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12/09/2014

Entre mes mains le bonheur se faufile

Un très joli titre jouant sur le double sens de faufiler puisque dans ce roman il est question d’une femme qui décide de vivre son rêve de jeunesse : devenir couturière.schtroumpf grognon le retour
Filant la métaphore, on pourrait dire, hélas, que ce roman est cousu de fil blanc et que d’avance le lecteur prévoit le destin de l’héroïne. Cela ne serait pas gênant, j’accepte d’emblée les règles du jeu dans ce type de roman qui fait du bien si les personnages ne m’avaient pas paru aussi prévisibles. Une déception donc.

Lu dans le cadre du prix Confidentielles.

11/09/2014

Gemma Bovery, le film

Même s'il m'a fallu un temps d'adaptation pour accepter Lucchini en éditeur reprenant la boulangerie familiale normande, le roman graphique de Posy Simmonds, épuré, allégé de quelques intrigues inutilement compliquées, gagne dans l'adaptation d'Anne Fontaine en luminosité et en sensualité.
Gemma Arterton, qui incarnait déjà  au cinéma une autre héroïne de Simmonds, Tamara Drewe, est parfaite dans le rôle de la "rose anglaise", beauté fraîche et en apparence naïve.51KsmL+h2qL._AA160_.jpgGemma_Bovery.jpg
Quelques coups de griffes , quelques pointes d'humour, on passe un excellent moment avec ce boulanger persuadé d'être un démiurge, un metteur en scène de cette Emma Bovary anglaise qu'il veut sauver malgré elle.
Entre le film et le roman graphique , je ne choisis pas , j'aime les deux ! :)

 

J’ai rencontré quelqu’un

« Mon Dieu …est-il possible que l’on puisse se tromper sur le compte des gens qu’on aime ? Est-il vraisemblable que nous les réduisions aux attributs que la relation que nous avons à eux sollicite le plus souvent ?

emmanuelle cosso-merad

Jean Toulemonde  mène une existence bien ordonnée entre sa femme qu’il adore, ses enfants et son laboratoire. Las, un verdict médical tombe : il doit absolument découvrir le sens de l’humour pour sauver sa vie. Ce diagnostic va chambouler la vie de cet homme tranquille et l’amènera à faire une rencontre…
Réflexion sur le couple en forme de fable souriante et menée tambour battant, J’ai rencontré quelqu’un scrute avec bienveillance les cœurs de ses personnages, joue sur les mots et évite les écueils inhérents à ce thème. Un roman léger et distrayant.

Lu dans le cadre du prix Confidentielles.

10/09/2014

We are completely beside ourselves

"I believed I'd done something so bad, I'd been given away."

 

De Karen Joy Fowler j'avais lu, il y a quelques années, un texte fort plaisant,Le club Jane Austen.  Mais rien qui nécessite de me précipiter sur un roman pas encore traduit en français , même conseillé par Cuné.  Sauf que quand cette dernière écrit  :"Toi, il faut ABSOLUMENT que tu le lises, je ne peux pas te dire pourquoi mais tu es LA lectrice idéale pour ce roman, foi de moi :)", on ne peut que craquer !!! En plus sur liseuse, le prix est ridiculement bas et le dico anglais/anglais a permis de me  dérouiller vite fait .karen joy fowler
Je ne vous cacherai pas qu'au tout début de ma lecture , quand j'ai vu le temps restant s'afficher , j'ai blêmi mais le rythme a été vite pris surtout quand je suis arrivée à la fatidique page
77 qui contient un twist tellement renversant que j'ai failli en crier ! Tout ce qui pouvait paraître vaguement intriguant et/ou bizarre dans ce qui s'annonçait  comme un secret de famille avec disparitions à la clé et narratrice perturbée prend alors tout son sens et sa profondeur. Cette révélation (surtout ne pas lire les billets, articles, 4 ème de couv' révélant Le secret de la page 77 ) n'est pas un effet de manche de l'auteure (regardez comme je vous ai bernés) mais correspond parfaitement à la volonté de renverser notre point de vue sur un thème ô combien passionnant !

Un roman bouleversant brassant , entre autres, les thèmes de la culpabilité et  du souvenir à découvrir absolument ! Et zou sur l'étagère des indispensables !

Vite lisez-le qu'on puisse en parler ensemble ! :)

09/09/2014

Un quinze août à Paris

"Mon univers intérieur avait enflé. Il ava31kXcaRUfCL._AA160_.jpgit débordé sur le monde extérieur, escamoté, et cependant je n’étais plus vraiment quelqu'un. ou seulement cette observatrice en arrière-plan, qui se contentait de juger avec intransigeance ce grand corps apathique."

En 2009,  en plein été, Céline Curiol se retrouve aux urgences d'un hôpital parisien car elle n'a plus assez de médicaments pour tenir bon face à la  grave dépression qui la lamine. Sa demande est traitée avec désinvolture par un corps médical débordé et/ou qui ne prend pas la mesure de la souffrance ressentie.
Cinq ans plus tard, guérie, Céline Curiol entreprend le récit de cette lente remontée vers le plaisir. Elle analyse avec précision, convoquant aussi bien les écrits scientifiques que romanesques, les mécanismes de réappropriation de son corps, de son rapport au temps,  de sa lutte contre l'angoisse, contre le manque de volonté qui la terrasse.
Pas question ici d’auto-apitoiement , à peine mentionnera-telle, comme en passant les deux pertes déclenchant ce qui couvait sûrement à bas feu depuis longtemps, mais une description au plus près de ce qu'on ne décide pas de "faire " comme on le dit trop souvent mais qu'on subit de plein fouet. Un récit comme j'en ai rarement lu. Et zou, sur l'étagère des indispensables !

Un quinze août à Paris, Céline Curiol, Actes Sud 2014.205 pages couvertes de marque-pages et une bibliographie très riche.

08/09/2014

La langue des oiseaux

"Je m'étais fourrée dans une curieuse histoire à m'intéresser d'aussi près aux annonces de Kat-Epadô et à  la Langue qui brillait au-dessus de nous deux."

ZsaZsa , romancière, organise sa retraite d'une année dans un logement minimaliste au cœur de la forêt vosgienne. Elle n'a emporté que des livres , son ordinateur ,un dictionnaire de chinois et de quoi identifier les oiseaux. Sa solitude choisie va très vite être rompue quand elle va entrer en contact, via un site d'annonces sur internet ,avec une jeune japonaise vendant, dans un français à la fois fruste et poétique des vêtements de Comme Des Garçons.claudie hunzinger
Une relation virtuelle s'établit entre les deux femmes...
On retrouve dans ce roman les thèmes chers à l'auteure, l'écriture, la nature, le besoin (ou la nécessité )de se limiter à l'essentiel, de se préserver une vie à l'écart de la société mais la langue, toujours aussi poétique, introduit aussi quelques ruptures de ton avec l'utilisation ponctuelle d'un registre familier qui détonne un peu.
Si j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman, j'ai été aussi un peu frustrée par l'irruption de la vie trouble de la jeune japonaise qui, selon moi, pêche par son manque d'intensité. Bilan en demi-teinte donc.

le billet tentateur d'Aifelle (merci !) celui d'Antigone.

Du même auteur: clic et reclic !

06/09/2014

Ils désertent...en poche

"Tout a été alors très différent, les livres avaient ouvert une brèche , laissé les portes ouvertes."

Elle vient enfin d'être embauchée à un poste auquel la destinait son diplôme de commerce , diplôme acquis à force de travail. Elle va donc pouvoir acquérir à crédit ce qui aurait fait la fierté de son père: un appartement, en l’occurrence trop grand pour elle et désespérément vide. Très vite, elle va comprendre la vraie raison de son embauche: licencier un vieil employé surnommé l'ancêtre, ou l'Ours, en raison de son caractère.thierry beinstingel
Mais les relations entre celui qui vit "dans une sorte d'entre-deux permanent " et celle qui doit le débarquer vont prendre un tournant auquel la direction de l'entreprise ne s'attendait guère. En effet, les mots,entre autres ceux d'un voyageur de commerce nommé Rimbaud dont les lettres accompagnent l'ancêtre, vont changer la donne  et injecter de la poésie et de l'humanité dans des existences qui en semblaient tragiquement dépourvues.
Thierry Beinstingel fait évoluer ses personnages, jamais nommés, mais désignés uniquement par des pronoms, Vous pour l'ancêtre, Tu pour la jeune femme dans un univers singulièrement désincarné et peu décrit : celui des grandes zones commerciales,  celui des aires de repos où surnagent quelques îlots de rencontres éphémères. Ce qui pourrait être une succession de clichés devient ici une évocation surprenante de la vie d'un commercial atypique qui transforme une vente de papiers peints en expérience  quasi artistique et fascinante !
Si j'ai été un peu heurtée  au début par la désignation des personnages , je suis pleinement entrée dans cet univers méconnu de ceux qu'on appelait autrefois les voyageurs de commerce. Une évocation réussie même si un tout petit peu moins puissante que dans Retour aux mots sauvages car un peu prévisible.

 

05/09/2014

Histoire d'Alice qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris plus un)

 Un titre à la Woody Allen, une écriture pleine d’empathie, des personnages bien campés mais là encore j'aurais aimé lire plus que 185 petites pages pour mieux profiter de cette histoire de famille et de mariages. peut être en attendais-je trop après celui-ci.

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04/09/2014

Terminus Allemagne

"Nous étions obligés de regarder devant nous."

1948, Richard Kornitzer, après dix ans d'un exil forcé à Cuba, rentre en Allemagne et retrouve sa femme, Claire. Tous deux vont, pas à pas, en luttant contre une bureaucratie censée être dénazifiée, tenter de recréer leur famille (leurs enfants avaient été mis à l’abri en Grande-Bretagne), retrouver leur place dans la société et se reconstruire.ursula krechel
C'est ce parcours, basé sur une histoire vraie et nourrie d'archives, que Ursula Krechel nous raconte avec sobriété et émotion. Si elle s'intéresse (parfois un peu trop longuement) à la lutte acharnée que doit mener celui qui était à deux doigts d'être nommé juge pour retrouver son statut, elle dit aussi la rêverie, les corps qui doivent se réapprendre, les douleurs révélées à demi-mots (si Richard était considéré comme juif, Claire, elle, était aryenne mais du fait de son union a pâti elle aussi des lois nazies).
C'est tout un quotidien dans une Allemagne vaincue qui doit se rebâtir qui nous est dépeint, l'auteure opposant ainsi la ferveur avec laquelle on accueille le retour des cloches et l'indifférence quasi totale de la société pour les exilés comme Richard, la vie facile et confortable avant la guerre, la lutte  pour survivre ensuite.
Magnifique histoire d'amour aussi que Terminus Allemagne avec ses personnages ardents et discrets qui ne sont jamais décrits avec pathos. Une lecture qui serre la gorge.

Terminus Allemagne, Ursula Krechel, traduit de l’allemand par Barbara Fontaine Carnets Nord, Éditions Montparnasse 2014, 438 pages qui donnent le frisson.

Ce roman a obtenu le Prix du livre allemand (équivalent du Goncourt) en 2012.

Un coup de cœur !

 

02/09/2014

La chute des princes

"Peut être cette décadence était-elle à l'image d'un écosystème qui ne parvient pas à l'auto-suffisance; le regarder mourir est un spectacle d'une grande tristesse. Le virus mortel était si profondément ancré dans l'ADN de cette décennie qu'elle amorçait déjà sa chute à son apogée, dans sa gloire la plus resplendissante et la plus vibrante de vie."

Hâbleurs, arrogants "L'âme obscurcie par une insatiable avidité, on laissait notre moralité de plus en plus douteuse s'empêtrer, étouffer sous des couches et des couches d'objets, un amoncellement de choses, toujours plus, des costumes qui coûtaient davantage que ce que nos pères avaient déboursé pour leur première maison, des voitures d'un luxe indécent-sans parler des montagnes de PV que nous valaient nos petites pointes de vitesse quand on filait vers les paradis de Long Island East, où nous attendaient des piscines chauffées à l’année."Tels étaient les BSD. Comprendre les Big Swinging Dick, les grosses bites qui se la pètent, ceux qui décrochaient leur boulot dans les années 80 en gagnant au poker contre leur futur patron à Wall Street.robert goolrick
Le narrateur de La chute des princes était l'un d'entre eux. Il décrit de l'intérieur sa vie d'avant puis sa dégringolade, sans s'apitoyer, lucide aussi bien sur lui -même que sur les autres. Pas de rancœur, mais une acceptation progressive, étape par étape, au fil des rencontres et une reconstruction possible.
Robert Goolrick, par son écriture ample, son sens du détail et sa grande empathie réussit un pari quasi impossible: rendre sinon sympathique  du moins attachant ce trader passé de la lumière à l'ombre. Une première rencontre réussie avec cet auteur !

La chute des princes, Robert Goolrick, traduit de l'anglais (E-U) par Marie de Prémonville, Anne Carrière 2014, 231 pages piquetées de marque-pages.