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03/05/2014

L'intensité secrète de la vie quotidienne ...en poche

"L'érudition, l'ironie, le silence: c'est la méthode Nick Crocker."

Au coeur du roman qui se déroule en sept jours au cœur de la campagne anglaise en mai 2000, Laura. Archiviste, la petite quarantaine, elle reçoit un courrier de son amour de jeunesse, le charismatique Nick Crocker. Mariée à Henry, historien et réalisateur qui se partage entre Londres et le Sussex, mère de deux enfants, Laura se laissera-t-elle perturber par cette irruption du passé ? william nicholson
Je craignais le côté à l'eau de rose de cette hésitation entre mari chéri mais un peu plan-plan et ex-amoureux torturé mais la galerie de personnages qui prennent tour à tour la parole ont des préoccupations si diverses et sont si parfaitement croqués que j'ai passé un bon moment dans ce coin de campagne anglaise.
Le regard de William Nicholson est à la fois bienveillant et acéré (voir son analyse des véhicules adoptés par les bourgeois qui ont envahi ce petit village) mais il se glisse aussi avec une aisance stupéfiante dans la peau d'une femme lors d'une hallucinante séance de shopping. Il s'en est fallu de peu que ce livre soit un coup de coeur mais il  y manque un je ne sais quoi (une touche d'acidité pour relever le tout ? ) pour que le plaisir soit total.

02/05/2014

Manuel d'écriture et de survie

 "Fais ce que tu veux et surtout ne prête pas attention à ce qu'on dira de toi et de ton travail."

 Dans l'esprit de Lettres à un jeune poète (Rilke), Martin Page répond aux missives d'une écrivaine en devenir, Daria. Il la conseille dans son écriture mais aussi dans ses rapports aux autres, abordant avec lucidité la jalousie, la différence entre les véritables amis et le réseau que l'on peut se constituer: "Les arrivistes ont des copains et des connaissances, ils sont à l'aise en toute  occasion, ils sont lubrifiés pour mener une vie sociale faite de sourires, d’écoute distraite et d'un amoncellement de paroles." . martin pageIl aborde tous les aspects de la vie  littéraire , lui conseille de ne pas oublier les libraires, la convainc de la créativité des ateliers d'écriture, bref lui transmet une vision lucide et pragmatique de la vie d'écrivain et de la vie tout court.
En creux, Martin Page nous livre aussi un autoportrait sans fards, plein de sensibilité, sans gommer ses aspects tour à tour exaltés ou dépressifs.
Ce qui frappe dans ces 172 pages, que j'ai piquetées de marque-pages, en plus d'une vision riche et passionnante de l'écriture, c'est l'inscription de l'écrivain dans la vie économique et sociale. La difficulté à s'affirmer écrivain mais aussi à assurer tout simplement sa vie d'un point de vie financier. Pas de retraite, pas de garantie de ne pas finir à la rue, thème qui hante Martin Page.
Évidemment, plein de références à glaner au passage et plein de découvertes littéraires à faire ! Un viatique nécessaire à lire et relire.

Manuel d'écriture et de survie, Martin Page, Seuil 2014, 172 pages passionnantes !

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Le blog de l'auteur

06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : martin page

01/05/2014

Le bleu est une couleur chaude (chapitres 1&2)

"Pour Emma, sa sexualité est un lien vers les autres. Un lien social et politique. pour moi, c'est la chose la plus intime qui soit."

Ayant amassé une brassée de prix, librement adapté au cinéma (Palme d'or à Cannes), La vie d'Adèle a été encensée par la critique et lue par toute la blogosphère.
J'ai laissé reposer tous ces discours élogieux pour aborder l'esprit libre cette BD. Et là ce fut le coup de cœur !julie maroh
Une tragédie annoncée d'emblée, une histoire d'amour compliquée entre deux très jeunes filles issues de milieux sociaux différents qui évolue au fil du temps. Un côté à la fois naïf, fleur bleue, sensuel tout à la fois et en même temps des sentiments très finement analysés ne pouvaient que me plaire. Que l'histoire se déroule à Lille ajoutait un plus, bien évidemment !
Quant aux dessins et aux couleurs sourdes, ils créent une atmosphère particulière et envoûtante., Une BD dévorée d'une traite !

08:30 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : julie maroh

29/04/2014

Bilan avrilesque

Peu de films marquants ce mois...

Seul,Elle s'appelle Ruby, qualifiée de comédie, fantastique, romance, mélange improbable à première vue, a su à la fois me séduire et m'intriguer. Beaucoup de fraîcheur à première vue dans cette histoire d'un jeune prodige- monté en graine- de la littérature qui n'arrive plus à écrire jusqu'au jour où il décrit dans un texte une jeune femme.... qu'il va rencontrer dans la vie réelle.20217764.jpg
Reprenant le mythe de Pygmalion dans le domaine littéraire, les réalisateurs sous des dehors plaisants tirent peu à peu la comédie vers un peu plus de noirceur jusqu'à une scène où culmine le sadisme jusque là latent du créateur envers sa créature. Une dernière pirouette relance la machine et la mise en abîme.
à noter un Antonio Banderas absolument craquant en hippie chic aux cheveux gris...

Dans le genre improbable  et brève rencontre, Le temps de l'aventure,  un film plein de charme avec une Emmanuelle Devos qui n'a jamais été aussi bien filmée.20493769.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg Lumineuse et très juste, elle donne de la densité à ce personnage de femme un peu déstabilisée, qui attirée par la tristesse d'un bel anglais absolument charmant, va s'arranger pour le rencontrer une nouvelle fois plus longuement. Une brève  aventure qui contraste avec les messages sans réponses qu'elle lance en vain à son amoureux. Une douce mélancolie baigne ce film qui propose un très joli portrait de comédienne.

28/04/2014

Vacances à l'anglaise

"Qu'avait donc cette maison ? Elle détraquait tout le monde."

Après le décès de leur mère, Richard décide d'inviter la famille de sa sœur, dont il n'a jamais été très proche, pour des vacances au Pays de Galles. Mais la combinaison de quatre adultes ayant peu d'atomes crochus, trois ados en pleine explosion hormonale et un enfant bourré d'imagination, le tout largué au milieu d'une campagne somptueuse mais dotée d'un réseau peu favorable aux portables risque de provoquer un cocktail détonnant...mark haddon
Si l'ambiance de la maison de vacances est parfaitement bien rendue, le choix de l'auteur d’alterner les points de vue, même si l'on repère très vite l'identité du personnage ,donne au roman un côté par trop "haché", qui nuit à la fluidité du récit. Un bon moment mais rien d'exceptionnel.

 

Merci Clara pour ce roman so british à lire pendant des vacances pluvieuses pour être totalement raccord !

Par l'auteur du bizarre incident pendant la nuit.

25/04/2014

So long, Luise...en poche

"Un jour, je ferai cesser ce gourgandinage."

Qui dit testament dit en général roman bien huilé, secrets de famille, amour, haine , règlements de comptes grinçant à tous les étages.
Rien de tel chez Céline Minard . Si la narratrice- dont nous ne connaîtrons jamais la véritable identité- romancière de son état, revient bien sur son passé, éclairant pour sa compagne, Luise, des événements dont cette dernière n'avait pas perçu toutes les facettes, c'est pour mieux pulvériser tous les clichés du genre et montrer la toute puissance des mots.412bMXlMZGL._SL160_PIsitb-sticker-arrow-dp,TopRight,12,-18_SH30_OU08_AA160_.jpg
En effet, par ce qu'elle appelle jactance, la narratrice arrive à produire les effets les plus divers chez ses auditeurs médusés. Effet hypnotisant du langage parfaitement manié.
De la même façon, mêlant anglais et ancien français par petites touches, convoquant gnomes, pixies et brownies dans une sorte de flot tour à tour furieux et serein, au gré des humeurs de sa narratrice, Céline Minard entraîne son lecteur dans un texte surprenant à plus d'un égard, poétique, ludique et parfois érotique, qui le laisse parfois désorienté mais épaté par tant de virtuosité (mais comment fait-elle? !!)et d'amour du langage. Mensonges , (re)création voire récréation ,car l'humour est souvent présent, sont au coeur de ce roman jubilatoire  qui est aussi un acte d'amour...On glisse d'un univers à un autre de manière imperceptible , tout ne sera pas éclairci ,mais peu importe car il faut se laisser charmer- au sens fort du terme- par cette narratrice qui fait les quatre cents coups et ne s'en laisse compter par personne, colonie de nains bûcherons ou auto-stoppeur !
Céline Minard use du langage comme une magicienne, montrant dans ce vrai-faux testament que "nous ne possédons rien, si ce n'est la puissance et, peut être le talent de recréer, allongé sous un saule dans un fauteuil articulé, ce que nous avons soit-disant déjà vécu."

24/04/2014

La femme qui dort

"Si une épidémie répandue par Dieu et non par le diable pouvait exister, qui ne plongerait pas les hommes dans un profond malheur mais les entraînerait vers la béatitude, cette épidémie devrait s'appeler N'kunre."

Les origine de N'kunre, Mieux encore que les fleurs et la femme qui dort, trois nouvelles aux tonalités extrêmement différentes et très dépaysantes. La première l'est d'autant plus qu'elle se déroule en Amérique du sud et flirte avec le conte ou plutôt le récit initiatique.ikezawa natsuki
Les deux autres sont contemporaines et proposent des visions très particulières du couple. Ainsi dans la seconde, là où des occidentaux verraient une histoire mettant en scène ce qu'il est convenu d’appeler une couguar, Ikezawa Natsuki  envisage les faits d'une manière vraiment originale. Quant à La femme qui dort, elle nous permet de voir que même l'univers onirique des japonais n'a rien à voir avec le notre...

Des récits troublants .

La femme qui dort, traduit du japonais par Corinne Quentin, picquier poche 2014, 134 pages.

22/04/2014

Miscellanées à l'usage des gens heureux (ou désirant le devenir)

"Plus une personne participe à des activités culturelles, plus elle est heureuse."*

Il y a neuf ans (déjà!) nous découvrions et nous entichions des miscellanées , florilège de fragments littéraires remis au goût du jour.agnès michaux,anton lenoir,citations,bonheur
Agnès Michaux et son compère Anton Lenoir ont choisi pour ce recueil un thème  parlant à tous: le bonheur.Mêlant, entre autres,  définitions du bonheur selon des célébrités quelque peu décalées à des articles nettement plus érudits où j'ai eu le plaisir de découvrir les mots "apotropaïque" **ou le néologisme inventé par Tolkien "l'eucastrastrophe"***, ce qui réjouit toujours mes neurones  !
Qu'on le picore ou qu'on le dévore d'une traite ce recueil vous mettra forcément le moral au beaux fixe !
J'y ai pour ma part déniché une citation particulièrement imagée : "Je pense que le secret du bonheur , c'est d'avoir l'esprit en Teflon. Quelle que soit la chose qui se présente , soit vous laissez glisser, soit vous faites votre petite cuisine avec." (Diane Lane, actrice américiane) )

Éditions Autrement 2014, 117 pages à (s') offrir.

*Selon la récente étude de Koenraad Cuypers, du Nord-Trondelag Health Study Research Center  de l'université norvégienne de sciences et de technologie.

** sert à qualifier un objet, une formule ou un rite dont le but est de conjurer le mauvais sort.Vous refusez de passer sous une échelle ? Rite apotropaïque.

*** désigne le moment précis où la situation se retourne, où le mal qu'on croyait jusque là devoir gagner le combat est finalement vaincu. à ne pas confondre avec le happy end, qui est une conclusion et non un retournement.

21/04/2014

La soirée de Mrs Dalloway

"-de temps en temps, il lui venait malgré tout des instants délicieux, par exemple l'autre soir en lisant au lit, ou à pâques au bord de la mer, sur le sable, au soleil,-oui, retrouve cela-une grande touffe d'herbe jaillissant toute tordue du sable, tel un faisceau de lances contre le ciel lisse, ferme, dur et bleu comme un œuf de porcelaine, et puis la mélodie des vagues -"Chu-u-ut, chu-u-ut", disaient-elles, et les enfants piaillaient en pataugeant-oui cela avait été un instant divin, et elle sentait qu'en de tels instants elle se lovait dans la main de cette déesse qui était le monde- déesse un peu cruelle mais combien belle-comme un petit agneau déposé sur l'autel (des absurdités de ce genre vous traversaient parfois l'esprit, ce n'était pas grave du moment qu'on ne les disait pas)."

Des nouvelles de Virginia Woolf, traduites et présentées par Nancy Huston, éditées aux Allusifs, une combinaison imparable pour un moment de pur bonheur !
Rédigées pendant et après l'écriture du roman Mrs Dalloway, ces textes avaient été rassemblés dans un premier temps par Stella Mc Nichol. Ils nous permettent non seulement de retrouver le personnage principal du roman mais aussi de croiser d'autres invités  de sa réception, inconnus du roman. On peut , comme Nancy Huston, les considérer comme une belle introduction à l'univers de Virginia Woolf et à sa pratique du stream of consciouness (monologue intérieur) mais aussi comme l'occasion rêvée de prolonger le plaisir de la lecture du roman.virginia woolf,nancy huston
Personnages ambivalents, se réjouissant à l'idée de l'énergie effervescente dégagée par cette soirée mais simultanément empêtrés dans leurs inhibitions, ils/elles se laissent aller à des rêveries champêtres , souvent placées sous le signe du féminin, les réalisations architecturales et industrielles étant de l'ordre du masculin.
Il faut se laisser porter par cette écriture musicale et imagée, sinueuse, mais ne se perdant jamais en route, et profiter de ces rencontres imposées par la mondanité qui donnent lieu à de subtiles passes d'armes, des revirements improbables et fugaces.

 Du coup, j'ai envie tout à la fois de relire Mrs Dalloway mais aussi Les Heures de Michael Cunningham et de revoir son adaptation ciné avec Merryl Streep !

La soirée de Mrs Dalloway, Virginia Woolf, traduit de l'anglais par Nancy Huston, Les Allusifs 2014, 76 pages brillantissimes !

 

19/04/2014

"Loves letters" by Metronomy


Aux manettes, Michel Gondry, bien sûr. Apparemment bricolé, mais tout est hyper précis et fluide ! J'adore les gens qui dansent et battent des mains en arrière plan !

Une superbe énergie !