09/07/2013
La clôture des merveilles/ Une vie d'Hildegarde de Bingen
"Au bout du compte, nous sommes tous confrontés à cette liberté d'être contraints."
En 2012, le pape Benoît XVI proclame Hildegarde de Bingen, docteur de l'Eglise. Elle est la quatrième femme à obtenir un tel titre. C'est à celle qui dès sa huitième année est entrée au couvent, a eu des visions dès l'âge de trois, a inventé une nouvelle langue , toute hérissée de z, a su pénétrer les secrets de la nature , a créé son propre couvent ,que Lorette Nobécourt consacre un livre inspiré.Anecdotes avérées ou inventées se mêlent pour relater la riche vie de cette femme complète qui toujours se dresse face à l'autorité, "Aussi droite, et haute, solide et stable que l'échelle du H. de son nom. Ainsi se tient désormais Hildegarde de Bingen."
Dans un monde qui refuse toute contrainte, Lorette Nobécourt interroge cette notion de soumission et analyse les relations de H., c'est ainsi qu'elle la nomme à une exception près tout le long du texte, aux mots, à l'écriture. Un texte prenant et envoûtant qui donne envie d'aller encore plus avant dans la vie de cette femme du XII ème siècle qui, par bien des aspects, nous apparaît très contemporaine.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : lorette nobécourt, hildegarde de bingen
08/07/2013
Mariage blanc
"Et en plus, les clichés me reposent. ça protège tellement de se sentir vivre dans une fiction. Tout peut arriver, on peut tout expérimenter sans risques."
Antoine et Rachida forment un couple merveilleux, généreux , pétri de bons sentiments, mais farouchement opposé au mariage et à sa routine. Alors, quand Antoine, sur un coup de tête et sans en avoir auparavant discuté avec sa bien-aimée, décide d'entrer en résistance et de contracter un mariage blanc pour permettre à une jeune fille de L'Est, Tatiana, de rester en France, cela ne va évidemment poser aucun problème.
Petit marivaudage de 82 pages enlevé, Mariage blanc vaut surtout par l'alternance des points de vue (celui de la meilleure" amie" de Rachida est un pur délice !) et par la manière dont Valérie Zenatti se moque -gentiment - de ses personnages, toujours prêts à retomber dans leurs travers mais farouches adeptes du politiquement correct. Un petit plaisir plein d'humour à savourer entre deux pavés.
Mariage blanc, Valérie Zenatti, Les éditions du moteur 2012.
Merci Cuné !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : valérie zenatti, marivaudage
07/07/2013
Au bonheur des ogres...au cinéma en octobre
Dubitative, je suis...
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : tiens, ça me donne envie de relire daniel pennac
05/07/2013
Dictionnaire ouvert jusqu'à 22 heures...en poche
Dictionnaire et humour font souvent bon ménage (cf le Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis de Pierre Desproges (1958) ou, plus ancien le Dictionnaire du diable, D'Ambrose Bierce), les contraintes inérentes à la forme permettant sans doute par contraste de libérer le fond.
C'est le cas pour ce Dictionnaire ouvert jusqu'à 22 heures (ça tombe bien après je dors de toutes façons).
Ils sont une quarantaine à avoir mis en commun leur humour , dans l'esprit du maître Alphonse Allais , pour nous concocter ce dictionnaire, parfait en tous points puisque comprenant des Noms (plus ou moins) communs et des Noms (plus ou moins) propres, séparés, non par des pages roses, mais couleur absinthe , du meilleur goût, en hommage à la boisson favorite d'Allais.
Nonobstant les différentes méthodes de lecture préconisées en début d'ouvrage, le mieux, je crois est de piocher au hasard et de naviguer au gré de notre humeur, faisant une escale en Bas-Liverne : ex-département français, partie méridionale de l'actuelle Liverne. Sur cet ancien territoire françias, on dit n'importe quoi. Ou nous régalant du détournement des traductions d'expressions latines. Ainsi la définition de Corpus delicti devient-elle: Elle fait des délices de son corps; ce qui donne une allure nettement plus sexy à ce terme de juris-prudence !
Évidemment, bien des formes d'humour se donnent ici rendez-vous (normal vu la diversité des auteurs) et toutes ne seront pas forcément à notre goût , mais chacun pourra faire son miel et revenir à loisir feuilleter ce dico pour se dérider un peu !
Une dernière définition, pour la route :
Absentéisme n.m. : Fléau scolaire qui ne doit plus avoir cours.
06:00 Publié dans l'amour des mots, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2)
04/07/2013
Désir d'être punk
"Elle dit que la vie va beaucoup plus vite que je ne peux l'imaginer. Mais elle avait beau rouler vite, ils auraient quand même pu sauter ! Ce n'est pas si difficile."
Le décès du père de sa meilleure amie a changé le regard de Martina, adolescente de seize ans. Dans un carnet destiné au garçon qu'elle aime en secret, la jeune fille relate sa vie, scandée par la musique, une vie qui est en train de se réagencer à cause de la crise économique mais aussi d'autres crises plus intimes .
Il y a dans ce roman espagnol une vraie voix, intime et poétique, qui sait toucher le lecteur adulte . Ne surtout pas lire la quatrième de couverture , sauf à vouloir connaître la totalité du roman ! Faire abstraction également du rappel, quasi obligatoire, dès qu'il est question de cette période de la vie, à l'attrape-coeur et se laisser toucher par la petite musique douce-amère de ce Désir d'être punk.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : belén gopegui, adolescence
02/07/2013
Leçons singulières
"Henry n'a jamais été très doué pour prendre du bon temps.Il était toujours en train d'abandonner quelque chose. Quand ce n'était pas le vin, c'était le sucre ou la caféine et aujourd'hui c'est moi qu'il a laissé tomber."
Never explain,never complain. Henry pourrait reprendre à son compte la devise royale. Froid et détaché pour les uns,attaché à son image pour les autres, cet homme d'affaires intègre, soucieux de l'éthique et des investissements à long terme, se retrouve brutalement évincé de la société qu'il a contribué à créer.
Quand son ex-épouse, malade, lui demande de le rejoindre en Floride, Henry prendra-t-il conscience de la chance qui lui est offerte de réparer ses erreurs ?
Roman sur la perte et le deuil, Leçons singulières possède une structure parfaitement maîtrisée, qui, en bousculant la chronologie, évite tout pathos. D'emblée, l'auteur nous balance un uppercut et , le coeur serré, le lecteur ne peut que continuer à suivre cet itinéraire d'un homme qui affronte l'adversité avec une dignité sans pareille. Il est pourtant loin d'être un modèle ,mais Henry, par le portrait éclaté qui nous en est proposé, gagne en richesse,en profondeur et en humanité. Une psychologie subtile et un style tout en retenue font qu'on ne peut lâcher ce roman où la violence ordinaire est dépeinte avec une grande fidélité. à découvrir absolument.
Leçons singulières, David Abbott, traduit de l'anglais par Katel Le Fur, Rivages 2012, 295 pages poignantes teintées d'une touche d'humour so british.
Un grand grand merci à Cuné !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : david abbott, renoncements nécessaires
01/07/2013
Un mari ordinaire
Pendant vingt-cinq ans, "Combats et trêves s'étaient succédé et Claire avait tenu bon, s'usant de l'intérieur, sans mesurer combien." Mais cette fois, Claire quitte son mari tyrannique , caractériel ,et dans ses bagages elle emmène Pretty, sa chèvre malicieuse.
Au coeur des Pyrénées, dans une grange aménagée, la quinquagénaire va se reconstruire, aidée par les habitants des lieux, par la beauté des paysages et aussi par sa drôle de petite compagne.
Roman qui fait du bien, Un mari ordinaire, dépeint avec finesse et sans manichéisme, une relation plus commune qu'il n'y paraît, celle d'un mari éteignoir (moodkiller) qui déprécie systématiquement celle qu'il prétend aimer, et d'une femme qui attend que son fils unique soit grand pour prendre le large.
L'histoire est parfois maladroite, cousue de fil blanc mais on prend plaisir à suivre ce récit lumineux qui donne envie de découvrir ce coin des Pyrénées. Un roman facile à lire, parfait pour les périodes où tout nous tombe des mains.
Un mari ordinaire, Christine Cerrada, Editions Michalon 2013, 255 pages qui fleurent bon le foin !
Pour en savoir plus sur l'auteure et la vallée en question, clic !
PS: lu, dans la foulée, la première nouvelle qui donne son titre au recueil d'Alice Munro, Fugitives. j'y ai trouvé quelques points communs ( dont la chèvre ! ), le tout traité d'une manière radicalement différente et noircissime ! Attention, je ne dis pas que l'une a copié sur l'autre, entendons-nous bien ! Je souligne juste une coïncidence amusante (la chèvre).
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : christine cerrada, divorce, reconstruction
29/06/2013
Le livre qui nous fait entrer en lévitation...
06:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : natsumi hayashi
28/06/2013
Agnès Obel, le retour...
06:00 Publié dans je l'ai entendu ! | Lien permanent | Commentaires (9)
27/06/2013
Keel's simple diary
Tenir un journal, la dernière fois que j'ai fait c'était il y a ...prescription et ça c'était très mal terminé.
Si quelqu'un m'avait dit en plus que l'orange redeviendrait ma couleur pour ce printemps-été pourri, je lui aurais ri au nez. Mais voilà, la grisaille aidant, le Keel's simple diary orange* m'a sauté dans les mains, avec son format fin missel à la tranche dorée . Depuis, il est devenu un rendez-vous plus ou moins régulier. Car c'est ça qui est bien avec ce journal : il suffit de le compléter, pas besoin de s'épancher et la créativité de l'auteur-artiste est supposée titiller la notre.
Un bel esprit de liberté règne dans ce journal : on peut le compléter jour après jour, en l'ouvrant au hasard, l'abandonner, le reprendre et les ruriques présentes dans chaque page évoluent avec beaucoup de latitude. L'incongruité de certaines estimations (Votre journée à été (un seul choix) : () du lait de ferme () un bon steak () une madeleine ) donne le sourire, l'humour, la légèreté apparente suscitent une réflexion amusée mais réelle. Une jolie façon de faire le point sur sa journée. On écrit très peu, on sourit beaucoup. Existe en application pour iphone et android. Billet non sponsorisé.
PS: il paraît qu'Isabelle Huppert est accro...
* plein d'autres couleurs disponibles
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : philipp keel