28/09/2013
Pourquoi un tel besoin de littérature ?
"Parce qu'il y a quelque chose en nous qui est affamé et que rien ne rassasie jamais.[...] Seuls les soins prodigués par nous à cette espèce de jardin intérieur que nous nous trimballons tous et que nous cachons plus ou moins bien derrière nos oripeaux sociaux nous permettent de ne pas nous faire latter par la vie. [...] Vous avez vu Le voyage de Chihiro, le dessin animé ? Il y a cette chaudière infernale qu'il faut toujours alimenter et ce sont des petits animaux qui s'y collent.[...] Nous sommes tous cette chaudière, et les livres, le temps que dure leur lecture, assurent l'un des nombreux va-et-vient. C'est aussi simple que cela."
Anna Gavalda dans un formidable entretien paru dans Lire #419.
Merci à Cuné de me l'avoir signalé !
Et début octobre sortira le nouveau roman de celle qui se définit comme "une raconteuse d'histoires", Billie. j'ai hâte !
06:00 Publié dans Extraits | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : anna gavalda
24/09/2013
Le livre du roi
Un jeune étudiant islandais parti étudier à Copenhague va se retrouver embarquer dans une chasse au trésor d'un genre particulier. En effet, dans cette Europe d'après guerre, il va aider un professeur aussi savant qu'atrabilaire à mettre la main sur Le livre du roi, "la plus ancienne source de la mythologie et de la poésie nordique ancienne." Par la même occasion , il s'agit aussi de réaffirmer la singularité de la culture islandaise, l'Islande étant à cette époque sous la coupe du Danemark.
à la croisée du Nom de la rose et d'Indiana Jones, Le livre du roi est un roman d'aventures et de formation qui tient ses promesses, ni plus ni moins. L'auteur s'offre même le petit plaisir d'y mettre en scène son propre père, journaliste à l'époque, ce dont nous informe une note en bas de page. Un livre qui plaira aux amoureux des livres car Arnaldur Indridason y affirme la nécessité d'apprécier la valeur des manuscrits anciens.
Un cran en dessous de notre policier préféré mais une lecture confortable car on y trouve tout ce à quoi on s'attend dans ce type d'ouvrage.
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : arnaldur indridason
23/09/2013
Les mutilés
"L'existence ne serait qu'une succession de pertes de pouvoirs depuis la toute puissance de l'enfance."
Le jour où son mari tente de la tuer, Lucyle , qui en apparence possédait tout, richesse, amour, position sociale, commence à vivre. Elle fait alors voler en éclats les images factices de son couple idéal, de sa famille qui a tout fait pour gommer un passé marqué par la douleur extrême et s'insurge contre une société dans laquelle pullulent Les mutilés.
Les mutilés, ce sont ceux qui, comme sa sœur, vivent dans leur corps des amputations, mais aussi, plus nombreux, tous ceux qui se laissent broyer par les habitudes, les fausses valeurs, la violence d'une société , la rage de posséder et font fi de leurs émotions .
L'héroïne remonte alors le cours de son histoire familiale pour tenter de s'alléger du "fardeau des disparus et des moments immarcescibles auxquels ils sont reliés." et renouer avec la grâce et la lumière.
Diatribe d'une extrême violence contre notre société des apparences et de l'argent , analyse féroce du jeu social, le premier roman de Marianne Vic sacrifie un peu la progression de son récit et la densité de ses personnages. En revanche, la beauté et la richesse de la langue, la pertinence de sa réflexion font qu'on ne peut lâcher ce roman (sauf pour consulter un dico !) tout constellé de marque-pages ! Une découverte coup de cœur -coup de poing !
Juste un passage parmi tant d'autres, pour vous donner envie:
" La pléonexie* engendre deux empêchements majeurs: celui d'aimer, celui de mourir.
Plus on possède, plus on idolâtre la prospérité, plus on se sédentarise, cherchant désespérément à s'enraciner contre l'instabilité de toutes choses, à aller contre le mouvement inexorable de l'univers.
Pauvres êtres , mus seulement par le désir d'avoir plus ou paraître mieux que les autres, toujours plus, toujours mieux...Des nains possédants qui croient ainsi conjurer l'absurdité de l'existence. Êtres pornographiques aux trajectoires sans horizon, en état de frustration permanentes, qui ne savent plus mourir ou aimer.
Y-a-t-il encore des êtres dont la préoccupation serait ailleurs ? "....
*La pléonexie (du grec πλεονεξία, pleonexia) est le désir d'avoir plus que les autres en toutes choses.
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : marianne vic
22/09/2013
Taguée...je fus !:)
Honte à moi, j'ai laissé d'autres tags prendre la poussière et sombrer dans l'oubli ! Pardon à celles que j'ai ainsi laissé tomber !
Pour rester dans le sens littéral de versatile, j'ai donc décidé ici de célébrer quelques autres petits changements que je n'aurais jamais cru pouvoir arriver :
*-que j 'adorerais un jour Que je t'aime, sisi, la preuve, interprété par Guillaume Gallienne, cela devient digne de la comédie française. La preuve ? Clic ! En bonus, on peut même se faire un petit karaoké en version japonaise...
*- que je glisserais dans mon sac un livre de la collection Harlequin. Mais attention par n'importe lequel, celui présentant les lauréats du concours Nouveaux talents. Tout ça parce que j'avais hâte de découvrir le texte écrit par Angéla Morelli (clic). Angéla qui , comme Shiva,doit posséder plusieurs bras pour arriver à bosser, traduire, écrire , bloguer et... vivre tout simplement ! Son texte est une petite merveille d'humour et de tendresse ! Angéla parvient à créer dans sa nouvelle un univers des plus douillets et crédibles où l'on aurait envie de se glisser ! Un texte qui donne juste envie d'être vite à Noël, Sous le Gui ! En plus, la couv' est superbe !
* que grâce à Cuné je lirais davantage de BD (pas forcément chroniquées ici) et me mettrais à visionner des séries en V.O. Merci de m'avoir mis le pied à l'étrier !
* que je me réveillerais à 5 h 45 , juste pour entendre Colombe Schneck m'hypnotiser une fois sur trois et me donner envie de me précipiter dans une librairie.
*que je renouerais avec le plaisir du bain moussant, grâce à celui de L'Occitane, une mousse toute légère et une odeur de lavande présente juste ce qu'il faut, rien de tel pour se détendre ! (remarque non sponsorisée !)
* que, matin et soir, je porterais un accessoire recommandé par Karl Lagerfeld himself; pour promener le chien à la campagne, rien de tel.
5. Les prévenir par un petit message…
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : tag à tag à tag aïe aïe aïe, angéla morelli
21/09/2013
La part de l'homme...en poche
"Est-ce que vous pourriez changer le papier peint pour la prochaine fois ? J'ai rompu mes liens avec la nature."
Pour sept mille euros l'ancienne mercière à la retraite Salme Malmikunnas a vendu sa vie à un écrivain en mal d'inspiration.
Mais à quel usage destine-t-elle cette somme ? Le récit qu'elle confie est-il vraiment conforme à la réalité ? Dans une Finlande en proie au libéralisme le travail a bien changé et rare sont ceux qui privilégient aux euros le sentiment du labeur bien accompli.
Racisme, pauvreté , violence des mots encore plus que des gestes, ces mots auquel le mari de Salme semble avoir renoncé, ces mots dont sa fille Helena connaît bien le pouvoir, sont au centre de ce roman entrecoupé par les cartes postales que Salme adresse à ses enfants, petits messages foutraques témoignant de son amour , le tout composant une mosaïque sensible d'un pays en pleine mutation. La fin est tout à fait percutante , violente, symbolique et apaisante à la fois.
Un roman au style parfois haché mais un très joli portrait d'une famille qui pourrait être la notre au sein d'un monde qui est le notre.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : kari hotakainen
20/09/2013
Lady Yoga en posture critique
"Chaque jour, elle sent que quelque chose se réveille à l'intérieur d'elle, que de nouveaux sentiments germent, comme de jeunes pousses."
L'avantage quand on enchaîne la lecture de romans qui se suivent , c'est qu'on ne ressent aucune frustration, qu'on n'a pas besoin de se remémorer qui est qui, qui fait quoi. C'est donc de manière bien confortable que j'ai lu Lady Yoga en posture critique, la suite de Les chroniques de Lady Yoga (clic).
Pas de soucis, Stephen Mc Cauley tient bon la barre et, si l'effet de surprise a disparu, si le côté grand show du yoga aux États-Unis m'a plutôt laissée perplexe quant à ma propre pratique, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé Lee, Katherine, Imani et les autres.
Mc Cauley ,visiblement en terrain connu, en profite pour se livrer à une réjouissante satire du monde du cinéma. Il établit aussi une correspondance entre littérature et yoga qui devrait parler à plus d'une lectrice : "Lire, a décidé Katherine, c'est comme suivre un cours de yoga : on pénètre dans un autre monde, où l'on rencontre des personnages chaque fois différents, aux prises avec leurs propres problèmes, leurs propres défis; observer leurs tribulations nous tient à l'écart de nos soucis quotidiens et, lorsqu'on émerge de ce monde parallèle, on se trouve en possession de nouvelles informations-ou de bribes d'informations, plutôt-que l'on a collectées à notre insu, mais qui commencent à nourrir notre réflexion."
Un chouïa en dessous du premier mais fort sympathique néanmoins et toujours aussi addictif !
PS: pour "mettre le pied à l'étrier" à quelqu'un qui voudrait se mettre à la lecture un personnage conseille de lire chaque matin pendant dix minutes...
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : rain mitchell, stephen mc cauley
19/09/2013
Petit éloge des brunes
"Dans la teinte des cheveux se joue le passé d'une nation."
Petit éloge des brunes combine deux de mes péchés mignons: le genre de l'éloge et l'abécédaire. Elsa Marpeau nous fait bénéficier de sa solide culture générale , qui la fait fréquenter aussi bien la Bibliothèque Nationale de France que tourner les pages de Voici. Mais ce grand écart s'effectue pour la bonne cause car c'est dans les pages des magazines people que l'on déniche les Brunes contemporaines et celles à qui elles servent souvent de faire-valoir, les Blondes.
Quelques redites sur les stéréotypes qui ont traversé les siècles (du fait de la structure de l'abécédaire, sans doute) mais une mine d'informations et de réflexions sur les stéréotypes liés aux Brunes. Saviez-vous par exemple que "l'inégalable Betty Boop" est apparue sur les écrans "d'abord sous les traits d'un chien" avant de se muer en pin-up ?
Plein de références dans de nombreux domaines artistiques et une seule absence : celle de la chanson interprétée par Lio: "Les Brunes comptent pas pour des prunes". Une référence trop évidente ou trop triviale peut être.
Un petit plaisir à s'offrir pour deux euros, quelle que soit sa couleur de cheveux, bien sûr.
Ps: l'auteure est évidemment une très jolie Brune.
06:00 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : elsa marpeau
18/09/2013
Les touristes
"Murder is green" (tuer c'est écolo.)
Mieux vaut ne pas croiser le chemin de Chris et Tina ! Partis pour leurs premières vacances en amoureux à la découverte de l'Angleterre, ils enclenchent, sur un coup de colère, un dangereux engrenage et commencent à liquider tous les gêneurs qui encombrent leur chemin, avec une logique qui part rapidement en vrille !
Amateurs d'humour anglais et d'humour noir vous allez, comme moi, vous régaler de ces tueurs en série hors normes qui circulent dans une caravane des plus cosy, collectionnent les trophées les plus kitsch , le tout sur fond de tubes des années 80 !
Un énorme merci à Cathy et Laurent pour ce DVD jubilatoire, jusqu'à la dernière minute !
06:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : ben wheatley
17/09/2013
Idiopathie
"Meilleure elle était dans l'exercice de son travail, plus les gens la détestaient. De l'avis général, elle excellait dans son travail."
Séparés après une liaison tortueuse, Katherine et Daniel vont devoir se rapprocher pour faire face au retour d'un fantôme de leur passé: leur ami commun Nathan.
Daniel a retrouvé l'amour mais il n' a jamais été et ne sera jamais de taille à affronter son ex , reine du cynisme et de la mauvaise foi. Les retrouvailles s'annoncent donc plutôt compliquées...
Trentenaires narcissiques et par certains côtés encore puérils, Daniel , Katherine et Nathan prennent tour à tour la parole dans ce roman présenté comme une comédie à l'anglaise .
Si Sam Byers manie les mots avec une profonde jubilation et atteint souvent son objectif,nous faire sourire, voire pouffer, (j'ai adoré en vilaine que je suis l'exploitation de Nathan par sa mère) il ne parvient pas toujours à donner de la densité à ses second rôles (j'aurais aimé que soient développés par exemple les personnages de la mère et de la sœur de Katherine). Il aurait sans doute fallu aussi tailler dans les discussions et les prises de tête intérieures entre les anciens amoureux (si je lui dis ça, elle va réagir comme ça mais...). Trop longues, elle ont failli m'occasionner un mal de tête et j'avais juste envie de dire à Daniel : Fais-toi une raison et tais-toi. Quant aux vaches, atteinte du syndrome du désœuvrement, elles sont le symbole d'une société en perte de sens. Elles n'en demandaient pas tant, les pauvres.
Bref, un premier roman presque réussi. ...,
Traduit de l’anglais par Nicolas Richard.
Le billet tentateur de Cuné, qui a bu du petit lait !
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : sam byers, comédie à l'anglaise
16/09/2013
Faillir être flingué
"Il lui semblait parfois marcher pour dénouer ou atteindre en lui une place vide et douce, éloignée des courants, un apaisement."
Qu'elle s'attaque à bras le corps au roman épique médiéval (Bastard batlle) *ou au récit de science fiction Le dernier monde)* , Céline Minard a le chic pour s'emparer d'un genre et se l’approprier. Dans Faillir être flingué, c'est sur le western qu'elle a jeté son dévolu.
J'en vois d'ici certain(e)s faire la grimace, mais oubliez tous vos préjugés sur ce genre et précipitez-vous sur Faillir être flingué , un roman qu'on ne peut lâcher tant il est à la fois dense, fabuleusement écrit et fertile en rebondissements !
La romancière y alterne scènes contemplatives, scènes de genres (l'arrivée en chariot, l'attaque de la diligence , le héros solitaire dans la ville en butte à ses ennemis...) pour mieux les dynamiter et leur insuffler fraîcheur et énergie. Elle y observe aussi la sédentarisation de ses personnages ainsi que "la propriété, sa nature et sa circulation problématique". En effet, au gré des aventures, les objets passent de mains en mains, de même qu'amitiés et inimitiés évoluent au fil du temps. Nous sommes en territoire connu, du moins le croyons nous, mais Céline Minard se plaît à nous mener où bon lui semble et c'est tant mieux ! Purement jubilatoire !....,
*lus mais non chroniqués.
Du même auteure, clic !
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans français | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : céline minard, western