famille tout sauf modèle qui nous montre, sans chichis, mais recettes de cuisine à l'appui, que oui, c'est possible de savoir ce que l'on mange, même en hiver

29/08/2015

Dans le silence du vent...en poche

Tu ne peux donc pas manger ? Tu te sentirais mieux. Tu n peux donc pas te lever ? Tu ne peux donc pas ...revenir à la vie ? "

L'été des treize ans de Joe est marqué par le viol de sa mère. Cet adolescent va brutalement faire l'expérience de la notion de justice car l'imbroglio des lois s'exerçant sur le territoire indien et le silence obstiné de sa mère ne facilitent guère l'identification du violeur et son jugement. Joe va donc devoir mener l'enquête de son côté et basculer irrémédiablement dans le monde des adultes.
Louise Erdrich dans ce nouveau roman décrit avec une acuité sans pareille la prostration de la victime et la difficulté à faire émerger la vérité. Une situation hélas représentative car,selon un rapport publié par Amnesty international en 2009, une femme amérindienne sur trois sera violée au cours de sa vie  et que, vu le "Labyrinthe de l'injustice", peu des violeurs seront poursuivis. Mais la romancière n'en fait pas pour autant un livre lourdement pédagogique. L'intensité dramatique est prenante et le style parfaitement maitrisé.louise erdrich
Les descriptions de la vie quotidienne de l'adolescent sont autant d'échappées belles loin de l'atmosphère étouffante de la maison familiale et l’occasion également de montrer la solidarité sans faille qui s 'exerce au sein de sa famille élargie.
Un roman que j'ai pris le temps de lire car, malgré quelques notes humoristiques et certains personnages hauts en couleurs, il y règne un climat lourd et poignant. Beaucoup de sobriété et d'émotion. à lire absolument.

Un roman récompensé par le National Book Award et élu meilleur livre de l'année par les libraires américains.

28/08/2015

Petites scènes capitales...en poche

"Son écorce est brunâtre, sillonnée de crevasses et rugueuse au toucher. Les feuilles plates et trapues, sont infusées de lumières, saturées de jaune franc; certaines sont tachetées de rouge-orangé, à peine. Au moindre  souffle de vent, le feuillage frémit et répand une formidable sonnaille de jaune, un cliquetis d'or , de soufre, de paille et de safran. Barbara est saisie d'une allégresse aussi plein et aussi nue, aussi pure que cette trémulation de lumière."

 

Comment ne pas être pétri d'admiration devant un style aussi ciselé et sensuel ? Ces Petites scènes capitales, vignettes pour dire les moments forts de l'évolution d'une d'abord toute petite fille orpheline de de mère qui va, sa vie durant, conquérir son identité et sa place au sein d'une constellation familiale pour le moins chaotique, sont un pur régal de lecture !sylvie germain
Néanmoins, je dois avouer que l'aspect un peu trop morcelé fait que je n'ai pas été aussi enthousiaste quant à la structure du livre. Elle nuit en effet un peu à l'attachement que l'on pourrait porter aux personnages. Un roman constellé de marque-pages !

 

23/08/2015

Peine perdue ...en poche

à quoi l'humain est prêt à se réduire pour vivre encore un peu. Ce qu'on est foutu d'endurer. D'accepter."

olivier adam

 

Deux éléments vont perturber la vie tranquille d'une station de bord de mer hors saison : l'agression de celui qui aurait pu être le footballeur de l'équipe locale et une tempête.
On passe ainsi en revue, de chapitre en chapitre, la vie d'une vingtaine de personnages ,liés entre eux à des degrés divers.
Il se dégage de ce roman polyphonique une impression de désespoir diffus, de découragement latent (voir le titre) qui se distille sans discontinuer. Surnagent quelques thèmes chers à l'auteur: les amours mortes, la volonté d'être un bon père malgré la séparation, les lisières des villes et de la société.
On frôle le roman noir, on sent la volonté de se frotter à une humanité engluée, mais rien d'original, aucune intensité, aucune réelle émotion.
Lu sans déplaisir mais sans plaisir réel non plus.

D'autres ont été plus enthousiastes !

22/08/2015

Dans les yeux des autres...en poche

"Elle sent en elle les milliers de feuilles de livres lues et déposées en elle comme un terreau, comme un engrais."


Anna relit ses carnets, revit ses amours et ses désillusions. N'ayant écrit qu'un seul roman, elle a quitté la scène littéraire et ses petits maîtres (dont l'auteure brosse un portrait vachard) et , ce qui faisait sa vie vingt ans auparavant: l'engagement politique .geneviève brisac
Démunie, elle loge chez sa sœur Molly qui, même "cabossée" ,continue à militer ,mais par le biais son travail de médecin dans un dispensaire. Entre elles, une relation complexe, des hommes, mais surtout une mère excentrique qui essaie toujours de tirer la couverture à elle, d'attirer l'attention: Méline.
Portrait d'une génération aventurière et pleine de vie, Dans les yeux des autres fait la part belle à l'idéal, l'humour, le tout saupoudré d'un soupçon de mélancolie. On retrouve ici  avec plaisir l'écriture ample et belle de Geneviève Brisac , qui , par son sens de l'observation, comme les romancières anglaises , sait être au plus près du quotidien : "Une urgence vous prend d'être à la maison, de sentir l'odeur de renfermé de la maison, d’ouvrir les fenêtres et le courrier : de désengourdir l'air. On voit certaines personnes qui, des dizaines de kilomètres avant la gare d'arrivée, rangent leurs affaires, remettent leurs vestes, sortent le ticket du métro qui les ramènera chez elles."Nulle mièvrerie dans sa description des rapports humains mais une réelle empathie qui n'exclut pas le regard critique. Un bilan de vie salé-sucré mais un roman enthousiasmant !