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08/03/2014

L'arrogance des vauriens

"ô pouvoir s'élancer dans le chaos"

Dans le Londres d'après-guerre, une jeune femme tente tout à la fois de survivre à cette période de restrictions et de destructions et d'éviter de se laisser consumer par une passion enfuie. Il lui faut se consacrer à un double objectif: assurer sa survie matérielle et celle de ses enfants (nous apprendrons à la toute fin du texte qu'ils sont quatre) et surtout "Je ne dois pas dévier de mon objet, qui consiste à anéantir l’amour, pour qu'ainsi je puisse en tolérer la douleur; ou plutôt à cesser d'éprouver tout sentiment pour qu’ainsi je puisse porter la douleur, et que l'amour, peut être , renaisse sous une forme nouvelle".elizabeth smart
Que le lecteur ignore ce qui s'est déroulé sous le pont rouge de Brooklyn, leitmotiv de cette tentative éperdue de désamour, peu importe, à chacun de projeter sa propre histoire, son propre ressenti. Ce qui est essentiel, c'est cette volonté  farouche de lutter contre le désespoir, les injonctions que la narratrice s'adresse à elle même, les rencontres, les dialogues parfois triviaux qui remettent les faits en perspective : "Mademoiselle Smart, vous n'êtes pas seule à avoir eu quatre enfants."Les occurrences de l'amour s'effacent peu à peu mais le fardeau demeure et avec lui une question : "L'amour peut-il exister sans nécessité ? "
La présentation de ces textes en prose poétique où alternent la vie quotidienne, le patron harceleur, les pintes dans les pubs et la puissance de cette langue parfois hallucinée, elliptique et puissante pour tenter d'abolir l'amour est nécessaire pour  éclairer les lecteurs français qui ignorent totalement qui est Elizabeth Smart. Elle entretint une relation passionnée avec un poète , George Baker, qui lui fit quatre enfants mais ne divorça jamais de son épouse. L'arrogance des vauriens, paru pour la première fois en 1977,  est en quelque sorte la suite d'un premier texte qui rendit célèbre Elizabeth Smart à sa parution en 1945 à la hauteur de Grand Central, Station, je me suis assise et j'ai pleuré.

Un grand coup de cœur et une œuvre à découvrir d'urgence !


L'arrogance des vauriens, Elizabeth Smart, traduit de l’anglais (canada) par Marie Frankland, Les Allusifs 2013 , 124 pages qui font chavirer le cœur mais ne sont jamais désespérantes.

07/03/2014

Le tueur hypocondriaque...en poche

"Je suis une espèce de miracle de la médecine comme l'autopsie de mon corps le montrera  aux yeux stupéfaits du public dans un futur proche."

Affligé des maux les plus improbables, Le tueur hypocondriaque rate systématiquement sa cible. Il est vrai que loucher ne lui facilite pas la tâche. Pas plus d'ailleurs que d'autres infirmités qui se révèlent à l'improviste dans les circonstances les plus fâcheuses.51AplpLIjdL._.jpg
En effet, à ces divers maux s'ajoute une poisse tenace qui n'entraîne que de cuisants échecs. à deux doigts de mourir notre héros parviendra-t-il à accomplir sa dernière mission ?
J'avoue, si j'ai commencé cette lecture avec le sourire, je craignais un peu le comique de répétition, dont je ne suis pas friande. Mais l'auteur a su se jouer de cet obstacle en réservant bien des surprises à son lecteur . On passe donc un excellent moment, à la fois touchant et plein d'humour avec ce tueur dont nous partageons, il faut bien l'avouer quelques travers.
Un roman, qui, une fois commencé, ne peut être que dévoré !

L'avis enthousiaste de Clara !

06/03/2014

Attention au parquet !

"D'une certaine façon, je prenais conscience que j'étais en train de mettre de mettre fin à mon amitié avec Oskar de façon préventive. Je savais que le parquet, le sofa, les chats  allaient être source d' ennuis  et j'étais certain qu'ils allaient avoir un effet négatif sur notre relation  et la transformeraient à jamais."

Oskar, compositeur de musique a placé sa vie et son appartement sous le signe de la perfection et du bon goût. à mille lieues donc de son ami, rédacteur de brochures informatives, qui est "l'incarnation du chaos". C'est pourtant à ce dernier qu'Oskar va confier les clefs de son logement, le temps de régler son divorce à l'autre bout du monde. Mais la confiance cède le pas à la maniaquerie et le narrateur va vite se rendre compte que l'appartement est truffé de messages de recommandations concernant particulièrement le précieux parquet, recommandations de plus en plus intrusives...will wiles
Les événements vont alors pouvoir s'enchaîner à toute allure, le narrateur tombant de Charybde en Scylla, ne maîtrisant plus grand chose dans un univers où l'entropie va reprendre ses droits. En sept jours, plus un qui remettra tout en perspective, Will Wiles se plaît à torturer son narrateur qui croyait pouvoir repartir de zéro dans un univers en apparence aussi parfait mais où "Les faits étaient si élastiques."que l'Absurde ne pouvait que régner.
Qui d'entre nous ne voudrait adhérer à la profession de foi - radicale - d'Oskar: "Si j'arrivais à créer un îlot de perfection, il en découlerait que le reste de ma vie serait également parfait" ? L'auteur, par ailleurs rédacteur en chef d'une revue d'architecture et de design, nous met en garde avec un humour décapant contre une telle obsession ! Un premier roman jubilatoire !



Attention au parquet !, Will Wiles, traduit de l'anglais par Françoise Pertat, Liana Lévi 2014, 297 pages marquetées de marque-pages!

05/03/2014

Une famille délicieuse

"Oh, comme les cachotteries et notre volonté de préserver l'image que nous avons de nous-mêmes peuvent faire de nous des prisonniers !"

Leurs sœur Georgie, atteinte de démence sénile, va venir faire un court séjour chez Mina et Nest qui vivent dans une apparente quiétude au milieu de la lande, à deux pas de la mer.  L'occasion d'évoquer pour les trois sœurs leur enfance idyllique dans cette demeure familiale en compagnie d'une mère aimante et d'un père nettement plus distant , sans oublier une sœur et d'un frère aujourd'hui disparus ,mais aussi la crainte que Georgie ne révèle des secrets douloureux...willa marsh
En contrepoint de cette tension , les relations avec leurs neveux et nièces apportent un ancrage plus contemporain et souvent plein d'humour. Les personnages de Lyddie, qui travaille dans l'édition et vit une relation amoureuse compliquée avec Liam, ou celui de Jack qui tente de tenir tête à son adorable tyran de petite fille : "-Merci. Il n'y a rien que j'aime davantage  que de me faire tordre violemment les deux oreilles pendant qu'un paire de petits talons d'acier me pulvérise la clavicule.", sans oublier quatre chiens, croqués de manière très vivante, sont des personnages qu'on n'oubliera pas de sitôt !
Un style enlevé, un brin d'excentricité , un soupçon d'ironie et beaucoup d'empathie, tous les ingrédients sont réunis pour nous régaler !

Une famille délicieuse, Willa Mars, traduit de l'anglais par  Eric Mc Comber, autrement 2014 , 477 pages savoureuses !

04/03/2014

Manger

 "-On ne mange pas, on déjeune, on dîne, on soupe, on grignote, on ripaille, on fait collation ou medianoche, on déguste , on goûte, on dévore et, s'il le faut, on casse la croûte, mais apprend qu'on ne mange pas."

 

 "En cas de spleen tenace, certaines femmes vont s'acheter  des souliers, des parfums, n'importe quoi. Margot achetait de l'épicerie, des ustensiles de cuisine ou des gants."C'est dire si la nourriture et la cuisine tiennent une place importante dans sa vie. Et c'est d’ailleurs par ce biais que sont exposées ses relations avec les autres. Des textes articulés autour d'un plat constituent la trame de ce roman où se constituent par petites touches le portrait d'une jeune femme qui amadoue sa directrice avec des douceurs en pots mais nettoie aussi Javel après le passage d'un ami très cher , malade du sida. Le récit culmine dans une scène de genre pas piquée des hannetons, le repas familial de Noël avec marie-odile beauvaisdifférents points de vue (y compris , celui, très intéressant de l'employée de maison) qui se croisent, révélant les tensions et les petites ou grandes hypocrisies. C'est fluide, élégant et enlevé, ça donne faim. J'ai bien aimé.

 L'avis de Cuné, moins emballée par ce roman que par les précédents de l'auteure.

03/03/2014

La fin du monde a du retard

"-Tu peux compter sur moi. Dès que j'ai sauvé le monde, je me lance dans une opération vide-greniers."

 Alice et Julius, deux amnésiques, s'échappent de la clinique psychiatrique où il sont traités. Alice est totalement dénuée d'émotions et Julius est persuadé qu'un terrible complot menace l'humanité.Pour le déjouer, il leur faudra s'emparer d'un mystérieux Codex et échapper aux nombreux poursuivants qui sont à leurs trousses. Cette "quête qui tourn[e]à la collection de désaxés", enchaîne les"péripéties d'anthologie alliant surprise épique et burlesque échevelé" contient, au bas mot,  une trouvaille humoristique par page ! Mais comment fait-il ? j.m. erre
D'autant que, mine de rien, c'est toute une réflexion enjouée et intéressante qui s'intercale avec bonheur entre les épisodes de cette folle course-poursuite ,sur la nécessité de fictionnaliser nos existences. Clins d’œil en tous genres  (les frères Volfoni des Tontons flingueurs !) trouvailles langagières, commentaires sur le récit qui se met en place sous les yeux du lecteur ,font de ces 400 pages un pur bonheur de lecture! Et zou, sur l'étagère des indispensables !

 La fin du monde a du retard, J.M.Erre, Buchet-Chastel 2014.

 L'avis de Cuné qui a porté le premier coup .

Celui de Clara qui a été fatal !

01/03/2014

Avant que de tout perdre...

...court-métrage réalisé par Xavier Legrand, interprété par Léa Drucker et Denis Ménochet a emporté le César dans sa catégorie et concourt aussi aux Oscars !images.jpg

On souhaite le meilleur à ce film , court  mais  haletant, prenant, qui aborde tout en retenue le problème des violences conjugales et souligne l'importance de la solidarité.


 

28/02/2014

Février, mois très court...

Févier , mois de l'amouuuur ! En effet, depuis le 13 février ,les oiseaux ont entamé chez moi leur grande campagne de délimitation de territoire et de séduction de leurs belles : ils s'égosillent à tout va ! Pour rester dans l’ambiance, j'ai donc enchaîné  :

* Mariage à l'anglaise : du classique à ceci près qu'on passe très vite sur le coup de foudre et qu'on enchaîne illico sur le mariage d'un couple improbable . Leurs proches ne leur donnent pas un mois. Tiendront-ils un an ? D'autant qu'autour rôdent une ex et un bel homme qui a les traits de Simon 510uiG6AasL.jpgBaker...Pour Rose Byrne, toujours parfaite et pour l'humour british. Le meilleur ami du marié, genre de Gaston Lagaffe qui ne maîtrise rien de ce qu'il dit m'a fait m'esclaffer plus d'une fois.

*Happiness therapy : une romance parfois sombre entre un bipolaire aux yeux bleus (à éclipses) foudroyants et une veuve dépressive à la cuisse légère, qui, entre une discussion animée sur les mérites comparés des médocs et un entraînement de danse vont trouver le chemin de nos cœurs. Bien ficelé, bien joué, enlevé, émouvant et drôle.51rfIjfFBAL._AA160_.jpg

*Amour et turbulences. Le plus improbable pour moi car le personnage interprété par Nicolas Bedos semble très proche de ce que ce jeune homme donne à voir dans les médias : un gros con (c'est dit dans le film), goujat, dragueur invétéré et infidèle chronique. Et pourtant son duo avec la pétillante Ludivine Sagnier fonctionne parfaitement bien, les dialogues sont soignés, c'est rythmé et  Bedos semble se flageller avec le sourire (ou n'est-ce qu'une posture, susurre une eptite voix en moi).

*Lulu femme nue : un grand coup de cœur pour l'Homme et moi qui 529485.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgavions tous deux lu la BD et avons nettement préféré le film, plus optimiste pour le personnage féminin. Les personnages secondaires sont soignés avec une mention particulière pour les deux frères , sorte de Pieds nickelés à la petite semaine des plus sympathiques qui défendent  quasiment en dansant le personnage interprété par Bouli Lanners. Une réussite  ! Un film réconfortant et qui présente de très jolis portraits de femmes à différentes étapes de la vie .

*20 ans d'écart: sujet le plus casse-gueule mais la fraîcheur des interprètes emporte l'adhésion. Mention spéciale au personnage de la photographe odieuse interprétée par Blanche Gardin , à mille lieues de son personnage dans Working Girls (enfin dans la 3 ème saison, après un relooking extrême, ça bouge pour elle !:) )


*Henri : de et avec Yolande Moreau (dans un tout petit rôle). un film extrêmement visuel, qui prend son temps et ne privilégie pas les dialogues. Une approche sensible et juste du monde des handicapés mentaux, sans poésie ni niaiserie.21054873_20131105154123207.jpg Un univers bien particulier qu'il faut laisser le temps d'infuser.

Qui a dit que je n'aimais pas les love stories ? :)

Et enfin, la 4ème et  dernière saison de The big C où Cathy va devoir jeter l'éponge devant le cancer qui gagne du terrain, mais sans jamais se départir de son humour, de sa pugnacité et de sa volonté de tout organiser .Elle va même jusqu'à inscrire son mari sur un site de rencontres destinés aux veufs ! Toujours sur le fil du rasoir, à la fois explicite et délicat, sans jamais tomber dans le pathos et avec des personnages secondaires dont l’évolution est aussi intéressante que celle de l'héroïne.  Lucky me, conclut Cathy. Nous aussi de l'avoir rencontrée.index.jpg

27/02/2014

Pourquoi les clefs jouent-elles à cache-cache avec nous ?

"Pourquoi les footballeurs causent bizarre ? [...] Ils font des têtes, parfois la tête. on n'en fera jamais des têtes."

Marion Hirisnger est institutrice en maternelle, mais elle aime toujours les enfants."
Et comme elle est aussi très curieuse , elle s'est penchée sur tous les petits mystères de l'existence, un peu à la façon de Philippe Vandel, mais en privilégiant l'humour aux vraies réponses. Quoique...
Arec sa complice ,auteure de BD dans le civil et illustratrice, Cathy Karsenty, ce sont donc des énigmes du quotidien aussi variées que "Pourquoi les super-héros portent-ils le slip au dessus du collant ?", "Pourquoi est-il si doux de faire semblant de dormir ? "ou "Pourquoi l'avocat médiatique a-t-il le cheveu approximatif ?" qui sont ainsi passées au crible et explicitées avec un bel amour des mots, des gens et de la vie ! On en redemande !marion hirsinger,cathy karsenty

Pourquoi les clefs jouent-elles à cache-cache avec nous ? Marion Hirsinger, Cathy Karsenty, First éditions 2014.

26/02/2014

Le chat assassin s'en va

"Rentre vite à la maison que je puisse t'étrangler"

Se sentant trahi par Ellie, sa petite maîtresse, Tuffy, alias le chat assassin, décide théâtralement de quitter son foyer. à lui l'aventure ! Mais Tuffy aime son petit confort et n'est pas du tout prêt à se nourrir d'un oisillon qu'il n'a même pas tué:" "Ne sois pas si douillet! C'est de la viande.  Toute fraîche. c'est bon et traditionnel. Et tu as vraiment faim."
Hélas ! Mes amis, je suis encore loin d'avoir assez faim""anne fine
Il lui faudra donc se faire adopter et là les ennuis commencent, pour le plus grand plaisir des lecteurs grands ou petits ! Quel plaisir de retrouver Tuffy le roi de la mauvaise foi et toute sa petite famille ! Les dessins  pleins de malice de Véronique Deiss accentuent encore l'humour des aventures de notre chat préféré ! Un petite plaisir à (s) offrir sans faute !

 

Le chat assassin s'en va, Anne Fine, traduit de l’anglais par  Véronique Haïtse, École des loisirs 2014, pour les enfants qui aiment déjà lire tout seuls.126 pages et un final haut en couleurs !

06:00 Publié dans Humour, Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : anne fine