26/11/2013
Myriam Leroy n'aime pas
"L'amour, c'est quand deux personnes ont arrêté d'essayer."
"Dézingage à la sulfateuse des choses unanimement encensées par la critique", tel est l’objectif des chroniques de Myriam Leroy. Dans un monde où l'on nous propose sans arrêt d'aimer tout et n'importe quoi, cela relève de l'entreprise salutaire, surtout quand , comme Myriam Leroy on est doté d'un très joli brin de plume qui n'est pas sans rappeler Pierre Desproges* .Les mauvaises langues diront que j'aime que dis-je, j'adore Myriam Leroy parce qu'elle a écrit ceci : "J'admire d'ailleurs beaucoup ceux qui travaillent avec les enfants, les profs, par exemple. Qui doivent souvent se sentir comme des prix Nobel de chimie parce qu'elle parachutés au Terek Grosny**."
Non, j'aime Myriam Leroy parce qu'elle n'est pas consensuelle, qu'elle regimbe devant tout ce que, à grand coup de matraquage médiatique ou de bon ton, on nous demande d'apprécier. Et elle y va de bon cœur Myriam et moi de hoqueter de rire et de surligner plein de passages sur les scouts, Miss Belgique , les DJ's, les gens (carrément !), La France, Yannick Noah, les blogueuses (!), The artist, les jours fériés, Bref (la série): "L'espèce de folie qui règne autour d'elles témoigne de la pauvreté créative de nos sociétés. Qui se ruent sur quelques minutes de sourire comme des zombies affamés sur un morceau de cervelle humaine frétillante, comme si c'était du Léonard de Vinci humoristique , du Stephen Hawking de la farce...". Elle s'en prend même à ...Myriam Leroy ! Un pur régal en direct de la Belgique !
à noter que Myriam Leroy officie maintenant sur Canal Plus (La nouvelle édition).
On peut la voir dans ses œuvres ici !
* "De toutes mes forces, de toute la force de mon coeur, de toute la force de mon âme, je hais les coiffeurs. J'ai horreur qu'un gominé à gourmette me chahute le cuir chevelu avec ses grosses papattes embagouzées aux ongles éclatants de vulgarité manucurale. J'ai horreur qu'un Brummel de gouttière me gerbe dans le cou le crachin postillonnant des réflexions de philosophie banlieusarde que lui inspirent sporadiquement la hausse du dollar, l'anus artificiel du pape, l'inappétence sexuelle de la fille Grimaldi, la montée de la violence dans les quartiers cosmopolites et l’indiscipline problématique de la raie de mon quoi ? De la raie de mon crâne. Car, à l'instar du pou, le coiffeur est un parasite du cheveu." in Chroniques de la haine ordinaire
** en Tchétchénie
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : myriam leroy
25/11/2013
Le mystère du hareng saur
"-ça fait toujours plaisir de se faire insulter par le fantasme de quelqu’un d'autre."
Branle-bas de combat dans le monde des livres ! Thursday Next a disparu et il faut la retrouver d’urgence pour éviter une guerre entre le Roman Grivois et la Littérature Féminine. Pas sûr que le conflit soit évité car celle qui est chargée de la retrouver n'est autre que la Thursday de fiction, qui interprète son rôle mais ne dispose pas des mêmes capacités que celles de son illustre modèle.
Flanquée d'un majordome mécanique, louvoyant entre les Hommes du Plaid et les trafiquants de fromage, Thursday aura fort à faire, d'autant que son p'tit cœur tout mou bat fort pour le mari de Thursday...
Quel bonheur de replonger dans le Monde des Livres ! Les e-books y sèment un peu de désordre et la Thursday de roman va s'employer à comparer le monde réel, fort chaotique à ses yeux ,et celui, plus policé en apparence ,de la fiction. Jasper Fforde a retrouvé une veine inventive qui fait plaisir à lire et même si l’intrigue est un peu légère, on prend beaucoup de plaisir à se balader dans le monde plein de références loufoques , de fausse logique et d'humour ! un vrai régal !
Le mystère du hareng saur, Jasper Fforde, traduit de l'anglais (royaume 6uni) par Jean-François Merle , Fleuve noir 2013, 472 pages bruissante de marque-pages !
Série Thursday Next
- L'Affaire Jane Eyre, Fleuve noir, 2004 ((en) The Eyre Affair, 2001) clic
- Délivrez-moi !, Fleuve noir, 2005 ((en) Lost in a Good Book, 2002)
- Le Puits des histoires perdues, Fleuve noir, 2006 ((en) The Well of Lost Plots, 2003) clic
- Sauvez Hamlet !, Fleuve noir, 2007 ((en) Something Rotten, 2004) clic
- Le Début de la fin, Fleuve noir, 2008 ((en) First Among Sequels, 2007) clic
- Le Mystère du hareng saur, Fleuve noir, 2013 ((en) One of Our Thursdays Is Missing, 2011)
- The Woman Who Died a Lot, 2012
- Dark Reading Matter
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jasper fforde, thursday next, fantasy spéculative
22/11/2013
Les déferlantes...
...à la télévision, ce soir sur Arte !
Sylvie Testud, Bulle Ogier, le regretté Daniel Duval et les paysages de la Hague bien sûr !
06:13 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (13)
21/11/2013
Narcogenèse
"Il se souvenait très exactement pourquoi il détestait l'idée de famille: il avait toujours l'impression d'avoir été invité à un grand banquet qu'il ne pourrait pas quitter tant qu'il n’aurait pas payé l'addition."
Un enfant de la DDASS disparaît et les chemins de la famille Gaucher, grande famille bourgeoise qui reste sur son quant à soi, vont croiser ceux d'un flic, Simon Larcher. Ce dernier ne sait pas encore que Louise Gaucher, grâce à sa capacité à voyager dans "le monde des rêves", plus horrifique qu'onirique, pourra l'aider dans son enquête.
Secret de famille, peurs enfantines, infanticides, abandons, c'est toujours l' enfance qui est au cœur de la problématique de ce roman qui mêle habilement fantastique et thriller. Une atmosphère pesante, angoissante, et un monde à portée de rêve où l'on pourrait sombrer pour notre plus grand malheur font qu'on ne lâche pas ce roman, même si, comme moi, on n'est pas familier de ce type d'ouvrage. Une vraie découverte !
Narcogenèse, Anne Fakhouri, l’Atalante 2011 ,312 pages fascinantes.
Découvert grâce à une rencontre d'auteurs en médiathèque.
11:10 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : anne fakhouri
19/11/2013
Astérix chez les Pictes
""Bonheur et vacances" ! ça c'est un chouette mot d'ordre, hein ? Moi, j'aime bien ce mot d'ordre, pas vous ? "
Dûment adoubés par Anne Goscinny et Albert Uderzo, les nouveaux auteurs aux manettes de cet Astérix ont pleinement rempli leur contrat. On retrouve en effet tous les ingrédients , parfois un peu édulcorés, il est vrai ,de ce qui a fait le succès de nos amis gaulois: les inévitables jeux de mots(ici à base de "mac", écossais oblige), les caricatures de célébrités (Johnny Hallyday, Vincent Cassel), de discrètes allusions à l'actualité, un choc des cultures, un humour bon enfant et une intrigue qui tient à peu près la route.
Rien de neuf donc, mais un ensemble plaisant et confortable à lire avant de le déposer au pied du sapin.
06:00 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jean-yves ferri, didier conrad
18/11/2013
L'escapade sans retour de Sophie Parent
" à quarante ans, Sophie était une servante dont la vie n'était que chasteté et frustration."
Parce qu'elle veut qu'on l'aime, Sophie Parent est la parfaite illustration de ces gens qui ne disent jamais non. Elle se laisse exploiter par toute sa famille jusqu'au jour où un accident sans gravité va la décider à se faire la belle au soleil.
Couvert d'éloge un peu partout -qui n'a pas jamais rêvé de tout plaquer ? - ce livre semble avoir été écrit par une élève de CM2 ( "...des fleurs toutes plus belles les unes que les autres " p. 62) et enfile avec une belle ardeur les clichés.
J'ai lâchement abandonné Sophie Parent la niaiseuse à la page 106 car je frôlais l'overdose de sucre.Heureusement , je l'avais déniché d'occasion . Exaspérant.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : mylène gilbert-dumas, schtroumph grognon le retour
16/11/2013
Mon hiver à Zéroland
"Le monde était encore en ordre, la douleur sous contrôle, ma mère, le chêne séculaire en haut de la colline, moi la graine chaude de l'hiver , entourée par le plus puissant des boucliers."
à la mort de sa mère, Alessandra, en dernière année de lycée, se réfugie à Zéroland, pour "annoncer que tout avait changé dans [sa] vie , pour toujours." Le roi de ce royaume imaginaire est Gabriele, surnommé Zéro par ses camarades qui l'ostracisent et à côté duquel la jeune fille choisit de s'asseoir.Une manière de tenir à distance ses anciens amis et de tisser petit à petit des liens avec ce garçon qui à la fois l'attire et la déstabilise.
Paola Predicatori peint avec sensibilité et délicatesse le portrait de cette adolescente au comportement parfois hésitant qui parviendra à surmonter cette saison douloureuse. Une atmosphère particulièrement bien rendue de bord de mer en hiver (qui m'a parfois fait penser à la nouvelle Lullaby de Le Clézio ) et une écriture fluide ont fait mon bonheur.Aucun pathos, tous les écueils du genre ont été évités et si je craignais le pire en ouvrant ce roman, je l'ai dévoré d'une traite. Une très jolie découverte !
Mon hiver à Zéroland, paola predicatori, traduit de l'italien par Anaïs Bokobza, Les escales 2013, 303 page sà savourer au coin du feu.
10:15 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : paola predicatori, deuil, adolescencee
15/11/2013
La citation du jeudi (qui arrive en retard !)
"Je crois que quand on a un petit coup de mou et qu'on lit un beau haïku ou "sensation" de Rimbaud , ou quelques lignes de Prévert, eh bien, c'est comme ouvrir un poudrier . Après, clac ! , on referme le livre d'un coup sec et on a bien meilleure mine."
Anna Gavalda Elle N° 3540
06:00 Publié dans Extraits | Lien permanent | Commentaires (9)
14/11/2013
Petites scènes capitales
"Son écorce est brunâtre, sillonnée de crevasses et rugueuse au toucher. Les feuilles plates et trapues, sont infusées de lumières, saturées de jaune franc; certaines sont tachetées de rouge-orangé, à peine. Au moindre souffle de vent, le feuillage frémit et répand une formidable sonnaille de jaune, un cliquetis d'or , de soufre, de paille et de safran. Barbara est saisie d'une allégresse aussi plein et aussi nue, aussi pure que cette trémulation de lumière."
Comment ne pas être pétri d'admiration devant un style aussi ciselé et sensuel ? Ces Petites scènes capitales, vignettes pour dire les moments forts de l'évolution d'une d'abord toute petite fille orpheline de de mère qui va, sa vie durant, conquérir son identité et sa place au sein d'une constellation familiale pour le moins chaotique, sont un pur régal de lecture !
Néanmoins, je dois avouer que l'aspect un peu trop morcelé fait que je n'ai pas été aussi enthousiaste quant à la structure du livre. Elle nuit en effet un peu à l'attachement que l'on pourrait porter aux personnages. Un roman constellé de marque-pages !
Le billet tentateur d'Aifelle !
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : sylvie germain
12/11/2013
Dora la dingue
"Être une fille dans ce monde n'est donc qu'une question d'argent et d'organes génitaux ? La vie n'est-elle qu'une série de transactions ? "
Trahie par son père (qui a une maîtresse), négligée par sa mère (dépressive), Ida, 18 ans, va traverser une "épreuve psycho-sexuelle", comme elle qualifiera après coup la série d'aventures racontée dans Dora la dingue.
Entre séances de psy où Ida a toujours un coup d'avance sur le Dr Sigmund, cavalcades effrénées avec sa bande, Ida devient Dora et ne maîtrisera bientôt plus les règles d'un jeu cruel.
Il y a une grande inventivité langagière dans Dora la dingue (bravo au traducteur!), une belle énergie aussi mais je suis toujours restée extérieure à ce récit qui semble enchaîner les morceaux de bravoure sans pour autant susciter d'émotions.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lidia yuknavitch