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02/07/2014

Les gosses

"Il n'y a pas longtemps, j'ai été boire un coup avec une amie que je n'avais pas vue depuis cinq ans. Quand elle est arrivée et qu'elle s'est assise en face de moi, j'ai été sidérée par toutes les rides qu'elle avait autour des yeux et de la bouche. Elle avait pris un coup de vieux terrible.[...] Elle était peut être aussi joyeuse parce qu'elle me voyait à un stade avancé de délabrement  et se croyait épargnée.Je ne tenais plus sur ma chaise[...] Il me fallait un miroir d'urgence. [...] Les néons au dessus du lavabo ne m'épargnaient pas .ça ne faisait aucun doute, moi aussi j'avais pris un sacré coup de vieux."

"Un livre agréable, facile à lire et bien écrit, ça existe ?". Telle était la question que je posais il y a quelques temps à Cuné. Dans une mauvaise passe de lecture ,j'étais.  Et puis, j'ai déniché ,fraîchement sorti en poche, Les gosses qui remplit exactement les termes du contrat.valérie clô
ça sent le vécu mais sans lourdeur, on se retrouve  par petites touches dans le portrait de cette mère de famille fraîchement divorcée qui doit tout à la fois élever  un jeune adulte qui a une façon très particulière d'envisager le monde du travail , une grande fille, un pied dans l'adolescence, un pied dans l'enfance (qui a peur du noir mais a la dent dure pour critiquer sa mère) et la petite dernière, neuf ans au compteur, câline et adorable mais avec une fâcheuse tendance à ramener des animaux à la maison. Sans oublier une mère pot de colle et un voisin charmant. Le tout en bossant à la maison.
Un bon tempo, des personnages attachants, de l'humour et 141 pages qui se lisent d'une traite, que demander de mieux ?

Plein d'avis sur Babelio !

01/07/2014

Trop

"Nous sommes les enfants gâtés et gavés qui à Noël n'ouvrent plus leurs cadeaux."

Un titre court, efficace, en opposition avec l'avalanche de produits qui s'alignent sur les rayons de nos supermarchés, la multiplicité d'écrans que nous consultons, le flot continu d'informations auquel nous sommes soumis chaque jour. Sans oublier "Partout un fond musical, comme on dit un fond de sauce. La musique est utilisée comme sauce, une sauce insipide pour relever le goût insipide des choses, donner du goût à ce qui n’en a pas."Une sensation d'étouffement accentuée par ces pages intercalaire où court à l'infini cette antienne: "trop c'est trop".jean-louis fournierContre cette société du trop Jean-Louis Fournier s'insurge. En de courts chapitres, il souligne l'absurdité de notre propension à stocker de la culture dont nous n'aurons jamais le temps de profiter. L'humour lui-même n'est plus dans une relation d'humain à humain car les humoristes dans les salles gigantesques où ils officient s'adressent à la foule: "On est entre clients. Nos rires font le bruit d'une caisse enregistreuse."
Un panorama exhaustif et  grinçant où l’absurde se faufile souvent dans ces énumérations de nos aberrations quotidiennes( auxquelles nous sommes trop rompus pour y prêter encore attention), ainsi ce savoureux "Sel de hareng obtenu par lyophilisation de la sueur des harengs en nage." Salutaire.

 

Trop, jean-Louis Fournier, Éditions de la différence 2014, 181 pages.

le billet d'Yv qui m'a donné envie.

06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : jean-louis fournier

30/06/2014

De tout, un peu, en vrac et pas rangé, ça sent la fin d'année tout ça.

Des livres que j'ai aimés, voire beaucoup aimés 41td6d+2jyL._.jpgmais que j'arrive pas à présenter de manière satisfaisante :

*Comment j'ai appris à Lire d'Agnès Desarthe, où plutôt comment j'ai appris à aimer les livres en éclaircissant mes liens à mon héritage familial. Un parcours singulier. Passionnant. De très belles pages en particulier sur la traduction. Le billet de Cuné la tentatrice.

 

 

 

 

 

 

51lzAUCi8JL._AA160_.jpg*Modèle vivant de Carole Fives. Une adolescente qui exprime par ses dessins tout ce qu'elle n'ose pas dire à ses parents divorcé, lors d'un périple estival rencontre un garçon qui va changer sa vie. Poignant, sensible et lumineux.

 

 

 

 

Des films, pour une atmosphère, des paysages, des seconds rôles  charmants, voire un chat rageur ...

Les beaux jours, de Marion Vernoux pour Marie Rivière, Marc Chapiteau, Fanny Cottençon et les plages du Nord.51l3FEmSQ0L.jpg

Quartet, si délicieusement british, une maison de retraites pour musiciens comme on en rêve tous.

Joséphine, pour Marilou Berry et pour le chat Brad Pitt, tour à tour câlin ou éructant, toutes griffes dehors .Un sérieux manque de rythme pourtant.

 Une chanson pour ma mère. l'autodérision de Dave ne suffit pas à insuffler de la folie dans cet enlèvement à vocation sentimentale.


28/06/2014

L'argent a été viré sur votre compte

 "...j'étais le jouet d'une infirmité sidérante qui s'était insidieusement installée au creux de mon être."

Un jeune homme "coincé dans une vie sinistrement terne et léthargique", n'ayant que deux amis et une mère malade, accepte une proposition pour le moins tentante: contre versement de fortes sommes d'argent, son petit appartement servira d'entrepôt pour des meubles qui seront régulièrement  livrés chez lui. Une aubaine en apparence mais qui va très vite virer au cauchemar...dimitris sotakis
Respect de l'entreprise et trop grande docilité vis à vis de demandes de plus en plus absurdes, critique de la société de consommation, soumission à l'argent , sclérose de l'esprit, chacun  verra ce qu'il voudra dans cette farce qui tourne au tragique avec un personnage de plus en plus autocentré tandis que dehors la révolte gronde.
Kakfa, Ionesco sont les références qui viennent immédiatement à l'esprit pour ce premier roman magistral  et plein d'humanité qui a remporté le prix  Athènes de Littérature en 2012.169 pages bruissantes de marque-pages !

L'argent  a été viré sur votre compte, Dimitris Sotakis, traduit du grec par Anne-Laure Brisac, Editions Intervalles 2014.

Un grand merci à Antigone, la tentatrice !

26/06/2014

On a failli être amies

Carole (Emmanuelle Devos) étouffe dans son rôle multitâches d'épouse de chef étoilé. Elle vient donc en catimini consulter Marithé (Karin Viard) , chargée de réorienter les adultes . Une relation ambiguë s'établit entre les deux femmes car , tandis que Carole s'éloigne de son mari , interprété par le trop craquant Roschdy Zem, Marithé ne reste pas insensible aux charmes du cuisinier... Les deux femmes entament donc une relation qui, sous le couvert de l'amitié, s'avère plus intéressée et manipulatrice que prévu.anne le ny,karin viard,emmanuelle devos
Trop démonstratif, on nous répète à trois reprises que ces deux femmes sont à la croisée des chemins, frôlant parfois la caricature (Emmanuelle Devos  qui lance à Karin Viard qu'elle est "méchante" a pourtant quitté depuis longtemps la cour de l'école primaire), ce film  a juste failli trouvé le chemin de mon cœur , malgré une dernière partie beaucoup plus réussie car plus subtile. Pourtant  j'avais envie de l'aimer ce film ! En effet, ce n'est pas tous les jours qu'on bâtit un projet cinématographique reposant presque uniquement sur un duo féminin, dont l'interprétation, par ailleurs est  en toute en nuances.


24/06/2014

Les joies de la famille

"Les joyeux mensonges font les jolis rêves."

Comme le tramway, autrefois disparu, réapparaissant aujourd’hui-"L'homme moderne  revenait de ses errements"-trente ans après un départ mal vécu par son cadet, Fabrice, le frère prodigue aux multiples vies , revient à Toulouse. L'occasion de renouer, prudemment, des liens au fil des stations de la ligne de tram que les deux hommes ont empruntée.pascal dessaint
L'occasion aussi d'évoquer des thèmes chers à Pascal Dessaint , les relations entre l'homme et la nature, les mœurs particulières des oiseaux, et d'avoir(enfin !) des nouvelles d'un vieil ami autrefois policier à Toulouse.
Texte de filiations réelles et imaginaires , à la fois dense (29 page ) et raisonnablement optimiste, Les joies de la famille joue sur la polysémie du titre et nous procure un grand bonheur de lecture. Du grand Dessaint en petit format !

Distribué gracieusement dans les agences du tramway de Toulouse mais aussi en téléchargement ici !

Merci à l'auteur qui a fait rouler le tram de Toulouse jusque dans le Nord  !

23/06/2014

L'annulaire

"-Ceux qui nous viennent nous voir sont toujours inquiets au départ à propos de leurs objets. C'est comme ça.Les spécimens sont là pour enfermer leur inquiétude".

Suite à un accident de travail qui l'a amputée d'une partie de son annulaire, la narratrice devient réceptionniste dans un laboratoire pour le moins étrange, sous la férule du non moins mystérieux M. Deshimaru. Ce dernier, non content de préserver et de conserver les souvenirs que lui confient des clients, exerce aussi son emprise sur la narratrice...yôko ogawa
Grâce à une offre estivale, j'ai renoué avec plaisir avec l'univers fascinant de Yôko Ogawa. Minimaliste tant dans l'écriture que dans le nombre de pages , elle distille une sourde inquiétude , créant avec poésie , délicatesse ,un univers à la fois quotidien et étrange où l'on peut tout à la fois conserver des os de moineau et une cicatrice... Un petit plaisir à (re)lire.

L'annulaire, Yôko Ogawa, traduit du japonais par Rose-marie Makino-Fayolle, Babel

21/06/2014

La ritournelle

 Deux quinquagénaires, ensemble depuis le lycée agricole, voient leur couple partir vers des voies différentes. Lui, gentleman farmer mâtiné de Charles Bovary, ronchonne à qui mieux mieux et ne semble s’éclater que lors des concours de taureaux . Elle, coiffée d'une toque de fourrure sur qui l'assimile plus à une héroïne russe, originale, curieuse de nouveautés, ouverte sur le monde, s’étiole un peu et exprime son stress à coup d’eczéma. Un bon prétexte cette dermatite pour deux jours d'évasion à Paris...

Comédie de remariage, La ritournelle se joue des clichés : non, tous les agriculteurs ne parlent pas patois. Ils sont cultivés, habillés avec élégance, stressés aussi et "montent" à la ville pour s'aérer l'esprit. Je me suis tout à fait identifiée à Brigitte (Isabelle Huppert tout à fait convaincante en éleveuse), riant de certaines scènes qu'on aurait pu croire tournée chez moi ! Les personnages ne sont pas caricaturaux, Darroussin n'est pas qu'un râleur atrabilaire, et comme toujours chez Fitoussi les personnages de femmes sont envisagés avec bienveillance , dans toutes leurs nuances, y compris la fantaisie. Bref , un pur régal !
Inutile de vous dire que je me suis extasiée devant les magnifiques charolais et que je me suis précipitée sur Le chevalier inexistant, d'Italo Calvino , roman révélateur dans le film .

L'avis d'Aifelle

19/06/2014

Contrecoup...en poche

"Rien ne m'appartient plus.Je suis une exilée de ma propre histoire. Je n'ai plus de vie, lui dis-je. C'est une vie après la mort. Le contrecoup."

L'image du puzzle court tout au long de cette réflexion sur le mariage et la séparation, sujet universel traité ici de manière ni exhibitionniste ni fictionelle. Nous sommes bien loin de l'auto-fiction doloriste et nombriliste à la française.rachel cusk
Nous sommes ici dans l'après de la séparation et, à travers plusieurs situations de la vie quotidienne, l'on sent que l'auteure est sonnée mais qu'elle réfléchit simultanément à cette situation.
Rachel Cusk, avec lucidité et précision, analyse la répartition des rôles du masculin et du féminin dans lemariage et convoque les mythes anciens pour nourrir sa propre réflexion.
Nous sommes donc dans le domaine des idées mais aussi dans celui des émotions tant la langue est imagée et poétique. Huit textes denses , aux tonalités différentes, pour dire le choc de devoir affronter le chaos, de se sentir mal à l'aise  car "L'effort nécessaire pour modeler la normalité est une sorte d'art du faussaire , si laborieux comparé à la facilité avec laquelle l'original a été créé."Le dernier texte, changeant de point de vue, met en scène une jeune femme étrangère engagée par le couple en train de se déchirer, exilée qui trouvera de manière symbolique et douce comment signifier cette séparation.
L'idée de Contrecoup pourrait rebuter mais, une fois ouvert, le style et l'angle choisi par Rachel Cusk font que le lecteur ne se sent jamais voyeur. On est fasciné par l'atmosphère créée mais aussi par l'éclairage si particulier de l'auteure et son analyse des mythes grecs. Un texte piqueté de marque-pages. Une réflexion nécessaire.

18/06/2014

Le théorème du homard

"La dynamique émotionnelle était tellement complexe !"

Hyper doué en génétique, Don Tillman l'est nettement moins en relations humaines ! Pour trouver l'épouse parfaite, il met au point un questionnaire des plus sélectifs et rationnels qui lui évitera, pense-t-il ,de nouvelles pertes de temps, un de ses autres obsessions. Évidemment, pour le plus grand plaisir du lecteur Don va rencontrer Rosie qui est l'antithèse parfaite de ce qu'il recherche. Mais est-ce bien si sûr ? 
Du décalage entre ce surdoué qui a su aménager ses incompétences sociales et s'efforce d'apprendre les émotions dont il semble dépourvu  en visionnant des films et les situations complètement loufoques dans lesquelles il se fourre, naît bien évidemment le rire, ponctué de quelques pointes d'émotion qui ne gâchent en rien l'affaire.graeme simsion
Malgré quelques baisses de rythme en fin de lecture, Le théorème du homard est un roman qui porte une grande attention  au langage de ses personnages, réserve de nombreuses surprises et fait remonter notre moral en flèche !

Le théorème du Homard, Graeme Simsion, traduit de l'australienpar Odile Demange, Nil 2014

 

Merci Cuné !