10/10/2013
Souffrance et travail
Quand la télévision réinvente "les dossiers de l'écran" (sans la musique anxiogène, ouf !), avec un téléfilm plein d'intelligence et de sensibilité, on en redemande !
Surtout quand Didier Bourdon et Judith Chemla nous serrent le cœur, l'un dans le personnage d'un cadre victime de burn-out syndrome d'épuisement professionnel), l'autre dans celui d'une femme souffrant de trouble psychotiques.
J'ai vu le début du débat, là aussi les intervenants étaient pertinents et expliquaient clairement qu'à trop vouloir s'impliquer dans son travail, sans rien en retour, on pouvait dépasser les limites et mettre en jeu sa vie...
Le site indiqué a dû être victime de son succès car il n'est plus accessible: souffrance et travail
06:38 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (11)
08/10/2013
Complications
"Les choses se passaient si vite qu’elles devenaient irréelles."
Comme le souligne Tricia Sullivan dans sa postface, tous les textes constituant ce recueil ont pour sujet la perte. Perte d'êtres aimés qu'on voudrait retrouver par delà le temps, le temps qui occupe une place essentielle par l'intermédiaire de montres chéries, objets patinés et peut être dotés de capacités surprenantes.
Les maisons de poupées, les microcosmes de manière générale, tout ce qui est construit minutieusement et révèle des endroits cachés sont aussi au cœur de ces textes qui gomment la frontière entre notre réalité et d'autres espaces temps. Mais tout ceci est composé de manière subtile et délicate et les non amateurs de science-fiction et/ou de fantastique (dont je fais généralement partie) trouveront un charme prenant à ces nouvelles où l'on retrouve des personnages portant le même nom mais semblant saisis à d’autres époques de leurs vies ou dans d'autres réalités. Le livre lui-même peut être envisagé de la même manière comme "...une belle machine , une histoire qui soit la somme des faits tout en les dépassant. Quand la machine commence à marcher toute seule, alors c'est le moment où on sait qu'on a réussi à dire la vérité."
On se laisse envoûter par ces ruptures subtiles de ton ou de temps et l'on savoure l'écriture précise et délicate de Nina Allan. Un expérience à ne rater sous aucun prétexte ! Et zou sur ma fameuse étagère !
Complications, Nina Allan, traduit de l'anglais par Bernard Sigaud, éditions Tristram 2013, 202 pages constellées de marque-pages.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : nina allan
07/10/2013
En vrac, pas rangé...
...ils m'ont laissée sur ma faim.
* Giacomo Foscari de Mari Yamazaki , une interaction intéressante au début pourtant entre l'Italie mussolinienne et le Japon contemporain. Des personnages à la triste figure qui se croisent, une homosexualité latente et une récit qui peine à se mettre en route...Pas convaincue. L'avis plus détaillé d'Antigone.
*Tarte aux pommes et fin du monde, de Guillaume Siaudeau.Une association alléchante, des personnages bien campés, une écriture imagée et attachante ("...m'assurer que le vent avait encore à apprendre à mes cheveux." mais une mélancolie diffuse et un goût de trop peu (133 pages). J''aurais aimé les accompagner plus longtemps Un grand merci à Clara, plus enthousiaste ,qui m'a permis de déguster cette tarte couronnée de trop de bougies.
*Histoire d'Alice qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris plus un),de Francis Dannemark. Un titre à la Woody Allen, une écriture pleine d’empathie, des personnages bien campés mais là encore j'aurais aimé lire plus que 185 petites pages pour mieux profiter de cette histoire de famille et de mariages. peut être en attendais-je trop après celui-ci (clic).
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : francis dannemark, guillaume siaudeau, mari yamazaki
05/10/2013
L'extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet...
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (16)
04/10/2013
Billie
"Tu dois penser que j'invente des phrases à grandes emmanchures pour faire genre comme dans un livre."
Billie et Franck sont deux, "pestiférés", deux clandestins, "Des combattants de l'invisible, des délocalisés d'eux-mêmes, des qui sont en apnée du matin au soir et qui en crèvent parfois, oui, qui finissent par lâcher prise si personne les repêche un jour ou s'ils n'y arrivent pas tout seuls..." Plombés par leurs antécédents familiaux, ils se sont repérés de loin, mais il faudra l'étude d'une scène d'On ne badine pas avec l'amour pour qu'ils se rapprochent enfin.
Bousculant leur"morne adolescence"à la campagne, commence alors une histoire d'amour/amitié qui se poursuivra vaille que vaille, malgré les épreuves. On sent une grande tendresse de l'auteure pour ces personnages qui tentent de se sortir d'un chemin tout tracé. Tendresse que j'aurais vraiment voulu partager mais, hélas, le long monologue lourdaud et sonnant faux de Billie n'est que trop faiblement rattrapé par les petites pépites que recèle le pur récit. La volonté de finir à tout prix façon contes de fées crée aussi une sensation de malaise et de déséquilibre. Le roman pêche enfin par des baisses de rythme et surtout surtout par son style trop oralisé. Une demi déception, donc.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : anna gavalda
03/10/2013
Les femmes de ses fils
"Cela lui rappellerait que la vie n'est pas seulement peuplée de moments de colère et de confusion, et de sentiments blessés."
Les trois fils de Rachel et Anthony sont maintenant mariés ,et pour certains père de familles, mais leur mère entend bien que ses enfants continuent à lui prêter allégeance. Son manque de tact va entraîner quelques remous dans les jeunes couples mais, les trois belle-filles, chacune avec des personnalités bien différentes vont tenter progressivement de réorganiser la constellation familiale et de redéfinir le rôle de chacun.
Que voilà un roman confortable ! Délicieusement britannique mais sans pour autant être poussiéreux ! les personnages sont croqués à ravir, la gamme des émotions analysée avec finesse et on se retrouve juste une peu désemparé que cela se termine si vite. à déguster que l'on soit dans l'un ou l'autre camp, ou dans les deux !
Déniché à la médiathèque.Petit bémol: la traduction, un peu bancale parfois.
les femmes de ses fils, Joanna Trollope, Éditions des deux terres 2013, 334 pages qui nous entraînent de Londres au Suffolk.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : joanna trollope, belle-mère, belles-filles
01/10/2013
Moment d'un couple
"Dire je t'aime, pense Juliette, c'est s'inscrire dans la durée, pas comme dire j'ai envie de toi ou je suis bien avec toi."
Moment d'un couple est un roman troublant à plus d'un titre. D'abord par son thème: un homme trompe sa femme et la maîtresse, une femme politique en vue, commence à les harceler, lui et son épouse. Le tout est envisagé du point de vue de l'épouse trompée qui bien évidemment souffre, croit frôler la folie mais garde néanmoins la tête froide et se bat , pied à pied pour garder son homme. Elle analyse, se découvre stratège et surtout prête à défendre ses enfants comme une tigresse.
Dérangeant ensuite, parce qu'évidemment on se dit que c'est une histoire inspirée de faits réels et qu'enfin la mine d'infos qu'est internet nous permet même de mettre un nom -connu- sur la maîtresse en question qui, de surcroît avait publié un roman présentant son point de vue sept ans auparavant. Ce dernier aspect a quelques peu parasité ma lecture mains, néanmoins, je n'ai pas lâché ce roman qui fouaille, appuie là où ça fait mal et présente une vison sans concessions du couple. à quand le roman du mari ?!
Un grand grand merci à Cuné !
L'avis de Clara (qui n'a pas aimé les cinq dernières pages. Perso, je les trouve extrêmement logiques...) qui vous enverra vers plein d’autres billets.
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : nelly alard
30/09/2013
En même temps, toute la terre et tout le ciel
"C'était quelque chose que je devais à Nao. j'avais envie de lire son journal au rythme de ce qu’elle avait vécu."
Oui, il faut prendre son temps pour savourer et laisser infuser les 596 pages du roman de Ruth Ozeki. se laisser prendre par la magie de ce livre qui alterne les récits de Nao, jeune japonaise victime de harcèlement dans un pays qu'elle ne reconnaît pas comme le sien et Ruth, écrivaine en panne d'inspiration au Canada, sur une île où la nature sauvage a encore droit de cité.
Probablement emporté par le tsunami, un sac en plastique contenant le journal de Nao , des lettres et une vieille montre s'échoue sur la baie de Desolation. Il sera trouvé par Ruth qui se rendra vite compte que les mots de la lycéenne lui sont destinés. S'établit alors entre les deux femmes, entre les deux pays, entre passé et présent, une relation où les mots joueront un rôle essentiel.
La frontière entre réel et imaginaire devient poreuse mais le lecteur accepte sans broncher qu'un rêve puisse modifier le passé ou qu'un corbeau joue un rôle essentiel tant il est captivé par ce récit à la construction harmonieuse. On veut savoir ce qu'il advient de chacun des personnages, on partage leurs souffrances, on découvre les situations sous différents points de vue et on finit ce roman en parvenant même à s'intéresser au chat de Schrödinger sans mal de crâne !
Un roman d'une grande richesse et d'une extrême sensibilité qui évoque aussi bien le zen, avec une nonne de cent quatre ans pleine d'empathie et d'humour, les kamikazes, le choc des cultures, l'identité , la tentation du suicide mais sans jamais devenir pesant. On y glane aussi, grâce au mari de Ruth, plein d'infos scientifiques. Bref, on se régale de bout en bout ! un roman constellé de marque-pages ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
Un énorme MERCI à Clara !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : ruth ozeki, japon, canada
29/09/2013
la petite Borde
"Nous traînions notre enfance au milieu des adultes. Sans bien tout comprendre. un somnambulisme, dans les paroles et l'épaisse couche de fumée des cigarettes."
Par petites touches, en tableaux précis et intenses, Emmanuelle Guattari essaie d'être au plus près d'une enfance qui s'est déroulée dans les années soixante à La Borde, établissement psychiatrique hors normes, où exerçait son père, psychanalyste et philosophe.Ceux qui chercheront ici un témoignage sur l'expérience de cette clinique resteront sans doute sur leur faim, tant il est vrai que pour les enfants la notion de normalité ne peut se forger qu'en se confrontant avec d'autres expériences. Ici, l'auteure a choisi de se situer à hauteur d'enfant et restitue avec une grande économie de moyens, un univers où l'enfance cesse quand les jambes restent coincées entre le banc et la table.
Un texte fragmenté qui évoquera plein de souvenirs à ceux qui ont grandi dans les années 60 et brosse en pointillés le portrait d'une famille pleine de fantaisie et de respect des autres. Le genre de livre qu'on chérit ou qui nous laisse sur le bas-côté. Il m'a fait du bien.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : emmanuelle guattari
28/09/2013
Pourquoi un tel besoin de littérature ?
"Parce qu'il y a quelque chose en nous qui est affamé et que rien ne rassasie jamais.[...] Seuls les soins prodigués par nous à cette espèce de jardin intérieur que nous nous trimballons tous et que nous cachons plus ou moins bien derrière nos oripeaux sociaux nous permettent de ne pas nous faire latter par la vie. [...] Vous avez vu Le voyage de Chihiro, le dessin animé ? Il y a cette chaudière infernale qu'il faut toujours alimenter et ce sont des petits animaux qui s'y collent.[...] Nous sommes tous cette chaudière, et les livres, le temps que dure leur lecture, assurent l'un des nombreux va-et-vient. C'est aussi simple que cela."
Anna Gavalda dans un formidable entretien paru dans Lire #419.
Merci à Cuné de me l'avoir signalé !
Et début octobre sortira le nouveau roman de celle qui se définit comme "une raconteuse d'histoires", Billie. j'ai hâte !
06:00 Publié dans Extraits | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : anna gavalda